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L’entretien d’explicitation

Vermersch (Pierre), ESF éditeur, 1994

L’entretien d’explicitation
"On peut avoir besoin d'apprendre une technique d'entretien sans avoir nécessairement à mener un entretien en tant que tel", précise d'emblée Pierre Vermersch. Le premier ouvrage concerne donc aussi les enseignants, formateurs, éducateurs, qui peuvent avoir besoin de recueillir des informations, ou d'aider l'autre à s'auto-informer  sans avoir recours à une situation formelle où l'on prend rendez-vous ! Le second leur donnera la parole.  S'il existe plusieurs types d'entretiens, l'entretien d'explicitation, lui, vise la verbalisation de l'action plutôt que l'émotion . Qu'est-ce à dire ? La connaissance d'un résultat final, seule, est insuffisante pour diagnostiquer la cause d'une difficulté - ou d'une réussite. Pour ce faire, il est important de connaître le déroulement de l'exécution de la tâche à effectuer. La description du déroulement de  cette action met en évidence les raisonnements effectivement mis en œuvre, et permet de cerner les représentations qui sont sources de difficultés. Mais cette verbalisation se heurte à plusieurs problèmes difficiles mentionnés par P. Vermersch, et justifie l'utilisation d'une technique qui doit être apprise.

La première partie développe les bases de l'entretien d'explicitation. D'abord, on précise son objet : l'action. Parmi toutes les choses dont le sujet peut parler, il faut canaliser la verbalisation vers la dimension vécue, singulière de l'action, la dimension procédurale plutôt que les savoirs déclaratifs ou les intentions. Cette position de parole n'est ni évidente, ni spontanée, que ce soit pour l'élève ou pour l'enseignant. Pour vérifier que l'interviewé est bien en évocation de son vécu, il définit même des indicateurs observables de cette posture. Une autre difficulté, d'ordre psychologique, c'est que pour réussir une action, on n'a pas besoin d'avoir conscientisé les moyens de réussir. À la question "comment faites-vous ?", l'élève répond par un silence embarrassé ou "Je ne sais pas !". Et l'objet de l'entretien, qui "fascine" toujours l'auteur, c'est d'arriver à faire verbaliser le vécu de l'action par le sujet "à travers une prise de conscience provoquée d'éléments dont le sujet ne sait pas encore qu'il les connaît, et même, croit savoir qu'il ne les connaît pas !" Un détour théorique par Piaget, Vygotsky... sera nécesaire, ou par des spécialistes de la mémoire, puisque le questionnement d'explicitation est basé sur un entretien a posteriori. La seconde partie aborde plus précisément les techniques. Quelle sorte de questionnement mettre en place ? Comment encourager la description ? Surtout, éviter les "pourquoi", privilégier les "quoi", "qu'est-ce que", "comment"... Il faut apprendre à initialiser un échange, effectuer les relances, questionner les gestes, voire rebondir sur les dénégations, car il s'agit de faire exprimer ce qui n'est pas conscient.

L'ouvrage est organisé de telle sorte que le lecteur entre progressivement dans le contenu, chaque chapitre se termine par une page qui résume l'essentiel du propos. Souvent, en début même de chapitre, l'auteur reprend en quelques lignes sa réflexion pour bien situer le nouveau sujet dans l'ensemble de sa démarche, n'hésitant pas à avoir recours, parfois, à un langage très familier. Le livre s'appuie évidemment sur de nombreuses références théoriques, mais aussi sur des exemples très concrets. Le dernier chapitre clôt l'ouvrage par quelques remarques sur la mise en pratique du questionnement d'explicitation, et fournit quelques informations sur les activités du GREX (Groupe de recherche sur l'explicitation). Il annonce donc le second ouvrage, Pratiques de l'entretien d'explicitation, écrit par des praticiens, des professionnels qui mettent en œuvre, dans leurs activités, le questionnement d'explicitation ou l'aide à l'explicitation. Beaucoup sont professeurs de mathématiques, souvent formateurs à l'IREM, mais on trouve aussi un professeur d'anglais, d'EPS, une conseillère pédagogique en primaire ou une conseillère d'orientation. Un ouvrage qui complète tout à fait la présentation plus théorique du premier.

M. Le Bihan
 

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