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journée académique du numérique - Posez vos questions à P. Meirieu

La journée académique du numérique aura lieu le 23 mars 2016 au lycée Le Fresne d'Angers. Les inscriptions s'effectueront en ligne à partir du lundi 22 février selon une procédure transmise aux chefs d'établissement.

Le programme de la journée est en ligne.

En attendant, Philippe Meirieu vous propose de réagir à sa conférence "Pour que le numérique fasse Ecole" donnée à Cenon le 14 octobre dernier lors du Plan National de Formation, via le fil de discussion en bas de page.
 

 

P. Meirieu retrace l'histoire de l'Ecole et insiste plus particulièrement sur la querelle des modèles qui voit s'opposer, au 19ème siècle, le modèle mutuel et le modèle simultané. Ce dernier sera finalement choisi et continue d'influencer la forme scolaire d'aujourd'hui. Le modèle simultané est à interroger selon P. Meirieu et le numérique peut être une piste pour le réinventer, mais non sans prendre des précautions car des dérives sont possibles et déjà établies : 

  •  l'immédiateté qui conduit au "caprice systématisé", à la "pulsion" ;
  • la surenchère des effets qui provoque des phases d'excitation et d'apathie ;
  • la virtualisation du réel qui a des conséquences sur l'empathie et peut expliquer le cyberharcèlement.

Le numérique en évitant ces écueils peut faire société, peut faire Ecole car il offre des possibles en matière d'apprentissage, de procédures mentales, de mise en activité des élèves.
Philippe Meirieu se propose de prendre appui sur vos commentaires, vos questions pour préciser sa conférence du 23 mars prochain.

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le fil...

l'ecole vs la famille

Je suis d'accord sur les principes développés dans la conférence. Il me reste cependant une interrogation : comment le numérique et l'approche de l'enseignement peuvent-ils aider à résoudre les distorsions qui existent entre ce que vous préconisez pour enseigner (auquel j'adhère totalement) et ce que les élèves vivent parfois dans leur famille (que ce soit au niveau des valeurs éducatives ou de l'image de l'école qui est donnée) ?
Merci d'avance.
driviere@ac-nantes.fr
outils numériques et modèle mutuel

La conférence est très intéressante, et son champ si vaste qu'on reste forcément sur sa faim sur un certain nombre de points : en quoi, par exemple, le numérique constituerait-il par essence un formidable outil de "décontextualisation de modèle" ? Les maîtres ne risquent-ils pas, après tout, de se laisser enfermer par l'exploitation d'un logiciel comme ils pourraient se trouver prisonniers de tel ou tel manuel scolaire ? ...et d'autant plus que la conception du logiciel, contrairement à celle du manuel, leur échappe très largement.
Mais je serais surtout intéressé de connaître la façon dont P.Meirieu perçoit l'(in)adéquation entre la forme même des outils numériques et le bon usage pédagogique qui pourrait en être fait. Il faut dire qu'à de rares exceptions près, les outils numériques aujourd'hui employés en classe ont été originellement pensés pour le grand public et non pas pour un public scolaire. Si l'on veut favoriser certains aspects du modèle mutuel au détriment du simultané, cela doit passer par une ergonomie repensée des lieux et outils d'apprentissage (les gravures de la conférence y font tout de suite penser) ; or, sur les outils, on voit bien qu'on oscille toujours entre l'outil portatif, personnel, individuel, "orienté élève" (tablette, ordinateur portable, lecteur-enregistreur mp3...) et l'outil collectif, centralisé, "orienté professeur" (vidéo-projecteur, écran, TBI...). Quelle place alors pour le monitorat, la collaboration entre pairs, les groupes mobiles et fluides qui pourraient pourtant soutenir efficacement une pédagogie de la recherche et du projet? Ne reste-t-il pas à inventer des outils numériques qui, par leur forme, incitent au partage - et ne devrait-on pas repenser en parallèle (et pour la même raison) à la façon d'occuper les lieux de l'école ?
Frederic.Chotard@ac-nantes.fr
La répétition nuit-elle à la compréhension ?

Avec le numérique et la classe inversée par exemple, la parole du professeur peut être répétée si nécessaire autant de fois que l’élève le souhaite.

Nous savons tous la vertu de la répétition dans la mécanique de certains apprentissages. Mais la répétition ne fait pas la compréhension. Elle en est même souvent l’obstacle. Dans un cours, in vivo, le rôle du professeur n’est pas de répéter ce qui n’est pas compris mais bien de reformuler sans cesse pour que le sens vienne à l’esprit. Peu importe le signifiant, ce qui compte c’est le signifié. Tant que le professeur n’a pas l’assentiment de tous, il ne cessera de reformuler pour que chacun comprenne. Il doit donc déployer des trésors d’invention, là, au présent, et trouver de multiples chemins de traverses pour mener tous ses élèves à bonne destination. Lorsqu’il s’agit de comprendre le sens de quelque chose, la répétition ne fait rien à l’affaire, elle est même pédagogiquement contreproductive. Or si la parole du professeur dans la classe inversée peut effectivement être répétée mécaniquement, il perd de son humanité patiente, bienveillante et instructive pour celui qui ne comprend pas dans les termes qui sont utilisés.
Stephane.Vendé@ac-nantes.fr
Le numérique bienveillant et empathique

