Contenu

innovation pédagogique

Recherche simple Vous recherchez ...

espace pédagogique > actions éducatives > innovation pédagogique > échanger

le "Trivial Pursuit" des révisions

mis à jour le 16/09/2010


echanger-123c.gif

À l'origine, un double constat que se font de nombreux enseignants. Comment aider tous les élèves à apprendre efficacement, activement donc, les notions disciplinaires ? Et comment faire en sorte que les acquis ne s'envolent pas des cerveaux aussitôt le devoir passé ? La réponse donnée ici a pris la forme d'un jeu, construit et pratiqué par des élèves de seconde, en français : le Trivial Pursuit des révisions, en quelque sorte.

mots clés : motiver les élèves, motivation, révisions, littérature


"Avez-vous des questions ? Vous êtes sûrs que tout est bien compris ?" On sait bien que ce sont souvent les élèves qui devraient s'en poser le plus qui n'en posent jamais. Comment motiver ce questionnement, comment inciter à ce retour en soi et aux documents qui permet l'assimilation des connaissances ? Certains élèves n'ont ni le goût ni l'envie de procéder à ces fastidieuses mais nécessaires révisions. Faisons d'une corvée un jeu ! Le pari est risqué, la réussite loin d'être assurée, mais il n'y a rien à perdre à essayer ! L'objectif est aussi, plus concrètement, d'inciter les élèves à s'inscrire aux séances hebdomadaires d'aide sans qu'ils se sentent pour autant catalogués comme des "mauvais élèves". Il est donc proposé à la classe de réaliser un jeu, à la manière du Trivial Pursuit, dont les questions seront élaborées par les élèves eux-mêmes. Évidemment placée juste avant un devoir, cette séance allait également permettre de revoir les notions évaluées, en l'occurrence, les registres 1.

Première étape : rédaction des premières questions

Cette heure d'aide individualisée consiste donc à réaliser les premières questions. Des feuilles cartonnées sont découpées en fiches. "Question" est indiqué au recto, "réponse" au verso (voir annexe). Une des six couleurs du plateau du Trivial Pursuit est attribuée à un ou deux élèves. Et on commence. Tous les documents sont autorisés : manuel, cours, photocopies, livres étudiés, anciens exercices et devoirs, etc. Les élèves cherchent la question et inscrivent au dos la réponse. L'enseignante valide les cartes, ce qui est l'occasion de travailler avec les élèves l'ambiguïté des formulations ou la validité des réponses. Certaines notions sont ainsi reprises individuellement. En cas de doute, les élèves se testent entre eux. Quand elle est libre, l'enseignante rédige elle-même des fiches. Elle soumet la question aux élèves. C'est l'occasion sans le dire de donner des exemples de questions qu'on peut poser et de compléter les révisions. Le plus rapide à formuler la réponse gagne la fiche et y appose sa pastille colorée. Ça marche ! Les élèves se prennent au jeu, on révise les notions, on reprend et on approfondit. Si certains élèves ont initialement beaucoup de mal à formuler une question, même simple comme c'est le cas ici, ils arrivent peu à peu à remplir quelques fiches.

Ça marche ?

La validation du dispositif se fait en deux temps. Dans un premier temps, ces révisions sont utilisées pour le devoir qui suit. Difficile de dire dans quelle mesure les élèves présents en aide individualisée ont eu de meilleurs résultats. Mais on peut dire, sur l'ensemble de l'année, que les différentes notions - régulièrement réactivées par ailleurs en cours dans les analyses de textes - n'ont pas sombré corps et âmes dans les gouffres des mémoires oublieuses. Ceci dit, les connaître et être capable de les restituer sont loin de suffire pour réussir dans des contrôles où ce qui est évalué avant tout est la capacité à les appliquer à un texte pour lui donner sens. Le but n'est pas, par exemple, de restituer la définition du registre comique, mais d'élaborer l'analyse d'un texte comique pour en montrer le sens et ce qu'apporte l'utilisation du comique dont il faut repérer la présence in situ. Ceci dit, les étapes sont soigneusement balisées en seconde : on ne demande pas à un élève de produire un commentaire littéraire en bonne et due forme dès le début de l'année. Le questionnement est progressif, tout comme l'acquisition de l'outillage littéraire nécessaire à toute analyse. Quoi qu'il en soit, ce jeu aura au moins eu le mérite de mettre à mal certains a priori fort répandus du genre : "De toutes façons, en français, y'a rien à réviser. On est bon ou on est nul, y'a rien à faire. Les notes, c'est de la pifométrie.". Et puis surtout, cette réactivation des notions se poursuit, avec la classe entière cette fois-ci, lors de la première session de jeu.

Ça marche !

