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Le CDI : un espace protéiforme où plusieurs pratiques cohabitent dans le même lieu

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Implanté dans les établissements scolaires depuis la fin des années 70, le CDI est un espace scolaire singulier se démarquant des autres espaces.

C'est un lieu où tous les niveaux cohabitent et dans lequel sont réunies toutes les disciplines. Il est organisé et structuré à l'intention des élèves, de l'équipe éducative et tient compte des spécificités de l'établissement scolaire (collège, lycée, LP). Son aménagement vise à satisfaire les besoins des élèves en information, leurs envies d'apprendre, sans perdre de vue leur désir, leur plaisir de lire. C'est aussi un lieu où les professeurs documentalistes forment les élèves.
    En entrant dans le CDI, on doit pouvoir appréhender ce qui s'y déroule quotidiennement, l'organisation de l'espace qui n'est pas neutre en dit beaucoup sur les usages du lieu.

Contrairement aux bibliothèques / médiathèques, les CDI en établissement scolaire ne disposent que d'un seul et même lieu visant à satisfaire plusieurs objectifs :




Ce lieu disposant lui-même de différents espaces spécifiques « classiques »:

Historiquement : Des espaces de travail de groupe dans l'espace principal, un espace de lecture / presse / BD...,  Le bureau d'accueil, une réserve.

D'autres espaces ont vu le jour depuis 97-2000 : un espace informatique, un espace orientation, et des salles de travail en autonomie attenantes, parfois une salle de cours.

Malgré les changements technologiques, la transformation des supports d'information, l'utilisation croissante d'objets nomades (tablettes, smart phones...) « l'espace CDI est toujours occupé par les élèves pour travailler en groupe ou en autonomie ou pour une lecture plaisir. (...) L'élève manifeste sa joie quand un professeur est absent, par contre il n'aime guère trouver « porte close » au CDI. C'est tout le paradoxe de la société numérique, il suffit d'une connexion à internet pour accéder au contenu et cela devrait diminuer la fréquentation des CDI, ce qui n'est pas le cas. »[1]

 

Dans un contexte où on pense les CDI de demain, où un éventuel changement de dénomination plane (CCC)[2] au dessus des CDI, nous saisissons l'occasion pour faire un tour des créations[3] ou rénovations[4] d'établissements ces trois dernières années sur le département 44.

 

En entrant dans les différents CDI, on remarque systématiquement deux espaces distincts : l'espace principal et des espaces attenants :

 

L'ESPACE PRINCIPAL
 
Collège Agnès Varda Ligné
collège Agnès Varda Ligné

Lycée du Sud Loire Clisson

Lycée du Sud Loire Clisson

             -  L'art est toujours d'arriver à y positionner le bureau d'accueil de façon à préserver des espaces de travail de groupe agréables tout en pouvant être visible de tous ; être un repère si un usager a besoin de quelque chose tout en pouvant aussi accomplir des tâches de gestion. On note qu'en lycée la surveillance est plus souple qu'en collège et cela s'en ressent parfois sur les aménagements proposés par les documentalistes. Pour avoir un œil sur « les angles morts »[5] certains collègues en collège ont opté pour un miroir de surveillance.

            -  A l'heure de l'EMI[6] les professeurs documentalistes sont pleinement concernés et impliqués dans les apprentissages liés au numérique. 

Dans le lieu CDI on trouve désormais toujours un espace de tables de travail permettant de donner des consignes à une classe. Les tableaux s'ils sont fixes ou mobiles sont systématiquement prévus.

            -  Les ordinateurs sont rarement regroupés mais éclatés dans l'espace et cohabitent avec les documents papiers, choix de mêler les deux pour ne pas perdre le contact avec les livres et ne pas privilégier un support plus qu'un autre le support numérique ne remplace pas le support papier. « Parce que les documentaires de nos rayonnages de CDI ne doivent pas être des fantômes, parce que la presse est en perte de vitesse auprès des élèves (...), parce que les sites web sont largement utilisés par les adolescents et surtout parce qu'ils ne sont pas seule source d'information. »[7]

 

            - L'espace lecture traditionnellement à coté des bacs BD et du présentoir à périodiques ne change pas ! On remarque cependant qu'en collège les élèves lecteurs lisent souvent où ils veulent, assis par terre entre les rayonnages ou dans un recoin « laisser les élèves évoluer dans le lieu librement c'est leur permettre de s'approprier ce lieu, ils sont un peu propriétaire du CDI[8] ».

