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le numérique en arts plastiques

mis à jour le 06/11/2012


numérique et disciplines

Comment dépasser l'aspect technologique du numérique au profit de ses potentiels artistiques et pédagogiques dans le cours d'arts plastiques ?

mots clés : numérique, programmes, instructions, disciplines, pédagogie


 

L'outil numérique était présent dans les programmes depuis 1997 à propos des images (fixes ou vidéo), mais plutôt modestement .

"La photographie et la vidéo font partie des moyens utilisés dans l'enseignement des arts plastiques. Une attention particulière est portée à l'infographie, en fonction de l'équipement du collège et sans mobiliser la totalité du temps imparti à l'enseignement des arts plastiques sur cette seule forme d'expression."

Dans les programmes en vigueur depuis 2008, la place du numérique a été considérablement renforcée.

 

 

 

 

 lu dans les textes officiels

« Les arts plastiques apportent les moyens de comprendre la nature des faits artistiques repérables dans la création en arts plastiques, en architecture, dans les domaines des images fixes et animées et des productions numériques. Ils procurent également des outils pour décoder et interpréter les univers visuels qui se manifestent dans l'environnement privé et public. Ils conduisent en cela à une éducation du regard et contribuent aux acquis de langage. »

 

« L'utilisation des nouvelles technologies dans le processus créateur (création numérique) et dans la découverte du champ artistique (images d'oeuvres, d'événements culturels, de musées,...) est importante dans un enseignement actualisé des arts plastiques. Le recours à ces nouveaux outils participe en cela à la maîtrise des techniques usuelles de l'information et de la communication. »

 

« ... développer leurs propres moyens d'expression. Ils y seront amenés par l'exploration et l'expérimentation des pratiques traditionnelles mais aussi des pratiques constamment diversifiées, en associant les technologies les plus récentes à ces pratiques plus fondamentales. »

 

Les champs artistiques concernés par l'acquisition d'une culture numérique incluent les domaines « des images fixes et animées et des productions numériques » ... au sens large ! Les élèves utilisent ces outils hors du collège pour communiquer en incluant aussi dans leurs échanges des images qu'ils produisent pour elles-mêmes ou comme moyen de communication équivalant au texte. Dans nos cours, il faut amener les élèves à interroger ces outils sous l'angle de la culture artistique, montrer comment cette culture modifie ces usages, les utilise, les détourne ... Ils sont amenés, en quatrième à s'interroger sur les différences entre les « images matérielles et immatérielles » et les potentialités artistiques qui découlent de ces différences. Au cycle central, l'axe majeur autour duquel les programmes sont organisés est l'image. Cet axe est souvent considéré comme propice à l'acquisition d'une culture numérique et se prête bien aux expérimentations plastiques incluant les techniques numériques, il est cependant important de ne pas exclure les autres thèmes des deux autres niveaux, le support numérique peut aussi remettre en cause ou modifier le statut de l'œuvre à questionner en troisième, un objet numérique est également un objet artistique particulier qui a sa place dans les programmes de sixième aux côtés des autres « objets artistiques »...

 

 vu et observé dans la discipline

Les technologies numériques sont mobilisées de façons très diverses au sein du cours d'arts plastiques : depuis les images numérisées simplement projetées via un vidéoprojecteur jusqu'à « l'objet numérique » complexe produit par l'élève selon son projet personnel ou dans le cadre d'une « situation problème » construite par l'enseignant. Ces technologies acquièrent différents statuts selon leur incidence dans le dispositif pédagogique de l'enseignant : support le plus courant des références montrées aux élèves, outil de création (capture photographique, vidéo, retouche d'images ...), outil d'analyse.

 

L'académie de Nantes participe depuis 2009 aux Travaux Académiques Mutualisés en partageant des problématiques concernant l'usage du numérique avec d'autres académies. De nombreuses leçons sont expérimentées et analysées à cette occasion. Ces analyses ont permis de distinguer plusieurs façon de faire intervenir les technologies numériques : en tant qu'outil de création, outil de témoignage, outil de dialogue pédagogique. Le projet de 2012-13 a pour objet d'analyser l'utilisation du numérique au regard des compétences développées par les élèves.

