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écocitoyen d'Eurpoe

mis à jour le 01/12/2008


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La question est d'actualité : pollution, énergies renouvelables, protection de la planète... autant de sujets brûlants qui concernent chacun. Justement, en voyant ce que font les autres, ce qu'on peut faire collectivement aussi, les élèves de ce projet Comenius construisent ensemble une Europe écocitoyenne consciente du reste du monde. Du verbe à l'action, l'un ne va pas sans l'autre.

mots clés : échanger, identité européenne, europe écocitoyenneté, comenius, énergies renouvelables, développement durable


Habitué des échanges avec les pays européens, le lycée professionnel Couzinet s'est lancé en 2006 dans un projet Comenius qui se déroule sur deux années, de 2007 à 2009. La classe de première baccalauréat professionnel électrotechnique énergie équipements communicants (ELEEC) a été retenue pour cette action centrée sur les énergies renouvelables et le développement durable, sujets d'actualité s'il en est. À mi-parcours, les différents acteurs sont en pleine action, en ce début d'année scolaire qui voit se relancer un projet riche, aussi bien centré sur le développement d'un esprit citoyen que sur des objectifs plus technologiques. Une technologie mise au service d'une réflexion plus philosophique et nécessaire à la réalisation d'un échange au sein duquel la citoyenneté européenne se construit dans tous les sens du terme.

Une première phase capitale

L'histoire a commencé par une rencontre au Portugal, où les enseignants responsables se sont retrouvés pour bâtir les grandes lignes du projet. Six établissements sont représentés : le lycée de Challans, un établissement polonais, un belge, un italien et deux établissements turcs. Les Italiens et les Français se connaissent bien puisqu'ils ont déjà travaillé ensemble les années précédentes. Six activités sont programmées, correspondant aux six trimestres des deux années scolaires. À chaque activité est associée une réalisation concrète et des rencontres entre les élèves sont prévues dans cette programmation. De l'avis de tous, cette phase initiale est capitale : l'élaboration du cahier des charges permet de décider collégialement des objectifs, mais aussi de fixer les tâches et d'établir un calendrier à respecter. De tels projets, concernant plusieurs établissements éloignés géographiquement, ne peuvent correctement fonctionner sur une durée assez longue qu'avec une organisation rigoureuse, précise et concrète. Reste à obtenir l'aval des agences nationales, une fois que l'action a été acceptée sur le plan européen. Ce qui ne va pas sans déceptions. L'établissement portugais, qui a pourtant accueilli la première session de travail et s'est chargé de la coordination, est refusé. L'établissement polonais est officiellement accepté mais, faute de financement de l'agence nationale polonaise, il se voit dans l'obligation d'abandonner le projet. Refus également pour l'établissement italien, vieux compagnon de route des Français. On continue cependant, mais devoir ainsi laisser des partenaires sur le bord du chemin laisse un pincement au cœur.

Une recherche rigoureuse qui conduit à l'action

Le planning met en évidence cette rigueur dans la conception du projet comme dans sa mise en œuvre concrète (voir annexe). Dans un premier temps, il s'agit de chercher les causes de la pollution liée aux énergies, puis d'analyser les moyens pour la réduire. Vient ensuite l'étude de la pollution liée aux produits dérivés du pétrole, qui donne lieu à une recherche des mesures existantes et envisageables pour la limiter. Des actions concrètes complètent cette approche documentaire : que peut-on faire à son propre niveau ? Enfin, l'ensemble des activités se concrétisera dans la réalisation d'une "charte des jeunes Européens pour l'écocitoyenneté et le développement durable". Il s'agit véritablement d'une recherche autour d'une problématique commune. Connaître la situation pour comprendre les causes amène alors à agir dans son présent quotidien, mais aussi à réfléchir à un avenir collectif qui puisse préserver une planète bien menacée. Chacun œuvre dans son pays, mais la communication est essentielle pour partager les résultats obtenus. L'analyse de la situation nationale s'enrichit dans la comparaison avec celle des autres pays partenaires. Pour ce faire, un blog a été créé et chaque activité donne lieu à des compte rendus, explicitement mentionnés dans la programmation initiale. Des textes, des photos, des diaporamas, des films... sont ainsi réalisés à chaque étape. Les rencontres réelles sont une occasion de faire le point sur l'état de la recherche autant que d'apprendre à se connaître. Si le travail de recherche documentaire est capital, il ne s'agit pas d'en rester à une réflexion théorique. Le véritable écocitoyen est un acteur autant qu'un esprit informé et vigilant. Les élèves du lycée Couzinet ont mis en place, dans leur établissement, une organisation permettant le recyclage du papier et l'année 2009 verra naître des éoliennes construites par les élèves eux-mêmes, comme en possède déjà l'établissement belge qui offre alors son savoir-faire aux autres pays. Cette articulation entre le dire et le faire est concrétisée dans la charte qui est un engagement à l'action.