" Pour que le numérique fasse Ecole " dites-vous, soit ! De nombreux débats, conférences actuelles tentent de définir les conditions d'une Ecole bienveillante où empathie, altruisme, compassion seraient au coeur même de la classe et des relations entre élèves. En juin prochain, une conférence-débat se tiendra à Nantes précisément sur ce sujet. Ces formes de relations inter-individuelles en seraient les moteurs, les conditions, les objectifs. Vous dites aussi, en faisant référence à des travaux de chercheurs sur Clermont-Ferrand, que le numérique altère les capacités à développer l'empathie (si j'ai bien compris). Alors pouvez-vous nous éclairez sur des mises en œuvre pédagogiques, des formes scolaires qui ,en utilisant le numérique, permettent de développer l'empathie au service des apprentissages ? Si l' École doit favoriser l'empathie cognitive et la bienveillance ; si elle doit conjointement utiliser le numérique éducatif, comment articuler ces deux univers pour qu'ils fusionnent et concourent à l'acquisition de compétences empathiques et altruistes ?

Je vous remercie.
Isabelle.Lamamy-Echard@ac-nantes.fr
Que fait vraiment Google avec le travail de l'esprit et avec lui l'intelligence de nos enfants ?

Aucune technique n’est jamais neutre, et les nouvelles technologies n’y échappent pas. Je le dis autrement en prenant un exemple dans notre histoire récente. Au même titre que Taylor avait une certaine conception de l’homme usinier et qu’il a construit l’espace de l’usine en fonction de cette conception qu'il se faisait de certains hommes et de ce qu’il voulait obtenir d’eux ; l’architecture d’un espace éducatif ou d’une pratique pédagogique n’est pas sans présupposé économique, psychologique, moral et politique, sur ce qu’est l’esprit d’un élève, un élève et sur ce que l’on veut obtenir de lui. Il est toujours instructif et salvateur de prendre le temps d’y réfléchir. Je suis sur ce point d’accord avec l’idée selon laquelle « Ce que Taylor a fait pour le travail industriel, Google le fait pour le travail de l’esprit ». Parce que qu’il n’en est que le prolongement.

Que fait vraiment Google ou autres avec le travail de l'esprit et avec lui l'intelligence de nos enfants ?
stéphane.vendé@ac-nantes.fr
 
Trois questions émanant de groupes d'étudiants en master 2 Enseignement du premier degré

Les technologies numériques se développent de manière exponentielle. Jusqu'où pourrait aller l'impact du numérique sur nos pratiques pédagogiques, sur les pratiques de nos élèves ?

Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par les nouvelles formes scolaires que permet le numérique ?

N'y a-t'il pas une forme de dichotomie entre le temps nécessaire, le temps long indispensable à la maturation, la compréhension, l'apprentissage, la recherche et la proposition numérique qui permet l'accès instantané, immédiat aux ressources et aux savoirs ?
herve.mortier@univ-nantes.fr
Traversée par le numérique l'école devient-elle poreuse à toutes les influences ?

Selon la belle formule de Hannah Arendt dans La crise de la culture, l’école n’était pas conçue comme le prolongement de l’espace privé de la famille et n’était pas non plus ce qui se faisait dans le monde. L’école était conçue comme « un entre deux mondes » dans lequel on s’adressait à la raison de l’individu indépendamment de toutes sortes d’influences économiques, sociales, communautaires, politiques ou religieuses. Si on peut se réjouir que grâce à l’immersion de l’école dans l’ère du numérique les murs physiques de l’école tombent, qu’en est-il des murs symboliques ? Si les murs symboliques tombent avec les murs physiques, l’école devient immédiatement poreuse aux influences en tous genres et se transforme. N’est-ce pas déjà le cas ? Faut-il s’en réjouir ou non ? Là n’est pas la question. Ma question, ici, est, que perd-on ? Rappelons-nous que le paysage naturel des Amériques a été traversé par le chemin de fer, pour et lors de sa conquête. Ce paysage naturel ne s’est pas adapté à la technique qui le traversait. Un autre paysage s’est substitué à ce premier. Si des poches de l’ancien paysage persistent toujours, le nouveau s’est généralisé et s’est imposé en créant un autre monde, un autre système de représentations sociales, économiques, politiques et culturelles. Il en va, aujourd’hui, de même pour l’école traversée par le numérique. Je ne dis pas qu’il faut le regretter et le combattre ou s’enthousiasmer et y contribuer aveuglément. Je dis simplement qu’il faut le savoir et tenter de le comprendre pour agir vraiment. Le gain vaut-il la perte ?

Avec l'immersion de l’école dans le numérique ; et avec elle, nos enfants ; l'école devient immédiatement poreuse aux influences en tous genres ? Le gain vaut-il la perte ?
Stéphane.vendé@ac-nantes.fr

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