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e-lyco versus espaces privés : pratiques et enjeux

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Le déploiement d'e-lyco, ENT académique, n'exclut pas l'existence du recours à des services privés. Quels espaces occupent ces pratiques ? Quelles questions leur utilisation pose-t-elle ? Quels impacts sur l'accompagnement et le développement d'e-lyco ?




Il est opportun d'analyser l'utilisation de services numériques privés par des collègues à l'heure où l'ENT académique e-lyco connaît sa vague ultime de déploiement.

Au préalable, il faut souligner l'intérêt que l'on peut porter au recours aux pratiques numériques par les enseignants, quels que soient les outils mis en oeuvre, car cela constitue autant de démarches exploratoires qui servent la réflexion sur la manière d'enseigner et d'apprendre.

Cependant, il reste utile de s'interroger sur le recours à des services privés dans la mesure où l'Éducation Nationale et les collectivités se sont engagées pour la mise à disposition d'un bouquet de services répondant à un cahier des charges spécifiquement dédié au contexte de l'enseignement primaire et secondaire (SDET).

Selon quels arbitrages les enseignants choisissent-ils entre ENT académique et services privés ? Se posent-ils l'alternative ? Sur quelle connaissance de ces services se fondent-ils ? Quels critères (fonctionnalités, ergonomie, éthique) prennent-ils en compte ? Certaines activités sont-elles de nature à arbitrer différemment le choix (activités avec l'extérieur, directives de programmes...) ?

 

Description des pratiques d'espaces privés


Le dispositif d'observation mis en œuvre :

- Une enquête menée en novembre-décembre 2013 auprès des coordonnateurs e-lyco des établissements de l'académie.

- Les coordonnateurs ont été invités à transmettre un questionnaire à des enseignants repérés comme utilisant des services numériques hors e-lyco.

- Ils devaient le récupérer afin de garantir l'anonymat. En fait, un certain nombre de répondants ont directement renvoyé le questionnaire complété au responsable de l'enquête.

- Une trentaine de questionnaires ont ainsi été retournés et traités.

Voir questionnaire en annexe 1.


Quels sont les services utilisés ?

De manière assez approximative, il semble que la proportion de collègues utilisant des espaces privés avec les élèves ne dépasse pas 10 %.

Les services les plus évoqués sont Googledrive/doc par 60 % des utilisateurs d'espaces privés.
Plus lointainement sont cités, Facebook (un utilisateur sur 5) ainsi que Dropbox, puis des intégrateurs d'informations et des espaces de blogs ou de site personnel.


Quelles sont les fonctionnalités recherchées ?

Les fonctionnalités les plus recherchées (environ un tiers des utilisateurs et un quart des fonctionnalités citées) sont le travail collaboratif dont essentiellement la création de documents collaboratifs. Plus lointainement, 1/5 environ des utilisateurs de services privés déclarent recourir au partage de documents lourds ainsi qu'aux fonctions de blogs et messagerie à destination des élèves ou de personnes extérieures à l'établissement (voyages). Suivent, anecdotiquement, des utilisations assez ciblées (veille, exerciseurs, synchronisation de fichiers...). 

Quelle(s) fonctionnalité(s) a (ont) été utilisée(s) :

Pourquoi le choix de ces services ?

Le choix de ces services privés repose surtout sur la facilité de prise en main (40 % des répondants), puis pour un tiers des répondants, sur l'efficacité de l'outil.

L'absence de publicité et une utilisation antérieure à e-lyco sont chacune citées par environ 20 % des utilisateurs de services privés.

La gratuité de certains services est un motif évoqué par 15 % d'entre eux (là aussi, une somme supérieure à 100 car plusieurs réponses possibles).


Pourquoi délaisser e-lyco ?

Les motivations pour lesquelles des utilisateurs ont eu recours à ces services privés plutôt qu'e-lyco sont :

- l'absence de certaines fonctionnalités sur l'ENT académique, surtout en ce qui concerne la création de documents collaboratifs (citée par 30 % des utilisateurs concernés).

- des limites d' e-lyco telles le poids des fichiers entreposables ou la "lourdeur" de l'ENT.

Tout  ceci se résume par une efficacité présentée comme moindre d'e-lyco (citée par un utilisateur de services privés sur 6).

