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réaliser une bibliothèque collaborative d’audiodictées corrigées pour travailler la langue en autonomie

mis à jour le 24/08/2018


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Comment faire du travail de l’orthographe, à travers l’exercice de la dictée, un travail collaboratif au sein de la classe, dont la diffusion dépasse les limites du collège et même du quartier, afin d’impliquer tous les élèves dans le travail de la langue ? Le projet consiste en la production de dictées et leurs corrections, diffusées sur l’espace public de l’ENT du collège afin de les partager. Les élèves pourront les travailler de façon autonome pour progresser. L’ensemble des productions crée une bibliothèque numérique de ressources favorisant des séances d’orthographe différenciée.

mots clés : langue, orthographe, dictée


Contexte

Le constat a été effectué au sein du collège que l’orthographe et les exercices institutionnels permettant son évaluation ne sont que peu réussis de la part des élèves : les résultats relevés ces dernières années lors des DNB blancs ou des examens terminaux le prouvent.

Finalité

La principale finalité du projet consiste à redonner confiance aux élèves en mal-être orthographique", d’inciter les élèves susceptibles de décrochage à se réinvestir dans l’étude et la pratique de l’écriture, mais pas seulement pour elle-même : pour soi et pour les autres avec un objectif concret de partage en finalité, ainsi qu’une visibilité qui rend l’élève-scripteur-enregistreur-cadreur-opérateur, fier de son travail.
Ce projet est envisagé comme annuel : le travail se répétant sur toute l’année afin de favoriser la diversité des approches thématiques, orthographiques et grammaticales. Le niveau, proposé au devant de chaque titre de dictée, correspond au niveau de classe axquel a été confié l’objectif de réalisation de la dictée, conformément aux programmes officiels.

Objectifs

photo 1
  • Démontrer des capacités d’invention à partir d’un lexique choisi en rédigeant un texte de dictée
  • Améliorer sa capacité de lecture et adapter sa maîtrise de l’oral en fonction de son public.
  • Utiliser les nouvelles technologies à bon escient.
  • Travailler le droit à l’image et à la voix dans le cadre d’une production internet.

Compétences de cycle 3 travaillées

  • Produire des écrits variés
  • Parler en prenant en compte son auditoire
  • Lire avec fluidité
  • Écrire à la main de manière fluide et efficace
  • Écrire avec un clavier rapidement et efficacement
  • Acquérir la structure, le sens et l’orthographe des mots
  • Maîtriser la forme des mots en lien avec la syntaxe
Lisa fait la dictée proposée, la classe est en demi-groupe.

Préambule

Dans le cadre des productions effectuées en cours de français, tous les élèves remplissent une autorisation de droit à l’enregistrement, et s’ils l’autorisent, de droit à l’image, afin de pouvoir partager leur travail via internet. Ce travail n’est diffusé que sur des plates-formes officielles : site du collège, e-lyco privatif ou Médiacad. Il est primordial de protéger ces ressources mises en lignes, d’en empêcher au maximum le téléchargement et d’en interdire la réutilisation, notamment à des fins commerciales de la part d’éditeurs.
 

La démarche

Étape 1 – Suite à un travail sur le lexique et sur la conjugaison, il est proposé aux élèves d’écrire un texte à contrainte qui doit intégrer les occurrences étudiées.

Par exemple, après un travail sur les homonymes mené dans une séance consacrée à la fable, les élèves doivent composer un texte en suivant cette consigne : Fabriquez un court texte, cohérent et ayant du sens, de cinq à dix lignes dans lequel vous emploierez un minimum de six homonymes vus et définis dans les exercices 1 et 2 page 201 du manuel.

Étape 2 – Les élèves, seuls ou par deux, écrivent ce petit texte. A leur disposition, des outils de langue (dictionnaires, conjugueurs) leur permettent de se relire au mieux. Les élèves les plus en avance aident l’enseignant à corriger les autres élèves en passant dans les rangs.

