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penser l'histoire du Monde : une conférence de C. Grataloup (2)

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Voici la deuxième partie de la conférence donnée par C. Grataloup. Il s'agit d'un rappel épistémologique sur les flèches du temps.

II. Des flèches du temps : rappel épistémologique

1. Le modèle évolutionniste


Dans les années 1800, les encyclopédistes ont l'idée que le déplacement dans l'espace conduit au déplacement dans le temps : "Le voyageur philosophe qui navigue vers les extrémités de la terre traverse en effet la suie des âges : il voyage dans le passé ; chaque pas qu'il faut est un siècle qu'il franchit. " Jean-Marie Degérando, Considérations sur les diverses méthodes à suivre dans l'observation des peuples sauvages, 1800 (publié et présenté par J. Copans et J. Jamin dans Aux origines de l'anthropologie française, Le Sycomore, 1978). Le modèle évolutionniste monolinéaire  permet de classer les sociétés en fonction de leur position :

Avant les grandes découvertes, les occidentaux ont une pensée binaire : « nous » (les chrétiens) contre les « infidèles » (les musulmans). A partir des grandes découvertes, un rythme ternaire se met en place : les sauvages, les barbares, les civilisés. Ainsi, Norman, fondateur américain de l’anthropologie, classe les sociétés en trois catégories :
- sans état et sans histoire : les barbares ;
- avec états anciens refroidis par rapport au progrès : l’orient global
- la civilisation appelée à s’étendre à l’ensemble de l’humanité.


La perspective évolutionniste connote de l’idée de Progrès. Ainsi, le modèle de Rostow (1960) propose la notion de « take off », de « décollage ». 





On retrouve la même perspective dans la succession des modes de production marxiste : nous sommes donc dans un affrontement de deux modernités. La flèche du temps marxisme propose en effet une évolution monolinéaire de l’esclavagisme au socialisme, avec un passage obligé par chaque période. L’orientalisme ne rentre cependant pas dans ce modèle. Une variation est y donc ajoutée : c’est le mode de production asiatique. Ce faisant, ils recréent une géographie.

 

2. la transition démographique



La transition démographique est également un symbole de la modernité qui résiste aujourd’hui encore, probablement parce qu’il s’agit d’un modèle biologique des sociétés et non d’un modèle social. Il est intéressant de noter que c’est un modèle historique très souvent utilisé dans la partie géographie des manuels, ce qui montre les réticences des historiens à utiliser la modélisation. On utilise ce modèle temporel comme une projection sur un planisphère : le planisphère sert à projeter une chronologie avec une succession de phases. A gauche, une carte du monde diplomatique. 



On est en pleine modernité, dans un modèle évolutionniste, nécessaire. L’idée d’échapper à la forte mortalité apparaît comme un progrès. Cependant, d’autres approches de la ligne du temps se développent peu à peu.

3. D’autres approches de la ligne du temps

·         L’apparition de l’histoire comparée

Dans Une grande divergence, Kenneth Pomeranz cherche à comparer des choses de tailles proches à un même moment : un district de la Chine (10 millions d’habitants, économiquement important) avec l’Angleterre, qui fait alors pâle figure au niveau économique (productivité, taille des mines…). Ce qui ne l’empêche pas de réaliser la révolution industrielle.  Cette comparaison est facilité par l’existence de sources nombreuses de chaque côté.

·         La notion d’histoire globale

L’expression histoire globale est introduite en France dans Histoire globale, mondialisation et capitalisme, sous la direction de P. Beaujard, L. Berger et P. Norel  (qui ne sont pas historiens de formation). C’est sous cette forme qu’est finalement traduite l’idée de global history venue des Etats-Unis.
La question de la mondialisation a été tout de suite introduite dans les programmes scolaires.

·         L’histoire connectée

L’histoire connectée apparaît comme un compromis, avec un travail sur des sources symétriques maîtrisables par une personne ou une petite équipe (ex. Aux origines de l’histoire globale, Sanjay Subrahmanuyam). 
Une des difficultés principales réside cependant dans l’inégalité entre les sources disponibles en fonction des espaces et des époques étudiés. L’approche contre-factuelle peut ici se révéler fertile. Ainsi, Romain Bertrand propose dans L’histoire à parts égales  à l’arrivée d’un navire à Java et tente de reconstituer à ce qu’en pensent les Javanais - on manque ici totalement de sources écrites sur le point de vue des « autres ». 

Lien vers la partie n°1
Lien vers la partie n°3
 

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