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quels apprentissages pour les élèves ?

Charlotte Barboteau et Vianney Thual insistent sur une distinction essentielle entre deux verbes : "faire" et "apprendre", autrement dit différencier "ce qu’il y a à apprendre" et "ce qu’il y a à faire" afin de ne pas réduire les élèves à des rôles d’exécutants. D’où l’interrogation : qu’est-ce qui relève d’un réel apprentissage ? Vianney Thual répond par un exemple pris dans sa discipline : faire une passe peut constituer un apprentissage au cycle 3, mais peut n’être qu’une action au cycle 4. L’objet de l’apprentissage évolue au fil des années et des cycles. De fait, au cycle 3, l’apprentissage répondra à la question : "Comment faire une passe ?" alors qu’au cycle 4 la question sera plutôt : "À quel moment faire une passe ?". Cet enseignant emploie le terme de "ramification" pour rendre concrète cette opération intellectuelle : l’arborescence des connaissances et des compétences peut être globalement maîtrisée, mais certains savoirs restent incompris d’élèves qui peuvent avoir le sentiment qu’ils ne maîtrisent rien. Il faut donc les amener à identifier leurs réussites, à donner sens à celles-ci, et les amener à identifier les ramifications qu’ils ne maîtrisent pas encore.

La réflexion menée en binôme d’enseignants en EPI favorise également chez les élèves la capacité à dépasser les évidences et à dépasser les obstacles.
Dépasser les évidences, c’est savoir interroger sa propre démarche et accepter le doute. Charlotte Barboteau et Vianney Thual proposent deux illustrations pour expliquer leur cheminement sur ce point : la calculatrice et le lancer. D’emblée, les élèves accordent une confiance sans borne à leur calculatrice, ne cherchant parfois pas à interroger le résultat qu’elle donne. Or, on peut régulièrement arriver au constat que les élèves ne la maîtrisent pas et que son utilisation doit constituer un réel apprentissage. Il en va de même pour le lancer : un lancer réussi est immédiatement interprété par l’élève comme un geste réussi, même si cette réussite est davantage due au hasard qu’à une habileté résultant d’un apprentissage.
Dépasser les obstacles, c’est notamment connaître ses compétences et accepter la difficulté. Par exemple, lorsque Charlotte Barboteau travaille la compétence : "résoudre un problème par une équation en 3è", elle se heurte à des remarques d’élèves telles que : "J’ai commencé à chercher, à décomposer, mais je n’y arrive pas." Elle ajoute la triste conclusion à laquelle arrivent ceux qui échouent : "J’entendais souvent des constats d’élèves : “je ne sais rien faire !” ". Les deux enseignants ont donc ensemble cherché à répondre à ce défaitisme. De son côté, elle a "mis en face de chaque apprentissage une autoévaluation : “sur quoi je bloque”. Les élèves sont invités à lire cette fiche et à s’autoévaluer à l’instant T." Pour comprendre un blocage, il faut démêler le nœud, séparer les tâches, aller chercher l’exercice-type qui correspond… Charlotte Barboteau évoque la satisfaction finale des élèves : "Ils prennent conscience qu’ils savent faire, qu’ils savent par exemple réussir à développer une expression". Le résultat apparaît comme une évidence : "Le lien, c’est l’élève qui le fait, qui le met en évidence, qui le rend explicite."

Pour les élèves, l’interdisciplinarité invite à mobiliser les ressources en prenant conscience de la contribution réciproque des disciplines. Il s’agit d’aller au-delà du cloisonnement disciplinaire qui enclave les élèves dans une réflexion monodisciplinaire, comme si on ne devait travailler qu’une seule discipline à la fois. Il faut proposer aux élèves l’accès à un dialogue des disciplines. Pour eux, les liens construits entre EPS et mathématiques amènent à regarder différemment le savoir et à modifier leur rapport à ce savoir : associer deux disciplines, c’est démontrer que ces champs disciplinaires interagissent et se complètent. Toute cette démarche est donc réalisée avec des temps de verbalisation pour favoriser la conscientisation du cheminement d’apprentissage et des liens interdisciplinaires. La fiche-navette est le principal outil-support pour cette activité. Les élèves prennent ainsi conscience de l’importance des contenus abordés au collège, parce que ces contenus sont "au service de" et non des obligations subies.

Ces deux enseignants font donc le constat que leur réflexion permet aux élèves :
• de comprendre qu’on leur demande prioritairement d’apprendre et non de faire ;
• de remettre en cause des certitudes initiales ou d’interroger leurs doutes ;
• de verbaliser pour comprendre comment interagissent des champs disciplinaires.

C’est finalement le statut d’élève qui est réinterrogé : être élève n’est pas recevoir passivement un savoir mais mobiliser des connaissances et des compétences issues de plusieurs disciplines pour mener à bien un projet.

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