Contenu

innovation pédagogique

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > actions éducatives > innovation pédagogique > échanger

de port en port : une Europe plurielle

mis à jour le 22/03/2011


echanger-278c.gif

Comment inciter des collégiens à appréhender concrètement ce que représente l'Union européenne ? Quels projets peuvent contribuer à une ouverture réelle sur les autres pays ? Quelle que soit la discipline enseignée, ces questions se posent de l'école élémentaire au lycée. Au collège Jean-Moulin à Saint-Nazaire, une équipe d'enseignants a choisi le cadre d'un projet Comenius pour des élèves de quatrième.

mots clés : échanger, identité européenne, europe, comenius, échanges, langues


Tout a commencé lorsque la nouvelle principale, M.Frelin, est arrivée en 2005. Elle avait déjà expérimenté les échanges scolaires avec productions d'élèves dans le précédent établissement qu'elle dirigeait. Elle savait à quel point il pouvait être intéressant pour des élèves de douze ou treize ans de découvrir d'autres cultures. En proposant à l'équipe éducative de s'emparer des possibilités offertes par Comenius, elle a clairement indiqué la place d'une telle aventure dans le projet d'établissement et affirmé sa volonté d'accepter les contraintes d'organisation qui en découleraient. Une équipe s'est constituée autour de quatre objectifs communs : favoriser la perception concrète de sa citoyenneté européenne, faire découvrir la diversité pour la faire accepter, développer les capacités d'autonomie, instituer un travail en équipe, tant pour les enseignants que pour les élèves. À cela s'est ajoutée la volonté de mettre immédiatement en pratique l'acceptation des différences : les classes concernées seraient deux classes de quatrième générale et une quatrième de section d'enseignement général et professionnel adapté (Segpa). Les professeurs, quant à eux, se sont rassemblés sur le projet et non pas selon leurs disciplines respectives. C'est ainsi que l'éducation physique et sportive (EPS), l'éducation musicale, l'espagnol, les mathématiques et l'enseignement spécialisé étaient représentés.

Comenius, nous voilà !

Une fois la décision prise, il faut une année scolaire pour donner forme au projet qui se déroulera pendant les trois années suivantes. Les nombreux contacts pris avec des enseignants de toute l'Union européenne durant cette première étape sont parfois décevants. Dans cette première phase durant laquelle les projets sont proposés par internet, des établissements scolaires peuvent répondre favorablement aux propositions puis se rendre compte, qu'en réalité, ils ne pourront pas mettre en œuvre le projet dans le cadre défini. Pour l'équipe nazairienne, l'idée était de profiter des atouts de la ville portuaire assez peu connue de ses jeunes habitants pour les amener à découvrir d'autres ports européens ainsi que les modes de vie qui s'y rattachent. Au fil des échanges avec leurs collègues étrangers, le projet s'est affiné et a trouvé son titre : "Villes portuaires : un milieu, des hommes, une source d'inspiration". Et trois villes sont alors apparues comme des partenaires possibles : en Espagne, Vigo (au nord-ouest) et Melilla (enclave au nord du Maroc), en Italie, Bosa (petit village de pêcheur en Sardaigne). La première année de travail était presque écoulée lorsque l'équipe européenne, enfin constituée, a pu définir globalement le projet Comenius, et plus précisément les travaux pour l'année suivante. Le cadre européen est très strict et exige des comptes rendus détaillés sur les échanges prévus ainsi que sur les productions des élèves.

Parler de soi

Pour échanger, il faut avoir quelque chose à offrir. Première grande étape de l'année qui a suivi : faire connaître leur propre ville aux élèves de Saint-Nazaire. Une étape indispensable pour coproduire avec leurs homologues européens une revue trilingue sur les quatre ports. Pour ce faire, l'équipe de Jean-Moulin a créé un itinéraire de découverte qui a conservé sa forme un peu particulière durant les trois années suivantes. Deux heures par semaine, les six enseignants se répartissent les élèves des trois classes concernées pour réaliser un certain nombre de tâches définies au préalable. Les tâches correspondent à une mission précise qui est encadrée par un adulte référent (l'un des enseignants). Ainsi, par exemple, une mission peut être la préparation des sorties et chaque groupe a la responsabilité d'un lieu à découvrir, du rendez-vous à prendre, des questions à poser... Une autre mission consiste à créer, pour certains, des cases pièges pour le jeu de l'oie tandis que, pour d'autres, il s'agit de travailler sur l'illustration des cases du plateau de jeu. Les missions sont courtes - pas plus de trois séances - et, à chaque nouvelle mission, les groupes sont reformés autour d'un nouveau référent (voir annexe). Les professeurs souhaitant intégrer les élèves de la classe de Segpa, il leur a paru plus logique d'y parvenir en mélangeant les collégiens de toutes les classes concernées et en les habituant à travailler avec les uns et les autres. Le fait de faire tourner les groupes sur des durées relativement courtes favorise la mise au travail des élèves qui, s'ils ne s'entendent pas, ne craignent pas d'avoir à se supporter tout un semestre. Premières missions, donc, aller à la découverte de sa ville afin de réaliser, ensuite, des articles sur les thèmes communs choisis pour la revue: géographie des lieux (faune, flore et population), histoire (la ville et son port), économie (pêche, tourisme et industrie), art et culture (peinture, sculpture, musique, architecture et gastronomie) (voir annexe).

