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éducation artistique et action culturelle

théâtre en acte – Approcher le théâtre par la représentation

Une nouvelle ressource Canopé, accessible depuis Eduthèque

Théâtre en acte -Eduthèque

Le théâtre est un art vivant. Il s’appuie certes sur un répertoire de textes classiques et contemporains. Mais il cherche aussi à réinventer toutes les dimensions de la performance théâtrale, sur le plateau, en approfondissant l’exploration de l’art du comédien, ainsi qu’en renouvelant les possibilités de la mise en scène grâce aux développements de la technologie. Cette nouvelle ressource pédagogique, proposée à la fois par Canopé et par Théâtre-Contemporain.net, en partenariat avec de grands lieux de théâtre (Le TNB à Rennes, la Comédie Française…), permet d’aborder l’art théâtral par la représentation.


Comprendre l’art dramatique en comparant différentes mises en scène d’un texte.

Théâtre en acte vise à faire découvrir de grandes pièces du répertoire classique mais aussi contemporain, en les abordant par la représentation et par la comparaison de mises en scène. Le site propose une double entrée par les œuvres et les auteurs. 

Il donne accès à des captations vidéo, afin d’aborder les œuvres de manière vivante. Découvrir l’histoire des différentes mises en scène d’un texte permet de percevoir l'évolution de la pensée au sujet de cette pièce, et d'amorcer une réflexion. Cela complète la venue au spectacle, en donnant accès à d’autres mises en scènes de la même pièce. 
De nouveaux contenus sont régulièrement déposés. Des auteurs de l’ANRAT contribuent à la rédaction et la conception des ressources. 

 

Des ressources pédagogiques directement exploitables

Le site propose des fiches à remplir guidant le questionnement, à partir de documents divers (vidéos, sites, enregistrements audios…), permettant à l’élève de faire des liens entre les connaissances et d’acquérir une culture théâtrale approfondie à partir du travail des créateurs. 
L’interface est claire et simple. L’accès à la ressource se fait à partir d’un compte éduthèque, à créer à partir de votre mail académique. Vous pouvez également créer un compte classe pour que vos élèves y aient accès en autonomie.
 

Un outil pour cultiver le regard du spectateur

 
Regarder un spectacle s'apprend. Pour aider les élèves à construire leur regard, on peut les sensibiliser aux choix esthétiques, par le biais de problématiques, qui viseront à susciter une expérience. Comment s'y prendre ? 
Partons de la situation suivante, on veut faire réfléchir les élèves à ce qu'est la scène théâtrale, en s'appuyant sur les ressources proposées par Théâtre en acte au sujet des mises en scène de Britannicus, de Racine.
 
Le même mot – scène – sert à désigner l’aire sur laquelle on joue (la scène) et une période de temps qui séquence le jeu (une scène). L'utilisation du même mot révèle-t-elle quelque chose au sujet de la nature de l'acte théâtral ?
L’art théâtral est lié à des lieux et des espaces qu’il a façonnés à sa mesure, depuis les théâtres de l’antiquité. On va « au théâtre », s'assembler autour d'une scène, pour voir « du théâtre ».  Le fait que le lieu théâtral porte le même nom que l’art qu’on y pratique est-il le signe que la scène est la condition du jeu (pas de jeu sans scène) ? 
Ou bien est-ce le jeu qui crée la scène (il n’existerait pas d’espace théâtral a priori, tout lieu où des acteurs se mettent à jouer devenant théâtre du fait du public qui s'assemble pour les regarder) ?

On ne peut répondre à ce problème qu'en plusieurs temps. 
 
Thèse 1 : d'abord, comprendre que c’est l'intensité du jeu qui donne quelque chose à voir (le représenté). 
On pourra demander aux élèves de formuler ce qui crée la théâtralité, dans la mise en scène de la scène 1 de l’acte I de Britannicus de Racine, par Alain Bézu, au Théâtre des deux rives, à Rouen (1999). Le fait que la caméra se focalise sur la présence des comédiennes,  intensifiée par la mise en lumière qui vise à mettre en valeur leurs regards et la tension dans leurs corps, fait sentir que le passage au jeu fait naître la théâtralité d'une scène. La première incarnation au théâtre se fait dans le corps des acteurs. Avec les élèves, on pourra chercher à décrire en quoi le fait de voir les acteurs jouer (faire naître la représentation sous nos yeux) est fascinant.
Cette expérience de spectateur permet de comprendre ce que veulent dire Esa Kikkopelton et Peter Brook :
« Il suffit que quelqu’un commence à jouer – à faire une scène – pour que la scène soit également « là » ». Esa Kikkopelto, Le théâtre de l’expérience : contributions à la théorie de la scène, Paris, Presse universitaires de Paris Sorbonne, coll. « Théatrum mumdi », p. 36.
« Je peux prendre n’importe quel espace vide et l’appeler une scène. Quelqu’un traverse cet espace vide pendant que quelqu’un d’autre l’observe, et c’est suffisant pour que l’acte théâtral soit amorcé », Peter Brook, L’espace vide
Du public se rassemble, c'est pour voir. C'est ce qui est à voir qui engendre le théâtre. 
 
