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jeux de scène : de je à nous

mis à jour le 12/06/2014


echanger dossier 3

Au collège sarthois Pierre-Belon, tous les élèves participent à une semaine d'activités théâtrales : un comédien anime des ateliers. Un spectacle final donne à voir le travail mené. Un aboutissement pour les élèves mais aussi, paradoxalement, un commencement : celui d'une appréhension différente de soi en tant qu'élève et membre du groupe-classe, celui d'une réflexion sur le sens des apprentissages.

mots clés : échanger, théâtre, projet, français


anette Deville, professeure de lettres classiques, est à l'initiative du projet. En pratiquant le théâtre, elle a observé combien l'expérience de comédien favorise une connaissance et une maîtrise de soi. La réflexion autour d'un texte que l'on va interpréter, sa compréhension, ce que l'on y met de soi, voilà une expérience très intime, mais au théâtre, paradoxalement, il y a aussi le travail de troupe qui rend l'écoute indispensable. L'enseignante a pris conscience des convergences entre la situation de l'élève dans le groupe-classe et la pratique théâtrale. Celle-ci offre en effet un condensé des différents facteurs qui permettent à tous les élèves, au sein d'une classe, d'être différents, mais d'être ensemble pour apprendre et comprendre. Les bouleversements physiques et psychologiques des adolescents au collège ont une incidence sur la vie de la classe et sur les apprentissages. Le manque d'assurance, par exemple, peut se traduire par de l'exubérance comme par une extrême timidité, positionnements extrêmes inadaptés à l'implication dans les activités pédagogiques. Le projet théâtre de Janette Deville est fondé sur cette conviction que motivation pour le travail et bien-être sont indissociables. Il actionne deux leviers. D'une part, l'acquisition d'objectifs disciplinaires : les séances de théâtre sont intégrées à la séquence pédagogique du professeur. D'autre part, l'utilisation pour chaque élève de ses qualités personnelles, de sa voix, de son corps et corollairement un regard nouveau sur le groupe-classe. À l'issue de la semaine théâtre, l'enseignante propose des activités pour que les élèves prennent conscience de ce qu'ils ont révélé d'eux-mêmes et verbalisent cette expérience sensible. En 2012-2013, chaque classe a participé. Cette parenthèse théâtrale est vécue comme un moment précieux par les élèves, mais aussi par les enseignants : chacun peut observer, s'observer, regarder aussi, échanger dans un cadre décalé de la quotidienne salle de classe et avec un comédien et metteur en scène professionnel. Mais alors qu'apprend-on grâce à ce nouveau regard ? Comment les élèves évoluent-ils, quelles ressources nouvelles manifestent-ils, dans quelles conditions reviennent-ils ensuite aux modalités habituelles de travail ?

L'organisation de la manifestation

Le projet a été planifié au tout début de l'année scolaire 2012 pour une mise en œuvre en juin 2013. L'intervenant professionnel est le comédien Valer'Egouy 1, expérimenté dans le travail avec des classes. Sa rémunération est prise en charge par le collège et son foyer socio-éducatif. Les séances de théâtre se déroulent dans la salle polyvalente de la commune qui dispose d'une scène. Dès septembre, Janette Deville a proposé à tous ses collègues de bénéficier de l'intervention du comédien professionnel pour animer une séance de pratique théâtrale en lien avec leur programme disciplinaire. Les quatre professeures de lettres se sont engagées, et, pour la première fois, une enseignante d'anglais aussi ; c'est ainsi que le projet s'est monté à l'échelle du collège. Les ateliers sont programmés sur les heures de cours des professeurs investis dans l'action. La préparation de l'atelier se fait alors en concertation avec Valer'Egouy : le support de départ est un texte en lien avec la séquence étudiée en classe à cette période de l'année. Il est travaillé en amont, voire appris par cœur, ou alors l'enseignant en propose un autre, nouveau, à découvrir pendant l'atelier. Le comédien propose une mise en réflexion et en action simultanées : en une ou deux séances de cinquante minutes, les élèves vont construire une saynète aboutie. Le spectacle final a lieu le dernier jour de la manifestation. Chacune se clôture par un conte que propose Valer'Egouy (voir annexe).


