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la poétique du chantier

mis à jour le 13/10/2022


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Être spectateur de la réhabilitation d'un établissement scolaire permet-il de sensibiliser les élèves à l'achitecture ?

mots clés : architecture, espace, corps, photographie, mémoire



 

Document sans nom
« Les étapes de l’apprentissage sont programmées de façon rationnelle par l’enseignant. Il s’agit, d’une part d’impulser/conditionner des comportements de réponse chez l’élève, d’autre part d’élaborer des situations de travail incitatrices aux activités préparées. Dans ce cadre, l’expérience et l’observation sont au cœur des processus pédagogiques. L’expérience sensible y est considérée au même titre que le réel. L’élève est actif. La forme peut être réitérée autant que de besoin sur un principe d’enchainements de « conditionnements » / « renforcements ». »

Christian Vieaux, Trois grandes positions (traditions) en éducation et leurs liens/incidences avec la transmission de savoirs en matière d’éducation artistique, fiche 3, parole(s) en archipels, 29 avril 2022

 


Impulser un projet artistique à partir de la réhabilitation d'un établissement scolaire

La réhabilitation de notre établissement classé en Réseau d’Éducation Prioritaire nous offrait, plus que d’ordinaire, la possibilité de porter sur le réel un regard attentif, sensible et ouvert sur notre environnement quotidien…

L’architecture du début des années 70 allait se métamorphoser de manière continue en se parant d’une nouvelle enveloppe - aux matériaux, couleurs et rythmes - bien différente du parallélépipède rectangle en béton d’origine.

Observer, constater, enregistrer le réel pour, peut-être, réenchanter un quotidien in situ perturbé aussi bien visuellement que d’un point de vue sonore.

Le chantier, cet entre-deux qui s’inscrit dans une temporalité élastique mais éphémère, a fait l’objet d’enregistrements sonores et photographiques par l’ensemble du niveau 5ème chaque semaine.

 

La poétique du chantier fait référence à un ouvrage réalisé par Jean-Max Colard et Juliette Singer autour de l'exposition du même titre au Musée-Château d'Annecy de novembre 2009 à avril 2010.
 

NIVEAU choisi

5ème

DURÉE de la réalisation du projet

Année scolaire

 












Enregistrer le réel pour voir et entendre différemment


En d'arts plastiques, un élève par classe et par semaine sortait du cours, en autonomie, pour réaliser une « belle photo du chantier ». Ce temps d’observation et d’enregistrement était libre mais a rarement dépassé les 15 minutes. Cette organisation a été négociée en amont avec l'administration après présentation du projet.

Quelques minutes de déambulation offertes à chaque élève pour porter un autre regard sur un quotidien bouleversé par des zones de circulation, des équipements de chantier, des ouvriers en action, des matériaux exposés, …

En cours d'éducation musicale, un enregistrement sonore du chantier par petits groupes a été également organisé sur plusieurs mois. 

Le niveau 5ème a été choisi car il s'agit des élèves les plus longuement impactés par le chantier et ayant encore en mémoire l'architecture d'origine tout en ayant la possibilité de se projeter en 3ème dans la réhabilitation achevée.

La demande en arts plastiques, apparemment simple et subjective, conduisait néanmoins chaque élève à s’interroger sur cette notion de beauté associée à des débris, des constructions non achevées, des échafaudages, … C’est dans ce contraste que les notions de rythme, matière, forme, lumière,. permettaient d’accéder à une approche sensible, plastique mais aussi parfois esthétisante du chaos de la construction.

Cette proposition de projet interdisciplinaire de niveau était une invitation à habiter poétiquement ce chantier…

 

- En tentant d’enregistrer des fragments de réel en s’en approchant équipés d’outils que sont l’œil, l’oreille, la photographie, le dictaphone…

- En établissant des constats poétiques à partir des amoncellements de rebus. Prélever de la « beauté » où on ne l’attendait pas, s’attendrir sur un détail, un objet, un outil, un matériau ou encore un effet lumineux ou un son…..

- En arpentant le chantier, recouvert de poussière – en s’y promenant, déambulant, auscultant les recoins à même le mur, le badage, les échafaudages,…

- Bref, en recueillant un peu d'harmonie dans le chaos.