Thèse 2 : Ensuite, prendre conscience que c’est le public assemblé qui fait la représentation.
Dans les cités grecques, dont nous vient le terme, le theatron désignait le lieu où s'assoit le peuple.
Toujours à partir des ressources vidéos proposées pour la Scène 1 de l’Acte I de Britannicus, on peut demander aux élèves de formuler les différences entre les ressentis que provoquent en eux une mise en scène de théâtre et une adaptation télévisée. Dans un deuxième temps, on pourra leur demander en quoi le fait de voir la représentation en direct, dans un théâtre, change notre expérience, et ce que cela nous apprend sur ce qu’est le théâtre. Au théâtre, le public se voit, il a conscience de son existence collective. 
On pourra ainsi faire comprendre en quoi un théâtre est pleinement un espace public du nom même par lequel on désigne les gens qui s'assemblent pour regarder ensemble.
« La scène n’est pas un espace d’exposition d’un comportement devant un observateur singulier. Elle veut du collectif, du commun, de la venue-à-être-en-commun de spectateurs se constituant en assemblée, en public. […] C’est comme lorsqu’on répète seul : cela n’induit pas que le théâtre est possible seulement pour soi, mais qu’on s’exerce à la chose théâtrale en attendant le public qui viendra, et en voulant se rendre apte à accueillir sa venue. […] Le théâtre doit être pensé comme la formation d’une assemblée réunie autour d’un vide – au début. », Denis Guenoun, Qu’est-ce qu’une scène ?, in Philosophie de la scène, Les solitaires intempestifs, 2010.
« Je suis émue quand, spectatrice, un peu éloignée au fond de la salle, j’observe ce groupe que l’on appelle le public, légèrement auréolée par la lumière de la scène, tourné comme un seul corps vers un autre groupe, celui des acteurs (même s’il n’y en a qu’un). L’aboutissement de mon travail est dans ce croisement des regards, ce face-à-face, ce rassemblement à la fois mental et physique. » Dominique Bruguière, Penser la lumière, p. 128, collection Le temps du théâtre, éditions Actes-Sud.
 
Thèse 3 : la scène est un dispositif technique, conçu pour intensifier les sensations, "rendre sensible".

L'acte de mettre en scène consiste à rendre visible la matière invisible des mots, des idées, par l'exhibition de choses visibles, audibles... Le théâtre, c'est de la sensation.
"Les mots sont des sons, et des sens : doublement in-montrables. Et le théâtre veut les donner à voir.", Denis Guenoun, L'exhibition des mots, Circé poche, 1998.
On pourra demander aux élèves – en répartissant le travail par groupes - de visionner les extraits des différentes mises en scène, et de s’appuyer sur cette comparaison pour décrire comment le traitement scénique met en lumière les enjeux du texte : position des corps dans l’espace (proches / éloignés, perdus / entourés…), qualités de l’espace (vide / plein, vaste / étroit…), éléments scénographiques, rapport entre ombres et lumières, jeux de couleurs, intensité des effets lumineux et jeux avec les matières, costumes, coiffures et maquillage, univers sonore… A partir de là, on pourra essayer de comprendre en quoi la technique permet à l’art théâtral de se réaliser. 
« La lumière fait événement parce qu’elle instaure un nouvel ordre visuel de la scène. Je suis encore étonnée et touchée, par sa puissance évocatrice, par la force avec laquelle elle agit – tant au niveau du récit que de l’espace et du temps. Elle a la charge non seulement de développer l’apparence des choses, mais aussi de faire en sorte que les éléments de l’œuvre théâtrale entrent en résonance pour former un tout. » Dominique Bruguière, Penser la lumière, collection Le temps du théâtre, éditions Actes-Sud.
 
 
 
Catherine Drouet, coordonnatrice académique théâtre pour la DAAC
 


 
 

 

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Bibliographie : 
Le répertoire aujourd'hui, théâtre public, Juillet-Septembre 2017, n°225.
Philosophie de la scène, collection Expériences philosophiques, Les solitaires intempestifs, 2010.
Penser la lumière, Dominique Brugière, collection Le temps du théâtre, Editions Actes Sud-Papiers, 2017

 

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