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Jeanne Letourneau ; témoigner par les arts de la déportation et de l'univers concentrationnaire

mis à jour le 10/01/2018


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Il s'agit ici de présenter un travail mené en collaboration avec le professeur d'Arts Plastiques, Sandra Georget, à la suite d'un atelier hors les murs du Mémorial de la Shoah ayant pour thème "la création artistique en temps de guerre : une forme de résistance ?".

mots clés : Shoah, PEAC, Résistance, Mémoire, guerre, collège,


L'utilisation d'oeuvres d'art et leur analyse sont une pratique courante des cours d'Histoire Géographie. Le professeur d'Histoire Géographie contribue au parcours d'éducation culturelle et artistique. Ce parcours s'organise autour de 3 piliers :
- des rencontres :  avec des oeuvres, des artistes, des lieux...
- des pratiques qui peuvent être individuelles ou collectives
- des connaissances : appropriation de repères et d'un lexique spécifique qui doit permettre à l'élève de pouvoir exprimer des sentiments, porter un jugement et développer ses capacités à analyser et juger, formant ainsi son esprit critique.

C'est en tenant compte de ces 3 piliers que nous avons choisi de travailler avec le Mémorial de la Shoah et, par la suite, sur le parcours de Jeanne Letourneau, une jeune professeure de dessin déportée à Ravensbrück en 1943.
 

Une rencontre : l'atelier hors les murs du Mémorial de la Shoah

 
En septembre 2016, l'académie de Nantes et le Mémorial ont signé une convention qui établit un partenariat au sein duquel le Mémorial met à la disposition des enseignants des moyens pédagogiques, humains et matériels. C'est dans le cadre de ce partenariat que plusieurs classes du collège François Villon ont participé à des ateliers hors les murs. L'atelier "la création artistique en temps de guerre : une forme de résistance ?" s'est organisé en plusieurs temps.
 
Dans un premier temps, l'animatrice a présenté le Mémorial de la Shoah, son origine, son histoire, sa fonction de lieu de mémoire. Ensuite, les élèves ont travaillé sur l'Autoportrait au passeport juif, de Félix Nussbaum. Après une phase de description, la biographie de Félix Nussbaum a été présentée. L'analyse de l'oeuvre a ensuite été poursuivie. Ce temps a été l'occasion de refixer un cadre méthodologique ainsi que le lexique. Les élèves ont  travaillé sur la composition, les lignes directrices, les couleurs. Ce travail a également permis de comprendre comment une oeuvre pouvait constituer un engagement, une forme de résistance. Nussbaum écrit lui même "Si je meurs, ne laissez pas mes peintures me suivre, mais montrez-les aux hommes.".

Après ce premier travail collectif, les élèves ont travaillé en petits groupes. Chaque groupe s'est vu assigné une oeuvre :

- Mon père de Yahuda Bacon,

- Jeune femme tzigane
de Dina Gottliebova

- deux croquis extraits du Carnet de croquis d'Auschwitz ; il s'agit d'un recueil de croquis, d'un auteur inconnu, probablement faits en 1943 à Birkenau, publié en 2014 par le musée d'Etat d'Auschwitz Birkenau.

- Camp d'internement français de Saint Cyprien
de Félix Nussbaum.


Les élèves ont du réinvestir ce qu'ils avaient vu lors de la première activité. La mise en commun est le moment de réactiver les connaissances des élèves sur le chapitre de la Deuxième Guerre Mondiale. Le portrait de la Jeune femme tzigane de Dina Gottliebova est l'oeuvre sur laquelle l'animatrice est le plus revenu. Dina Gottliebova est une jeune tchécoslovaque, déportée à Auschwitz en septembre 1943. Remarquée pour ses talents de peintre, elle doit effectuer, sur ordre de Josef Mengele, des "portraits raciaux". Cependant, les portraits qu'elle réalise sont des portraits sensibles qui doivent être considérés comme une forme de résistance.

Autoportrait au passeport juif, Félix Nussbaum, 1943


Jeune femme tzigane, Dina Gottliebova, 1943
 

Des connaissances : découvrir l'histoire d'une survivante de Ravensbrück, Jeanne Letourneau


C'est en collaboration avec la professeure d'Arts Plastiques, Sandra Georget, que le travail a été poursuivi. En cours d'Histoire, nous avons travaillé sur la biographie de Jeanne Letourneau, dans le cadre de l'étude de la France sous l'occupation. Jeanne Letourneau était professeure de dessin au collège de jeunes filles Joachim du Bellay, aujourd'hui lycée Joachim du Bellay à Angers. Arrêtée en mars 1943 pour esprit anti-allemand, elle est déportée à Ravensbrück. Durant sa détention, elle réalise quelques esquisses à l'aide d'un morceau de charbon, sur des papiers récupérés. Ces ébauches ont servi de base aux dessins qu'elle réalise à son retour à Angers après la Libération. En effet, dès juillet 1945, trois mois après son retour de déportation, Jeanne Letourneau commence à écrire des souvenirs de sa détention. Elle réalise un dactylogramme accompagné de plus d'une dizaine de dessins.

