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préparer un cours : Tome 2, les stratégies pédagogiques efficaces

Rieunier (Alain), Paris, ESF éditeur, collection "Pédagogies", 2001, 348 p.

Préparer un cours : Tome 2, les stratégies pédagogiques efficaces
Fondés sur la pratique élaborée en théorie, il est des livres, notamment dans le domaine de l'éducation, qui tentent de rendre abstrait ce qui relevait du concret. Dans celui-ci, au contraire, écrit par Alain Rieunier, formateur, il s'agit d'abord de faire le point sur les théories existantes dans le domaine de la pédagogie afin de les confronter à la réalité des faits tels que l'auteur les envisage. Ainsi, ce livre est-il constitué de textes inédits et de contenus de formations que l'auteur a dispensées aux futurs enseignants.

On y trouvera donc les rappels des théories désormais connues, plus ou moins mal, telles que celles du behaviorisme (fondé sur le conditionnement nécessaire à tout enseignement), du cognitivisme (centré sur l'action de l'élève dans le processus d'apprentissage), des connexionnistes (théorie insistant sur les représentations de chaque élève sur le savoir qu'on lui enseigne) et même des neurobiologistes (tournés vers l'émotion). Peu à peu, ces thèses constituent un ensemble cohérent et progressif aidant à la réflexion ; aucune ne semble d'ailleurs s'imposer, dans la mesure où elle s'oppose à la contingence de chaque situation d'enseignement. À travers des tableaux qui se construisent au long du livre en aérant et condensant le propos, l'auteur met en place un système de questions nécessaires à toute préparation de cours, quelle que soit la discipline enseignée : quelle est la situation d'enseignement (interactions professeur-élèves) ? Quel est l'environnement du cours dont il s'agit ? Quelle est la situation présente de l'élève au regard de ce qu'il a (ou n'a pas) appris ? Quelles stratégies pédagogiques seront mises en œuvre afin d'atteindre l'objectif d'apprentissage visé et attendu ?
Après ces incontournables retours théoriques, l'auteur se confronte à la difficile tâche de déterminer des situations visant à les mettre en œuvre, s'appuyant alors sur ce qu'on pourrait appeler des études de cas (enseigner des faits, enseigner un concept, enseigner une procédure, enseigner un geste...).
Qu'en est-il alors de la motivation ? On l'a compris, celle-ci traverse le livre et l'auteur lui fait un sort particulier dans un chapitre qui reprend une conférence, en tentant de donner des pistes utiles à la réflexion de chaque enseignant. Le but est que l'élève ait la possibilité de se construire une image de soi positive, nécessaire à la réussite et heureuse conséquence de la réussite. En même temps, l'élève doit se centrer sur la tâche à effectuer et plus sur l'ego qui risque (par toutes les expériences traumatiques passées) d'annihiler tout désir de progresser. La motivation ne se provoque donc pas, ne s'impose pas, mais quelques outils permettent d'en faciliter l'émergence. Pour Rieunier, il s'agit de faire en sorte que l'élève fasse fréquemment l'expérience du succès, qu'il soit en compétition avec lui-même et jamais (ou presque jamais) avec les autres, qu'il soit convaincu que ses réussites sont liées à ses efforts et non à la facilité de la tâche à effectuer, et qu'il ait la possibilité de s'évaluer positivement de manière récurrente.
La créativité, tant du côté du professeur que de l'élève, est requise afin de mener à bien toute procédure d'apprentissage, et les stratégies énoncées par l'auteur (pédagogie par objectif, pédagogie différenciée, micro-objectif, transfert...) balaient toute la palette qui s'offre à qui veut transmettre un savoir ou un savoir-faire. Créativité dont la validité est effectuée par la comparaison (évaluation) entre la situation de départ et le résultat de l'action didactique menée.

Les enseignants, et les futurs enseignants auxquels s'adresse particulièrement ce livre, se trouvent dans une position quelque peu inconfortable à la fin de la lecture, tant la responsabilité de la réussite ou de l'échec de l'élève leur est attribuée. L'oralité des propos ajoute parfois à la virulence des thèses exprimées par l'auteur dont l'objectif, atteint, semble bousculer ceux qui l'écoutent et ceux qui le lisent, puisque Rieunier écrit à la fin de l'ouvrage : si vous souhaitez vraiment aider vos élèves à mieux apprendre, ce n'est pas eux qu'il faut changer, c'est vous.

D. Grégoire
 

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