Une continuité dans les productions

Les séances d'IDD sont animées et instructives, il faut prendre des rendez-vous pour aller visiter les chantiers, Airbus ou le port autonome. Il y a les rencontres avec tous les professionnels locaux, y compris Monsieur Tintin 1, et puis le jeu de piste réalisé par les enseignants pour aider à la découverte du quartier portuaire du Petit Maroc ou le jeu proposé par l'Office municipal de la jeunesse ainsi que les visites proposées par l'Écomusée pour connaître les différents terminaux du port. Les différentes visites sont suivies de temps d'écriture et de mise en forme, car les articles doivent tous répondre aux critères qui ont été choisis lors de la première rencontre de l'année entre toutes les équipes éducatives. Le code couleur, la présentation par deux personnages adolescents créés par les élèves pour chaque ville, ainsi que la création d'un logo, le lexique final en six langues (langue nationale et régionale pour chacun), tout a été consigné dans un cahier des charges que les différentes équipes ont plutôt bien respecté (voir annexe).

La deuxième année, le projet s'est poursuivi avec la réalisation d'un jeu de société, mélange de jeu de l'oie et de remue-méninges. Sous la forme d'un jeu de société classique, mais également sous une forme plus moderne en version numérique (lien), le parcours est constitué d'une soixantaine de cases dont quarante-huit questions trilingues. Toutes ces questions ont leurs réponses dans la revue réalisée l'année précédente, car il ne s'agit pas de recommencer le même travail la deuxième année, mais bien de poursuivre une œuvre en cours. À partir des articles, les élèves ont donc choisi, trié, reformulé les informations données pour créer un questionnement judicieux qui constitue un tour d'horizon de leur ville. Mais la commande ne s'arrête pas là, chaque équipe doit créer son pion et les illustrations de ses cases. Recherches photographiques, créations graphiques, le plateau de jeu rassemble les particularités essentielles de chaque ville, tout en faisant le lien avec le travail précédent grâce, entre autres, aux logos et aux personnages de la revue encore présents (voir annexe).

Des horizons ni tout à fait mêmes, ni tout à fait autres...

Entre le petit village de Bosa et Saint-Nazaire, les différences sont grandes. Pour autant, trois cohortes d'élèves français de quatrième ont découvert et exprimé, lors des concertations annuelles et par le biais de leurs ambassadeurs, qu'un certain nombre de différences peuvent être gommées (en particulier celles liées à la situation économique d'une région) au profit des similitudes qui réunissent les adolescents européens. C'est au travers de la présentation de leur lieu de vie et de son influence sur leur mode de vie que ces collégiens ou lycéens (pour les deux autres pays) ont compris certains aspects de leur identité commune : l'éducation, la famille, la musique, autant de points qui les ont beaucoup intéressés et qui ont tissé la toile de fond de leurs échanges. Certes, on peut regretter l'absence de déplacement à l'étranger pour l'ensemble des élèves concernés. Seuls, les élèves ambassadeurs se rendent aux réunions de fin d'année scolaire. Mais heureusement, la technologie et les institutions locales pallient en partie ce problème. Par exemple, des vidéo-conférences entre Vigo et Saint-Nazaire ont pu être organisées, facilitant ensuite l'entrée en communication par courriels. Le Conseil général, lui, a aussi contribué à ce projet grâce à son dispositif Cercle Europe. On peut trouver sur le site du Conseil général de nombreux renseignements sur l'accompagnement proposé aux établissements scolaires. C'est dans ce cadre que des étudiants italiens et espagnols sont venus présenter des diaporamas en français sur leur mode de vie grâce au partenariat avec l'association Autour du Monde 2. Enfin, la municipalité de Saint-Nazaire ayant elle aussi aidé aux déplacements et aux frais de réception, le collège Jean-Moulin, en tant que coordinateur, a pu réunir à plusieurs reprises les équipes d'enseignants et les représentants élèves italiens et espagnols sur place, permettant ainsi aux élèves nazairiens de rencontrer ceux de Melilla, de Bosa ou de Vigo.