 Collège Marcelle Baron Héric
collège Marcelle Baron Héric



LES ESPACE ATTENANTS

 

 Ils se composent :

-        de petites salles de travail en autonomie pour les élèves dans lesquelles ils apprécient beaucoup d'y travailler équipées en lycée d'ordinateurs connectés.

-        d'une salle de travail réservée aux enseignants avec la documentation pédagogique.

-        de salles de cours pouvant accueillir une ? classe équipées d'un tableau et d'un vidéo projecteur.

-        d'un espace réservé à l'orientation (kiosque ONISEP).

 Lycée du Pays de Retz Pornic

Lycée du Pays de Retz Pornic
 

Entre les espaces, les cloisons sont souvent vitrées, elles agrandissent le lieu quand les portes sont ouvertes et le redessine quand elles sont fermées. On peut voir ce qui s'y passe sans peine et sans contraintes sonores tout en veillant au bon fonctionnement des autres espaces. L'intérieur est aussi plus lumineux.


[1]     cafepedagogique [en ligne], 7 juin 2012 [consulté le 18/08/2014]. Disponible sur :  http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2012/06/07062012Article634746478658232483.aspx

[2]     media.eduscol.education [en ligne], [consulté le 18/08/2014]. Disponible sur :   http://media.eduscol.education.fr/file/actus_2012/77/1/2012_vademecum_culture_int_web_214771.pdf

[3]              Collège Marcelle Baron, Héric ; Collège Agnès Varda, Ligné ; Lycée du Sud Loire, Clisson

[4]              Lycée du Pays de Retz, Pornic

[5]     Marie Trébouet, Collège Agnès Varda, Ligné

[6]     Education aux Médias et à Information

[7]     Odyssedln [en ligne], février 2013 [consulté le 18/08/2014]. Disponible sur :  http://odysseedln.overblog.com/le-document-de-collecte-multi-supports 

[8]     Marie Trébouet, Collège Agnès Varda, Ligné




le choix du mobilier

  • les tables

L'alternance de tables rondes et rectangulaires est celui qui à l'usage est le plus apprécié. Rondes et conviviales dans les espaces où l'on circule, plus pratiques aussi pour les PMR[1] et rectangulaires près des murs. Les tables rectangulaires classiques, apportent plus de souplesse car elles peuvent être assemblées en fonction des activités menées.

[1]     Personnes à Mobilités Réduites

Lycée du Sud-Loire Clisson
Lycée du Sud-Loire Clisson

  • les chaises :

Certains ont fait le choix de chaises en résine avec une assise plus résistante aux rayures et aux impacts que le bois.


  • les chauffeuses :

On préfèrera des chauffeuses en bois ou en résine plus pérennes que celles en tissus.


  • les rayonnages :

 

« Hauteur maximum des meubles : l,6O m à l,8O m.

Largeur des couloirs de circulation entre les étagères : l,50 m au minimum.

Montants des meubles et serre-livres maintenant correctement les ouvrages.

Étagères réglables, solides. »[1]

La tendance est à du moins haut pour cause d'accessibilité pour tous.

[1]     Cndp [en ligne], 2003. [consulté le 18/08/2014]. Disponible sur : http://www.cndp.fr/savoirscdi/centre-de-ressources/espace-cdi/construction-restructuration/amenagement-dun-nouveau-cdi.html

  • les affichages :

Certains ont fait le choix d'un affichage informatif fixe d'autres mobile. La mobilité créé la nouveauté et l'intérêt. On peut alors positionner le panneau à différents endroits en fonction des personnes que l'on souhaite informer.

Tous évitent la surabondance qui perturbe la lisibilité.

La signalétique est claire, elle valorise le fonds et vise l'autonomie des élèves. En collège,  mots clés et pictogrammes sont souvent associés.  Elle peut faire l'objet d'un projet mené avec les élèves[1].


collège Marcelle Baron Héric

Les professeurs documentalistes interrogés constatent que si l'on a tendance à dessiner et différencier les espaces, quand le cdi s'anime ces mêmes espaces se diluent et s'interpénètrent.

En collège comme en lycée on constate en effet que les multiples activités menées avec les élèves justifient de modifier régulièrement les espaces de travail. L'espace CDI n'est donc plus un espace de travail figé mais flexible, modulable selon les projets en cours et selon le type de communication envisagé (cours magistral, travail de groupe...). Les abonnements de plus en plus numériques en lycée reconfigurent légèrement le coin presse. Pour aller plus loin, on pourrait imaginer que  l'utilisation de supports numériques (tablettes), qui ne sont pour le moment qu'expérimentées en établissement, en changeant notre mode d'accès et notre utilisation du web vont reconfigurer les espaces des CDI.