Une constellation d'objectifs

Est-il utile de préciser que les objectifs visés par un tel projet sont nombreux et riches ? Certains sont en lien direct avec la problématique du projet Comenius. La réflexion sur les énergies renouvelables et la pollution dans son propre pays s'enrichit de la mise en confrontation avec ce qui se passe dans les autres pays. Travail commun et rencontres permettent d'apprendre à mieux se connaître et de découvrir les cultures de chacun, comme le montre l'analyse des élèves. Les propositions concrètes complètent la réflexion par une action réelle pour faire évoluer les situations. L'exemple le plus significatif est la réalisation d'éoliennes à destination de l'Afrique, qui constitue un véritable projet dans le projet. Cette réalisation est pleinement intégrée au projet Comenius, mais sa mise en œuvre le dépasse et l'enrichit. La conception, l'expérimentation, la réalisation et l'installation de ces éoliennes concernent de nombreux établissements, associations et entreprises (voir annexe). Ainsi, l'analyse, la réflexion et l'action sont intimement liées. Au-delà de ces objectifs, explicitement liés au projet Comenius, d'autres points positifs, concernant la vie de l'établissement aussi bien que l'équipe pédagogique et le fonctionnement du groupe classe, sont dégagés par les différents acteurs du lycée Couzinet. Un tel projet dynamise incontestablement la vie d'un établissement. Il implique un réel travail en équipe pour l'équipe pédagogique, mais il tisse également des liens entre les différents membres de la communauté : élèves, parents, enseignants, équipes de vie scolaire et administrative se trouvent impliqués à un moment ou l'autre dans l'action. Si ce sont les élèves qui sont les maîtres d'œuvre, l'encadrement nécessaire est discrètement omniprésent, que ce soit pour assurer la logistique lors de la venue des partenaires, pour aider dans les recherches documentaires, pour préparer les différentes sorties...


Concrètement, dans la classe

Quand on voit toutes les productions, recherches, rencontres et visites accomplies (voir annexe), on mesure l'ampleur du travail réalisé en une année scolaire. On mesure aussi combien la pluridisciplinarité est nécessaire pour le mener à bien. La recherche documentaire, en partie réalisée au CDI, est loin d'être la seule activité d'investigation pratiquée. Les élèves sont régulièrement allés sur le terrain : du site de tri des déchets au parc éolien, en passant par le service des transports de l'agglomération nantaise ou une entreprise d'installation de panneaux solaires, ils ont pu voir sur place ce qu'il en était et échanger avec des professionnels. Tout cela a, bien sûr, fait l'objet de comptes rendus qui ont pu prendre des formes diverses: textes pour le blog, articles pour la presse, panneaux informatifs, diaporamas, films... Le professeur de français et la professeure documentaliste encadrent ces activités où la lecture et l'expression sont centrales. Le cadre du projet pluridisciplinaire à caractère professionnel (PPCP) facilite la mise en œuvre de tels projets qui comportent des volets aussi bien techniques que généraux. La traduction de certains textes s'est faite en anglais et toute la partie informatique, comme la réalisation des diaporamas, a été faite en cours de mathématiques. Quant à la conception et la réalisation des produits, comme la poubelle de tri sélectif ou l'éolienne, pour cette année, elles s'effectuent en cours d'électrotechnique. La coordination de l'ensemble est assurée par le professeur de français et la CPE, monsieur Vrignon et madame Villain, responsables de ce projet. Celle-ci a assuré toute la logistique. Elle a également participé aux actions éducatives, en accompagnant les élèves dans les sorties, mais aussi en mettant en place une forme de tutorat pour les aider suivant les besoins.
Et les élèves dans tout ça ?


"C'était nous tout seuls"

Nous les avons rencontrés en septembre. Ils sont onze garçons, aujourd'hui en classe de terminale. Ce projet intéresse directement leur formation professionnelle, puisque les questions énergétiques sont au cœur de leurs apprentissages. Que pensent-ils de cette année écoulée ? Ils ont appris "plein" de choses, mais cela demande aussi "beaucoup de travail". Il a fallu qu'ils se débrouillent seuls, qu'ils apprennent à sélectionner l'information, à estimer la fiabilité des sources, il a fallu écrire, aussi. Ce projet a également stimulé l'apprentissage de l'anglais, outil nécessaire à la communication aussi bien écrite que verbale. De ce fait, ils ont gagné en autonomie dans le travail. Et ils sont fiers, à juste titre, d'avoir tout fait par eux-mêmes. Ils ont également mesuré concrètement les vertus du travail de groupe et de l'entraide, entre élèves mais également entre élèves et enseignants. Une chose est sûre : ils ont des souvenirs plus que précis de toutes les activités menées l'an passé. Ils racontent avec animation la visite du centre de tri des déchets avec les employés qui retrouvent des chats et des rats morts ou des seringues dans les sacs. Ils parlent de la rencontre avec les élèves belges et turcs, et de ce qu'ils ont appris à mieux connaître en ce qui concerne les cultures de chacun. Laissons-leur la parole : "Les Belges sont comme nous, pas trop différents, si ce n'est l'accent et quelques expressions, mais c'est tout : aucun décalage au niveau de la musique et des goûts en général... Les Turcs sont très polis, ils demandaient comment va la classe, les professeurs, Mme Villain, la famille, si tout le monde va bien... La famille a de l'importance pour eux. Ils sont discrets, timides par rapport aux relations garçons/filles. Il s'agissait d'éviter les grosses blagues douteuses ou scabreuses... Par contre, Il y avait des différences entre les deux établissements turcs par rapport à la religion, des filles voilées et des filles athées [l'un des établissements est laïc et l'autre religieux - NDLR]. Il y avait aussi un problème pour la nourriture. Les filles turques sont plus sportives que les gars, et les gars ne font rien, ils font la fête, c'est tout...".

