Contenu

innovation pédagogique

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > actions éducatives > innovation pédagogique > échanger

échanger

La brigade de l’œil

Guéraud (Guillaume), Éd. du Rouergue, 2007, 416 p.

la brigade de l'œil
L'histoire se passe en 2037, dans un endroit appelé Rush Island, sous une dictature qui interdit la possession, la lecture et la diffusion de toute image fixe ou animée. "Le Web infecte nos esprits, le cinéma nous intoxique, l'échec scolaire a pratiquement disparu depuis l'abolition de la télévision", martèle la propagande gouvernementale.  Depuis la loi Bradbury de novembre 2017, le simple fait de posséder une photographie condamne à la cécité. En effet, les redoutables brigades de l'œil traquent les contrevenants et leur infligent en public un châtiment terrible : non seulement ils brûlent les images découvertes, mais crèvent sans pitié les yeux de ceux qui les possèdent ou les diffusent. Kao, un lycéen de quinze ans, est passionné d'images et de cinéma, et court tous les risques en revendant clandestinement des photographies. Une rumeur court : un lot de films aurait survécu aux destructions perpétrées par la dictature. Kao va découvrir ce stock de bobines de films et tenter de sauver quelques titres, dont Les temps modernes, Nuit et brouillard. En vain... Ce roman très noir propose une vision du monde qui pourrait être l'envers du fameux Fahrenheit 451 de Ray Bradbury : cette fois, ce sont les images et leurs outils de diffusion que l'on brûle, et non les livres. La littérature est, elle, magnifiée par la dictature : les rues, les places, les restaurants portent tous des noms littéraires (la divine comédie, le rouge et le noir). L'alternance des points de vue donne à ce récit une épaisseur humaine intéressante (chacun a ses raisons, et doute, parfois). Tout cela finit très mal, mais entre-temps, on aura vu l'importance des images, leur force, leur capacité à témoigner de l'histoire (belle évocation de Nuit et brouillard). Texte provocateur, variation sur les médias et les rapports qu'ils entretiennent avec les pouvoirs politiques, ce roman prend le contre-pied de toutes les condamnations habituelles du monde des images dans lequel nous vivons, et fait le procès de la lamentation sur la perte d'influence de la littérature. Des scènes assez violentes et très visuelles réservent ce roman aux plus grands (à partir de la troisième). Il sera intéressant, avec des élèves, de lever toutes les strates d'intertextualité et de leur faire apprécier l'hymne à la culture et à la liberté qu'est ce livre.

F. Lemarchant
 

haut de page

innovation pédagogique - Rectorat de l'Académie de Nantes