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EMC

des dangers cachés d'internet

Ce qu'il faut savoir avant d'utiliser Google drive avec ses élèves

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Un point de vue sur l'utilisation de services gratuits en apparence du type google docs

Des dangers cachés d’internet.

Depuis quelques temps,  j’observe l’utilisation croissante de services du type « google-docs » dans les pratiques des enseignants de mon lycée préféré.
La presse s’est très largement fait l’écho de l’ambition totalitaire de  Google  qui veut stocker dans ses serveurs rien de moins que la totalité de la mémoire de l’humanité  avec comme objectif humaniste de rendre service à tous.

Essayons de découvrir la face cachée de cette ambition.

Partons d’un exemple concret : un enseignant propose à ses élèves de compléter un document hébergé chez google-drive  pour partager des informations entre lui et son groupe classe.
Cet enseignant dispose donc d’un compte google : il utilise google-docs pour créer une fiche comprenant le nom de la classe, crée un tableau avec le nom et le prénom de tous les élèves puis prévoit deux ou trois colonnes que les élèves doivent compléter en ligne. Rien de bien méchant… Le document est sauvegardé automatiquement dans google-drive, le service d’hébergement gratuit jusqu’au seuil de 15 GO. Ensuite c’est normalement payant…
Ce que sait alors Google : il connait l’adresse IP de l’ordinateur qui a produit ce document, il sait géo-localiser cet ordinateur. Identifié, l’auteur du document transmet nombre d’informations à Google : son identité bien sûr, mais aussi le type d’ordinateur utilisé (système d’exploitation, mémoire vive etc…), son carnet d’adresse (avec le classement des amis, des connaissances, de la famille, des collègues …), les sites les plus souvent visités, ses habitudes de navigation, ses favoris, les requêtes des derniers mois. Toutes les informations disponibles dans le navigateur sont analysées. Tout cela est quantifié et stocké précieusement.

Cet enseignant partage ensuite le document avec ses élèves via un lien envoyé par pronote ou e-lyco. Le document est public mais accessible uniquement à ceux qui connaissent précisément le lien. Pour le professeur, c’est sans danger : il est convaincu que seuls les élèves auront l’information et qu’aucun ne le transmettra… Il croit, à tort, que le lien sera tenu secret…
L’enseignant devrait normalement déclarer cette collecte d’informations nominatives à la CNIL, mais il ne le fait pas par négligence, il devrait aussi avoir obtenu l’autorisation des parents (mais il ne le fait pas par négligence sans doute, par méconnaissance probablement, par légéreté sûrement ).

Chaque élève qui se connecte ensuite à cette page fournit automatiquement à Google le même type d’informations que celles indiquées précédemment : en complétant sa case, il permet à Google de valider son identité, tous les cookies stockés sur l’ordinateur de l’élève sont scannés, toutes les informations du navigateur sont transmises au serveur ( version, logiciels installés, liste des sites visités, temps passés, liste des requêtes…)
Si par hasard l’élève dispose aussi d’un compte Google et que la reconnaissance d’identité est  activée par défaut, Google ira chercher toutes les informations possibles (carnet d’adresses, historique de navigation, favoris, temps d’utilisation, requêtes effectuées, horaires d’utilisation…). Evidemment là encore la situation géographique de l’élève est identifiée (ville, quartier, rue)
En quelques secondes, Google va faire des recoupements, croiser les informations fournies par l’auteur avec celle de l’élève qui consulte et complète la feuille. Vous multipliez ensuite par le nombre d’élève et vous commencez à comprendre la somme d’informations ainsi recueillie…
 
L’acte de partager un document avec ses élèves peut paraitre anodin mais en fait il n’en est rien : c’est un outil de collecte massif d’informations personnelles !
Pourquoi croyez- vous que le service est gratuit ?
Parce que la valeur de la somme d’informations ainsi recueillies grâce à votre collaboration spontanée vaut bien plus, beaucoup plus que le coût du service offert !

Les chercheurs en sociologie parlent de Digital Labor : les grandes plates formes numériques mondialisées tirent l’essentiel de leurs revenus de la valeur des contenus  produits par les utilisateurs. Lorsqu’on partage un document sur internet (texte, vidéos, sons) les métadonnées générées sont un vrai trésor qui permettent ensuite de cibler des profils, de vendre de la publicité, de faire même des propositions à l’utilisateur final en fonction de ses habitudes et de ses goûts.
L’alliance des smartphones et du web est ainsi redoutable : Siri, Google Now, Cortana, présentés comme des assistants numériques sont redoutablement efficaces car ils savent tout de nos pratiques numériques. Ils peuvent même faire des prédictions... sur l'heure d'arrivée de notre train ou avion réservé en ligne et nous informer de manière ciblée en fonction de nos habitudes.

Qu’un enseignant se fasse l’auxiliaire consentant d’un tel prélèvement massif d’informations dans son cadre professionnel me stupéfie. Je pense que dans notre cadre professionnel, on a le devoir de ne pas utiliser ces services gratuits qui exploitent toutes nos données. 
A titre personnel, en connaissance de la charte d’utilisation de Google (et autres….),  qu’en tant qu’adulte responsable on accepte cela, pourquoi pas…
Mais de grâce n’imposons pas cela à nos élèves, SVP !

L’état met à notre disposition un portail sécurisé de ressources numériques pour nos usages pédagogiques : éduthèque !  Profitons-en !

L’académie met à notre disposition un ENT (espace numérique de travail) lui aussi protégé pour nos usages pédagogiques : utilisons-le !
Ces outils sont certes imparfaits, incomplets mais au moins l’usage de nos données est strictement encadré et ne sert pas à enrichir des entreprises étrangères qui ne paient pas d’impôts chez nous et dont les lois ne permettent pas de faire valoir nos droits…

Jackie Pouzin, RUPN, Lycée Vadepied, Evron.

 

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