Lettres

   Rabah Belamri n'est pas un inconnu pour notre collège : au cours des années quatre-vingt-dix, il est souvent venu à Gérard Philipe. Pour notre plus grand bonheur.

   Je le revois encore, arrivant au CDI, face à des enfants de sixième bien énervés. Il s'asseyait devant eux, sans dire un mot. Au bout de quinze secondes, le silence provoqué par sa calme présence pétrifiait les bavards.

    Puis il commençait à parler : immédiatement, sa voix chaude nous entraînait dans un univers mystérieux où les princesses recluses s'ennuient tellement qu'elles sont prêtes à "acheter le malheur pour une mesure de semoule"; où les dromadaires parlent; où les singes consolent les bergers en fuite :      

        "Pourquoi pleures-tu?
        Vivre est une belle chose !"

   Subjugués, les enfants ne quittaient pas des yeux le conteur. La magie de l''histoire opérait.

   Lorsque Rabah prononçait la formule rituelle qui clôt le conte,
       "Voici ce que nous avons entendu.
       Et voilà ce que nous avons dit.
       Notre conte serpente comme un ruisseau,.
       Et nous l'avons raconté à des seigneurs."
chacun souriait, étrangement flatté.

     Avec la banalisation des baladeurs MP3 qui possèdent souvent une option didactaphone, il n'a pas été difficile de recueillir les chansons, imprécations et morceaux de flûte demandés.
   Les enfants se sont fait une joie d'écouter l'ensemble des enregistrements, même si la qualité sonore rendait parfois l'audition difficile.

    D'autres réalisent qu'une écriture mal formée nuit à la compréhension et qu'il est essentiel de veiller à la présentation.
   Quant aux mordus du traitement de textes, ils apprennent souvent à leur dépens qu'une belle police de caractères ne peut faire oublier le travail superficiel.

   Quoi qu'il en soit, merci aux élèves pour ces réalisations de qualité.

   Nous les dédions à notre ami Rabah Belamri.