Des supports variés

Au fil des classes, le comédien travaille à partir de textes extrêmement diversifiés et fait converger la séance de théâtre avec les objectifs pédagogiques du professeur. Ainsi, pour un travail autour de l'argumentation ou du lexique, par exemple, le comédien axe la saynète sur l'expression vocale. Au contraire, pour mettre au jour le sens d'un texte nouveau, la création s'appuie parfois essentiellement sur le mime. Des élèves de sixième ont ainsi travaillé des fables de La Fontaine, d'autres ont mis en scène une fable qu'ils avaient écrite. La classe de cinquième latiniste a présenté la journée d'un Romain. Deux classes de cinquième ont travaillé sur le fabliau Estula, chacune a travaillé sur une partie du récit de manière à proposer une représentation complète de l'histoire. La maîtrise du texte (compréhension et apprentissage des dialogues) se fait pendant la séance. La classe de quatrième latiniste a mis en scène une enquête policière avec des expressions latines passées dans le français. Travailler au théâtre sur des mots d'origine latine engage une réelle réflexion des élèves sur l'intérêt de l'apprentissage du vocabulaire. Janette Deville en est convaincue, tout support est possible, l'approche par le théâtre permet souvent de mieux comprendre une notion nouvelle. L'un des objectifs est bel et bien de réveiller l'intérêt des élèves pour des apprentissages même difficiles. On pourrait tout à fait concevoir une saynète sur des notions d'orthographe. L'enseignante choisit justement le plus souvent son support en fonction d'une difficulté à dépasser. En parallèle du travail de mise en scène, Valer'Egouy organise son atelier en fonction du groupe qu'il accueille. Le professeur lui donne si nécessaire quelques indications sur le profil de la classe ou sur des difficultés spécifiques à certains élèves.

Le début de l'atelier : instaurer un lien de confiance

Pendant quelques minutes, le comédien propose des petits jeux théâtraux pour établir la relation avec des élèves qui ne le connaissent pas du tout. Le temps est compté ; dès l'arrivée dans la salle, ils sont invités à poser leur sac et le comédien entre en contact avec eux par le jeu théâtral. "Qu'allons-nous faire ici ? Dites-moi vos prénoms"... Tous ne sont pas installés que l'atelier a commencé. La porte franchie, les élèves ont déjà changé d'univers. Si le comédien adopte le rôle de superviseur, sa manière d'aborder les élèves, de se présenter à eux, de les impliquer aussitôt leur arrivée les fait changer de posture ; nous ne sommes pas en classe. Dès ce début, les activités très courtes que propose Valer'Egouy sont liées à l'objectif final de mise en scène. Prenons l'exemple de cette classe de sixième accompagnée de son professeur de français. L'enseignante travaille sur L'Odyssée. Elle a choisi de faire porter la séance de théâtre sur un extrait de l'œuvre, nouveau pour les élèves : la rencontre d'Ulysse avec les monstres Charybde et Sylla. Ce texte induit une mise en scène axée sur le mouvement bien plus que sur la parole. Les courts exercices introductifs invitent à travailler d'emblée des attitudes corporelles : "Vous marchez puis vous prenez une posture de monstre lorsque je tape dans mes mains", par exemple. Le comédien repère alors des personnalités auxquelles il donnera très vite un rôle, une responsabilité, afin d'avoir de l'espace pour s'occuper aussi des élèves plus discrets. Ensuite, les élèves sont invités à faire une vague, agglutinés tous ensemble, épaule contre épaule. Cette mise en abyme de la cohésion crée une image forte de leur groupe qui doit être soudé pour mener à terme cette aventure théâtrale. À ce stade, les élèves, mis en confiance, sont plus détendus, ouverts à l'activité qui s'annonce. Ce temps court de prise de contact est essentiel et l'on observe avec quelle rapidité les élèves, tous, au sein de leur groupe-classe et rassurés aussi par lui, sortent de leur posture habituelle de cours pour accepter d'entrer dans un jeu de mise en scène qui ne saurait les mettre en danger. Un autre atelier, avec une seconde classe de sixième, porte sur une fable étudiée en classe. Les exercices introductifs proposeront un travail de la voix dès le début, au moment où les élèves auront à dire leur prénom, mais aussi sur le rythme, par un jeu autour d'applaudissements.

