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tout conte fait : mettre en place un projet annuel pour apprendre à conter

mis à jour le 05/07/2018


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Comment apprendre à raconter et gagner une aisance à l’oral ? Le conte peut-il forger la coopération et l’entraide ? Pour travailler ces questions, une heure hebdomadaire autour du conte de tradition orale, appuyée par des rencontres avec une conteuse professionnelle, Claire Guillermin, a été mise en place dans une classe de 6e, au collège Molière de Beaufort-en-Anjou. Pour conclure le projet : une séance de travail ouverte aux parents. On ne parlera pas de "spectacle", car le projet s'inscrit dans l’idée d’un apprentissage… toujours à l'oeuvre, jamais tout à fait achevé.

mots clés : conte, oral


Contexte

En entrant en 6e, les élèves ne sont pas souvent à l’aise pour tenir des propos oraux développés. Ils ne savent pas non plus forcément construire un récit cohérent. Ils se sentent souvent seuls et éprouvent parfois des difficultés d’intégration dans cet espace si différent de l’école primaire. Pour répondre à ces difficultés, un travail autour du conte de tradition orale a été mis en place. En 2016-2018, les 6e ont bénéficié d’une heure hebdomadaire en demi-groupe : moment tout trouvé.

Le projet en vidéo

Objectifs

Le projet brasse des compétences très larges : acquérir une culture du conte traditionnel en tant que porte d’entrée dans la littérature, travailler la maîtrise de la langue française (lue et parlée) et développer une attitude citoyenne.
Sur le plan humain, on s’attache à développer l’engagement personnel, l’empathie, le respect et l’écoute des autres, la confiance en soi, l’esprit critique, l’autonomie, la mémorisation, la concentration, la créativité…

Compétences de cycle 3 travaillées

1. Compétences visées (B.O.) :
• écouter pour comprendre un message oral, un propos, un texte lu ;
• parler en prenant en compte son auditoire, pour oraliser une œuvre de la littérature orale et pour tenir un propos élaboré et continu relevant d’un genre de l’oral ;
• participer à des échanges dans des situations de communication diversifiées ;
• adopter une attitude critique par rapport au langage produit ;
• renforcer sa fluidité de lecture ;
• comprendre un texte littéraire et l’interpréter ;
• contrôler sa compréhension et adopter un comportement de lecteur autonome.

2. Objectifs d’apprentissage (B.O.) :
• identifier les personnages d’une fiction, les intentions qui les font agir, leurs relations et l’évolution de ces relations ;
• comprendre l’enchainement chronologique et causal des évènements d’un récit, percevoir les effets de leur mise en intrigue ;
• repérer l’ancrage spatio-temporel d’un récit pour en déduire son rapport au réel et construire la distinction fiction-réalité ;
• recourir à la mise en voix ou la mise en espace pour comprendre le fonctionnement du récit ;
• repérer certaines références culturelles, faire des liens entre les textes et les œuvres, comparer la mise en situation des stéréotypes ;
• mettre en lien les textes avec le monde et les savoirs sur le monde ;
• identifier des valeurs, notamment lorsqu’elles sont portées par des personnages, et en discuter à partir de son expérience ou du rapprochement avec d’autres textes ou œuvres.

3. Enjeux littéraires et de formation personnelle :
Tous les contes sont choisis en lien avec la thématique littéraire de la séquence en cours : "Récits de création ; Récit d’aventure ; Résister au plus fort ; Le monstre aux limites de l’humain". Pour le détail des enjeux, se reporter au B.O des thématiques.

La démarche

Il est difficile de résumer la démarche. Tout le monde expérimente, les élèves comme leur professeur ! C’est d’ailleurs ce qui fait sans doute que "ça marche" : nous sommes en création commune. On peut toutefois présenter ce qui se fait en tout début d’année, pour donner des pistes.

En AP, en demi-groupe, le professeur (sans la conteuse) amène un conte et le lit. Les élèves sont installés en cercle, les tables poussées contre les murs, et les jeunes ont pour objectif de raconter l’histoire, en suivant sa logique et sa structure globales, tout en improvisant les mots de leur narration et des paroles de personnages. On peut suivre les trois étapes suivantes.

