outils numériques et modèle mutuel
La conférence est très intéressante, et son champ si vaste qu'on reste forcément sur sa faim sur un certain nombre de points : en quoi, par exemple, le numérique constituerait-il par essence un formidable outil de "décontextualisation de modèle" ? Les maîtres ne risquent-ils pas, après tout, de se laisser enfermer par l'exploitation d'un logiciel comme ils pourraient se trouver prisonniers de tel ou tel manuel scolaire ? ...et d'autant plus que la conception du logiciel, contrairement à celle du manuel, leur échappe très largement.
Mais je serais surtout intéressé de connaître la façon dont P.Meirieu perçoit l'(in)adéquation entre la forme même des outils numériques et le bon usage pédagogique qui pourrait en être fait. Il faut dire qu'à de rares exceptions près, les outils numériques aujourd'hui employés en classe ont été originellement pensés pour le grand public et non pas pour un public scolaire. Si l'on veut favoriser certains aspects du modèle mutuel au détriment du simultané, cela doit passer par une ergonomie repensée des lieux et outils d'apprentissage (les gravures de la conférence y font tout de suite penser) ; or, sur les outils, on voit bien qu'on oscille toujours entre l'outil portatif, personnel, individuel, "orienté élève" (tablette, ordinateur portable, lecteur-enregistreur mp3...) et l'outil collectif, centralisé, "orienté professeur" (vidéo-projecteur, écran, TBI...). Quelle place alors pour le monitorat, la collaboration entre pairs, les groupes mobiles et fluides qui pourraient pourtant soutenir efficacement une pédagogie de la recherche et du projet? Ne reste-t-il pas à inventer des outils numériques qui, par leur forme, incitent au partage - et ne devrait-on pas repenser en parallèle (et pour la même raison) à la façon d'occuper les lieux de l'école ?
Frederic.Chotard@ac-nantes.fr