[1]     Isabelle Pluyart, collège Marcelle Baron, Héric

 

Quelles que soient les options choisies, les aménagements sont intelligents et justifiés et visent toujours l'autonomie et l'autodidaxie des élèves leur offrant la possibilité de construire eux-mêmes leurs savoirs.


 



Cas particulier : quand un établissement déménage dans des nouveaux locaux,

 

Rencontre avec Marie-Claire Giraud, professeur documentaliste au lycée du pays de Retz de Pornic - après une année de fonctionnement dans cette nouvelle configuration...

 
Lycée du Pays de Retz Pornic

Avez-vous été consultée, associée à la mise en place du projet ? Votre point de vue a-t-il été pris en compte ?

Oui, j'ai été consultée, comme l'ensemble des corps de personnels de l'établissement, lors de la mise en place du projet car 3 ans avant le début des travaux la Région a mis en place un Groupe de Suivi des Utilisateurs. Je m'étais proposée pour représenter les enseignants et bien sûr le CDI. Mon point de vue, mais pas seulement le mien, n'a pas toujours été entendu. Je regrette le manque de curiosité sur le fonctionnement réel des lieux spécifiques des interlocuteurs que j'ai rencontrés, comme si toute notre expérience accumulée et le regard de professionnels que nous sommes, ne servaient à rien. C'est dommage.

 

Pour la mise en œuvre du projet, avez-vous créé votre propre document de réflexion ?

Oui mais ce n'était pas un document rédigé, j'ai imaginé un plan de CDI en partie basé sur les besoins que j'avais identifiés durant mes années de pratique professionnelle. J'ai soumis ce document au cabinet de conseil chargé de l'étude préliminaire à la rédaction du cahier des charges soumis aux architectes.

J'ai aussi mené une longue réflexion sur le métrage linéaire dont j'allais avoir besoin.  Contrairement à une création d'établissement, lors d'un transfert le fonds est existant ; il faut l'évaluer en plus d'anticiper l'extension des collections.

Le plus dur est de travailler « dans le vide », sans avoir de réelles données que l'on découvre un peu au dernier moment, avec toutes les surprises qui apparaissent lors de l'emménagement. On ne sait pas trop où on va, comment on y va et il faut une capacité d'adaptation très importante.

 

Quel rôle ont joué votre chef d'établissement et votre gestionnaire ?

Un rôle basé sur la confiance et le conseil pour le choix du mobilier notamment. La gestionnaire est pour moi une vraie partenaire, nous sommes souvent seul(e)s à bord dans nos CDI et son point de vue est pour moi très précieux. Le chef d'établissement, lui, a changé au cours du projet. C'est la gestionnaire qui a suivi de bout en bout le projet de reconstruction du lycée et qui était, par la même occasion, notre interlocutrice privilégiée.

 

Et les élèves, les avez-vous consultés pour améliorer ou modifier les choix pour lesquels vous aviez opté ?

Oui, en les regardant évoluer dans le CDI et en échangeant avec eux. J'ai fait notamment quelques modifications en cours d'année car nous avons parfois des élèves en fauteuil roulant. C'était donc important pour eux qu'ils puissent circuler, recevoir les informations qui sont diffusées et accéder aux documents au même titre que les autres élèves. Malheureusement le sol choisi par les architectes pour le CDI (un sol type moquette) empêche ces élèves de circuler facilement, de façon autonome.

Par ailleurs, je pars du principe que les meubles sont faits pour bouger, rien n'est figé... En fin d'année j'ai réaménagé plusieurs espaces, entre autres le coin orientation car j'avais remarqué lors d'activités avec une classe entière qu'une étagère gênait lorsque nous avions des consignes de travail à donner.

 

Ce nouvel espace attire-t-il plus d'élèves qu'avant ?

En fait, les statistiques de fréquentation ont été divisées par deux. Plusieurs explications à cela.

Nous avons eu un problème de chauffage tout au long de l'hiver, ce qui a largement rebuté nombre d'élèves, et de collègues aussi.

Ensuite, dans notre ancien établissement, le CDI était un peu une salle de permanence « bis ». On y venait volontiers car peu de lieux étaient accueillants et la salle de permanence était très éloignée de la vie scolaire, la Salle informatique Autonome également.