Par ailleurs, 10 % des utilisateurs de services privés motivent leur choix par l'existence d'une pratique de ces services antérieure à l'arrivée d'e-lyco. D'où une familiarité plus grande avec ces outils.

Enfin, deux obstacles sont évoqués dans plusieurs questionnaires :

  • Certains élèves n'ont pas toujours en mémoire leur mot de passe, ce qui peut gêner une activité individuelle mais aussi collective.
  • Le développement de relations avec des personnes extérieures à l'établissement semble difficile avec e-lyco.

Pourquoi ne pas avoir choisi d'utiliser e-lyco :


Quelles inscription et gestion des droits et accès ?

La moitié des enseignants utilisateurs d'espace privés déclarent qu'il a fallu que les élèves soient inscrits à ces services (inscription ou utilisation d'une inscription existante). Un autre tiers estime qu'une inscription d'élèves n'a pas été nécessaire (inscription unique du groupe au service privé par le professeur, par exemple).

Dans les deux-tiers des cas, les droits des élèves étaient pré-définis. Sinon, le plus souvent, c'est l'enseignant qui définit les droits des élèves. Dans les deux tiers des cas, l'écriture sur l'espace est modérée, modération assurée presque toujours par les enseignants, au delà de la modération automatique du service.

Le contenu est souvent inaccessible de manière anonyme (la moitié des cas). Sinon l'accès est partiel (uniquement en lecture, ou seulement sur une partie de l'espace). Quant aux accès, ils restent ciblés en fonction des besoins. L'administration a rarement accès au contenu lorsqu'il s'agit d'une activité pédagogique.


Quel devenir de l'espace en fin d'activité ?

Dans la majorité des cas, l'espace utilisé n'est pas détruit en fin d'activité ; il est conservé pour mémoire ou prêt au réemploi avec d'autres élèves.

S'il n'y a pas d'évaluation dans la majorité des cas, dans d'autres, l'usage de ce service s'inscrit dans une évaluation soit directe, celle de l'utilisation du service par l'élève, soit indirecte au travers des documents produits.

Dans le bilan positif évoqué par les interrogés, la facilité d'emploi et l'efficacité de ces services reviennent.

Dans le bilan négatif, mais cités de manière rare et dispersée, on trouve la publicité, la séparation d'avec le réseau/ENT du lycée, la perte de mots de passe par les élèves, le problème de l'âge lors de la création de certains comptes et l'image parfois négative de certains de ces services (Google en l'occurrence).


Quelques réflexions induites par cette enquête.


Est-il justifié de choisir l'espace privé ?

ENT académique et espaces privés  coexistent dans les établissements scolaires, tant au niveau administratif (logiciels de notes, d'absences...) qu'au niveau pédagogique.

Le choix de services privés est logique lorsque les fonctionnalités ne sont pas offertes par e-lyco.

Il peut également se fonder sur une efficacité jugée supérieure des services privés. Cette efficacité peut exister en soi (l'ENT généraliste ne peut rivaliser avec un outil spécialisé). Mais elle peut aussi relever de la meilleure connaissance de services privés antérieurement utilisés par l'enseignant ou ses pairs, ces derniers constituant une aide fort utile pour le choix initial du service ou pour l'accompagnement de son utilisation. Cela reflète le problème de l'investissement en technique et savoir-faire lié à toute pratique technique. Cet argument est plusieurs fois cité par les répondants.

Il resterait aussi à établir si les programmes de certaines filières imposent le recours à des services privés spécifiques (anticipant l'usage professionnel) plutôt qu'à des fonctionnalités possiblement présentes sur e-lyco.


Quelles sont les externalités négatives de ce choix ?

Il faut aussi prendre en compte les problèmes posés par ces services privés.
  • La légalité
    c'est le problème du recours à des réseaux sociaux supposant une inscription alors que l'âge minimum excède celui des élèves.

  • La publicité
    D'une part elle existe sur les pages de nombreux blogs ou réseaux sociaux ; d'autre part, son contenu est absolument incontrôlé. Le filtre qui protège les élèves en établissement ne sera d'aucun effet au domicile de l'élève pour des pratiques perçues comme demandées par l'établissement scolaire. D'autre part, d'autres sites collectent des informations pour constituer des bases de données lucratives afin de permettre de la publicité ciblée.

