Dans le cadre du programme d'arts visuels, les classes de 2nde ayant choisi cet enseignement d'exploration ont été inscrites au dispositif régional « Lycéens et apprentis au cinéma ». Chacun des trois films visionnés a donné naissance à un travail plastique et théorique.
Peur(s) du Noir est un long-métrage d'animation dont la direction artistique est signée Etienne Robial. Il réunit autour d'un même projet les dessinateurs Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Lorenzo Mattotti, Richard McGuire. La cohérence du film est assurée par le noir et blanc tant au niveau plastique que thématique. La contrainte de créer un tout cohérent n'a pas empêché les dessinateurs de conserver leur style propre. Le film propose donc des variations plastiques intéressantes sur la diversité des noirs et leurs qualités expressives.
Les espaces créés par le(s) noir(s), les tensions entre forme et fond sont également très riches, de même que la question du montage, du rythme, du son avec une voix off récurrente (http://www.primalinea.com).
Nous avons d'abord vu et commenté le film. Nous avons visionné à nouveau quelques séquences. Certains rapprochements avec des artistes ont été faits : Félix Vallotton, notamment La nuit et La raison probante qui sont des gravures, et Carré noir sur fond blanc de Kasimir Malévitch.
Les élèves ont été sollicités pour repérer ce que les contrastes noir et blanc avaient le pouvoir de créer (espace, texture, atmosphère...).
Pour bâtir la leçon, j'ai privilégié deux objectifs :
1. Sensibiliser ces élèves à l'abstraction, les rendre perméables aux recherches d'artistes comme Kandinsky, Mondrian, Malevitch, Soulages, Klein. Pour cela j'ai retenu deux directions :
- amener les élèves à comprendre la valeur expressive des formes indépendamment de toute représentation : je voulais qu'ils soient capables de choisir les formes en fonction de ce qu'ils souhaitaient exprimer.
- s'interroger sur la valeur expressive des noirs : là encore je voulais qu'ils puissent opérer des choix conscients.
2. Du point de vue des savoirs-faire :
- expérimenter différents outils sur papier pour obtenir différents noirs, chercher des formes, des organisations spatiales...
- expérimenter le logiciel Photoshop afin de chercher quels outils numériques pouvaient le mieux traduire leurs premières recherches.
- réaliser une animation simple en 5 images minimum.
J'ai lancé ce travail dans deux classes de 31 élèves. Sur ces 62 élèves, seuls 4 garçons ont manifesté une vraie connaissance personnelle du logiciel ; pour tous les autres, c'était une découverte totale.
Du point de vue matériel, je disposais d'une salle multimédia équipée de 22 postes et de 5 postes dans ma salle. Les élèves ont donc parfois travaillé à deux sur un même projet, mais au bout du compte chaque élève a réalisé son propre travail.