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un Lp qui cultive et se forme à l'europe

mis à jour le 01/12/2008


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Au lycée Pierre-et-Marie-Curie, des adultes, enseignants et agents, échangent et se forment avec leurs homologues européens dans un projet Comenius, pendant que des élèves expérimentent avec leurs enseignants la mobilité professionnelle dans un projet Leonardo.

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Pendant trois années (2008 à 2010), explique Cécile Coquereau, correspondante de l'équipe française, un groupe d'enseignants et d'agents, venus de six pays d'Europe, vont se rencontrer et travailler ensemble sur la question de l'identité européenne, exprimée de façon symbolique dans les jardins des différents pays. Les participants sont issus de six lycées professionnels et collèges (ou leurs équivalents), belge, polonais, bulgare, roumain, français et espagnol.

"Créer le jardin de l'identité commune"

L'objectif de ce projet Comenius au titre symbolique et évocateur est de créer, physiquement ou virtuellement, un jardin représentatif de l'identité européenne. Ce peut être un espace végétal, un parc, dans l'enceinte de l'établissement ou à l'extérieur. Il faut, bien entendu, pour cela, s'emparer de la symbolique de chaque pays : plante emblématique, drapeau, couleurs... Après le choix d'une langue commune (le français dans ce cas précis), un calendrier se met en place sur trois années, ponctuées de rencontres de travail entre membres des différentes équipes. C'est ainsi qu'est programmée en octobre une première séance de travail à Bruxelles et, en septembre2009, les avant-projets de jardins devront être présentés aux équipes, en Espagne. Dans le cadre du programme Comenius, le service de formation continue des enseignants européens va mettre en place un moment de formation pour l'équipe sur les symboliques des fleurs en Europe". En mars2010, le "jardin de l'identité commune doit être créé dans chaque site participant. Le 9 mai 2010, est prévue une participation commune au "Printemps de l'Europe", manifestation à laquelle participeront des élèves. Enfin, une exposition itinérante relatant l'histoire et la réalisation de ce projet devra être conçue et mise à disposition de l'Union européenne.

S'engager dans une réalisation commune

Chaque pays apporte sa pierre à la construction du projet : en février2009, c'est l'équipe belge qui va ouvrir un site sur le portail européen eTwinning. Ce site Web a pour vocation d'être une plate-forme d'échanges pour des projets européens. L'un des objectifs est d'utiliser les technologies numériques pour faciliter l'élaboration du projet commun et les échanges de données et d'informations entre les partenaires. Les modalités de fonctionnement prévoient la participation de chaque partenaire, qu'il soit enseignant ou élève. En mars2009, c'est la Pologne qui se propose de réaliser un cédérom compilant toute la documentation photographique réunie par les différentes équipes, accompagnée d'explications en français, langue commune au projet. Si ce projet Comenius "adulte" est centré sur les équipes d'encadrement, il n'exclut pas cependant la participation des élèves. C'est ainsi que Cécile Coquereau et plusieurs de ses collègues du lycée vont saisir l'opportunité du projet "Créer le jardin de l'identité commune" pour travailler avec leurs élèves. En histoire, une recherche iconographique va être menée dans certaines classes (brevet d'étude professionnel et baccalauréat professionnel tertiaire) pour étudier comment le jardin a été représenté en France au fil des siècles, et l'évolution de ces jardins à différentes époques (médiévale, romantique, jardin à la française...). En arts appliqués, les notions de connotation et dénotation seront abordées. Des apports sont prévus en mathématiques sur la perspective, en géographie sur la gestion de l'eau indispensable aussi bien pour la création que pour l'entretien des jardins. Par ailleurs, la perspective de l'ouverture, l'année prochaine, au lycée Pierre-et-Marie-Curie, d'un certificat d'aptitude professionnelle "maintenance de matériel - parcs et jardins" - donne encore plus de sens au projet.