L'imaginaire stimulé

Dès la première étape de la séance, qui va très vite, le comédien stimule l'imagination des élèves en associant les exercices qu'il propose à des images correspondant au futur support de travail. Revenons à la séance sur L'Odyssée : les élèves prennent des postures de monstres, ils sont invités à fermer les yeux tandis que le comédien évoque ces bêtes imaginaires avec bruitages et surprises qui contribuent à instaurer une ambiance favorable à l'écoute du texte que le professeur va venir lire. "Il faudra parler fort, il faudra un capitaine, des matelots"... Nombre de garçons lèvent déjà la main. Puis, assis en cercle, les élèves ferment les yeux et écoutent très attentivement la lecture du texte. Rapidement, quelques questions de compréhension sont posées : Qui ? Où ? Quoi ? Il s'agit de lancer le travail de mise en scène : il faut créer un bateau avec une tête de proue. Les rôles se répartissent très vite, très naturellement. Les apprentis comédiens sont au cœur du texte. Bateau humain avec tête de proue, les compagnons prennent place ; "En avant, compagnons !", encourage le comédien. Les deux élèves les plus grands en taille feront le mât et la tête de proue. Huit élèves se proposent pour créer la forme du bateau. Les compagnons sautent dans ce bateau, tandis que quelques autres s'entraînent à dire le désormais gimmick "En avant, compagnons !". Le plus convaincant obtiendra le rôle d'Ulysse, les autres rejoindront le clan des compagnons. Un groupe de filles plus timides attend. Le comédien s'approche d'elles, en aparté leur explique leur rôle, celui des monstres qui viennent attaquer le bateau en poussant des petits cris, dans une sorte de danse du ventre. Fortes d'être ensemble, elles deviendront un monstre sonore et dansant, loin des timidités initiales. Chacun trouve ainsi sa place.

Une leçon de mise en scène

Très vite, les élèves sont invités à monter sur scène : le bateau d'Ulysse s'installe côté cour, les monstres marins côté jardin. Il n'y a guère le temps de s'impatienter derrière le rideau, le professeur tape les trois coups. Les deux groupes se présentent, évoluent sur la scène : l'arrivée du bateau, la rencontre avec le monstre, la capture de quelques compagnons, la détresse d'Ulysse. Dans la séance, plusieurs répétitions ont lieu, enrichies chacune de conseils sur le rythme, l'occupation de l'espace, mais aussi sur l'importance du rôle de chacun. Un seul faillit dans son personnage et c'est tout le groupe qui est en déséquilibre. Chacun porte son rôle dans la saynète. Une fois celle-ci au point, le comédien propose d'amplifier l'aspect sonore afin d'être au plus proche du texte, comme une recréation de celui-ci. "Que disent les marins effrayés ?" Il faut faire entendre leur peur, leur besoin de se protéger. Chacun est invité à trouver ce qu'il peut dire, sans cacophonie, on doit distinguer les quelques paroles, pas seulement des cris d'effroi. Quelques répétitions plus tard, le cours est terminé, la saynète aboutie ; le texte restera dans les esprits. Les élèves auront aussi appris à travailler avec le rideau, à être/à ne plus être dans son rôle, à assumer son personnage pour assurer la réussite du groupe entier, à respecter la place de chacun, à écouter et prendre en compte les conseils : une réelle mise en abyme des qualités relationnelles indispensables au travail en classe.

Une école de l'acteur et du spectateur

Les élèves apprennent aussi à adopter une posture adéquate en fonction du lieu et du moment. Leur attitude lors du spectacle en est une illustration. Il se déroule en fin de semaine, sur deux demi-journées : le matin ce sont les représentations des classes de sixième et cinquième, l'après-midi celles des niveaux quatrième et troisième. Au début, Valer'Egouy précise la conduite à tenir : entre chaque saynète, le public est autorisé à parler pendant que la classe suivante se prépare. En revanche, lors des passages, on attend un public attentif et bienveillant, comme chacun le souhaite au moment de sa propre représentation. La principale du collège a été surprise : les élèves sont tous restés concentrés durant ce spectacle d'environ deux heures et demie. Une atmosphère sereine, propice à la surprise : "À la fin du passage des classes, on a improvisé un théâtre-forum à partir du thème abordé par une classe de troisième : des situations hommes-femmes où tout était inversé. Le comédien a proposé aux élèves de rejouer des passages pour faire avancer la réflexion sur le statut de la femme et le statut de l'homme dans la société. Un moment très vivant et avec toute l'attention des élèves !", témoigne Janette Deville. C'est aussi une situation pédagogique inédite pour travailler l'argumentation ; la recherche d'arguments, étape difficile pour les élèves lors de la conception d'un sujet de réflexion 2, leur organisation et la verbalisation dans le but de convaincre.
 