Une première modalité de différenciation peut apparaître ici : ainsi nous pourrons moduler les objectifs de la taille ou du nombre de mots spécifiques attendus dans certaines dictées en fonction de nos apprenants ; ou encore désigner certains mots travaillés et estimés particulièrement difficiles pour certains élèves, qu’ils devront utiliser à coup sûr. Double réussite : l’élève scripteur, futur lecteur de la dictée, aura l’occasion d’en conserver une trace mémorielle d’autant plus forte grâce à la lecture répétée.

photo 2Étape 3 – La restitution orale des élèves permet à l’enseignant, mais surtout aux élèves, d’apprécier la difficulté proposée par chaque texte en termes d’orthographe lexicale ou de flexions verbales. Pour sélectionner le texte, plusieurs modalités se présentent : faire voter collectivement les élèves pour la dictée de leur choix, ou encore séparer la classe en plusieurs groupes et leur faire faire une présélection.

L’enseignant doit s’accorder ensuite quelques minutes pour relire posément le texte proposé, le modifier au besoin avec son scripteur original, qui va par la suite lire cette dictée à ses camarades. La ponctuation doit faire l’objet d’une attention particulière (on remarquera que dans l’exemple proposé que celle-ci n’est pas suffisamment corrigée).

Fabio filme la correction au tableau


Étape 4 – L’élève auteur de sa dictée est invité « à faire la dictée » à ses camarades suivant les trois temps bien connus : lecture de découverte, lecture lente de dictée, relecture. Un membre de la classe ira pendant ce temps à l’ordinateur et copiera la dictée via un logiciel de traitement de texte, sans que les autres élèves ne voient ce texte écrit. L’enseignant pourra, au préalable, désactiver le correcteur orthographique du logi-ciel.

L’élève dictant à ses camarades sa production enregistre l’intégralité de sa prestation via un enregistreur (MP3, smartphone sans carte sim, casque micro sur un ordinateur). Les élèves sont bien sûr avertis que ce travail enregistré fera l’objet d’une remise en ligne. Leur accord et celui de leurs parents est essentiel.
Pendant ce temps, l’enseignant peut consacrer son temps à aider les élèves dans leur dictée. Les élèves à l’ordinateur et utilisant le dictaphone jouissent ainsi d’une grande autonomie.

photo 3Étape 5
– Relecture obligatoire pour tous les élèves, y compris l’élève qui est à l’ordinateur, à qui il sera demandé, à tout le moins, de souligner ses verbes conjugués, de mettre en gras les mots homonymiques.

Étape 6 – La correction proposée est enregistrée via un appareil vidéo qui pourra être un camescope indépendant, un smartphone sans connexion ou encore une webcam. L’objectif est de toujours proposer à un élève d’occuper un poste technique d’opérateur : cadreur dans le cadre de l’utilisation d’une caméra ou d’un smartphone, producteur si une webcam est utilisée.

La version informatique de la dictée, écrite par l’élève volontaire qui était à l’ordinateur, est vidéoprojetée. Celle-ci sert de base pour la correction filmée.

Aimy gère l'enregistrement vidéo depuis l'ordinateur

L’enseignant est le seul à apparaître dans la vidéo afin que seule son image soit en jeu. En revanche, la correction permet la participation de toute la classe en proposant des résolutions, des explications de chaque difficulté, chaque dilemme orthographique, homophonique, grammatical… Le but (et l’objectif) avoué aux élèves est bien que d’autres élèves puissent comprendre la correction de cette dictée en toute autonomie. Ce qui fait que toute question posée par les élèves est intéressante à traiter puisque cela peut-être la question de n’importe quel élève "internaute".

Autre modalité de correction : si une webcam est utilisée, il est possible de laisser un élève corriger par lui-même sa dictée écrite sur le cahier en le guidant au point par point, le film se contentant de représenter ses mains et sa feuille, qu’il corrigera ou annotera au besoin.
 

Dynamique de projet / post-production

• L’enseignant gère la production audio, vidéo et textuelle postérieurement au cours. Chacune de ces productions trouve sa place sur une page dédiée sur l’ENT (voir en annexe) spécifiant la marche à suivre pour un élève ou ses parents souhaitant trouver une dictée à effectuer en autonomie, accompagnée de sa correction.
• Le cas échéant, il indiquera l’auteur du texte et les noms des différents élèves occupant différents postes.
• L’enseignant pourra, à mesure qu’il proposera des dictées évaluées dans l’année, enregistrer ses prestations afin de proposer de nouveaux textes et de nouveaux objectifs qui varient en fonction des classes.
• L’objectif, au fur et à mesure de l’année est ainsi de créer une bibliothèque de ressources utilisable selon deux modalités :
-par les enseignants de l’établissement (ou d’un autre établissement) afin de créer des séances d’orthographe différenciée. Les élèves peuvent travailler de manière autonome, en salle informatique, grâce à un casque, la dictée qui leur est la plus appropriée.
-par les parents eux-mêmes découvrent cette ressource et peuvent l’utiliser à bon escient.
 

