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pendant ce temps ...

mis à jour le 02/07/2018


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La gestion du savoir du spectateur : quelle mise en scène pour quel(s) effet(s) ?

mots clés : mise en scène, point de vue


Document sans nom

«  Pendant ce temps...  » est un travail sur la notion de gestion du savoir du spectateur par rapport au savoir des personnages, en partant de la simultanéité d’événements.
Il s’agira pour des élèves de première ou de terminale de découvrir cette notion d’analyse filmique, de s’intéresser au savoir et aux émotions du spectateur. Il s’agira également de conduire, par groupes de 3 ou 4 élèves, un projet complet de film, depuis l’écriture d’un court scénario, en passant par les phases de tournage et de montage jusqu'à la projection en salle de cinéma devant un public familial et scolaire.

 

 Le projet d'Eléa, Hugo, Mathilde et Jules :


 

Séances 1 et 2 : consignes et objectifs du travail de réalisation proposé

 

«  D’une durée maximale de 3 minutes, générique inclus, votre film a pour thème : "Pendant ce temps...".

Il s'agit de donner au spectateur une information qu'un ou des personnages ignorent. Vous conclurez juste avant que le personnage n'ait connaissance de cette information.

Vous serez avant tout évalués sur votre capacité à créer un enjeu suffisamment fort. Le soin apporté à la lumière comme au casting sera un élément non négligeable de la notation.  »

 

Le travail commence par l’analyse d’extraits de films pour montrer ce qu’on appelle la gestion du savoir du spectateur, liée à la question de point de vue, et comprendre quel registre se trouve ainsi servi. Les élèves ont pour consigne de visionner et prendre des notes sur les différents choix de mise en scène utilisés pour permettre les variations de savoir et également définissent le registre ainsi mis en scène.

 

Extrait 1 : To be or not to be, Ernst Lubistch, 1945.

Nombreux extraits possibles, par exemple la scène où Joseph Tura «  joue  » au colonel Ehrhardt pour tirer les vers du nez de l’espion anglais, pendant que ses camarades sont cachés dans la pièce d’à côté. Le spectateur en sait autant que les comédiens, et plus que l’espion anglais. Mais Lubitsch fait en sorte que le savoir «  se retourne  ».

Utilisation du hors-champ.
Effet comique + suspens.

Extrait 2 : Pas de Printemps pour Marnie, Alfred Hitchcock, 1964

La scène où Marnie vole dans le coffre fort, ne voit pas arriver la femme de ménage, finit par la voir, parvient à s’esquiver sans être vue mais fait tomber sa chaussure. Variations dans le savoir du spectateur, qui en sait plus que la voleuse et qui voit le danger arriver.
Notion de suspens et surprise théorisés par Hitchcock. Autre extrait possible : Fenêtre sur cour.

imageUtilisation du décor et placement de la caméra qui donne au spectateur un savoir que le personnage ne peut pas avoir. Suspens.

 

Extrait 3  : De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, Paul Newman, 1972.

Scène finale du discours de Matilda qui lui vaudra le premier prix. Au même moment sa mère, un peu folle, fait tout pour venir à cette remise des prix à laquelle elle ne voulait pas venir en première intention. Elle risque d’y faire un scandale. Le spectateur observe la petite fille faire son discours au micro et sa mère arriver, sans que la petite fille ne le sache.
de l'influence 1de l'influence 2de l'influence 3
Utilisation du montage alterné.
Enjeu pathétique.
 

Extrait 4  : La guerre est déclarée, Valérie Donzelli, 2010.

Scène où Juliette, seule à l’hôpital à Marseille, apprend que son fils a une tumeur au cerveau, pendant qu’à Paris son compagnon repeint leur appartement. On va observer comment la vie de ce dernier bascule quand Juliette lui téléphone pour l’avertir.

la guerre est déclarée 1la guerre est déclarée 2la guerre est déclarée 3

Utilisation du son, séquence quasi muette  : 4 Saisons de Vivaldi (Hiver) + cris.
Effet pathétique voire tragique.

 

Extrait 5 : fin du Silence des Agneaux de Jonathan Demme, 1990.

Le moment où l'on pense que la police entre dans la maison du serial killer et va l’arrêter alors même qu’à des kilomètres de là l’agent Clarisse Starling poursuit son enquête et va sonner chez un éventuel témoin.

Dans cet extrait, le réalisateur joue avec l’impression qu’a le spectateur de savoir, mais en fait, il ne sait pas. Utilisation du montage alterné pour duper le spectateur en lui faisant croire qu’il en sait plus que les personnages. Détournement de la grammaire habituelle du montage alterné  : on accorde d’ordinaire une continuité spatiale à deux plans d’intérieur et d’extérieur d’une maison. Cette habitude du regard sert le «  piège  » tendu à la compréhension du spectateur dans la séquence.
Suspens. Retournement de situation.

Extrait 6  : Trois souvenirs de ma jeunesse, Arnaud Desplechin, 2014.

La première rencontre entre Paul et Esther.

3souvenirsUtilisation du split screen pour traduire la simultanéité.
Sentiment d’intensité du moment. Forme de lyrisme.