 Traam 2011/2012

 

En tant que processus créateur, les outils numériques ont leur place dans la pratique artistique des élèves. Incontournables lorsqu'il s'agit aujourd'hui de travailler la photographie (bien qu'on doive encore, dans la mesure du possible, ménager une place à l'argentique) et la vidéo jusqu'au montage, les nouvelles technologies doivent aussi faire partie des outils proposés aux élèves dans le cours ordinaire des leçons au même titre que les outils traditionnels. Ces outils permettent d'aborder de multiples questions, notamment : le collage, l'utilisation de la couleur et la lumière (transparence, réglages, contrastes), les gestes et les supports, les notions de temps et d'espace, les natures des images (sérielles, séquentielles, uniques, reproductibles ...). Les encadrés ci-dessous montrent des exemples de leçons publiées sur le site pédagogique qui s'appuient exclusivement sur le numérique mais montrent que les questions dépassent largement la maîtrise techniques des outils qui sont employés pour révéler des notions artistiques.

Des propos d'élèves suite à un travail effectué en 5e :

Libérer la couleur du dessin

  • Parfois je tenais compte des contours, parfois non. Mes couleurs n'ont pas »gâché » mon dessin. Elles ne l'ont pas caché non plus. J'ai utilisé des couleurs relativement claires et assez transparentes.
  • J'ai constaté qu'un dessin ne pouvait pas être obligatoirement colorié mais seulement coloré.
  • La couleur fait plus ressortir les dessins.
  • Avec l'ordinateur il était plus facile de doser l'opacité des couleurs. En plus, le fait de prendre un crayon ou de la peinture aurait sans doute pris plus de temps.
  • J'ai compris que je pouvais colorier sans effacer les contours.
  • J'ai rencontré des difficultés pour bien respecter les limites.
  • Avec la peinture, les couleurs auraient été différentes, il y aurait pu avoir des reliefs.
  • Je préfère l'art avec les mains.

 

  Un travail effectué en 5e :

 un paysage

Les élèves ont alors pu réutiliser des notions vues dans d'autres travaux : nommer les valeurs de gris, les contrastes, nuances, les effets de transparence (sfumato, frottis), le travail en réserve, les hachures qu'ils ont rapprochées des motifs. Ils ont pu associer ces observations à des effets de représentation de la profondeur (structuration des plans, perspective atmosphérique) et retrouver dans les références proposées les gestes, procédés graphiques observés grâce à la photographie.

  Un travail de photographie en 6e

de l'objet banal à la "photo artistique"

Les questions abordées lors de l'analyse collective des travaux tournèrent autour de "l'artistique" .
Dans un premier temps, ils firent le recensement des solutions et procédés utilisés.
- travail autour du cadrage,  de l'angle de vue
- travail avec la lumière, (certains élèves avaient pu bénéficier de la présence du soleil et se rendirent compte du parti qu'ils pouvaient en tirer.) : contre jour, reflets, jeux d'ombres.
- travail autour de l'organisation des fourchettes, notion de répétition, d'alternance,de rythme.
- mise en valeur des formes, de la matière.
- travail de mise en scène avec création d'un fond, d'un décor.
- détournement de la fonction de l'objet.

Petit à petit ils comprirent que ce qui devenait artistique dans leur travail était le fait qu'ils avaient cherché dans une direction de telle sorte qu'ils commençaient à avoir un projet. Ils disaient avoir, au début, fait des essais et puis, pour beaucoup de groupes, des choix se sont opérés et des partis pris furent développés.

 

Les techniques numériques font souvent l'objet de séances exceptionnelles en salle multimédia et échappent ainsi à leur insertion au sein des outils habituels proposés aux élèves. Le risque est alors de les restreindre à des « techniques » en omettant les questionnements artistiques qui motiveraient leur utilisation.

Le choix de la part de l'élève de l'outil numérique doit être prévu dans les dispositifs pédagogiques conçus par les enseignants. Cet emploi fait l'objet d'une réflexion en terme de solutions possibles à la question posée. Faire coexister au sein d'un même travail, dans le processus d'effectuation ou parmi une série de possibilités, les techniques numériques et traditionnelles, permet de montrer à la fois les spécificités des outils et leurs similitudes lors des analyses collectives.

Si l'élève doit choisir d'utiliser les technologies numériques, encore faut il qu'il en ait la possibilité : la salle d'arts plastiques, comme outil pédagogique doit être pensée pour faciliter l'autonomie de l'élève de façon à ce qu'il puisse passer du choix à l'initiative.