- Mais aussi en portant un regard sur la situation liée au chantier, ses coulisses, sa logistique et pourquoi pas sur ses « héros » : ouvriers, agents, ….

Si les élèves pouvaient réaliser plusieurs clichés en arts plastiques, ils étaient contraints d’en sélectionner un seul en arrivant en classe. Aucun recadrage n’a été apporté aux photographies.

Une deuxième sélection s’opérait alors souvent plus sensible.

L’enseignant découvre les images produites et assiste au choix final de l’élève. Ce moment privilégier permet à l’enseignant d’interroger l’élève sur les raisons de son choix. Elles sont généralement reliées au cadrage, aux contrastes, aux couleurs mais aussi aux accidents qui se révèlent intéressants plastiquement pour certains élèves. Le défaut de netteté de la photographie est souvent devenu une qualité plastique.

Ces images collectées et collectionnées sur 22 ou 23 semaines de cours sont devenues le matériau d’une production collective par classe.

L’installation a été pensée à partir d’un objet réel prélevé sur le chantier ou faisant écho au chantier (un casque pour une classe, un escabeau pour une autre,…..).
Réalité et traces du réel tendront vers une fiction, une recomposition de « ce qui a été » vu, entendu, vécu.

 


De la démarche personnelle au projet collectif

Chaque classe de 5ème s’est vu imposer un objet réel lié et observé sur le chantier (casque, perceuse, éscabeau, aglots, pistolet à silicone). L’objet imposé et la collection de photographies de la classe devaient être utilisés dans la création d’une installation collective

Un temps individuel (10 minutes) a d’abord été pensé pour permettre à chaque élève de réfléchir seul aux possibilités d’installation, présentation des photographie des élèves de la classe en écho à l’objet imposé.

Un temps d’échange de 15 minutes par îlot a permis la présentation des pistes de chaque élève. A l’issue de cet échange, les élèves devaient présenter un projet d’îlot qui a ensuite été présenté à la classe. Les échanges liés aux projets, aux dimensions, aux éventuels problèmes techniques mais aussi au point de vue du spectateur, de sa compréhension globale du projet à sa déambulation dans la salle d’exposition ont été riches.

C'est à partir de ces installations que les élèves ont, dans un second temps, composé un morceau musical à partir de leurs enregistrements. De petites enceintes ont été placées de manière discrète dans l'espace d'exposition. Le spectateur, en se rapprochant de chaque installation, percevait plus fortement la composition du paysage sonore du chantier de chaque classe.
 


 
 
   

   


La GALERIE de l’établissement a accueilli en fin d'année scolaire une rétrospective de cette année scolaire qui s’est déroulée au rythme du chantier. La mise en espace des productions de classe a fait l’objet d’une réflexion collective et interdisciplinaire. Les productions sonores et plastiques ponctuent le parcours du spectateur dans l’espace d’exposition. Il s’agissait pour nos élèves de tenter la restitution de moments fugitifs avant que notre mémoire, friable, oublie ces moments de métamorphoses.

 


De la culture en pratique


Cette exposition de travaux d'élèves trouve un écho dans l'exposition du FRAC des Pays de la Loire que nous accueillons en ce début d’année scolaire 2022/2023. Elle s'intitule "Au pied du mur" et regroupe les oeuvres de Régis Perray, Olga Boldyreff, Thomas Huber, Ad Minoliti, Jean-Michel Sanejouand, Rob Wynne et Valie Export.

Cette première exposition de l'année est l'occasion de poursuivre et d'ouvrir les questionnements enclenchés l'année passée en évoquant plus précisément l'architecture dans son articulation aux notions de corps, support, performance, ...

Une nouvelle exposition de travaux d'élèves raisonnera avec les oeuvres de ces artistes.
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Une autre ressource liée à la réhabilitation d'un établissement scolaire:


24 images par seconde





 

 
auteur(s) :

virginie michel, professeure d'arts plastiques

contributeur(s) :

adrien godin, professeur d'éducation musicale

information(s) pédagogique(s)

niveau : Cycle 4, 5ème

type pédagogique : leçon, analyse de pratique

public visé : chef d'établissement, enseignant

contexte d'usage : classe, travail autonome

référence aux programmes : La représentation; images, réalité et fiction
La matérialité de l'oeuvre; l'objet et l'oeuvre
L'oeuvre, l'espace, l'auteur, le spectateur

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