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atelier d'écriture collaboratif, passerelle transdisciplinaire entre l'histoire et le français

mis à jour le 06/02/2015


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A la croisée des programmes d'histoire et de français de Seconde Bac pro, l'enseignante met en place un atelier d'écriture collaboratif qui a pour thème la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Á la manière des cadavres exquis, les élèves rédigent une partie du récit. Ils travaillent ensuite par groupe sur les textes réalisés pour en vérifier la cohérence, le sens et la syntaxe. En fin de séquence, la lecture théâtralisée de leurs textes face à la classe valorise leur investissement et la qualité de leur travail.

mots clés : seconde bac pro, grandes découvertes, écriture collaborative


À l'issue d'une séquence de seconde Baccalauréat Professionnel "Voyages et découvertes / Christophe Colomb découvre l'Amérique", comment permettre une transition fluide de l'enseignement de l'histoire vers celui du français ? Ces voyages vers le Nouveau Monde font rêver les élèves dans l’espace et dans le temps ; comment réinvestir, au travers des mots, ces passerelles vers l'imaginaire ? Quels liens d'écriture tisser entre Christophe Colomb, héros réel d'une époque dévolue et les héros de son imaginaire (Parcours de personnages) ? Quelles compétences langagières sont-elles mobilisées et renforcées ? L'occasion d'expérimenter l'atelier d'écriture collaboratif.

Qu'est-ce-que l'écriture collaborative ?

L'écriture collaborative est une forme d'écriture collective, par plusieurs auteurs différents et qui correspondent quasi-simultanément, de façon manuscrite ou informatique. Elle permet la dynamique interactive des échanges entre les pairs.

Mise en place de l'atelier.

Un élève commence par rédiger un article qui est ensuite modifié et enrichi par un autre membre et ainsi de suite (séance 1). Le texte ainsi produit peut, ultérieurement, être retravaillé et enrichi par le groupe, jusqu'à constitution du document jugé "complet" (séance 2). Des modalités de mise en lecture d'appropriation orale (séance 3), ou théâtrale (séance 4), sont ensuite proposées.




Modalités pratiques de la séance 1 : Phase d'écriture spontanée (1 heure)


• Les élèves arrivent dans la salle de classe, rendue obscure pour l'occasion, rideaux tirés. Une musique évocatrice de matin du monde, sans parole pour ne pas perturber la concentration, est diffusée (par exemple, "l'Enfant des îles" de JL Florentz). La salle est disposée en U, de façon à ce que les tables entre les élèves ne soient pas dissociées. Au tableau, en plein écran, un portrait de Christophe Colomb, que les élèves reconnaissent immédiatement. Le portrait leur fait face, tel un dialogue implicite.

• L'enseignante précise les consignes de la mise en situation : rien sur les tables hormis une trousse, on pose la tête sur ses mains en fermant les yeux, c'est le sens de l'ouïe qui va être sollicité.

• 6 parchemins (6 feuilles A4 de couleur différente) sont distribuées, une tous les 3 élèves. Sur chacun, une phrase d'accroche est inscrite "Ce matin-là, le navire du capitaine Colomb accoste doucement sur le sable...". L'enseignante lit cette phrase à voix haute, en plaçant l'intonation de manière poétique.'Ecriture collaborative choix des couleurs'


• À chacun d'imaginer, de proposer la suite... L'élève qui a le parchemin devant lui rédige une phrase, puis transmet le parchemin à son voisin de droite. Chaque élève écrit sa phrase d'une couleur différente, pour différencier chaque production et être responsable de son écrit. Il rédige sur chacun des parchemins. Pas de registre familier ni vulgaire, pas d'anachronisme, pas d'abrégés ni de dessins elliptiques type sms. On intègre, si possible, les références culturelles assimilées à l'issue de la séquence d'histoire. Pour le reste, l'imagination reste libre et totale.

• Au tableau, défile un diaporama d'illustrations inhérentes à la découverte de l'Amérique (les caravelles, la carte d'Hispaniola, la boussole et l'astrolabe, les peuples autochtones, la flore et la faune endémique...). Ces illustrations, à l'instar des sons musicaux (flots, cris d'oiseaux...), permettent aux élèves de puiser l'inspiration, si elle leur fait défaut.

• Lorsqu'il transmet le parchemin, chaque élève le plie en cachant l'avant-dernière phrase, de façon à rester dans l'étonnement et le jaillissement spontané (type écriture surréaliste).'Perplexité'

• L'enseignante observe, circule discrètement et vient en aide à celui, celle, en manque de mots. En fin d'heure, elle ramasse tous les parchemins, sans en dire plus... Les questions fusent mais il est essentiel de ménager le suspens et l'envie pour la prochaine séance.







Modalités pratiques de la séance 2 : Phase de réécriture et enrichissement lexical (1 heure)


'Travail de groupe
• La salle a été modifiée, les tables sont regroupées en îlots par groupes de trois élèves. On leur distribue un parchemin sur lequel les erreurs d'orthographe, syntaxique et lexicale ont été soulignées. Les consignes sont précisées au tableau : concordance des temps, rajouts de connecteurs pour les transitions, suppression des répétitions, logique narrative et dénouement à clarifier. Dictionnaires, fiches de synonymes et connecteurs sont à disposition des élèves.