 

Les équipements des salles sont très inégales selon les situations : un seul poste souvent réservé à l'enseignant, quelques portables, une quinzaine de postes en libre service ... Souvent invoqué comme un frein à l'utilisation du numérique, le manque de moyen peut être compensé par une réflexion sur l'organisation de la salle de cours, une légère adaptation de la leçon en prévoyant un « support » numérique utilisable par les élèves.

 

Certains outils numériques sont aussi intéressants en tant qu'outil d'analyse d'œuvres ou de travaux d'élèves : photographies ou vidéo d'élèves ou d'artistes au travail mobilisées lors des analyses collectives. Observer les gestes, les positions de l'auteur par rapport à son travail permet de faire émerger de multiples notions en jeu pendant la pratique : l'espace de l'oeuvre, sa matérialité, le processus créateur et ses conséquences dans le travail fini, l'implication du corps de l'auteur dans son oeuvre. Les élèves sont souvent surpris de revoir, lors de la projection, maîtrisée par un artiste reconnu une posture ou une technique qu'ils ont adopté intuitivement. Cette "reconnaissance" témoigne des apprentissages en cours lors des comparaisons entre la pratique des élèves et les références présentées.

  Utiliser des photographies d'élèves au travail :

l'outil numérique, outil de dialogue pédagogique

Ces photographies, en leur permettant également de confronter une image finie avec un état préalable, leur offre la possibilité de chercher et d'observer dans les images peintes qu'ils ont sous les yeux les traces laissées par les étapes de la réalisation et les gestes de l'artiste, abordant ainsi les questions de touche, de non-peint. Les élèves peuvent ainsi développer des capacités d'observation et d'appréhension des qualités physiques et plastiques d'une oeuvre. Et, paradoxalement, ce passage par l'image numérique donc virtuelle rend plus sensible à l'approche plastique de l'image peinte.

L'utilisation du numérique, en ce sens, est un outil pédagogique efficace qui permet non seulement de soutenir la parole de l'élève lors de la verbalisation « qu'as-tu fait ?, comment t'y es-tu pris ? », mais également de lui faire prendre conscience de la spécificité de la démarche artistique : il n'y a pas une seule bonne réponse au problème posé et ce n'est pas le résultat seul qui nous intéresse, mais l'objet plastique tout entier avec le temps de sa réalisation comme celui de sa réception.

La multiplicité des ressources numériques notamment en ligne, sans occulter la rencontre physique avec les œuvres, permet de diversifier l'accès et le type de documents de références (visites de sites de musée, visites virtuelles, vidéos d'artistes au travail, site d'artistes, voire communication avec les artistes ...). Certains sites de musées ou institutions culturels offrent des reproductions dynamiques de très hautes définitions qui permettent de percevoir des aspects invisibles sur une photographie, ils donnent aussi accès à des visites virtuelles dans lesquels les relations des œuvres à l'espaces sont plus explicites lorsqu'un voyage est impossible.

On peut exploiter également la relative « plasticité » de ces ressources : en tant qu'images fixes ou animées, elles se recadrent, se « montent », se juxtaposent, se superposent, etc. Il devient alors possible d'utiliser cette plasticité pour construire une description, une réflexion ou une argumentation. Ces manipulations peuvent utiliser et associer des images (fixes ou animées) de réalisations, d'élèves, d'artistes, d'œuvres lors des visites, de traces produites par les élèves lors de réalisations éphémères, de documents prélevés sur internet, etc..

 

 

 

 

Les pratiques des enseignants sont très hétérogènes pour diverses raisons : niveaux d'équipement et niveau de compétence des enseignants, peur des outils numériques et des problèmes techniques. Toutefois, comme on l'a vu, la phase de prise en main des outils et ressources est dépassée, pour les enseignants comme pour les élèves. Il s'agit maintenant de construire des usages du numérique qui leur permettent d'apprendre en cours d'arts plastiques : apprendre les potentiels artistiques du numérique parmi les autres pratiques, apprendre à construire une réflexion aidé par leur usage, acquérir également une culture artistique médiatisée par les ressources numériques et enrichie aussi de la « culture numérique » spécifique à la discipline.

L'utilisation d'e-lyco dans l'académie après les premières expérimentations et l'appropriation par les enseignants doit permettre d'élaborer de nouvelles stratégies éducatives pour les arts plastiques en général mais aussi dans la participation de la discipline à l'enseignement de l'histoire des arts.

 
auteur(s) :

cyrille bret

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