Lors de séances co-animées, nous avons proposé à nos élèves plusieurs de ses dessins. Les caractéristiques de ces dessins ont été identifiés.

Jeanne Letourneau intitule son récit "Clichés barbares, mes récits de Ravensbrück". Ce titre interroge, il ne s'agit pas de clichés photographiques mais bien de dessins. Nous avons donc questionné nos élèves sur la fonction de ces dessins, leurs spécificités et abordé les questions de l'engagement de l'artiste et du devoir de mémoire.


Nous avons ensuite confronté les dessins de Jeanne Letourneau à des photographies. Plusieurs sources existent :
 
- des photographies prises par l'administration nazie
Détenues au travail forcé à Ravensbrück, photographie prise entre 1940 et 1942
US Holocaust Memorial Museum


Détenues tziganes, photographie prise entre 1941 et 1944
US Holocaust Memorial Museum
 

- des photographies prises à la Libération
 

 



Ici des détenues attendant d'être évacuées par la Croix Rouge suédoise en 1945. Photographie extraite de Under two dictators. Prisoner of Stalin and Hitler, de Margarete Buber Neumann, 2008. 
 
- des clichés clandestins


 
Photographie de Maria Kusmierczuk, prisonnière politique polonaise.
US Holocaust Memorial Museum

 


Cette photographie a été prise par Joanna Szydlowska en Octobre 1944. Elle échange un morceau de pain contre un appareil photo avec une prisonnière arrivée d'un convoi depuis le ghetto de Varsovie. Elle veut prendre des photographies des prisonnières qui sont victimes des expériences médicales réalisées à Ravensbrück. Maria Kusmierczuk est photographiée ci-dessus à l'arrière d'un baraquement. Sa jambe droite est très enflée en raison d'injections de tétanos. Après avoir pris plusieurs photographies, les prisonnières se débarrassent de l'appareil mais conservent le négatif. C'est ensuite Germaine Tillon, alors qu'elle est secourue par la Croix Rouge suédoise en avril 1945, qui transporte le négatif. Elle le fait développer à Paris, après la guerre et parvient à renvoyer les négatifs aux jeunes polonaises victimes des expérimentations nazies.
 
Sandra Georget a ensuite évoqué les éléments propres au dessin en utilisant également une planche de la bande dessinée Maus, d'Art Speigelman.
 

La pratique : réaliser un projet de mémorial pour Jeanne Letourneau

Par groupe de 2 à 3 élèves, nous avons ensuite présenté l'incitation suivante : réaliser un mémorial, un monument à la mémoire de Jeanne Letourneau. Quelques questions ont été notées au tableau afin d'aiguiller nos élèves dans leur réflexion :
-pourquoi (pourquoi elle et pourquoi aujourd'hui) ?
-pour qui ? où ?
-comment ? quel positionnement ? image symbolique, allégorique, abstraite ? quelle matière ? quelle forme et quelle taille ?

Le travail s'est d'abord effectué sous la forme d'un dessin. Nous poursuivrons sous la forme de maquette dans le but de les insérer à une image du lieu choisi. Chaque groupe devra ensuite réaliser une présentation orale de leur projet afin d'expliquer leurs choix.
Les travaux des élèves seront ensuite exposés ainsi qu'un panneau retraçant la vie de Jeanne Letourneau et présentant quelques-uns de ses dessins.

Les réalisations de nos élèves :


 
 
auteur(s) :

Elodie Soubise, professeur HG, en collaboration avec Sandra Georget, professeur d'Arts Plastiques, collège François Villon, Les Ponts de Cé

information(s) pédagogique(s)

niveau : 3ème

type pédagogique : scénario, séquence, travaux pratiques

public visé : non précisé

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : 3ème Histoire - Thème 1 : L'Europe un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945) ; sous-thème 3 : la Deuxième Guerre Mondiale, une guerre d'anéantissement , sous-thème 4 : la France défaite et occupée. Régime de Vichy, collaboration, Résistance.

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