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mis à jour le 10/12/2020
mots clés : forme, support, matière, espace
Pour cette séquence il s’agit de se demander :
- Dans quelle mesure la matérialité du support (son subjectile, sa matière, ses limites physiques) peut déterminer et impacter la représentation du corps humain : l’obliger et le soumettre?
- Comment les constituants plastiques du support peuvent ils s’immiscer dans la figuration du corps : interagir avec sa forme et sa déformation, sa posture, son registre ?
- Pourquoi ne pas dessiner ou peindre sur un bas-relief hétérogène fait de matières diverses ?
- Jusqu’à quel degré de distorsion le corps humain reste -t-il reconnaissable?
Au cours de la première phase de travail qui consiste à fabriquer un support de forme non conventionnelle, voire indéfinissable et de matières diverses, les élèves naviguent sans connaître véritablement l’objectif de représentation qui sous-tend cette étape. Ils ne savent pas qu’ils devront représenter ensuite un corps et donc ne peuvent pas anticiper la forme et la matière du support à fabriquer en fonction de celle du corps à venir.
Pour lancer la mise au travail, des matériaux de récupération, choisis par l’enseignante, à savoir peu épais et de qualité plastiques diverses, sont posés sur les tables au hasard : des morceaux de carton ondulés, des fragments arrachés de feuilles de couleur et de papier journal, des restes de plaques de mousse, du papier kraft froissé, du tissu, de la colle liquide. Pour les élèves tout ceci a l’apparence de matériaux bruts, voir de rebut.
1ère séance
« Avec tous ces matériaux fabriquez une surface non uniforme et sans véritable forme précise. »
1 séance
La consigne est tellement simple que les élèves se plaisent à complexifier un peu la tâche en collant entre eux des petites boules de papier soigneusement froissées, lesquelles sont additionnées à des petites surfaces de carton ondulées diversement orientées. Les formes des surfaces ainsi obtenues sont de types lancéolées, sans affinité avec notre feuille usuelle, format rectangulaire blanc.
- Dans l’idée de surface se cache l’idée d’un espace qui peut s’étaler de façon indéfinie - Le mot surface ne conduit pas vers l’idée d’un format déterminé comme l’est une feuille 24X32.
Puis, durant la mise en commun une annonce est faite :
« Avec ces surfaces, vous venez de créer un support pour votre représentation »
Les élèves comprennent que le véritable travail commence maintenant.
2ème et 3eme séance
Les élèves sont invités à prendre en compte la totalité de leur support initial pour représenterez un corps humain et exprimer l’idée de « confinement ».
"Ce corps humain doit bien évidement, puisqu’il ne peut bouger, jouer avec les limites du support et être en interaction avec sa matière »
Durée d’effectuation 2 séances
La consigne a de quoi déconcerter et les élèves se questionnent vraiment.
- « si j’avais su je n’aurais pas fait un support aussi compliqué... »
- « comment je vais pouvoir dessiner dessus maintenant. ». - « quel outil choisir, quelle technique utilisée... »
- « quelle couleur prendre pour rendre le corps visible...le fond est tellement coloré »
- « quelle position donner au corps humain ? »
- « comment je vais pouvoir intégrer la matière du fond dans mon personnage »
- « est-ce que je peux mettre de la peinture sur le fond, mais pas partout pour le faire un peu oublier »
LA CONTRAINTE DU SUPPORT
Durant ce questionnement et la phase d’effectuation les élèves prennent conscience que les moyens plastiques engagés dans cette phase de représentation sont impactés directement par la réalité concrète du support et ses contraintes de limites, de contour, de surface, de matières, de couleurs, de reliefs ...
Au-delà de l’objectif d’apprentissage qui vise à saisir cette l’interaction se joue aussi celui de la figuration.
Le registre de figuration dépendra aussi inévitablement des contraintes imposées par le support en deçà des capacités propres à chaque élève à représenter le corps humain.
Les limites du support questionneront la ressemblance à travers la défiguration, la déformation du corps.
La dimension narrative se dévoilera à travers l’éloquence de la posture du corps, posture évocatrice du confinement, mais aussi posture mettant en valeur l’aspect purement sculpturale du corps
Les références artistiques présentées :
- Peinture rupestre pariétale des Grottes Chauvet, Lascaux et Altamira
- Picasso : « L’acrobate » 1930
- Gaston Chaissac : « personnage » 1962
- Jean-Charles Blais : « Icare »1985
En prolongement de cette séquence la notion d’in situ sera abordée. Chaque production sera installée par l’élève sur un espace choisi de la salle d’arts plastiques de façon à ce que l’histoire de ce corps confiné se prolonge avec celle du lieu.
corinne bedouet-godivier
niveau : Collèges tous niveaux
type pédagogique :
public visé : enseignant
contexte d'usage : classe, atelier
référence aux programmes : La représentation plastique et les dispositifs de présentation
arts plastiques - InSitu - Rectorat de l'Académie de Nantes