"Chacun doit y mettre du sien"

Pour ce qui concerne les énergies renouvelables et la pollution, ils n'ont visiblement pas perdu leur temps. Deux élèves engagent un débat au cours de la discussion, oubliant la présence du "journaliste" dans la classe. Les voilà partis à comparer les mérites et inconvénients de l'éolien et du solaire, avançant des arguments, se passionnant pour le sujet. Ils parlent en spécialistes. Question protection de la planète, leur discours est particulièrement averti : ils ont pleinement conscience des dangers qu'elle court et de la nécessité d'agir. Une action qui concerne chacun à son niveau : "Y'a du boulot !", martèlent-ils avec conviction. D'ailleurs, ce projet a changé le regard que certains portaient sur les "écolos". Et en ce qui concerne l'Europe ? Il y a des différences, bien sûr, mais ils ont appris à mieux connaître leurs homologues, en travaillant ensemble grâce au projet commun et à la rencontre "en vrai". Maintenant, reste à aller voir! Ils vont se rendre cette année en Turquie. En attendant, certains sont toujours en contact par MSN avec leurs homologues belges et turcs. L'heure passe et il faut se quitter. Les élèves sont visiblement contents qu'on parle d'eux et de leur projet, qui les concerne manifestement beaucoup, même si, leur rappelle avec le sourire leur enseignant, il y a parfois eu des moments difficiles où il fallait relancer une machine qui s'enrayait un peu ! Ils souhaitent même qu'on mette une photo d'eux dans cet article qui ne peut être qu'un bilan d'étape ; la grande aventure continue cette année.



En route pour demain

Cette année 2008-2009 est aussi pleine que la précédente : le site va être mis en ligne par le coordonnateur belge pour venir compléter le blog existant. Pour ce qui est de la réalisation des éoliennes, monsieur Vrignon est allé en Belgique où il a pris photos et documents. C'est sur cette base que vont travailler les élèves électrotechniciens pour réaliser la leur. Si l'année passée a globalement été davantage consacrée à l'analyse des causes du problème et à ce qui existe pour préserver la planète, l'année qui débute va être orientée vers l'avenir. Demain se construit dès aujourd'hui, comme cette éolienne, mais il s'agit aussi de réfléchir à l'évolution à venir des pratiques individuelles - ce sera la réalisation de la charte - et collectives - les élèves vont faire des propositions en direction des différentes instances locales, nationales, et même européennes. Les terminales ELEEC viennent d'apprendre qu'ils ont été retenus pour représenter la France à Strasbourg lors de la journée Euroscola, le 26février. Ils participeront à un débat dans l'hémicycle avec vingt-six autres délégations européennes. Les élèves en sont tout émoustillés, mais ils sont aussi un peu inquiets d'une telle responsabilité. Autant dire qu'on va précisément s'informer sur l'Europe et peaufiner son anglais... Pour tous, ce projet est positif, même s'il implique une organisation assez lourde. Pour que ce type de partenariats réussisse, il est essentiel que le projet soit en adéquation avec les contenus d'enseignements. Il ne doit pas être une parenthèse, mais il doit s'ancrer au cœur de l'action pédagogique, note madame Roux, proviseure du lycée Couzinet. La rencontre, qu'elle soit virtuelle ou réelle, contribue à un changement des mentalités. La peur de l'autre, la méfiance a priori font place à une réelle volonté de le connaître et de le comprendre. La préparation en amont, lors de l'établissement du cahier des charges, si elle rigoureuse et précise, conditionne le bon déroulement d'une action qui, fonctionnant sur la solidarité et le travail en équipe, réunit à tous les niveaux les conditions d'une réelle eurocitoyenneté.
 
auteur(s) :

D. Grégoire

contributeur(s) :

A. Roux, I. Villain, LP René-Couzinet, Challans {85]

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