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XVIIIème. Chardin - La raie

mis à jour le 28/06/2012


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En 1763, Diderot considère qu'il s'agit là d'un chef-d'œuvre que tout jeune peintre doit copier : « L'objet est dégoûtant, mais c'est la chair même du poisson, c'est sa peau, c'est son sang... regardez bien ce morceau... et apprenez, si vous pouvez, le secret de sauver par le talent le dégoût de certaines natures ».

mots clés : peinture, nature morte, XVIIIème, chronologie, histoire, Chardin


Histoire des arts : Découvrir et comprendre La raie, Chardin - 1728
 

Éléments de préparation pour l'enseignant

Compétences mobilisées

  • Acquérir une méthode d'analyse d'une œuvre.
  • Acquérir un vocabulaire spécifique.
  • Acquérir des repères historiques et artistiques ponctuant l'histoire des civilisations.

    Vocabulaire spécifique

    • Composition.
    • Le genre. La nature morte.

      Problématique

      En 1763, Diderot considère qu'il s'agit là d'un chef-d'œuvre que tout jeune peintre doit copier : « L'objet est dégoûtant, mais c'est la chair même du poisson, c'est sa peau, c'est son sang... regardez bien ce morceau... et apprenez, si vous pouvez, le secret de sauver par le talent le dégoût de certaines natures ».

      Contexte historique

      Admiré de son vivant par Louis XV et Mme de Pompadour autant que par la bourgeoisie cultivée de l'époque, Chardin était un membre notoire de l'Académie des Beaux-Arts. Chardin prend pour modèle la peinture hollandaise du XVIIe siècle et la peinture française de Le Nain.
      Chardin pratiquait avant l'heure la peinture pour la peinture, comme un précurseur des recherches de la fin du XIXème siècle.

      La raie Chardin (nature morte)
      « La raie ». 1728. Huile sur toile. 114 cm x 146 cm.
      Musée du Louvre, Paris.

      Clés de lecture de l'œuvre

      Le tableau est divisé verticalement en deux parties : le vivant à gauche (chat, huîtres) et l'inanimé à droite (pichet, marmite et autres ustensiles), la raie faisant la transition entre ces deux parties. La composition du tableau est faite de pyramides imbriquées. La raie forme la première grande pyramide, tandis que le chat d'une part, les ustensiles d'autre part, forment deux petites pyramides imbriquées dans la grande.

      Le chat hérissé, les reflets sur les ustensiles, la raie sanguinolente sont autant de « flashs » qui attirent l'œil et donnent du rythme au tableau.
      Comme souvent dans les natures mortes de Chardin, le sujet n'est pas l'essentiel mais le support d'une recherche picturale, un exercice de style sur la lumière, les reflets et les textures.

      Piste de travail en classe

      Émergence sensible

      Plusieurs consignes possibles : « Écris trois mots qui reflètent tes premières impressions », « Donne un titre à cette peinture » ou bien « Associe cette image à d'autres œuvres artistiques que tu connais ».

      Appropriation active de l'œuvre en classe

      La plus remarquable description qu'on puisse donner de cette œuvre est celle de Marcel Proust (ci-dessous). Par des aller-retour entre la peinture et l'écrit, les élèves sont amenés à comprendre :
      • le sens de lecture de l'œuvre proposé par Marcel Proust (de la droite  vers la gauche) ; successivement, les ustensiles, le couteau, puis la raie, enfin le chat et les huîtres qui menacent de tomber,
      • ce qui relève des différents sens (la vue, le goût, le toucher, l'ouïe) ; 
      • les comparaisons utilisées par Marcel Proust afin d'étayer leur ressenti personnel.

      « Maintenant venez jusqu'à la cuisine dont l'entrée est sévèrement gardée par la tribu des vases de toute grandeur, serviteurs capables et fidèles, race laborieuse et belle. Sur la table les couteaux actifs, qui vont droit au but, reposent dans une oisiveté menaçante et inoffensive. Mais au-dessus de vous un monstre étrange, frais encore comme la mer où il ondoya, une raie est suspendue, dont la vue mêle au désir de la gourmandise le charme curieux du calme ou des tempêtes de la mer dont elle fut le formidable témoin, faisant passer comme un souvenir du Jardin des Plantes à travers un goût de restaurant. Elle est ouverte et vous pouvez admirer la beauté de son architecture délicate et vaste, teintée de sang rouge, de nerfs bleus et de muscles blancs, comme la nef d'une cathédrale polychrome. À côté, dans l'abandon de leur mort, des poissons sont tordus en une courbe raide et désespérée, à plat ventre, les yeux sortis. Puis un chat, superposant à cet aquarium la vie obscure de ses formes plus savantes et plus conscientes, l'éclat de ses yeux posé sur la raie, fait manœuvrer avec une hâte lente le velours de ses pattes sur les huîtres soulevées et décèle à la fois la prudence de son caractère, la convoitise de son palais et la témérité de son entreprise. L'œil qui aime à jouer avec les autres sens et à reconstituer à l'aide de quelques couleurs, plus que tout un passé, tout un avenir, sent déjà la fraîcheur des huîtres qui vont mouiller les pattes du chat et on entend déjà, au moment où l'entassement précaire de ces nacres fragiles fléchira sous le poids du chat, le petit cri de leur fêlure et le tonnerre de leur chute ».

      Réponse à la problématique

      Une nature morte est une peinture composée essentiellement d'objets immobiles et inanimés comme la vaisselle, des aliments, des fleurs ou des instruments de musique. Lorsqu'elle intègre des éléments symboliques qui font réfléchir sur la vie humaine comme une tête de mort : on les appelle des vanités. On comprend que, au-delà d'un simple exercice de représentation,  Chardin propose avec « La raie » une tranche de vie singulière et subtile.

      Prolongement

      Les élèves pourront commenter les autres appellations de ce genre pictural :
      • au XVIème siècle, la "vie coye", (vie silencieuse).
      • en Allemagne, "stilleben", et en Angleterre, "stillife", (vie calme).
      • en Espagne, "flores y bodegones", (fleurs et coins de cuisine).
       

      Connaissances sur l'artiste

      Jean Siméon Chardin (Paris, 1699 - 1779) est un peintre français du XVIIIème siècle. Il est surtout reconnu pour ses natures mortes, ses peintures de genre et ses pastels. Si l'on a vu en lui le précurseur de Cézanne et du cubisme, il faut ajouter que le génie de Chardin consiste à maîtriser la construction, à la domestiquer, pour qu'elle ne vienne pas troubler la « délectation » du spectateur, pour reprendre l'expression de Poussin..
       
      auteur(s) :

      Joë Fesseau, Conseiller pédagogique pour les Arts visuels

      information(s) pédagogique(s)

      niveau : Cycle 3

      type pédagogique : préparation pédagogique

      public visé : enseignant

      contexte d'usage : classe

      référence aux programmes :

      fichier joint

      information(s) technique(s) : XVIIIème. Chardin - La raie (nature morte)
      (fichier .pdf)

      taille : 138 ko ;

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