innovation pédagogique

Comment sensibiliser les élèves à la question de l'environnement ? Comment les faire réfléchir pour les amener à agir ? Les enseignants fournissent aux élèves toute l'ossature du projet basé sur la diversité des activités de formation et d'action : objectifs, ateliers thématiques, intervenants extérieurs et calendrier. Mais c'est aux élèves de porter le projet, d'être suffisamment actifs pour le mener à terme. L'étape fondamentale est l'accroche ; il faut en effet que les élèves adoptent la thématique choisie. En ce sens, la première séance est déterminante. En s'appuyant sur des extraits du film Home de Yann Arthus-Bertrand, les professeurs lancent un débat sur le thème de l'agriculture de masse. Les élèves réagissent, se sentent concernés par les problèmes évoqués, le contact s'établit, et le groupe, convaincu de l'urgence de la situation, s'engage dans le projet proposé. Indéniablement, l'inscription au Grand Prix du développement durable stimule aussi les candidats. En témoigne l'enthousiasme manifeste lors de la seconde séance, quand les enseignants annoncent au groupe que le projet est retenu par le Conseil général. C'est aussi à ce moment-là que l'engagement se scelle ; chacun est désormais porteur du projet, investi d'une mission. Entre les deux premières séances, des élèves ont déjà rapporté au collège des piles, des bouchons... signe précurseur d'un engagement fécond ?

Des ateliers pour tous les goûts ; voilà le contenu de l'IDD ! C'est en tout cas la manière dont les enseignants l'ont conçu afin de susciter l'intérêt des uns comme des autres. Sept ateliers, scindés en deux pôles, sont proposés. Le premier pôle s'organise autour de la gestion des déchets avec les ateliers bouchons en plastique, piles, cartouches d'encre, papier. Comment engager les collégiens à rapporter ces déchets ? Où les récupérer au collège ? Qu'en faire ensuite ? Tout un programme ! Le second pôle concerne la gestion environnementale des milieux naturels : conception et création du jardin des espèces oubliées (topinambour, rutabaga, cardon...), gestion du lombric-composteur et enfin, création du jeu quizz et adresse qui a pour vocation de rassembler de manière ludique les connaissances acquises au fil des séances pour faire vivre et perdurer le jardin. Il prend la forme d'un jeu de fléchettes ; chaque couleur de la cible correspond, comme au Trivial Pursuit, à un panel de questions thématiques. Les élèves apprennent, réfléchissent, mais apportent aussi leurs compétences respectives : c'est un des intérêts de la diversité des ateliers. Celui qui souhaitera réfléchir à la conception du jardin n'est pas forcément celui qui aimera bêcher et planter, ni celui qui sera sensible aux formes, couleurs et goûts des fruits de la culture ! Ici, le quotidien de l'enseignant se trouve allégé : exit les fidèles "À quoi ça sert ?" ou "De toute façon j'suis nul". Bien sûr, il y a des élèves qui se contentent de remplir le contrat au minimum par leur simple présence aux séances, mais il y a aussi ceux qui sont là au moment de la pause-déjeuner pour accélérer la mise en œuvre du projet.

Les dix séances sont jalonnées par l'intervention de personnes extérieures au collège, qui viennent informer les élèves ou les aider à concevoir leur jardin : l'association des Jardiniers sarthois, le jardinier de l'Arche de la nature, un représentant du syndicat local de traitement des déchets, un adhérent de l'association Opération bouchons, pour n'en citer que quelques-unes. Par cette formation où l'on apprend pour mieux réfléchir et bien agir, les élèves deviennent eux-mêmes des "vecteurs de savoir" dont la mission est d'informer et de convaincre à leur tour. Dans l'atelier "piles", par exemple, on se creuse les méninges : il faut créer une affiche-choc pour persuader les élèves de rapporter leurs piles usagées. Côté jardin, le lombric-composteur est en place et on se délecte aussi des petites victoires : un élève arrive un jour, très fier d'annoncer qu'il a convaincu ses parents d'adopter le composteur à la maison. Mais pour les élèves, se sentir concernés, c'est aussi montrer leur travail et se voir faire, se voir agir. Un journal de bord est disponible sur le site internet du collège 3. Les premiers documents et photographies sont mis en ligne par les enseignants qui ouvrent la voie, puis laissent les élèves poursuivre le chemin... Chaque étape, chaque séance donnent lieu à des photographies et commentaires ainsi diffusés.Tous dans l'action!Cette année, Sandrine Ulloa a souhaité donner de l'ampleur au projet. L'IDD constitue une des trois actions menées au sein du collège en faveur du développement durable. En quatrième, cette fois, dans le cadre du cours de technologie, les élèves vont créer un four solaire pour aider une association à but humanitaire. Mais tous, au collège, ont la possibilité de s'investir dans l'action en participant à l'atelier scientifique et technique du vendredi midi. Là encore, le jardin est à l'honneur. Sous l'égide des professeurs d'éducation musicale et de sciences de la vie et de la Terre (SVT), les élèves vont créer des instruments en matière bio qui seront placés dans le jardin. Chacun peut donc prêter main-forte, faire vivre et évoluer le projet intitulé "Au four et au jardin". Naturellement, quand les enseignants s'engagent aussi, ça marche encore mieux. L'an passé, avec leur professeur de français, les élèves avaient créé des slams sur le thème de l'écologie. C'était le support sonore de la présentation de leur action le jour de la remise du Grand Prix. Cette année, le professeur d'arts plastiques est sollicité pour la conception des logos sur les affiches de sensibilisation, tandis qu'à la cantine, le cuisinier se chargera, si tout pousse bien, de proposer des infusions à la menthe "du jardin". Au collège du Grand-Lucé, actuellement, on vit donc des moments particuliers ; des élèves sollicitent leurs professeurs, des professeurs sortent momentanément de leur strict programme pour guider les jeunes acteurs du projet... Une des clés de la motivation ?

1. http://www.cg72.fr/developpementdurable.asp
2. http://www.arche-nature.org/FrmMainArche.html
3. http://clg-chevallier-72.ac-nantes.fr/ Le journal de bord est également publié sur le site de l'association des parents d'élèves http://www.apec.webvillage.fr/