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à propos d'autonomie (Pierre Saïet)

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Au concours Interne d'agrégation, durant l'épreuve orale de leçon, le jury entendit cette année à plusieurs reprises une phrase surprenante : "Je mettrai donc mes élèves en situation de semi-autonomie".

Je veux donc bien de l'autonomie, mais je m'en méfie. Soit. Mais de quelle autonomie est-il question ici ? Celle des élèves ou celle du maître ? Moi enseignant, veux-je réellement être autonome ? Si je réponds à cette question, peut-être pourrais-je la poser en termes plus clairs à propos de mes élèves. Peut-être pourrais-je savoir au moins où je me situe par rapport à ce concept d'autonomie. Est-ce que je le perçois comme une image séduisante et diaphane, aux contours un peu flous, ou bien comme
un idéal, voire comme une utopie. Puis-je le distinguer comme une pratique éducative, une méthode, au même titre (ou à un titre différent) que les autres méthodes éducatives ?

Pour commencer par le commencement, des définitions : autonome vient du grec : autos (soi-même, lui-même) et nomos, lois) - qui se régit par ses propres lois - qui s'administre lui-même. Dans le sens commun, autonomie signifie : liberté - indépendance - souveraineté. Par extension : qui est administré par une collectivité
autonome - le sens s'est étendu à l'administration, au droit, à la politique. On parle de gestion autonome, communale ou régionale sur le plan de la juridiction ou sur le plan financier, voire linguistique et culturel. On voit des provinces, des états, des ethnies réclamer ou exiger leur autonomie.

Au 20e siècle, on parle de l'autonomie d'un véhicule pour désigner la distance qu'il peut parcourir sans être ravitaillé.

Avec la décentralisation (en France, 1986), une relative autonomie de gestion financière a été donnée aux régions, aux départements, aux communes. Elle s'est étendue aux établissements scolaires dans le cadre d'une politique définie par le pouvoir central.

On parle aussi de l'autonomie pédagogique pour désigner principalement l'indépendance d'un enseignant dans sa classe et le choix de ses méthodes.

D'un point de vue épistémologique, on s'accorde à dire que l'autonomie morale, intellectuelle et politique est la conséquence du processus d'émancipation de l'homme auquel concourent les sciences humaines comme les sciences exactes (formelles ou expérimentales).

Dans le courant libertaire du 19e siècle, Proudhon puis Bakounine ont relié l'idée d'abolition de l'état à celle d'autonomie ouvrière. On pourrait y rattacher, de façon dérivée, le phalanstère de Fourier et l'autogestion idéalisée ou utopiste du courant fouriériste.

Dans l'analyse de Marx et Engels, la démocratie passe par une conception autogestionnaire de la révolution.

Mais c'est au 18e siècle, chez Kant, qu'est explicitement posé le concept d'autonomie de la volonté.
Pour Kant, c'est la propriété qu'a la volonté de chercher la loi de ses déterminations non dans sa matière mais en elle-même. D'après lui, l'homme ne réalise son autonomie qu'en agissant suivant la raison, en obéissant à la loi que se donne à elle-même la volonté raisonnable.

 

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