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Le "tout allemand" dans les classes de débutants

mis à jour le 24/01/2007


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L'allemand - outil de communication

mots clés : allemand, langue, communication, classe


"Die Eltern liebten sich sehr in dieser Zeit und hatten eine eigene Sprache unter sich, die ich nicht verstand; sie sprachen deutsch... Unter den vielen heftigen Wünschen dieser Zeit blieb es für mich der heftigste, ihre geheime Sprache zu verstehen."

Elias CANETTI: Die gerettete Zunge

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1- DE L'EVIDENTE NECESSITE...

Les derniers textes officiels nous le rappellent, nos élèves doivent acquérir au cours de leur scolarité la capacité de communiquer dans un allemand authentique avec un locuteur germanophone. « L'apprentissage méthodique de l'allemand est fondé sur la prise de conscience des éléments constitutifs de la phrase allemande aux fins de sa maîtrise opératoire dans la communication (1). » Or, on le sait l'acquisition des savoir-faire communicationnels est un processus de longue haleine qui connaît de nombreuses vicissitudes. C'est pourquoi, en cours d'allemand, nos élèves doivent être rapidement amenés à (ne) parler (qu')allemand ; évidence admise par la plupart, utopie pour certains autres, difficulté majeure pour les collègues débutants, l'utilisation exclusive de l'allemand pour communiquer en cours heurte de toute façon à de nombreuses résistances. Pourtant, elle est nécessaire à de nombreux titres :

- Où, sinon en cours, nos élèves pourraient-ils, à de très rares exceptions près, parler allemand ? Or, nos horaires ne permettent déjà qu'une exposition trop limitée à la langue.

- Le panachage incessant français/allemand, outre qu'il ne permet pas de lever les blocages naturels face à la langue étrangère s'il ne les accroît, empêche l'élève de « rentrer » véritablement dans la langue et de se l'approprier de l'intérieur.

- Enfin, on aurait tout intérêt à ancrer chez nos élèves qui sont les adultes de demain, qu'avec un locuteur germanophone, on doit parler allemand quel que soit le degré de maîtrise de la langue française dont dispose ce dernier et l'endroit où on se trouve. Refuser la dépendance linguistique et la mise sous tutelle, c'est garantir sa propre liberté.

Ces quelques principes rappelés, comment alors instaurer le tout allemand en cours, notamment dans les classes de débutants, sachant que les habitudes prises au début, fussent-elles bonnes, sont les plus tenaces ? 



2- A LA MISE EN UVRE PEDAGOGIQUE

Voici une liste, non exhaustive de points, qui devraient retenir l'attention :

- Il convient d'emblée d'énoncer la seule règle sociale d'importance dans le cours d'allemand : il est permis de tout dire et de tout faire de ce qui est raisonnablement admis dès lors que la langue de communication est l'allemand. Cela suppose bien évidemment qu'on institue un certain nombre de rituels et qu'on permette aux élèves de verbaliser tous les événements qui ponctuent généralement la vie de la classe (salutations, appel, demande de renseignements sur les raisons d'une absence ...). Il faut que celui qui transgresse cette règle sociale en ayant recours à une autre langue que l'allemand prenne conscience de l'écart qu'il vient de commettre. Un système de réprimande qui doit être perçu comme un signal et non comme une sanction doit aider à cette prise de conscience et à la réhabilitation rapide du fautif. En même temps, ses camarades auront plaisir à dire : Du musst deutsch sprechen, Französisch ist verboten / Oh, er hat französisch gesprochen! 

- La classe d'allemand doit constituer un temps et un espace de bonheur dont le vecteur essentiel est justement la langue allemande. Certes le bonheur ne se décrète pas, mais il se provoque. Succession à un rythme raisonnable d'activités variées mais centrées sur un même objectif, drôles de préférence, utilisation de supports attrayants et motivants, bonne humeur contagieuse du professeur, sont autant de ferments pour le bonheur.

- La joie passe aussi par une éducation esthétique. Il faut que nos élèves aient plaisir à prononcer de l'allemand. Si on les initie à la musicalité et l'eurythmie de la langue en les sensibilisant aux particularités phonétiques et prosodiques et on leur montrant ce qu'ils sont eux-mêmes capables de (re)produire, on les incite à jouer avec les sonorités de la langue .

- L'interrogation faustienne (Im Anfang war...) ne taraudera pas le professeur : dire et faire sont dans les classes de débutants indissolublement liés, les deux aspects se fructifiant mutuellement.

- La langue d'enseignement doit être authentique. Cela suppose qu'elle ne soit pas la traduction de préoccupations grammaticalistes, mais qu'elle reflète la réalité linguistique ("...weiß ich nicht" / "Das ist ja so schön"    seront des énoncés qu'on accueillera avec joie).

- Les derniers textes officiels nous le rappellent : « On n'oubliera pas que la description de la langue n'a de raison d'être que si elle est mise au service de son emploi en situation à des fins de communication (2).» La grammaire n'est donc pas une fin en soi, et si les explications se feront bien évidemment en français, elle ne pourra être considérée que comme un auxiliaire de la communication. On évitera donc d'interrompre une activité d'entraînement à l'expression pour donner des explications théoriques sur tel ou tel point qui semblerait faire problème (3). Plus généralement, on évitera de donner aux élèves l'impression qu'on s'interroge davantage à la forme qu'au fond de leur message. Or communiquer, c'est avant tout vouloir dire quelque chose...

- Le professeur doit donc accepter l'erreur qui est inhérente à l'apprentissage. Sa correction doit toujours être vécue comme une source d'enrichissement et de progrès par l'élève et non comme une sanction qui ne manquerait pas de nourrir des angoisses lathophobiques (4). 

- Tout membre du groupe classe doit être impliqué dans l'entraînement à l'expression orale. Pour cela, les techniques de reprise ou d'enrichissement d'énoncés permettent d'impliquer le plus grand nombre (5).

- Enfin, l'organisation du cours, qu'il s'agisse de la conception d'une séquence ou des séances qui la composent, doit tenir compte des reprises qui doivent occuper la majeure partie du temps ; la part de nouveauté doit donc être restreinte. C'est le sens de ce qu'on appelle la progression spiralaire.

Instaurer le « tout allemand » en cours, c'est d'emblée considérer la langue non comme un simple objet d'étude, mais comme un instrument au service de la communication. S'il paraît illusoire, voire néfaste de renoncer entièrement aux références à la langue maternelle qui de toute façon affleure en permanence, il faut favoriser une approche directe de la langue. Alors parlons moins d'allemand et plus allemand, c'est en effet, pour parodier un slogan publicitaire, une langue à vivre.

NOTES

1- Programmes et accompagnement, p. 24
2- Programmes et accompagnement, p. 24
3- Voir Frédéric LAJARRIGE, Comment enseigner la grammaire
4- Voir Frédéric LAJARRIGE, Le traitement de l'erreur en cours d'allemand
5- Voir Frédéric LAJARRIGE, Circulation de la parole et enrichissement d'énoncés

 
auteur(s) :

Frédéric Lajarrige

information(s) pédagogique(s)

niveau : 6ème, 4ème

type pédagogique :

public visé : enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes :

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