Enseigner, un métier aux déclinaisons parfois différentes à l'intérieur de l'Europe

Cécile Coquereau estime que la participation à un tel projet permet d'"apprendre à connaître les différences d'exercice du métier à l'intérieur de l'Europe". Cette enseignante, qui a déjà participé à deux autres projets Comenius, est convaincue de l'intérêt de cette démarche. Lors d'une affectation antérieure au lycée professionnel de Narcé dans le Maine-et-Loire, elle a participé à un premier projet Comenius intitulé "L'auto-évaluation dans l'école européenne" dont l'objectif était d'apprendre à s'évaluer soi-même en tant qu'enseignant, proviseur, ou en tant qu'élève ; puis, à un deuxième, avec des établissements roumains : "Se remotiver en tant qu'élève et en tant qu'enseignant". Ce dernier lui a permis de goûter à la coanimation d'un même cours ou d'une même séance avec un autre enseignant, et d'apprécier les avantages de ce dispositif pas toujours facile à mettre en œuvre dans le système éducatif français où il faut trouver le cadre légal pour enseigner à deux voix. Mais ces projets Comenius sont surtout une formidable occasion de découvrir comment se déroule l'enseignement de sa discipline dans d'autres pays européens, comment sont organisés les établissements sur le plan pédagogique; et surtout de mesurer les différences de conditions de travail des enseignants. "On relativise nos problèmes", dit-elle, après avoir pris la mesure des difficultés matérielles auxquelles sont confrontées, par exemple, les écoles roumaines (pas de chauffage, électricité défaillante, manque d'eau, élèves qui viennent une journée sur cinq...) et des différences de libertés individuelles d'un pays à l'autre.

Développement professionnel des enseignants

Participer à un projet auquel sont associés des enseignants parlant différentes langues amène aussi à mieux appréhender les différences culturelles à travers la langue, même si une langue commune est adoptée. En effet, des concepts comme celui de "citoyenneté", de "laïcité", ont des acceptions différentes en Italie, en Espagne ou en Roumanie. "Jardin" ne signifie sûrement pas la même chose pour un Français, pour un Bulgare ou un Espagnol.
Cette ouverture linguistique est très importante pour un formateur afin de mieux comprendre les difficultés d'élèves allophones, ou de cultures différentes.

La sécurité au travail, fil conducteur d'un projet Leonardo 1

Le deuxième projet européen développé dans cet établissement s'intitule : "Insertion professionnelle dans le milieu industriel espagnol et développement personnel de l'élève". Il repose sur la question de la sécurité au travail et concerne des élèves de baccalauréat professionnel Étude et définition de produits industriels (EDPI). Ce diplôme a pour vocation de former des techniciens de bureaux d'études utilisant des outils informatiques de conception, de représentation, de calcul et de simulation. Il est demandé à ces professionnels de faire preuve de qualités de communication et d'intégration au sein des équipes. Quoi de plus pertinent pour développer de telles aptitudes que de se lancer dans un projet mobilisant les compétences acquises au lycée dans un séjour professionnel au sein d'une usine ? C'est le choix fait par une équipe de professeurs : Yannick Pentecouteau et Xavier Grolleau, professeurs de construction, Pascaline Ollitraut, professeur d'espagnol et Aurore Naudin, professeur d'arts appliqués. "Mettre les élèves en projet professionnel" est pour cette équipe l'objectif principal. La première année du projet Leonardo s'est donc déroulée en 2007-2008 avec, comme fil conducteur, la sécurité au travail. Pendant quinze jours, un groupe d'élèves de 1re EDPI a été chargé d'un travail d'observation et d'analyse de postes de travail d'ouvriers dans une usine du groupe ArcelorMittal de Bilbao en Espagne (cette usine fabrique de l'acier destiné aux emballages). Après une phase d'observation, les élèves ont fait des propositions pour améliorer la sécurité des postes de travail.