Ces sessions ont lieu avant chaque période de vacances. Le dispositif est extrêmement simple, tout comme le matériel nécessaire : un plateau de Trivial Pursuit avec camemberts et portions, en plus des fiches réalisées par les élèves. Quatre équipes de sept ou huit élèves, possédant chacune un camembert, s'affrontent. Le choix de ce nombre relativement restreint de groupes a été fait pour que les élèves soient en jeu le plus possible. La première fois, ce sont les élèves de l'aide individualisée qui sont les maîtres du jeu. Ils lancent le dé, font avancer les camemberts, posent les questions de leur couleur. Le but est de les mettre en situation d'experts. C'est complètement raté. À la fin de l'heure, ils viennent voir leur enseignante pour protester : ils veulent jouer avec les autres ! Lors de la manche suivante, ils iront donc grossir l'effectif des quatre groupes, à leur grande satisfaction. C'est alors l'enseignante seule qui assume le rôle de maître du jeu. C'est elle également qui valide les réponses données. Certaines, en effet, bien que ne correspondant pas à la réponse inscrite, ne sont pas fausses. Elle incite également à donner des réponses précises, complètes et justifiées, comme on l'attend à l'écrit. Quant à la motivation des élèves, elle ne fait pas l'ombre d'un doute quand on les voit jouer. Ils s'insurgent évidemment de la facilité des questions posées aux concurrents, surtout lorsqu'ils sont sur une case "camembert". Les discussions vont bon train au sein de chaque groupe avant de donner la réponse collective. Il a fallu un peu canaliser l'affaire, au début. Certains s'empressaient de répondre, plusieurs élèves parlaient en même temps, proposant des réponses différentes. Cette cacophonie entraîne immédiatement la perte de la main pour le groupe. Le calme est également assuré par le fait qu'une délibération trop bruyante peut donner des indices aux équipes rivales qui pourraient avoir des questions similaires. L'enseignante l'a clairement rappelé en début de jeu, histoire de freiner les ardeurs tonitruantes : on trouve en effet des questions très proches sur les fiches, les élèves qui les ont rédigées ne s'étant pas concertés.

Les jalons d'une année scolaire

À la fin de la première manche, l'enseignante note le nombre de portions de camembert acquises par chaque équipe. On continue à enrichir le stock de fiches, avec les nouvelles notions vues au cours de l'année, mais aussi en reprenant les anciennes, ce qui permet de réactiver l'ensemble des acquis. Devant le succès de l'opération, ce n'est pas uniquement en aide individualisée, mais également en modules que sont réalisées les nouvelles fiches. Du coup, l'enseignante a parfois du mal à valider toutes les fiches, ce qui sera discrètement fait en cours de jeu... Tout ce qui a été appris peut faire l'objet de questions. On en trouve bientôt sur les différents genres, les outils linguistiques et stylistiques, les lectures, les vidéos, les films de l'opération Lycéens au cinéma... Il peut arriver que certains groupes aient à répondre à une question posée par l'un de leurs membres. C'est le jeu, et cela valorise ceux qui se sont doublement investis dans ces révisions un peu particulières. À chaque nouvelle manche, on repart avec le nombre de portions acquises précédemment. Faute de temps en fin d'année, n'a pas pu être réalisée la dernière étape prévue, avec remise de prix (modestes : bonbons et autres babioles), comme l'avait prévu l'enseignante. Mais cela n'a visiblement pas entamé l'intérêt des élèves, dont la motivation n'a pas failli.

On refait une partie ?

Un bilan positif donc, avec quelques petites améliorations à apporter. Certaines notions de base de la langue n'ont pas fait l'objet de questions. Et pourtant, quelques petits rappels de conjugaison, de grammaire ou d'orthographe, à partir d'exemples, n'auraient pas été inutiles. La question se pose aussi de l'utilisation des couleurs qui distinguent des catégories différentes dans le jeu initial. On aurait pu envisager de classer les questions en rubriques : genres littéraires, registres, langue, arts autres que la littérature... Mais comme le jeu s'est construit sur toute l'année, certaines de ces rubriques n'auraient pas pu être complétées au départ. Un tel jeu ne peut faire des miracles, les questions restent très ponctuelles, et il ne prend sens que dans un dispositif plus vaste. Il faut dire également que la perspective des devoirs à venir a motivé les élèves à rédiger les questions autant que le jeu lui-même. Quoi qu'il en soit, il a permis de revoir de nombreuses notions de manières variées : lors de la réalisation des questions, de manière individuelle et dans l'échange entre pairs et avec l'enseignante, aussi bien que dans le jeu lui-même, l'élément formateur étant l'échange argumenté au sein du groupe plus que la justesse de la réponse donnée. L'avantage, outre la grande simplicité du dispositif, est de réactiver régulièrement les différents acquis. Les élèves - dont on souligne assez les lacunes - sont ici placés face à un jeu qui met en relief ce qu'ils savent. Et plus l'année passe, plus ils mesurent combien ils ont des connaissances nombreuses. C'est toujours bon pour le moral, même si les limites d'une telle approche doivent être régulièrement rappelées : un singe savant ne fait pas un individu intelligent. Mais ceci est une autre histoire.

1. Aux termes de ton ou de tonalité, longtemps employés pour désigner l'impression particulière ressentie par le lecteur devant un texte, on préfère aujourd'hui le terme de registre, à ne pas confondre avec le registre de langue (soutenu, vulgaire...). "On est donc conduit à désigner comme "registres", ces "attitudes" qui correspondent à des façons fondamentales de ressentir". (Documents d'accompagnement des programmes de seconde et première, septembre 2001). Le registre correspond à la nature particulière de l'émotion que le texte vise à communiquer, indépendamment du "genre" dans lequel il s'inscrit.
 
auteur(s) :

D. Grégoire

fichier joint

information(s) technique(s) : pdf

taille : 132 Ko ;

ressource(s) principale(s)

echanger-123c.gif motiver : un enjeu pédagogique 16/09/2010
Casser l'ennui, le découragement, la mauvaise image de soi... des enseignants redoublent d'imagination pour rendre accessible le savoir et mobiliser les compétences d ...
motivation, motiver, motiver les élèves

haut de page

innovation pédagogique - Rectorat de l'Académie de Nantes