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2015

les usages numériques des lycéens

journée numérique : atelier n°1

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Programme de la journée académique sur le numérique

Présentation de Philippe Cottier


logoPhilippe Cottier rend compte de l'enquête Usatice réalisée par le CREN en Pays de la Loire sur les pratiques numérique des jeunes (1). L'enquête a mesuré une grande variété des rapports au travail scolaire aussi bien en qualité qu'en quantité, la présentation rend compte de ces éléments.

Un premier tableau aborde la question du temps : les lycéens interrogés passent plus de temps à des activités ludiques numériques (jusqu'à  plus de 6h00 par jour en comptant SMS, réseaux sociaux, musique et vidéo en ligne) qu'à leur travail personnel (7h13 par semaine, les filles travaillant plus que les garçons).

À partir des données collectées, cinq profils d'élèves ont été constitués :

  • les déconnectés ;

  • les communicants (plutôt des filles et des élèves internes) ;

  • les ludiques (plutôt des garçons et suivant des filières professionnels) ;

  • les académiques (qui suivent les usages scolaires) ;

  • les hyperconnectés (aussi bien en usages récréatifs ou scolaires (petite catégories sous-représentée chez les filles).

photo illustrationÀ la question de l'usage de l'ENT pour communiquer, les élèves reconnaissent l'utiliser plus vers les professeurs que vers les autres élèves et pour ce qui concerne des usages plus larges de l'ENT, ils se font sur prescription du professeur.

Concernant l'échange de fichiers hors temps scolaire : les moyens sont d'abord ceux des réseaux sociaux, puis de la clé USB et enfin le mél.

Le recours au numérique pour répondre aux besoins scolaires est très variable également : 4,5 % seulement des élèves recopient leurs cours en numérique ; 75 % des élèves utilisent internet pour leurs devoirs et recherches d'informations ; huit élèves sur dix communiquent avec leurs professeurs par messagerie (ENT), mais très peu par un réseau social (1 % seulement).

Plus largement, les résultats de l'enquête ne valident pas l'importance du rôle du numérique sur le travail scolaire. Les variables les plus influentes sont, dans l'ordre, la CSP, le temps personnel de travail, la formation suivies et le type de diplôme préparé, la scolarité antérieure et enfin les usages du numériques.


Ainsi quatre typologies d'élèves ont été étudiées : les "productifs" (20,7%), les "laborieux" (23,5%), les "dilettantes" (29,5%) et les "oisifs" (26,3%).

Les pratiques numériques "ludiques" et "productives et informationnelles" opposent les "oisifs" et les "productifs". Les premiers, dont le temps de travail hebdomadaire est le plus faible (2h47), consacrent un temps important à échanger avec leurs pairs sur internet ou par SMS, à jouer ou à flâner sur internet. Les "productifs", dont le temps de travail est élevé (13h54), pratiquent plus volontiers la lecture électronique et utilisent deux fois moins les réseaux sociaux.

Les "dilettantes" sont plus critiques sur le numérique, travaillent plutôt seuls et ont une organisation fluctuante.

Les "productifs" ont un profil plus féminin, mobilisent des stratégies particulièrement en recherche d'information, répondent plus aux attentes scolaires et pratiquent plus l'entraide.

Les "oisifs" ont des usages plus récréatifs du numérique, ils connaissent la démotivation, pratiquent moins l'entraide et dans leurs requêtes veulent obtenir directement les résultats (et non la démarche).

Les "laborieux" sont plus multitâches, mélangent des attitudes individuelle et scolaire. Ils ont plutôt des difficultés organisationnelles et veulent obtenir également d'abord les résultats.


En conclusion, les pratiques numériques ne sont pas explicatives des résultats scolaires. Les trois variables déterminantes sont plutôt : le diplôme préparé (le temps de travail est corrélé au diplôme), les stratégies, le genre et enfin les usages du numérique.
Plus précisément même : il n'y pas de corrélation entre moins de temps passé sur l'ordinateur et plus de temps passé au travail scolaire.


(1) Le séminaire a eu lieu en 2013 http://www.msh.univ-nantes.fr/65428559/0/fiche___article/

Pour en savopir plus sur les travaux de Philippe Cottier : http://perso.univ-lemans.fr/~pcottier/Publications.html



Présentation de Christophe Doré


logoÀ l'ESPÉ, le numérique est traité dans la finalité d'aider les jeunes professeurs dans leur mission et répondre à la question de ce que l'on fait à l'école.

C. Doré questionne le numérique en convoquant trois auteurs français (Bourdieu, Serres et Gauchet). Il défend le point de vue scolastique (Bourdieu) : dans l'ordre scolaire le lieu de l'école est en apesanteur sociale, c'est l’endroit où on peut « jouer sérieusement ». Platon disait « s'occuper sérieusement des affaires non sérieuses », dans le cadre d'une suspension des affaires sociales.

La situation scolastique dépasse l’opposition entre jouer et être sérieux ; elle permet de jouer sérieusement et de prendre le ludique au sérieux. L'écriture fixe le langage, c'est cette extériorisation, cette mise à distance qui est notre objet d'étude. À l'école, nous avons "l’usage particulier du langage qui, au lieu d’appréhender ou de mobiliser le sens d’un mot qui est immédiatement compatible avec la situation, recense et examine tous les sens possibles de ce mot, en dehors de toute référence à la situation" (Bourdieu).

La spécificité du numérique c'est l'extériorisation du langage comme l’ont fait avant le livre, l'imprimerie. Or, Platon critique déjà l'écriture, car support de la mémoire elle va favoriser l'oubli : l'écriture servirait  à la réminiscence, c'est le nom sans la connaissance, et pour Platon elle est objet de critiques car elle annonce la fin de la connaissance. On retrouve le même type de critique faite au numérique aujourd’hui.

photo illustrationPour Bernard Stiegler, le numérique est un pharmakon, il est à la fois poison et remède. Il faut une pertinence d'usage en œuvrant par discernement. Si le numérique est l'usage de la référence alors l'homme cultivé qui sait, sait s'en servir. Alors que l'usage de la disponibilité numérique peut être la mort d'apprendre si on le considère uniquement par sa disponibilité. Montaigne disait lui-même du livre et de sa récitation qu'il était un mésusage du livre qui conduisait à apprendre bêtement.

Selon Platon, l'écriture est un grand danger pour la transmission du savoir car l'homme n'en aurait plus la mémoire. L'analogie avec le numérique nous questionne sur ce qu'il change dans le rapport à l'apprentissage.
Ainsi, la question du copier/coller doit réactualiser l'usage de la citation.

En reprenant des auteurs tels qu’Isabelle Gautier, Roland Goigoux et Bernard Lahire, M. Doré pose la question des  difficultés d'apprentissage avec par exemple la notion de « secondarisation » : cette capacité pour l'élève de mettre à distance le langage pour mieux comprendre la demande (de l'enseignant) et être en capacité de comprendre l'objet d'étude. Cette mise à distance passe par une décontextualisation fine puis sa recontextualisation. Le numérique ne doit pas faire oublier la sémantique. Le sujet ne se construit pas dans le pulsionnel permanent. D'où l'idée de penser l'élève comme désirant le savoir (en passant même par la sublimation) contre la sidération entre frustration et satisfaction. Le désir soutenant l'action vers ce qui ne se voit pas (l'absence) contre la sur-présence des écrans (même si l'absence y est possible à travers l'art).


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