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le Voyage d'Ulysse ... en UPE2A

mis à jour le 26/01/2015


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Si les enseignants de langues vivantes étrangères ont l'habitude d'enregistrer leurs élèves, les enseignants de français le font rarement, souligne Sandrine Baud, l'enseignante de cette UPE2A en Guyane.

mots clés : CASNAV, allophones, FLE, FLS, FLSCO, nouveaux arrivants, Upe2a


En quoi l'enregistrement peut-il être « un véritable brouillon de la parole, c'est-à-dire un outil qui permet non seulement de retenir, d'organiser, d'enrichir ses idées, mais aussi de travailler la production orale dans toutes ses composantes : structure, morphosyntaxe, lexique, phonétique, prosodie » ? Comment aussi aider les élèves à construire des stratégies d'apprentissage en autonomie ?



Le projet a été réalisé en mai 2014 avec un groupe d'élèves nouvellement arrivés (entre 6 et 8 mois de scolarisation en France), venus du Guyana, du Pérou, du Brésil ou de Chine.

Inspirée des kamishibaï japonais, cette séquence prolonge un travail sur L'Odyssée et raconte les tribulations d'un adolescent qui, parti de chez lui, va traverser tous les pays dont sont originaires les élèves de la classe avant d'arriver au collège. Ce retour de chacun sur son origine a valorisé les cultures des élèves et a beaucoup joué sur leur investissement dans le projet. Le travail sur la carte permet de «  visualiser le trajet réalisé par chacun - et les liens qui nous unissent - convergeant vers la Guyane.

L'histoire commune naît des histoires personnelles
. La dimension interculturelle est renforcée par une séance sur Google Earth qui permet de comprendre les différences d'environnement : "le zoom permet non seulement de voir le pont que Fazleema traversait pour aller à l'école, de s'approcher de la maison de la grand-mère de Jomeïka, mais aussi d'imaginer ce que peut être une mégapole chinoise... "Ces moments riches en émotions ont permis aux élèves de s'ouvrir les uns aux autres, lors d'une séance aux objectifs disciplinaires très précis : se repérer sur une carte, connaître les lignes imaginaires, lire une latitude et une longitude, acquérir un lexique spécifique.» La séance a permis à chacun de retracer son chemin et de le partager avec les autres : il s'agit aussi d'apprendre à vivre ensemble.

 

Point de départ : Ulysse quitte sa maison un matin et n'arrive pas à rejoindre son collège ! La raison ? Elle est collectivement définie : il a jeté ses déchets dans la rivière, Poséidon va se venger... Chaque élève prend en charge un chapitre du voyage d'Ulysse : il se déroulera dans le pays ou la ville d'où il est originaire. Une réflexion sur les stéréotypes culturels est engagée à partir des symboles et des chansons censés incarner un pays. Il reste à imaginer ce qui se passe à chaque endroit et comment Ulysse va se déplacer d'un pays à un autre. L'élève responsable du chapitre propose une idée de péripétie. Les autres réagissent à cette idée : ils la valident, la refusent (en justifiant ce refus), la prolongent, l'enrichissent, proposent des alternatives... Le vocabulaire qui émerge lors des échanges est noté au tableau. La phase de préparation est comme on le voit particulièrement riche en formatrices interactions.

La production elle-même présente deux dimensions : une production orale enregistrée avec Audacity, et une illustration en deux volets (une image narrative et une carte). La majeure partie des élèves était mécontente du premier enregistrement, souligne Sandrine Baud : «  non seulement il peut être étrange, voire désagréable, d'entendre sa propre voix, mais les productions n'étaient pas très bonnes, amenant plusieurs élèves à conclure qu'ils ne parlaient pas assez bien le français pour ce travail. » Une fiche-outil réalisée avec l'enseignante permet à chacun d'améliorer sa production en fixant le lexique, des connecteurs logiques, certaines structures grammaticales... Les élèves peuvent alors retravailler leurs productions, seuls avec l'ordinateur et le micro-casque, s'enregistrant plusieurs fois de façon autonome, écoutant et validant ou non leur travail, jusqu'à ce qu'ils en soient suffisamment satisfaits pour le soumettre au professeur et au groupe : « l'écoute au casque permet une auto-évaluation très intime, qui peut même se passer du regard (de l'oreille) du professeur » ; « à aucun moment les élèves n'ont lu un texte. Ils s'appuient sur leur fiche-outil et sur les illustrations, mais leur production reste une parole naturelle, enrichie au fil des enregistrements, toujours authentique. » 

Pour le montage final réalisé par l'enseignante avec Windows Movie Maker, les élèves ont choisi les musiques et illustrations sonores. Chacun a été aussi invité à résumer son chapitre dans sa langue maternelle : « Les enregistrements et leur intégration dans le projet valorisent les langues maternelles des élèves et affirment leur statut de locuteurs plurilingues. » Sandrine Baud souligne la fierté de ses élèves qui pensaient au départ ne pas être en capacité de réaliser un projet et ont finalement souhaité visionner plusieurs fois leur travail, le montrer à certains de leurs camarades et le diffuser auprès de leurs professeurs.

 

Merci à Mme Sandrine Baud de nous avoir aimablement adressé cette vidéo et bravo à tous les élèves pour cette réalisation


 

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Pour aller plus loin


Cette séquence a été présentée lors du dernier Rendez-vous des Lettres intitulé "Les métamorphoses de la parole à l'heure du numérique" qui s'est tenu du 17 au 19 novembre 2014 à la BNF et au lycée Jean Zay.

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Télécharger la brochure intégrale en pdf.


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Se rendre sur le site du Casnav de Guyane


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Consulter une autre séquence prenant appui sur l'oral en classe ordinaire
de français (niveau 5e).

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