  • Le contrôle de l'accès : l'enseignant ne pense pas ou ne maîtrise pas forcément tous les paramètres de diffusion des activités réalisées sur l'espace privé, sachant qu'il n'est pas toujours le seul gestionnaire. Si cet espace est accessible, se pose alors la question du type de modération mise en oeuvre, et de la capacité de l'enseignant responsable à retirer le contenu d'élèves dont les droits d'écriture lui échappent (ex : Facebook). Une diffusion large du contenu engagerait alors l'image de l'établissement.

  • Le droit d'exercer un refus éthique : ces activités sur espace privés étant souvent l'objet, directement ou indirectement, d'évaluation, cela signifie qu'un élève serait difficilement en capacité de refuser de s'inscrire sur ces espaces.

  • La propriété intellectuelle de contenus déposés
    La réponse dépend de la charte d'utilisation de chaque espace privé. Combien d'utilisateurs prennent-ils le temps de lire et de décrypter lesdites règles d'utilisation ?

L'ENT académique permet d'échapper à ses obstacles car il répond à des normes constitutives (Schéma Directeur des Espaces numériques de Travail).


 Quelles perspectives pour e-lyco/l'institution ?

  • Etofer e-lyco en y ajoutant certains services.

Il y a nécessité de développer un service de document collaboratif, sinon d'intégrer temporairement dans l'ENT un service en ligne fonctionnel extérieur et conforme à la charte.

Apparaît aussi la nécessité d'offrir une capacité de dépôt/échange de fichiers de grande taille.


  • Informer/ communiquer sur les avantages de l' ENT académique

Faire publicité des fiches d'usages : promouvoir par exemple de manière massive, avec relais dans les formations ou animations, le recours à l'ENT pour les TPE, les exposés...

Promouvoir des possibilités méconnues d'e-lyco, souvent présentées dans les fiches d'usages : par exemple, la création de comptes d'invités pour des activités avec l'extérieur lors de voyages. Cette information peut s'insérer dans une newsletter, avec un document de présentation du type :  "e-lyco, des ressources insoupçonnées".

Rappeler les avantages d'e-lyco comme outil uniforme donc facile d'emploi pour les élèves au long de leur cursus.

Souligner les inconvénients d'autres outils : publicité, promotion implicite de groupes objet de critique (cf. la stratégie de Google, par exemple). 

Prendre en compte que si la service spécialisé est plus abouti que l'ENT généraliste, ce dernier, par sa dimension dédiée à l'école, répond davantage à nos exigences professionnelles . Ainsi, logiciels de notes, éditeurs scolaires, moteurs de recherche... tous proposent des (mini) ENT aux interfaces différentes, aux services divers ou en doublons, sans continuité assurée de pratique d'un établissement à l'autre ou de compatibilité entre les services.

  • Poser le problème des choix administratifs

Si des chefs d'établissements peuvent à titre individuel utiliser des agendas collaboratifs de services privés par exemple, il n'est pas souhaitable que des espaces e-lyco intègrent des agendas Google ou des fenêtres dropbox. Ces chevaux de Troie sont une invitation à contourner e-lyco  au profit de systèmes intégrés  concurrents comme Google (gratuit mais rémunérateur) et Pronotes (payant)...

  • Rationaliser certaines procédures

Par exemple, le choix des mots de passe et des identifiants par les élèves, actuellement anarchique, gagnerait à s'inscrire dans une démarche réfléchie, rationalisée, tout en restant indicative, afin de respecter la liberté des élèves.



En conclusion

En pratique, si un enseignant recherche un service en ligne pour une activité, il ne se tournera pas naturellement vers le référent numérique de l'établissement mais vers ses pairs qui sont plutôt préconisateurs de ce qu'ils connaissent : ils proposeront plutôt les outils généralistes grand public ou les solutions personnelles discrétionnaires loin des préconisations fonctionnelles et éthiques du SDET.

Pour mieux faire connaître les atouts de l'ENT académique, une newsletter  pourrait constituer le moyen de communication en lien direct avec l'enseignant en recherche d'outils. E-lyco doit devenir une pratique usuelle sur le terrain qui lui est propre.

 

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