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commémorer la Grande Guerre : travailler avec une démarche d’historien

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La mémoire est devenue un objet d'histoire. Il existe alors un devoir d'histoire qui respecte les règles d'une méthode historique (qui tend vers l'objectivité) et qui se distingue du devoir de mémoire (plus subjectif).

Lors des années scolaires 2013-2014 et 2014-2015, l'éducation nationale participe activement à la commémoration du Centenaire de la Première Guerre mondiale et à celle du 70ème anniversaire de la Résistance, de la libération de la France et de la lutte contre la barbarie nazie.

En cette période de cycle commémoratif, on pourrait considérer que ces célébrations « ont envahi le travail de l'historien »[1] et par conséquent le travail du professeur de lettres-histoire-géographie-éducation civique, avec le risque d'une approche trop mémorielle.

Or, comment intégrer mémoire et commémorations au corpus historique à donner aux élèves de la voie professionnelle et dans le cadre des programmes ? Il importe de mieux maîtriser le rapport entre « un devoir de mémoire » socialement et culturellement admis en ce début du XXIème siècle et un « devoir d'intelligence » qui est au cœur de nos enseignements et de toute éducation[2]. A ce titre, on privilégiera l'expression de « travail de mémoire ».

Deux pistes semblent possibles. D'une part, réfléchir sur les causes et les effets historiques (s'approprier un événement et en comprendre les enjeux contemporains) ; d'autre part, mener une réflexion sur l'usage pédagogique du document patrimonial : quelle doit être sa place ? Et, surtout, comment donner une dimension historique à ce qui est le plus souvent, en classe, un apport documentaire ou tout simplement un document contributif au travail pédagogique ?

La communauté éducative et pédagogique est donc invitée à s'associer aux principales commémorations nationales qui ont lieu durant l'année scolaire. Pendant ces temps forts, des actions peuvent être mises en œuvre avec les collectivités territoriales (PAE Région), les fondations, les associations, etc. Ces journées offrent l'opportunité aux enseignants de sensibiliser les élèves à des thématiques citoyennes.

Le lycée professionnel a un rôle à jouer auprès des élèves dans l'enseignement et la diffusion de la mémoire comme objet d'histoire. En complément des enseignements, en particulier celui de lettres-histoire, les journées commémoratives, les visites des musées et, plus généralement, toutes les actions éducatives menées dans le domaine de la mémoire constituent des moyens privilégiés pour conduire ce travail pédagogique visant surtout à faire acquérir aux élèves les repères de l'histoire à laquelle ils appartiennent.

Dans notre académie, de nombreux établissements et équipes éducatives ont engagé depuis l'an passé, année de lancement du cycle commémoratif, des projets qui s'ancrent dans les programmes et concernent de nombreuses disciplines.

Pour exemple, des lycées professionnels de notre académie se sont emparés de cette question :

De Strasbourg à Nuremberg, via Verdun (projet de deux classes de première bac pro du lycée polyvalent Monge-La Chauvinière de Nantes).

Sur les chemins de la mémoire de la Grande Guerre (projet d'une classe de CAP du lycée polyvalent François Rabelais de Fontenay-le-Comte).

Centenaire de la Première Guerre mondiale : « Avrillé se mobilise » (projet d'une classe de bac pro techniciens d'usinage du LP Paul-Emile Victor d'Avrillé).

Par ailleurs, la France possède un patrimoine historique important. Les grands sites de mémoire, tels que les tranchées de la Première Guerre mondiale, ainsi que les nombreux monuments aux morts, mémoriaux et nécropoles nationales, témoignent d'un siècle de combats. Il convient pourtant de réfléchir au rôle joué par certains centres de la mémoire car ce sont des lieux qui ont aussi une fonction touristique.

Plus d'informations sur les lieux de mémoire.

Mais le travail de mémoire comme sujet d'étude historique peut se faire encore par la découverte d'objets, d'œuvres et d'artistes qui témoignent des épisodes tragiques de l'histoire (HDA). Il peut aussi s'inscrire dans les parcours d'éducation artistique et culturelle. Parmi les nombreux concours scolaires existant, on notera principalement les actions organisées à l'échelle nationale dans le domaine de la mémoire (par exemple, avec l'ARPEJ).

Concernant les conflits contemporains, le ministère de l'éducation nationale œuvre avec le concours du ministère de la défense (direction de la mémoire du patrimoine et des archives) et l'Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre qui dispose de relais dans chaque département.

Sites du ministère de la défense et de ses opérateurs : Mémoire et patrimoine - Lieux de mémoire - Mémoire des hommes - Sépultures de guerre - Archives de la défense - Education à la défense - Communication et production audiovisuelle de la défense (ECPAD) - Mémoire combattante (ONACVG)

De fait, le lycée professionnel participe à la politique de mémoire, qui met l'accent sur certains événements historiques afin de bâtir une mémoire collective autour de valeurs partagées et de contribuer au sentiment d'appartenance commune. Pour les enseignants, la mémoire est enseignée comme objet d'histoire, avec la rigueur d'une démarche d'investigation (en travaillant sur des témoignages, des archives, des cartes) qui permet une recherche et une évaluation raisonnées afin de distinguer les mémoires selon les espaces et les temps historiques. Ainsi, les projets participent de ce travail d'histoire et de mémoire, et permettent à nos élèves de développer et de renforcer des compétences citoyennes propres à nos disciplines.

Sébastien Annereau, professeur et formateur Lettres-Histoire

Sources :

http://eduscol.education.fr/cid45990/histoire-et-memoire.html

http://eduscol.education.fr/pid23340/memoire-et-histoire.html

A consulter :

Loi du 24 octobre 1922

La première guerre mondiale - Diaporama sur la première guerre mondiale 1914 1918 - Parcours d'histoire : Les tranchées 1914-1918 Les tranchées de Verdun - Les mémoires de la Grande Guerre à Verdun  - Verdun, symbole de la Grande Guerre Champ d'honneur ou champs d'horreur ? Les mutations de la culture héroïque autour de la Première Guerre mondiale - BNF : Europeana 1914-1918 La première guerre mondiale dans la bande dessinée - Bande dessinée | Mission Centenaire 14-18 - La Grande Guerre au miroir de la bande dessinée

Site du Cidem : Les Itinéraires de citoyenneté (consulter la rubrique Mémoire & Histoire) - Rapport de la commission de réflexion sur la modernisation des commémorations publiques (novembre 2008) - Mémoires et histoire, définitions et problématiques (Dossier réalisé en juin 2012 par l'académie de la Réunion)

A lire :

Stéphane Audouin-Rouzeau, Quelle Histoire. Un récit de filiation (1914-2014), Ed. du Seuil, 2013.

[1] Pierre NORA, in Le Débat, n°122, novembre-décembre 2002.

[2] Jean-Pierre RIOUX, in Vingtième Siècle. Revue d'histoire, n°73, 2002.

 

 

 

 

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