Bilan

Avantages et inconvénients
Le projet a d’abord été lancé via des espaces de classe privatifs, et non en accès libre. La promotion a été faite auprès des parents lors du premier trimestre accompagné d’une démonstration devant eux lors des rendez-vous organisés par l’établissement. Les responsables légaux se sont avérés très réceptifs et intéressés par cette nouvelle méthode d’apprentissage. Ils semblaient désireux de l’utiliser notamment en période de vacances scolaires, mais pas seulement.

Cependant, ce projet ne touche évidemment pas les élèves ne bénéficiant pas de connexions individuelles à la maison ou de smartphones. Certains parents l’ont déjà signalé, ce projet ne s’opposant donc pas aux inégalités numériques, mais les renforçant encore davantage.

Après la sixième, l’utilisation de ce dispositif semble s’amenuir. Si les élèves de 4e ou de 3e sont très volontaires pour participer à la fabrication de tels produits pédagogiques", ils en ont en revanche une moindre utilisation.

Ne pas oublier que ce projet permet une "immersion en classe" pour les parents, ce qui est une bonne chose pour le collège : cela fait preuve d’une dynamique numérique d’établissement et tend à renforcer la confiance des familles envers les enseignants : cela a été constaté suite aux premiers échanges et aux premiers retours après présentation de ce projet aux parents de 6e.

Une modification des pratiques au quotidien
Dans le cadre de séances orthographiques différenciées, il est prévu de faire travailler les élèves sur des points grammaticaux précis en aval et en amont de la dictée individuelle qui leur est proposée afin de créer un parcours personnalisé.

Dans le cadre de leçons de grammaire ou de conjugaison, en cas d’entraînement à ce type d’exercices : la mise en place de scénarios pédagogiques classiques voire prototypiques s’adjoint très bien à la perspective de partage vidéo. C’est le cas dans les exemples permettant aux élèves de refaire une évaluation à la maison,
l’enregistrement correspondant à la correction par les pairs de cet exercice, les feuilles des élèves ayant été réparties entre eux.
 

Un exemple de micro-séance différenciée envisagée au niveau 6e ou en révision en 5e

Objectifs
- maîtriser la conjugaison du futur simple de l’indicatif
- rendre compte de sa maîtrise d’un temps et opérer des choix personnels
- manier l’outil informatique pour progresser

Première activité : relecture et explication en commun d’une leçon de conjugaison déjà construite avec les élèves concernant le futur simple de l’indicatif.

Deuxième activité : Les élèves sont invités à faire des exercices d’assouplissement au nombre de deux, immédiatement corrigés dans la foulée.

Troisième activité : A partir de là, il peut être demandé aux apprenants d’évaluer leurs besoins et leurs attentes face à cette leçon selon trois possibilités :

1- Je souhaite faire quelques exercices pour m’assurer de ma compréhension et réaliser une dictée axée sur ce temps.
2- Je souhaite multiplier les exercices d’assouplissement et terminer par une courte dictée.
3- Je n’ai pas bien saisi le cours concernant ce temps : je souhaite voir une vidéo explicative et faire des exercices d’assouplissement simples.
Cette troisième étape consisterait en vingt minutes de travail en salle informatique.

Modalité de mise en œuvre
• la leçon et les exercices proposés en première et en deuxième activités seraient extraits du manuel des élèves (afin notamment de travailler les compétences de lecture et de compréhension)

• la troisième activité opterait pour deux types de ressources : des exercices interactifs du type de ceux proposés via françaisfacile.com et sélectionnés en amont du cours, puis plusieurs dictées voire une vidéo enregistrée au sein de l’établissement et disponible sur le site.

Il pourrait être envisagé de demander un bilan à l’élève : cette séance a-t-elle répondu à mes attentes ? Ai-je mieux compris la leçon grâce à la troisième activité ?


Exemple de page relevant de "l’aide à la maison" et proposant une audiodictée à l’élève et à ses parents :
exemple de page


 
auteur(s) :

Jean-François Gaulon, Collège Vauguyon, Le Mans

information(s) pédagogique(s)

niveau : 6ème

type pédagogique : scénario, séquence

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=87834

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