 

Extrait 7 : OSS 117 Rio ne répond plus, Michel Hazanavicius, 2009.

L’agent informe quelqu’un par téléphone, qui informe quelqu’un d’autre par téléphone...à l’infini. Le spectateur ne peut plus suivre  : il y a trop d’informations.

Effet comique du split screen qui se démultiplie. Trop d’informations tue l’information.

 

Séances 3 et 4 : écriture du scénario par groupe

Les élèves sont par groupes de 3 ou 4. Les postes sont définis (cadre, son, scripte, essentiellement). L’enseignant a tout intérêt à imposer les groupes en fonction de sa connaissance des élèves et de leur complémentarité, mais également pour développer les compétences de travail en groupe
L’enseignant passe voir les groupes et pose des questions pour aider les élèves à mesurer la pertinence ou la cohérence des enjeux narratifs relativement à la gestion du savoir du spectateur et à la faisabilité du projet.

 
«  L’intérêt d’un tel projet, c’est de s’intéresser non seulement à sa propre vision, mais aussi à la vision du futur spectateur. Nous devons à l’avance planifier telle scène, pour telle émotion éprouvée par le spectateur. Jouer sur son savoir, c’est décider ou non de lui en apprendre plus que le personnage principal […] C’est un exercice difficile.  »
Martin, 1ère spécialité
 

Bien souvent il faut aider les élèves à trouver des enjeux pertinents et également signaler les difficultés dans lesquelles les élèves vont se trouver pour tourner, dès lors que les décors notamment seront très difficiles à trouver (autorisations impossibles à avoir par exemple). Même chose, interdire les scènes de nuit pour cause de tournage épuisant et encadrement compliqué.
Une autre difficulté concerne le rythme du récit. Sur trois minutes, difficile de caractériser rapidement les personnages, la situation et créer les enjeux du récit. Il faut bien souvent les aider à être efficaces pour respecter la durée impartie.

 
«  Ce projet nous a demandé de réfléchir beaucoup  : dans notre scénario, il fallait trouver des astuces pour qu’une action se passe, sans que certains personnages ne le voient. Tout cela, sans tourner dans des situations improbables ou illogiques.  »
Mathilde, 1ère spécialité.

«  Cette consigne nous permet de penser autrement un film. Je trouve que ça fait écrire quelque chose de plus concret et qui se rapproche plus du cinéma. On travaille réellement sur les effets que l’on veut donner et on prend encore plus en considération le spectateur.  »
Jules.
 

Séance 5 : découpage et préparation de tournage

Sur le temps de cours et hors temps de cours : préparation du tournage : découpage, recherche des lieux, des acteurs, établissement de la liste de matériel.

Dates : proposer au choix des dates et des créneaux horaires en fonction de l’emploi du temps des encadrants. Charge aux élèves de trouver des acteurs et des lieux disponibles sur ces créneaux.

Découpage
: 15 emplacements de caméra maximum pour une durée de 5h de torunage, prise et retour du matériel compris. Les élèves tourneront avec un appareil de type Reflex numérique et prendront le son avec un appareil de type «  zoom  ».
L’enseignant doit vérifier pour chaque groupe que le découpage de chaque scène en différents plans, avec plan au sol si possible, est conforme à la limite imposée des 15 emplacements de caméra.

 
«  Lors du tournage, la difficulté a été de bien prendre en compte les scènes qui avaient lieu simultanément dans la diégèse du film […] Le montage va être décisif pour l’aspect comique et la simultanéité des événements.  »
Jules.
 

Tournage, sur temps de cours, mais rarement.


Séances 6, 7 : montage


Les élèves rapportent le matériel et chaque groupe dispose d’une carte SD pour l’image et d’une carte SD pour le son.
Ils apprennent notamment à créer des split-screen lorsqu’ils ont fait ce choix de mise en scène.
 

Evaluation : projection devant la classe et au cinéma, note par le professeur.


Dans les travaux des élèves, la difficulté majeure est de trouver un enjeu suffisamment fort ou intéressant au moment où le spectateur en sait plus que le personnage. Par exemple, ce n’est pas la même chose de s’inquiéter pour un poulet qui va brûler au four parce que le personnage est en train de l’oublier, que de s’inquiéter pour un voleur qui va découvrir que la maison qu’il pense inhabitée ne l’est pas vraiment.

Devant la classe, visionnage de chaque film.
Chaque équipe répond aux questions et justifie ses choix, expose ses difficultés.

Au cinéma,
Chaque équipe répond aux questions de la salle, qui ne sont pas de même nature que celles de leurs camarades posées en classe.

 
auteur(s) :

anne loiseau, emmanuel derouet

information(s) pédagogique(s)

niveau : 1ère, Terminale

type pédagogique : leçon

public visé : élève, enseignant

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : - associer dans sa démarche d'écriture et de réalisation les composantes techniques et artistiques indispensables à la cohérence et au sens du projet
- justifier les contenus, la démarche d'écriture et de réalisation, en référence à des repères artistiques et esthétiques, et en fonction de choix personnels

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