Des regards croisés, des regards nouveaux

Pour les élèves, qui se sont observés lors de la préparation de la saynète, le moment de la découverte du travail des autres groupes lors du spectacle génère un regard encore différent, il suscite même des contacts et une proximité nouvelle. Des élèves sont venus dire à des camarades qu'ils avaient aimé leur jeu ; d'autres ont découvert certains des collégiens qu'ils n'avaient jamais remarqués auparavant dans l'enceinte de cet établissement de trois cents élèves. Quelques-uns ont confié à leur professeure qu'ils n'auraient jamais imaginé que tel(le) élève pourrait jouer ainsi. L'évocation de cette rencontre-découverte entre pairs apparaît dans les travaux écrits que les élèves rédigent au cours des séances qui suivent l'action : "J'ai eu des retours qui disaient que j'étais sûre de moi, et ça se voyait", raconte une élève ravie. Du côté des enseignants, Janette Deville explique que beaucoup de ses collègues ont découvert le potentiel de certains élèves, pendant les ateliers pour ceux qui y participaient, et pour les autres, lors des représentations. La surprise a été parfois partagée. Les professeurs ont par exemple découvert la voix porteuse et insoupçonnée d'une élève elle-même étonnée de cette révélation sur elle-même. Des élèves décrocheurs, parfois perturbateurs, ont été particulièrement concentrés pendant tous ces moments de théâtre. "Cela a fait du bien à tous, et à eux avant tout.", explique l'enseignante. Certains professeurs ont en revanche été surpris que des élèves difficiles à canaliser soient mis en valeur en ayant des rôles principaux. Le comédien explique pourquoi il a fait ce choix : cela lui permet, puisqu'ils sont concentrés sur leur tâche importante, de se consacrer, lui, aux élèves qui sont les plus timides, les plus angoissés, ou les plus introvertis. Ainsi, il permet à chacun de trouver sa place dans le spectacle. Il est vrai que les séances sont brèves ; ce format de cinquante minutes impose cette gestion spécifique du groupe. À l'issue de la semaine théâtre, une fois les élèves engagés dans cette activité et séduits, on pourrait construire des situations inversées : des rôles-phares donnés aux plus réservés et des rôles secondaires ou de figuration pour des meneurs. Comment assumer un rôle important ? Comment construire un rôle de figurant ? Les élèves pourraient explorer de nouvelles pistes théâtrales...

Expérimenter pour comprendre, évoluer

La semaine théâtre suscite une prise de conscience des élèves sur le respect nécessaire pour bien communiquer, comprendre, et par là même, apprendre avec plaisir. Avec le recul de quelques années de pratique, Janette Deville mesure combien elle crée une cohésion, favorise l'entraide, la solidarité et la confiance en soi. Par ailleurs, l'école du théâtre est celle de l'écoute, il faut tenir compte des conseils et savoir intervenir au bon moment pour l'équilibre du groupe. Le développement de ces qualités est très net. Sortant du cadre institutionnel de la classe, cette expérience permet souvent aux élèves en difficulté de retrouver une place dans le groupe, parfois même une motivation pour la discipline. Une des années précédentes, elle avait créé un déclic auprès de deux élèves décrocheurs de sixième. Valorisés, ils s'étaient réintégrés dans la classe, l'expérience théâtrale ayant efficacement balayé la nécessité d'une fiche de suivi. L'apprentissage de la scène aurait-il un impact sur le comportement des élèves ? Dans un écrit, Juliette, qui est en quatrième, explique : "Je suis plus patiente durant les heures de cours ou autre. Je suis plus obéissante au collège ou chez moi.". Les élèves timides trouvent eux aussi leur place au sein du groupe, tous acceptent toujours de participer. Du côté des programmes disciplinaires, l'atelier permet d'aborder les textes de manière nouvelle. Passer par la mise en scène aide les élèves qui n'ont pas tous ni toujours un esprit de synthèse, il faut cibler les informations importantes. Les élèves dyslexiques peuvent aborder le cours de français autrement. Le théâtre prouve que la maîtrise de la langue ne passe pas forcément par l'écrit, qu'il est d'autres portes pour comprendre ce que disent les auteurs. Janette Deville se rappelle un élève qui avait un cheveu sur la langue ; dans la saynète, il s'était proposé pour jouer le rôle d'un présentateur, transformant ce léger handicap en une qualité au service du trait humoristique de son personnage. Indéniablement, la semaine théâtre réveille l'intérêt, la réflexion et la curiosité des collégiens.

Une évaluation individuelle...

