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numérique et disciplines

l'image, média ?

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L'image est actuellement au coeur d'un problème de civilisation qui unit tout en les séparant violemment les tenants du visible, du présent, du kinesthésique -les  iconolâtres-, et les tenants de l'invisible, de l'absent, de l'intouchable : les iconoclastes. L'école est elle-même balayée par cette tempête. Les élèves - dit-on - supportent  de moins en moins l'instruction verbale, analytique, abstraite, en un mot : magistrale. Ils souhaitent pouvoir s'emparer directement des ensembles synthétiques, et esthétiques plutôt que théoriques : ils veulent du concret, du spéculaire, du visible, du tangible, voire de l'affectif.

Des moyens pédagogiques nouveaux se répandent donc à profusion aujourd'hui, tous plus « inventifs » les uns que les autres : des dispositifs ordonnés, des séries, des rangées, des colonnes, des tableaux à plusieurs entrées, des organigrammes, des schémas, des réseaux, des cahiers et tableaux interactifs et multimédias eux-mêmes en réseaux, etc. Il nous suffit de comparer le manuel scolaire d'hier, ascétique, avec celui d'aujourd'hui, qui est livré aux graphes et aux couleurs. Feuilletons, par exemple, les nouveaux manuels de philosophie : même eux n'échappent pas à la déferlante des images ! Et pourquoi pas ? devons-nous nous demander. Avec l'image, on supervise quasi instantanément ce qui nous est offert, on regroupe les éléments d'un seul coup  d'oeil, on se rend sensible ce dont il s'agit, alors que l'on ne saurait lire, écrire et même parler trop rapidement, précipiter le rythme des énoncés, car alors tout s'embrouillerait. Le travail de l'esprit mais aussi les lenteurs du corps imposent leurs freins mais les yeux, eux, fonctionnent à la vitesse de l'éclair. Le vrai lui-même ne suppose-t-il pas une méthodologie, une pédagogie où l'image hier éloignée, voire écartée, serait aujourd'hui reconnue, non pas comme divertissement mais comme partie prenante de l'exploration et même de la connaissance du réel ?

 Néanmoins, si l'approche réflexive ne peut plus se passer d'images, elle ne peut s'y réduire, et surtout la seule présentation des images ne peut prétendre s'y substituer. Si on ne lit pas de la même manière Gaston Bachelard après l'avoir vu et entendu, on ne comprend véritablement ce qu'il veut dire qu'en prenant le temps de le lire vraiment, en l'accompagnant dans sa démarche intellectuelle pour se l'approprier et l'examiner afin de juger de la vérité à laquelle elle prétend. Et si cet exemple ne nous parle pas assez, rappelons-nous que l'électricité n'a pas été découverte en regardant la représentation d'une bougie de cire allumée, tout spectaculaire et suggestive qu'elle soit !
 
Mais sans schéma on ne pourrait pas vraiment comprendre, non plus, le mécanisme d'une résistance. Cependant, pour calculer son intensité, il faut bien passer du visible à l'invisible,du présent à l'absent, du sensible à l'intelligible.

L'école qui hier travaillait essentiellement sur de l'absent, du virtuel, de l'abstrait, ne peut plus aujourd'hui écarter l'image, le spéculaire, le sensible. Mais elle doit le faire dans le but d'en éviter les séductions pour toujours mieux faire accéder les jeunes esprits à l'intelligible par la médiation du sensible.

Stéphane Vendé
 

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