• L'enseignante circule et vérifie les avancées de chaque groupe. En fin d'heure, elle récupère à nouveau les parchemins en évolution.










Modalités pratiques de la séance 3 : Phase d'appropriation du texte, mise en voix et réécriture (1 heure)



• Les élèves redécouvrent le parchemin, validé ou annoté par l'enseignante. L'enjeu consiste désormais à lire à voix haute sa production devant la classe, en se répartissant les passages de lecture, et en y mettant le ton. Qui dit quoi ? L'un se charge des dialogues, s'il y en a ? Peut-on se passer la parole au milieu d'une phrase, pour accentuer l'action ? Tout le monde doit-il parler équitablement ?... Au fil des questions du groupe, le texte prend vie, prend sens.

• Enfin, il s'agit de réécrire proprement le texte en codifiant les passages de lecture de chacun, puis de l'illustrer, façon "carte au trésor".

Modalités pratiques de la séance 4 : Moment de lecture théâtralisée (1 heure)


'Mise en voix des récits des élèves'



• La salle a été redéfinie en U. Chaque groupe se place au milieu de l'espace et lit son texte, pendant que les autres élèves évaluent leur prestation (1 élève par critère de notation : audibilité, mobilité, intonation, registre de langue, connecteurs, concordance des temps, dénouement).

• Toute mise en scène théâtrale est valorisée. Les prestations orales sont filmées, afin d'améliorer l'expression orale et le gestuel, lors d'une séance ultérieure... et de laisser une trace aux élèves qui le souhaitent !










Bilan : quelle plus-value pour les apprentissages et les compétences langagières ?


Tout au long de la séquence, les élèves ont été acteurs : acteurs de l'écriture silencieuse, acteurs de la réécriture et de l'enrichissement du parchemin, acteurs de la lecture devant la classe, acteurs durant la phase d'évaluation. De plus, l'accroche par un cadre novateur (salle obscure, position yeux fermés, fond sonore, images musicales), a suscité leur curiosité et permis une mise en activité rapide, centrée sur l'imaginaire et isolée du monde extérieur.

À chaque séance, les élèves ont alterné les modalités de travail (en individuel, en groupes), varié les rythmes, les postures (écoute, rédaction, réécriture, illustration, mise en voix, théâtralisation). Par l'enjeu d'une production collaborative, chacun s'est impliqué dans son groupe (autonomie, gestion du temps, répartition des tâches).

Du point de vue de la langue, chaque élève a pu enrichir son lexique, passer du registre courant à soutenu, vérifier la correction syntaxique, différencier phrase simple et complexe, améliorer les transitions (connecteurs).

La petite mise en scène finale a inclus tous les élèves, favorisant l'intonation et la compréhension du texte initial.

Bilan : quelles limites ?


Lors de l'atelier d'écriture, certains élèves peuvent manquer d'inspiration, ou refuser l'activité, en se posant dans une attitude de repli ou de mutisme. L'enseignant observe les difficultés, se déplace, et à voix basse (pour ne pas perturber l'atmosphère musicale créative), propose son aide et des possibilités d'écriture à difficulté réduite : pas forcément une phrase entière, juste quelques mots ou une interjection avec une ponctuation pertinente. Certains élèves ont besoin aussi de plus de temps que d'autres pour créer leur phrase, d'où la nécessité d'un parchemin pour trois élèves maximum, afin de ne pas générer un temps d'attente trop long. La mise en U de la salle limite les déplacements, donc le bruit ; elle permet aussi de générer, visuellement, une continuité d'auteurs.

Dans la mesure où une couleur par élève est sollicitée, prévoir une panoplie de stylos à disposition, pour ne pas être entravé par le matériel.De préférence, préférer des séances isolées d'une heure, permettant la relecture et l'annotation des productions écrites par l'enseignant, d'une étape à l'autre.
 
auteur(s) :

Mme Cécile Lacôte-Coquereau

information(s) pédagogique(s)

niveau : tous niveaux, bac pro

type pédagogique : démarche pédagogique, production d'élève, scénario, séquence

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe, atelier

référence aux programmes : Mots-clés :
Fiction, temporalité, contexte historique, écriture collaborative, concentration, réécriture, enrichissement lexical, mise en voix, lecture théâtralisée en groupe, échange écrit, échange oral, évaluation par les pairs.


Objectifs de capacités :
-Développer sa capacité à travailler collectivement.
-Étudier comment un personnage évolue depuis son apparition dans l’œuvre jusqu’à la conclusion.
-Être curieux de connaître d’autres lieux, d’autres époques.
-Développer l'expression de soi à travers l’acquisition de connaissances culturelles.
-Réécrire une scène historique en changeant d'auteur, de point de vue.
-Entrer dans l'échange par l'écrit, puis l'oral.
-Travailler sur le lexique des émotions et de la sensibilité.
-Exprimer des émotions esthétiques à travers des productions écrites diverses (écriture à déclencheurs).
-Développer les images mentales et la concentration à partir d'une source musicale.
-Renouveler la curiosité des élèves par une mise en activité surprenante.

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