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on surfe, mais on refuse le bluff

mis à jour le 18/01/2011


echanger dossier 91

Si les élèves passent tant de temps devant les écrans pour travailler, jouer ou chatter, ils n'ont pas toujours la distance nécessaire pour évaluer ce qui leur est présenté. Il s'agit donc, à travers une courte séquence s'appuyant sur un site canadien, séquence réalisée par l'enseignante-documentaliste, de leur donner ce regard critique, raisonné et responsable. L'image, surtout quand elle est numérique, n'est pas toujours la réalité !

mots clés : échanger, entretien, esprit critique, protection vie privée, responsabilisation, internet, risque


Depuis quelques années, les élèves ne se contentent pas de chercher de l'information dans les livres, les encyclopédies, les dictionnaires, les manuels qui forment le fonds d'ouvrages documentaires des centres de documentation et d'information (CDI) ; ils utilisent d'abord, et parfois uniquement, les cédéroms encyclopédiques en ligne, les ressources dédiées comme le site.tv et l'outil internet. Le CDI n'est donc plus seulement un espace de recherche et de travail sécurisé, il est devenu un lieu de consultation du réseau mondial. Devant cette évolution, il est possible, voire nécessaire, de réagir pour mieux aider, pour conseiller, pour démythifier le regard, et souvent la fascination que ressentent les élèves face à l'écran de l'ordinateur. C'est pourquoi Aurélia Guyon a décidé de proposer une courte séquence dans laquelle l'objectif, à la fois ambitieux, mais réalisable, est de montrer aux adolescents les dangers d'internet, sans toutefois en diaboliser l'usage.

Sortir les élèves de la sidération de l'outil

Dans les contacts qu'elle a pu établir en observant les élèves qui venaient au CDI et en en parlant avec eux, Aurélia Guyon a d'abord dressé un état des lieux des postures de nombre d'entre eux face à l'écran. Ceux-ci sont intéressés par internet, plus que par tout autre support informatif ou documentaire, et prennent "pour argent comptant" ce qu'ils voient sur l'ordinateur. Par ailleurs, ils ne savent plus mesurer le temps qu'ils passent devant cet écran, tant ils sont fascinés par l'outil. L'un et l'autre de ces aspects les incitent à ne plus discuter les propos, les images qui leur sont fournis en abondance. Quel que soit le message, il gagne en crédibilité grâce au support : l'information n'est plus alors ni hiérarchisée ni remise en perspective. À partir de ce constat, il ne s'agit pas, loin s'en faut, de culpabiliser les élèves sur leur usage ou leur "mésusage" d'internet, dans la mesure où les adultes eux-mêmes adoptent aussi cette posture de fascination et de répulsion. Cela n'aurait d'ailleurs aucun effet notable sur leur future attitude de consommateur de la toile. Il faut en revanche voir avec eux en quoi et comment ce qu'ils considèrent comme un acte innocent et raisonnable peut être récupéré ou détourné par d'autres. Le but de cette séquence est donc de réveiller, voire d'éveiller, la vigilance des élèves. Vigilance construite par les élèves plus qu'imposée par les adultes parfois considérés par les adolescents comme de stricts gardiens d'une morale d'un temps où internet n'existait pas.

L'organisation de la séquence

En pratique, la séquence se déroule sur deux heures non consécutives, avec des élèves de 5e, mais pas en classe entière. Pourquoi des élèves de 5e ? parce qu'ils sont à un âge où, pour la plupart d'entre eux, ils ignorent tout des dangers d'internet, et parce qu'ils en découvrent les richesses sans encore pouvoir en repérer les écueils. Pourquoi en groupes ? Parce que cette configuration restreinte permet un dialogue plus libre entre les élèves et l'enseignante-documentaliste. Il ne s'agit pas d'un cours, mais d'un échange permettant aux uns de faire part de leur expérience et aux autres (pourquoi pas les mêmes ?) de prendre conscience de ce que peut parfois recéler le réseau mondial. Ces élèves sont en petits groupes, et le site utilisé pendant cette séquence est affiché au vidéoprojecteur. Les élèves ont été prévenus que les sites présentés sont faux, mais proches de sites existants qu'ils ont sans doute rencontrés, et dont ils ont souvent une bonne image ; chaque groupe d'élèves fait alors le choix d'un site comme il le ferait devant un vrai site et doit expliquer ce choix. Les images sont donc très proches des sites réels et les élèves doivent donner leurs impressions favorables ou défavorables qu'ils argumentent alors. La révélation de la réalité du site - qu'il soit honnête ou malhonnête - est suivie d'une prise de notes sur la fiche-outil fournie aux élèves (voir annexe). Cette fiche se révèle peu à peu au cours de la séquence tel un code de bonne conduite face aux dangers des routes de l'information.

