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quelle progression dans les apprentissages ?

Julien Morillon construit une “pédagogie de l'autonomie” (pour reprendre ce concept de 1983-1984) en segmentant l’année de grande section en deux temps : avant les vacances d’hiver et après ces vacances.
Le début d’année (périodes une et deux) constitue la phase de compréhension et de premières explorations collectives du travail dans la classe. Cette progression ascensionnelle de la construction d’une autonomie collective est délicate car il faut mettre en place des habitudes de travail qui ne soient pas une simple obéissance à des commandes magistrales mais une intégration de son adhésion à un projet. “Il faut que les élèves comprennent ce que l’on attend d’eux et non qu’ils agissent parce qu’on l’a demandé.” Par ces mots, l’enseignant montre que l’acte d’enseigner doit prendre en compte le regard de l’enfant sur sa place à l’école.
L’enseignant consacre tout ce début d’année à travailler de front les huit formes d’autonomie définies par Hervé Caudron.
- L’autonomie corporelle porte sur la maîtrise corporelle et ses habiletés physiques et se construit en collaboration avec Ghislaine, l’Atsem de la classe, autour notamment des concepts de propreté, d’hygiène et de motricité.
- L’autonomie matérielle est favorisée par une organisation rigoureuse de la classe : chaque objet a sa place et chaque place a son objet. Les élèves sont invités dès la rentrée à participer au rangement sans déléguer cette tâche aux adultes de la classe. Ce pragmatisme favorise l’adaptation à l’environnement proche.
- L’autonomie spatio-temporelle rejoint cette exigence de l’ordre, par une appropriation progressive de l’espace de la salle de classe, par les affichages et la lecture régulière du planning de la journée. Il faut petit à petit développer l'orientation, le repérage spatial dans la classe, s’interroger collectivement sur les supports et leurs fonctions respectives : les étagères, les tableaux, les affichages… C’est aussi apprendre à gérer le temps imparti pour réaliser telle tâche.
- Parallèlement, et parce que la classe constitue un cadre social, les élèves sont invités à construire une autonomie morale reposant essentiellement sur le respect des autres, du matériel, des exigences et sur le sens que chacun donne à son action en exprimant un choix et non une soumission à l’adulte.
- L’autonomie affective est renforcée surtout lors des temps passés en coin-regroupement et lors des ateliers. L’enseignant accorde une attention très particulière à la relation à l’autre, en interdisant dans sa classe toute situation conflictuelle. Mais plus encore, c’est la confiance en soi que la bienveillance de l’enseignant suscite.
- L’autonomie langagière trouve sa place dans ces deux espaces car l’enseignant s’impose un retrait qui libère la parole de l’enfant. Lorsqu’une situation d’apprentissage est évoquée en coin-regroupement, Julien Morillon s’assoit derrière le groupe et organise les échanges entre élèves. Chaque élève prenant la parole doit parvenir à se faire comprendre des autres.
- L’autonomie organisationnelle est essentielle dans le cadre scolaire puisqu’elle repose sur la capacité à anticiper, à identifier quelle procédure employer, à gérer le matériel à sa disposition… On peut ici penser à la « planification » évoquée par Jérôme Bruner.
- Enfin, l’autonomie intellectuelle repose surtout sur la gestion des cahiers de réussite. Les élèves apprennent à mobiliser leurs connaissances pour réussir les tâches proposées, pour vérifier leurs choix et productions.

La seconde partie de l’année scolaire (périodes trois à cinq) constitue un renforcement de l’autonomie construite. “C’est la partie intéressante de l’année !” admet Julien. “On récolte alors les fruits de tout le travail de début d’année, de tous les tâtonnements.”
L’enseignant est davantage disponible, il peut alors se montrer plus ambitieux dans ses attentes et aider ceux qui peinent. En ce début de 2017, la classe est très différente de ce qu’elle était deux mois plus tôt : on apprécie l’attitude des élèves dans le coin-regroupement (prise de parole, écoute mutuelle, posture…) comme lors de la mise en place des ateliers.

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