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quand chaque enseignant peut devenir le "PE+" de son école

mis à jour le 04/03/2016


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En Mayenne, l’école primaire de Montsûrs s’est emparée du dispositif "Plus de maîtres que de classes" de manière originale : le "PE+", comme on a pris l’habitude de le nommer, intervient dans les classes de ses collègues sur des demi-journées tout au long d’une période, puis, durant la période suivante, prend en charge la classe d’un collègue qui devient à son tour "PE+". On pourra donc se demander, par une présentation détaillée de cette organisation, en quoi le dispositif "PE+ de Montsûrs permet à la fois de mieux structurer un travail d’équipe et d’agir plus efficacement auprès des élèves les plus fragiles. Pour bien comprendre les enjeux de ce dispositif, trois enseignants ont accepté d’en expliquer le fonctionnement : Marc Mottay le directeur de l’école, Janine Boulvrais et Aurore Bergère.

mots clés : échanger, organisation pédagogique, prévention, difficulté scolaire, supplémentaire, pratiques professionnelles


e dispositif "Plus de maîtres que de classes" instauré par l’Éducation nationale dès 2013 offre une pluralité d’interprétations pour une mise en œuvre locale adaptée aux besoins identifiés. On trouve ainsi dans les écoles du département l’organisation suivante : l’enseignant surnuméraire intervient dans les classes de ses collègues, prioritairement de cycle 2. L’organisation de Montsûrs constitue une déclinaison différente, puisque le poste de "PE+" n’est pas, d’une période à l’autre, occupé par le même enseignant de l’école.
À l’initiative de cette organisation, l’inspecteur de l’Éducation nationale (IEN) chargé de la circonscription, Bruno Meslet, a obtenu l’engagement des enseignants de l’école pour tenter cette aventure, avec l’objectif d’améliorer sensiblement les résultats insuffisants de certains élèves, notamment aux évaluations nationales. Marc Mottay s’est également beaucoup investi pour mettre en œuvre, piloter et accompagner cette évolution pédagogique.

Le compte-rendu du conseil d’école du 15 novembre 2013 présentait clairement le projet initial : "Ce sont principalement les élèves du cycle 2 qui ont été ciblés dans ce dispositif. Il ne s’agit pas de travail de remédiation, mais plutôt d’anticiper sur les difficultés des élèves, ce qui nécessite de bien connaître ceux-ci. Aussi, pour des raisons d’efficacité, l’équipe pédagogique a pris le parti de placer le maître supplémentaire progressivement dans la co-intervention en ayant pour première mission d’apprendre à percevoir les difficultés des élèves". L’institution en accompagne étroitement la mise en œuvre : "Ce dispositif fait l’objet d’un suivi régulier de la Conseillère pédagogique de circonscription [CPC]".
L’école a fait le choix d’une synergie pédagogique à plusieurs visages dans laquelle, à tour de rôle, tous les enseignants concernés peuvent devenir "PE+". L’école a été dotée d’un poste "PE+", mais n’a pas souhaité que seule une enseignante soit identifiée comme la "PE+" de l’école.
 
Il a d’abord fallu trouver les modalités d’une nouvelle organisation pour favoriser le partage du travail, comme le reconnaît Janine Boulvrais, affectée à l’école sur un poste de "PE+". Puis, expérience aidant, les premières insatisfactions ont été corrigées, en raisonnant par période et non plus par trimestre, et en laissant chaque enseignant chargé d’une classe commencer et terminer l’année scolaire dans sa propre classe avec ses élèves. De fait, si en périodes 1, 3 et 5 le dispositif s’apparente à ce qui se fait ailleurs, en périodes paires il constitue une mise en œuvre singulière.

Selon l’organisation adoptée pour l’année, chaque enseignante du dispositif est donc susceptible de devenir à son tour personne-ressource de l’école, acceptant de céder sa classe durant une période. Ainsi Aurore C, enseignante en CE2, a-t-elle été "PE+" l’an passé, laissant cette année cette fonction à Aurore Bergère, enseignante de CE1. Cette organisation amène chacun à repenser ses missions au sein de son école. Cette réflexion professionnelle aura été plus prégnante encore pour Janine : ex-maîtresse spécialisée de Rased (Réseau d’aides spécialisées pour les élèves en difficulté), elle intervient comme enseignante à temps plein, successivement dans deux classes, entre novembre et mai, laissant à chacune des périodes impaires sa place "PE+" à l’une de ses collègues. Elle suit alors la programmation prévue par la titulaire de la classe. C’est une belle gymnastique intellectuelle puisque pour ces périodes, elle change de classe et de niveau : en période 2 elle enseigne en CE1 et en période 4 elle enseigne en moyenne-section de maternelle. Quant aux parents, ils ont bien accepté ce système d’alternance de fonctions, informés que pendant une période, la classe est dirigée par un autre PE que la titulaire de la classe.
Par ailleurs, le dispositif ainsi défini s’inscrit dans le projet d’école 2014-2017 (Axe compétence 1 : Maîtrise de la langue française - Action n° 2 : développer la lecture oralisée).
 
L’école s’est emparée de tous les possibles du dispositif afin d’optimiser l’action pédagogique auprès des élèves. Sur le plan pragmatique, l’intervention du "PE+" va respecter trois formes différentes, successives et complémentaires : agir auprès d’une classe, agir auprès d’un groupe hétérogène, agir auprès d’un groupe homogène. Ces trois modalités d’intervention montrent tout l’intérêt de l’action du "PE+" dans une école. Suivre les enseignantes tout au long d’une demi-journée type permet de mieux appréhender la richesse de cette répartition pédagogique.

Organiser autrement le travail collectif, accepter une pratique personnelle différente, sortir d’une routine liée à des habitudes de travail, c’était un défi conséquent. Mais, parce que révélateurs de fragilité, les résultats scolaires obtenus par certains élèves imposaient une réflexion d’école. Il était urgent d’agir, en ajoutant une carte avant de redistribuer le jeu. Cette nouvelle organisation a nécessité une implication active de tous les enseignants concernés pour s’approprier le dispositif et pour intégrer rapidement l’enseignant surnuméraire affecté à l’école, en respectant trois axes définis : la réussite (axe élève), la solidarité (axe enseignant), la coopération (axe équipe enseignante). "La démarche est donc celle d’une école apprenante", comme le précise Bruno Meslet.
 
Aujourd’hui, après deux années de rodage, l’évaluation de ce fonctionnement donne satisfaction. Chaque enseignant s’implique et chacun en bénéficie, de façon individuelle et collective. Plus encore, les enseignants constatent que celui qui endosse la fonction du "PE+" de l’école ne devient pas l’expert local de la remédiation, le spécialiste de l’étayage : il est une ressource collective.
 
auteur(s) :

C. Delogé

contributeur(s) :

M. Mottay, J. Boulvrais, A. Bergere, École Jean-Tardieu, Montsûrs [53]

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