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les prolongements du conseil de vie de clase

Le conseil de coopérative se transforme au cours de l’année et passe d’un cadre de régulation des conflits à un espace de dialogue et de propositions. Les élèves se l’approprient peu à peu, après avoir vérifié qu’il était possible d’en tirer bénéfice. Par la pratique du débat, ils parviennent à mieux accepter les autres tels qu’ils sont, avec leurs défauts et leurs qualités. Dans la classe s’installe peu à peu un climat de confiance qui encourage les prises d’initiatives et facilite le travail de groupe. Il favorise également le développement d’une réflexion propre des élèves sur ce travail de groupe.

Ainsi, des élèves ayant travaillé en groupe sont récemment venus voir Christina Renan pour lui signaler que certains groupes ne fonctionnaient pas bien. Et plutôt que de s’en remettre à leur professeure pour qu’elle remanie les groupes, ils l’ont informée qu’ils allaient eux-mêmes faire d’autres propositions pendant une heure de permanence.

Un autre des effets observés du conseil de vie de classe est que les “élèves populaires”, selon la formule en vogue chez les collégiens, ne sont plus obligatoirement les plus dissipés et les plus enclins à perturber les cours. Le cadre du conseil de vie de classe rebat les cartes et valorise les élèves qui réussissent à faire évoluer leur attitude pour permettre à tous d’étudier dans de bonnes conditions.

La parole libre débouche aussi sur la formulation de revendications de la part des élèves. Ce fut le cas lorsque les élèves ont demandé à changer les emplois du temps ou à obtenir davantage d’autonomie dans leur usage du gymnase lors de temps libres. Dans ce genre de situation, la médiation des enseignants et de la direction de l’établissement vis-à-vis des prises d’initiatives d’élèves est indispensable. Un nouveau type de relations s’instaure avec eux, fondé sur l’argumentation et le débat d’idées. Elles impliquent un changement de posture chez les adultes qui doivent davantage rendre compte de leurs décisions. Pour les enseignants, cela impose aussi de suivre de près la mise en œuvre des délibérations du conseil de vie de classe.

Enfin, les pratiques de conseils de vie de classe peuvent être remobilisées dans le cadre des cours disciplinaires ou interdisciplinaires (et inversement). C’est sur ce principe que repose le projet d’accompagnement personnalisé (AP) Maths-EPS initié par Christina Renan (maths) et Pascal Delas (EPS) proposé une fois tous les quinze jours sur la durée de l’année scolaire. Ce jour-là, ces deux enseignants ont mis au point une séquence fondée sur la coopération qui consiste à demander aux élèves d’inventer des procédures de mesure des terrains de sport tracés dans le gymnase afin d’en tirer un schéma codé tout en s’appropriant l’espace, d’inventer les règles d’un jeu collectif utilisant plusieurs de ces terrains. Pour ce faire, les élèves ont conçu des instruments de mesure à partir de leurs savoirs mathématiques : de grandes règles de bois graduées en coudées et en dixièmes de coudée pour les mesures et une corde à treize nœuds pour les mesures d’angles. Ils sont ensuite allés au gymnase pour faire un relevé par groupes. Au-delà des consignes, la dimension encombrante des outils de mesure a contraint les élèves à travailler à plusieurs ; certains élèves, plus à l’aise dans le maniement des outils, étant même amenés à prendre le rôle de moniteurs dans les groupes. Les données ont ensuite été réutilisées en mathématiques pour réaliser un schéma avec un codage inventé par chaque groupe. Enfin, l’activité de fin de séquence a permis aux élèves de s’emparer de l’espace en tant que notion travaillée en mathématiques deux heures plus tôt et de la transposer dans un domaine différent, celui de l’EPS.
À ce niveau, le jeu n’était que le prétexte d’une expérience sur la définition des règles qui organisent l’activité des élèves, l’espace n’étant qu’un élément organisateur parmi d’autres. Inventées par les élèves, ces règles étaient mises en œuvre, critiquées, repensées le cas échéant car non fonctionnelles et, en définitive, réécrites.
Les règles font vivre le jeu ; les faire évoluer permet d’en modifier le sens.
À ce sujet, Pascal Delas insiste sur l’importance de faire travailler les élèves sur la distinction entre les règles non négociables (les questions de sécurité en EPS par exemple) et les règles négociables, qu’on peut moduler en fonction des besoins, comme celles qui concernent l’invention des instruments de mesure ou celles qui encadrent les jeux collectifs.

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