Le jeu en ligne

Le site dont il est question s'appelle "Les cyberaventures d'Alex et Alex" et a été créé par le réseau "Éducation média". Il s'agit d'un site canadien à but non lucratif, financé par l'État canadien. Quatre thématiques constituent notamment les fondements de son existence : la protection de la vie privée, la sécurité en ligne, l'authentification de l'information et l'utilisation des ressources. Ces quatre thématiques sont liées au logiciel en ligne "Alex et Alex", mais le site lui-même en présente d'autres complémentaires. Pour tenter de responsabiliser les jeunes gens à ces aspects, un jeu a été réalisé. Il met en scène deux adolescents, Alexandre et Alexandra, qui décident de surfer sur la toile. Les sites proposés sont les copies de vrais sites et les choix qu'il faut faire sont différents. En effet, le but est d'inciter les élèves à agir en fonction de ce qui peut être bon pour eux, et non pas pour le site en lui-même. Ainsi, en accompagnant les deux héros dans leurs aventures, on doit faire des choix qu'il est nécessaire de justifier devant ses camarades. Après chaque visite, après chaque décision et la conséquence qui en résulte, il est possible de tirer une conclusion sur l'attitude qu'il fallait ou ne fallait pas adopter. Peu à peu, au long de cette promenade avec Alex et Alex sur les sites que ces deux personnages virtuels proposent, les élèves doivent prendre conscience des limites, des dangers, des pièges qui les attendent s'ils ne réfléchissent pas à ce que le site leur demande, et qu'ils obéissent à ses injonctions.


Les sites proposés

Les sites que visitent nos deux héros peuvent être classés en quatre catégories. Certains sont plutôt axés sur le commerce. Dans ce cas, le danger vient notamment du fait qu'il est souvent demandé de donner un numéro de carte bancaire (alors que le site n'est pas sécurisé) et une adresse de courriel qui fera l'objet d'une transaction entre différents sites qui relanceront l'acheteur potentiel. Sans acheter quelque chose en ligne, on peut donc très vite être lié à une transaction commerciale. D'autres visent à mettre en ligne des informations personnelles dont on ne sait pas ce qu'il adviendra. D'une part, il est difficile de masquer totalement son identité, tant les informations que l'on donne sont susceptibles de nous situer, au moins géographiquement ; d'autre part, les documents tels que les photos, les textes, peuvent être utilisés par d'autres personnes sans que celles-ci aient pris la peine d'en demander l'autorisation. La troisième catégorie de sites concerne la véracité de l'information ; les intentions de certains sites qui délivrent des informations peuvent être commerciales, voire illégales et tendancieuses (propos désobligeants, paroles haineuses, négationnisme). Derrière des informations gratuites et apparemment bienveillantes, peuvent se cacher des intérêts commerciaux ou politiques pas toujours faciles à déceler. Enfin, l'utilisation d'internet, notamment des forums de discussion, peut déstabiliser celui qui est connecté, puisque tous les sentiments peuvent s'y donner libre cours sans frein, sans tabou.

Sites de loisirs, sites d'échanges

Parmi tous les sites concernés, nos deux héros choisissent celui ou ceux qu'ils ont envie de visiter. Ils peuvent par exemple choisir les sites Toutanmusik, CDRama et Tournée Rock Soleil, sur lesquels ils peuvent laisser en toute bonne foi des informations personnelles, acheter des CD sans sécurité de paiement, ou payer des entrées de spectacles sans avoir vérifié que le vendeur était fiable. Sur ces sites, ils doivent donc choisir ce qu'ils veulent faire. Les élèves échangent et confrontent leurs points de vue. Peu à peu, ils prennent conscience du degré de justesse et de pertinence de ces choix. Alexandre ou Alexandra leur expliquent enfin ce qu'il fallait faire pour se protéger sans limiter leur liberté de surfer. Si nos deux héros ont le besoin de parler de tout et de rien, internet leur offre diverses possibilités, telles que les chats, nombreux, et sur lesquels chacun pense s'exprimer en toute liberté et en tout anonymat. Par ce site canadien, ils découvrent que l'expression anonyme n'existe pas, dans la mesure où les quelques informations personnelles livrées sont autant d'indices facilitant l'identification de celui qui écrit ses messages. Par ailleurs, telle information recueillie sur un site se retrouvera sur un autre et formera ainsi tout un faisceau de données susceptibles d'être utilisées par des personnes malintentionnées. L'aspect inoffensif de ces sites, comme celui des sites d'aide aux devoirs, ne reflète pas la réalité des choses, tant aider l'autre sur internet consiste souvent à lui extorquer des informations ou de l'argent.

Un quizz

Après ces aventures partagées, les élèves peuvent mesurer, à l'aide d'un quizz, leur degré de compréhension et leur niveau de prise de conscience. Par ces questions à choix multiples, ils tireront un bilan de leurs nouveaux apprentissages. Quoi qu'il en soit, le dialogue qui a eu lieu pendant cette séquence a permis à chacun de mesurer les risques d'internet, sans leur donner envie de s'en éloigner. Le but est donc de donner aux élèves des outils, de les responsabiliser, en somme. Dans le cadre de cette mini-séquence au CDI, les élèves de douze à treize ans sont donc sensibilisés aux dangers qui circulent sur internet. Mais plutôt que de les culpabiliser, il est préférable de les mettre dans des situations qui, sous couvert de liberté d'expression et d'échanges de toutes sortes, portent en elles-mêmes des risques dont il est nécessaire d'avoir conscience.
 
auteur(s) :

P. Chéry

contributeur(s) :

A. Guyon, Collège Pierre-de-Ronsard, La Chartre-sur-Loir

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information(s) technique(s) : pdf

taille : 224 Ko ;

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