L'atout Comenius

Il est indéniable qu'un tel projet ne peut exister sans une équipe motivée car le travail en amont et en aval est important. Celle de Jean-Moulin s'est modifiée selon les années : certains enseignants, pour des raisons diverses, ont dû se retirer du projet, mais d'autres les ont remplacés. L'aspect disciplinaire étant ici sans réelle nécessité, c'est bien le souhait de développer méthode de travail en équipe, autonomie et ouverture d'esprit, qui a présidé à la constitution de l'équipe enseignante chaque année. Les rencontres avec les collègues italiens ou espagnols ont été riches et les professeurs ont, eux aussi, appris beaucoup de choses sur les systèmes éducatifs de nos voisins. Le collège Jean-Moulin était l'établissement coordinateur et devait, à ce titre, s'assurer du respect des cahiers des charges définis chaque année. Une situation très instructive qui a permis à tous ces professionnels de se confronter à la difficulté de parler le même langage pédagogique, quand bien même une langue commune (en l'occurrence, le français) est utilisée. C'est également l'occasion de découvrir des systèmes éducatifs très différents. En Espagne, des établissements peuvent regrouper des élèves de trois à dix-huit ans, et en Italie, pendant les séances de cours, les élèves sont autorisés à se déplacer, boire ou manger... Mais en plus de ces échanges entre élèves et entre professeurs, les projets Comenius ont pour avantage de doter les participants de budgets conséquents qui permettent de réaliser très correctement les productions des élèves.

Échanger mais aussi transmettre

Pour sa dernière année, le projet Comenius de Jean-Moulin va prendre encore une autre forme. Plus tourné vers l'écrit long cette fois, les élèves vont inventer une fiction. La forme définitive n'est pas encore définie, des nouvelles, un roman ou une bande dessinée, l'essentiel est de poursuivre le lien entre les travaux réalisés les deux années précédentes et de créer une contrainte qui amènerait les élèves des quatre villes à s'interroger mutuellement. Pour le premier point, il s'agira d'inclure des informations issues de la revue, de sorte que la lecture de la fiction puisse également permettre une partie de jeu de l'oie. Pour le second point, l'idée est d'obliger les élèves à situer leur récit dans l'une des trois autres villes. Grâce aux échanges possibles par courrier électronique et même par webcam, les élèves seront ainsi amenés à questionner leurs camarades européens sur la description des différents lieux de leur ville. Le travail, toujours en cours à l'heure de cet entretien, formera un recueil de fictions courtes qui contribueront, là encore, à une meilleure connaissance des quatre villes. Et après ces trois années ? Il serait bien triste qu'un tel travail finisse dans un placard et l'objectif initial ne serait pas atteint. Toutes ces connaissances, accumulées sous trois formes différentes (revue, jeu en version papier et en version numérique, livre) et accessibles à des élèves de cours moyen ou de collège, poursuivront leur route dans une valise pédagogique dont le centre départemental de documentation pédagogique assurera le prêt. Une bonne idée pour prolonger la transmission de toutes ces découvertes et susciter l'intérêt des plus jeunes pour l'Union européenne.

1. En réalité, M. Chemin, responsable de l'installation des vignettes grand format qui jalonnent la ville et qui sont extraites de la bande dessinée Les sept boules de cristal dont une partie de l'intrigue se passe à Saint-Nazaire.
2. L'association des étudiants internationaux de Nantes, Autour du Monde, a pour objectif d'aider à l'intégration locale des étudiants étrangers arrivés à Nantes et de favoriser les échanges entre Français, Nantais et jeunes étrangers, par le biais de rencontres et d'activités interculturelles (http://autourdumonde.asso.fr).
 
auteur(s) :

M. Blin

contributeur(s) :

L. Giraud, Collège Jean-Moulin, Saint-Nazaire [44]

fichier joint

information(s) technique(s) : pdf

taille : 428 ko ;

ressource(s) principale(s)

echanger-278c.gif fonder l'identité européenne à l'école - échanger Hs n° 3 01/12/2008
Selon l'historien Gérard Bossuat, le fait que l'Europe unie n'ait pas de lieu de mémoire est significatif de la difficulté à poser la question d'une identité européenne.
Pourtant, l'Europe génère ...
échanger, citoynneté, identité européenne, communication

haut de page

innovation pédagogique - Rectorat de l'Académie de Nantes