Élaborer un dispositif d'accompagnement

Les objectifs pédagogiques se déclinent en trois volets : avant, pendant et après le stage dans l'usine espagnole. Avant le séjour, il s'agit, sur le plan professionnel, d'"acquérir les compétences nécessaires pour s'inscrire dans une démarche de projet au sein de l'entreprise d'accueil". Pour cela, une visite est organisée dans une usine nantaise du groupe ArcelorMittal et une formation aux questions de sécurité au travail y est organisée. Sur le plan linguistique, un dispositif est mis en place pour permettre aux élèves d'acquérir des bases en langue espagnole, afin de communiquer dans l'entreprise et de se débrouiller dans la vie de tous les jours. L'enseignement est essentiellement centré sur l'oral, à raison d'une heure par semaine, en plus de l'emploi du temps des élèves. Des apports sont aussi prévus : en histoire-géographie, sur le Pays basque, la ville de Bilbao, la guerre civile espagnole et les aléas du développement industriel dans la région ; en arts appliqués, sur l'architecture, les musées et le mécénat d'entreprise et sur le plan culturel, les rythmes de vie et la gastronomie. Sur place, pendant le séjour, une attention toute particulière est accordée aux objectifs professionnels. La tâche des élèves porte sur la modification de postes de travail sur une ligne de production afin d'améliorer la sécurité des opérateurs (voir ci-dessus). Les mêmes stagiaires, accompagnés et aidés sur place, chacun par un tuteur, doivent, bien sûr, communiquer en espagnol, utiliser le vocabulaire technique adapté, et faire preuve d'une bonne dose d'autonomie et d'adaptation. L'évaluation a lieu le dernier jour du stage, sur place. Elle prend la forme d'une "revue de projet" présentée à toute l'entreprise. Elle est menée par deux "collèges" : le premier comprend le directeur de l'usine, le directeur des actions "Europe" du groupe et le proviseur du lycée professionnel ; le deuxième est composé des professeurs et tuteurs de l'entreprise. Au retour, le travail se poursuit avec une réflexion sur les différences de pratiques professionnelles, et les élèves restent en contact avec l'entreprise jusqu'à la réalisation concrète de leurs propositions d'amélioration des postes de travail. Les compétences acquises par les élèves sont prises en compte pour l'obtention du baccalauréat professionnel, en relation avec le référentiel de formation du baccalauréat professionnel EDPI. Elles sont aussi prises en compte dans l'"Europass 2".

Effet Europe, effet projet

Pour Y. Pentecouteau, le premier bénéfice pédagogique de ce type de projet est de permettre un ancrage concret, aussi bien pour les différentes disciplines de la formation que dans l'approche des réalités du monde industriel et de la vie professionnelle. Cette notion d'"ancrage concret" a déjà été mise en avant par C. Coquereau dans le projet sur les jardins européens. Par ailleurs, le monde industriel, dans lequel ces élèves devront s'insérer, est particulièrement touché par les délocalisations : les productions mais également les études sont souvent réalisées à l'étranger. Comme le précisent les enseignants dans leur projet : "C'est dans ce contexte que les élèves doivent se former, avoir dans l'esprit une plus grande mobilité, développer leur adaptabilité, établir des valeurs communes, respecter la diversité, ce qui contribuera à une meilleure collaboration. Le projet les plongera dans un pays étranger, un autre mode de vie, des rythmes différents, des techniques différentes, des points de vue différents, une organisation du travail différente". De même, comme pour le projet Comenius décrit plus haut, les enseignants récoltent aussi les effets positifs de la démarche de projet : motivation et responsabilisation des élèves. En effet, la tâche qui leur est demandée touche à la sécurité des personnes au travail, et ils se sont rendu compte de l'intérêt d'apprendre une langue étrangère et de s'ouvrir à une autre culture. Les professeurs constatent aussi un développement de la maturité de ces jeunes et remarquent que leurs relations avec eux s'en sont trouvées excellentes. Sur cette année scolaire 2008-2009, le projet continue car tout n'a pas pu être finalisé sur l'année précédente. Installée au CDI, une exposition présentera le groupe ArcelorMittal, la région de Bilbao, et décrira précisément la démarche et le déroulement de ce projet Leonardo. Le partenariat avec ArcelorMittal se poursuit et l'équipe d'enseignants envisage d'associer à ce projet d'autres pays européens.

1. Le programme Leonardo da Vinci concerne les lycéens, apprentis, formateurs, salariés en formation, entreprises et tous types d'organismes, publics ou privés, acteurs de la formation professionnelle. Son objectif est de faciliter les échanges de bonnes pratiques et de mutualiser de nouveaux outils ou méthodes de formation.
2. Europass mobilité est une initiative de l'Union européenne visant à aider les citoyens à présenter leurs compétences et qualifications de manière claire et logique (notamment auprès des employeurs), et à favoriser la mobilité transfrontalière dans trente et un pays participant au programme d'éducation et de formation tout au long de la vie.
 
auteur(s) :

F. Lemarchant

contributeur(s) :

C. Coquereau, Y. Coquereau, Pierre-et-Marie-Curie, Château-Gontier [53]

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