Première étape (première heure, suite à la lecture) photo
Par petits groupes, les élèves mettent en scène de façon théâtrale, en autonomie, toute l’histoire, ou une partie distribuée par le professeur si l’histoire est jugée trop longue.
Chacun prend le rôle d’un personnage. S’il y a trop d’élèves, ils peuvent jouer un personnage à plusieurs.
L’élève doit faire agir et parler son personnage en fonction de ce qu’il a retenu de l’histoire. Tout ce qui est dans la salle peut faire office d’accessoires. Les élèves peuvent être plus ou moins proches de ce qu’ils ont entendu. L’important est d’être créatif, mais de respecter le fil de l’histoire, et que tous prennent la parole équitablement. Le recours au texte n’est plus possible pour les élèves.
Avant la fin de l’heure, on garde cinq minutes par groupe pour que le travail soit présenté aux autres, et cinq minutes pour faire un bilan collectif de ce qu’on a aimé et trouvé pertinent dans le travail des autres.

Deuxième étape (deuxième heure, semaine suivante)
Le conte n’est pas relu. Comme la semaine précédente, les élèves rejouent une partie de l’histoire, mais les groupes peuvent changer et la partie de l’histoire à travailler aussi. Contrainte supplémentaire : il faut maintenant un narrateur et chacun doit s’impliquer dans ce rôle, en plus de celui des personnages. L’important pour le narrateur : expliciter les gestes et les actions des personnages. L’important pour les personnages : qu’ils parlent encore plus et mieux. On a le droit de reprendre les bonnes idées relevées la semaine précédente.
Le travail est ensuite présenté aux autres et on exprime le positif et le pertinent.

Troisième étape (troisième heure, semaine encore suivante)
Le conte n’est toujours pas relu. Les élèves sont assis en rond, pieds au sol, mains sur le genoux, et n’ont plus le droit de mettre en scène. A tour de rôle, chacun prend la parole pour raconter un petit bout du conte à la façon d’un conteur. On s’inspire des souvenirs des scènes présentées les semaines précédentes pour raconter l’histoire. On cherche à être cohérent, expressif et précis dans les actions des personnages.
Des principes servent de guides : chacun peut conseiller ; pas de par cœur ; le droit à l’erreur ; la nécessité parfois de recommencer pour apporter plus de précisions, rejouer le discours avec un ton plus approprié ; pouvoir raconter n’importe quel moment du conte ; pouvoir prendre en charge le narrateur et les personnages ; raconter collectivement et s’entraider : si le voisin a du mal, on prend la parole pour continuer l’histoire.
On termine par le bilan de ce qui a fonctionné ou non.

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Variantes
Lorsque la conteuse vient dans la classe, on peut travailler différemment. La classe est au complet (28 élèves). Les élèves sont assis en rond, les tables repoussées contre les murs.
La conteuse raconte avant de donner une activité à réaliser à des petits groupes de quatre : finir une histoire en inventant ce qu’il pourrait se passer, ou développer une trame très résumée par exemple. La conteuse intervient dans chaque groupe pour amener les élèves à voir, à imaginer ce qu’ils racontent, et à utiliser un vocabulaire plus précis. Enfin, l’histoire est racontée aux autres et la conteuse amène encore ses conseils et ses encouragements.

Lorsque les élèves sont un peu plus à l’aise pour raconter, on peut proposer un concours de conte : après avoir lu l’histoire qui nous intéresse, la même pour tous, on divise la classe en groupes de cinq ou six élèves. Ils doivent raconter l’histoire de la façon la plus intéressante possible, en faisant parler narrateur et personnages avec des intonations vivantes, et en ajoutant des détails (qui ne noient pas l’histoire mais la rendent plus captivante). Puis ils présentent aux autres, on souligne le positif de ce qui a été fait, pour s’en inspirer la fois suivante, et on vote pour le groupe qui a été le plus intéressant.

Il est porteur de proposer aux élèves un vrai public, plusieurs fois dans l’année : des retraités, des conteurs amateurs, des élèves d’école primaire…
 
Projet final
Les parents sont invités en juin à venir écouter leurs enfants, la conteuse étant présente pour les aiguiller « en direct » si besoin : c’est plus une séance de travail qu’un spectacle. Plusieurs contes travaillés pendant l’année sont racontés collectivement, certains par contre sont pris en charge entièrement par un élève seul.


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Bilan

Le grand répertoire de contes proposés, le travail en groupe et la coopération, la possibilité de s’investir à sa mesure, l’ouverture de la classe à l’extérieur enrichissent considérablement le quotidien du cours et sont très importants pour l’épanouissement des jeunes et leur prise de confiance en eux. Les jeunes collégiens sont très investis dans les heures d’oral et expriment un plaisir certain. Ils progressent dans leur capacité à prendre la parole, à formule leurs idées, et à vivre ensemble.

 
auteur(s) :

Nathalie Labarre, Collège Molière, Beaufort-en-Anjou

information(s) pédagogique(s)

niveau : 6ème

type pédagogique : scénario, séquence

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=87834

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