À l'issue de cette semaine d'exception, l'émulation est très forte. Il s'agit alors de l'entretenir, de veiller à préserver la qualité relationnelle qui a été établie entre les élèves, entre les élèves et leurs professeurs. Janette Deville explique qu'il vaut mieux proposer à l'élève une activité dans laquelle il ne se sentira pas exposé pour lui permettre d'analyser son travail, d'autoévaluer précisément ses acquis liés à l'action. Le sujet peut viser à renforcer, développer ou/et réinvestir des compétences écrites. En quatrième, l'enseignante croise dans les programmes le travail sur le lexique des sensations et sentiments et celui sur la correspondance (la séquence a été faite en cours d'année). Elle demande à chacun, dans la classe, de rédiger une lettre au ministre de l'Éducation nationale pour lui expliquer les qualités qu'ils ont développées grâce à l'action théâtre. L'implication de tous est nette : les élèves ont rédigé une lettre correctement présentée, ont tous réussi à développer leurs idées. Les écrits se trouvent enrichis par l'expérience théâtrale que les élèves ont à cœur de relater correctement, en utilisant les termes appropriés. Dans ces lettres, ils justifient ce qu'ils avancent : "Le théâtre m'a apporté beaucoup de responsabilités, car il fallait savoir son texte." (Dylan) ; "J'ai développé de la confiance en moi et de l'assurance, car j'ai dû passer sur scène. J'ai découvert une voix que je ne connaissais pas, une voix plus forte, plus ferme." (Émeline). Ils nomment aussi les qualités qu'ils estiment avoir développées : la confiance, l'assurance, le courage sont presque toujours évoqués, viennent ensuite le respect, la responsabilisation et la créativité.

... ou par groupes

Selon les classes, ce n'est pas toujours un bilan par l'introspection qui est choisi. La professeure a proposé à d'autres élèves de sixième et de quatrième une activité intitulée "Théâtr'image" 3 : "Par groupes, je leur ai demandé de réaliser trois illustrations de la semaine : un moment qu'ils avaient bien aimé, un autre moins, un troisième qu'ils n'avaient pas compris". À chaque fois, les travaux conçus sont riches, témoignent de l'intérêt porté à l'atelier théâtre, et dans les groupes, on s'écoute, on débat dans le calme, ce qui est parfois nouveau... Le choix de chacun des trois moments choisis doit être justifié. Pour les sixièmes, c'est le moment de réaliser un travail d'écriture concise qui n'est pas toujours si simple pour eux : savoir rédiger et justifier une réponse en une phrase complète et syntaxiquement correcte. Le résultat répond aux attentes du professeur : "Nous avons illustré le moment où les garçons meurent parce que nous avons aimé qu'ils meurent pour de faux." ; "Nous avons illustré les claps du premier cours, car nous avons trouvé l'exercice divertissant". Enfin, parfois, en dehors de tout contexte de classe, surprise, les élèves se mettent à jouer ! Janette Deville nous raconte : "Un élève saigne du nez pendant le retour en car d'une sortie : branle-bas de combat pour trouver un mouchoir, et j'entends une voix d'élève ordinairement fluette mais soudainement forte : C'est la Mer rouge quand il saigne !" 4.

Un projet qui évolue...

Symbole de renaissance pour certains, de réconciliation pour d'autres, de plaisir et de découverte dans tous les cas, la semaine de pratique théâtrale agit comme un révélateur de classe, d'élèves, de textes... À partir de cette qualité de relation entre pairs et avec le professeur, de confiance et de curiosité réamorcée, c'est la posture de l'élève face au travail en classe qui peut évoluer, s'enrichir. Cette année, la semaine théâtre, initialement prévue à la mi-septembre pour favoriser la cohésion des classes dès le début de l'année scolaire, a été reportée en mai 2014, faute de disponibilité de l'intervenant à cette période. De nouveaux collègues souhaitent s'impliquer dans le projet : l'enseignante d'éducation musicale et celle de sciences physiques ; une première pour une matière scientifique. Le travail sur l'observation des élèves lors des ateliers va se poursuivre. La conseillère principale d'éducation participera aux ateliers des sixièmes et cinquièmes, et la conseillère d'orientation-psychologue participera à ceux des quatrièmes et troisièmes, pour mieux connaître leurs élèves. La création d'un journal du collège sous la forme théâtrale est aussi en gestation... Une innovation à suivre !

1. Intervenant théâtre en milieu scolaire et pour adultes, comédien, auteur de contes et conteur, créateur et metteur en scène de spectacles. Valer'Egouy est aussi président de la structure associative Virgul œuvrant depuis bientôt dix ans en faveur d'une Cohésion sociale par l'art et la culture.
2. Le sujet de réflexion est proposé au choix avec un sujet d'imagination pour la partie rédaction de l'épreuve de français du Diplôme national du brevet.
3. Technique théâtrale découverte lors d'un stage pédagogique mené en Sarthe par Solène Breteau et Claire-Marie Duval, puis approfondie lors d'un autre stage mené par Caroline Séjourné à Angers.
4. Citation extraite de Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand, pièce travaillée en cours d'année.
 
auteur(s) :

N. Le Rouge

contributeur(s) :

J. Deville, Collège Pierre-Belon, Cérans-Foulletourte [72]

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