Aujourd'hui, dans ce nouveau lycée les élèves ont beaucoup d'espaces de travail mis à leur disposition et ils se sont appropriés très vite tous ces lieux. Ils disposent d'une Maison des Lycéens, d'une salle de permanence, de deux salles d'études libres pour le travail en groupe, d'une salle informatique en libre accès, ainsi que d'espaces aménagés de plans de travail et de prises électriques dans les couloirs en face des salles de cours.

Ainsi le CDI a, en quelque sorte, retrouvé sa vraie fonction. Les élèves y viennent désormais avec un projet motivé, pour avoir accès aux ressources du CDI ou emprunter un ouvrage. D'ailleurs les statistiques d'emprunt le montrent, elles sont en légère augmentation. Moins de fréquentation, mais autant, sinon plus, d'emprunts.

 

Justement que pourriez-vous dire sur le choix du mobilier ? Met-il en valeur les ouvrages ?

Il est évident qu'il permet plus de possibilités pour mettre en valeur le fonds. Je l'ai choisi avec l'aide de la gestionnaire. J'ai du adapter le choix en fonction du mobilier que je conservais (notamment les fauteuils de l'espace lecture qui étaient assez récents), des propositions faites par l'entreprise retenue, des couleurs des peintures et du sol choisies par les architectes. Le tout forme, à mon sens, un ensemble plutôt cohérent.

 

Votre signalétique est très claire et mise en valeur, trouvez-vous les élèves plus autonomes ?

J'ai fait un gros travail avant l'ouverture du lycée au niveau de cette signalétique pour avoir là aussi un ensemble cohérent, une harmonie, afin justement de faciliter le repérage des ouvrages. Les élèves, semble-t-il, s'y repèrent plutôt mieux. Ils sont moins demandeurs d'aide, donc j'en déduis qu'ils ont gagné en autonomie.

 

Les archives sont derrière votre bureau et pas dans une réserve, pourquoi avoir fait le choix de les placer directement dans le CDI ?

J'ai fait ce choix car elles sont très consultées et je manipule quasiment à chaque heure les revues qui y sont archivées. Je ne me voyais pas les isoler à l'autre bout du CDI comme l'avaient envisagé pour moi les architectes. Cela n'allait pas dans le sens de la vision de l'accueil des élèves que j'ai. En les mettant derrière mon bureau, je perds moins de temps, je me rends plus disponible et je garde un œil, une présence dans l'espace principal du CDI. Après une année de recul je ne regrette pas ce choix, bien au contraire.

 

Comment évaluez-vous l'intérêt des petites salles de travail du CDI ? Sont-elles utiles ?

Dans l'ancien lycée nous avions une seule grande salle qui, lorsqu'elle n'était pas réservée pour des travaux avec les profs et leurs groupes, faisait partie intégrante du CDI. Ce n'était pas facile de la gérer, lorsque les élèves étaient seuls dans cette salle : aucune visibilité directe dessus. Seul le niveau sonore nous permettait de nous alerter !

Ici, nous avons 4 petites salles, pouvant accueillir jusqu'à 65 élèves (en plus des 75 places de la salle principale). Étant seule la plupart du temps, j'ai décidé de n'ouvrir ces salles que lorsqu'il y a un prof avec ses élèves. Les élèves venant seuls ou en petits groupes n'ont pas accès à ces salles, ils restent dans la salle principale.

J'avais souhaité une communication directe entre les deux petites salles contiguës pour pouvoir accueillir un prof avec sa classe entière de 35 élèves, mais la configuration, l'absence de porte communicante entre les deux salles, fait qu'il y a beaucoup de bruit et l'ensemble du CDI en "profite".

Les salles n'ont pas été utilisées à leur pleine capacité (les profs ayant à leur disposition bon nombre de salles équipées d'ordinateurs), mais c'est très pratique d'accueillir, parfois au pied levé, plusieurs groupes en même temps.

Elles ont aussi été utilisées pour faire passer, en fin d'année, les oraux des épreuves de langues pour le Bac.

Et la salle dite "audiovisuelle" n'est pas encore totalement opérationnelle ; une sortie facilement ouvrable donnant directement sur le couloir."

 

Pensez-vous que dans le contexte actuel de recherche d'information la différenciation des espaces en fonction de « ce que fait l'élève » a encore un sens ?

Je suis d'accord sur le fait que différencier les espaces a moins de sens aujourd'hui. Par contre, dans la configuration de CDI qui m'a été proposée, les architectes avaient pensé « la différenciation », par exemple l'espace informatique est bien délimité. Si j'avais souhaité répartir les ordinateurs au cœur des rayonnages cela aurait été techniquement impossible, les prises ne le permettant pas. Le peu de marge de manœuvre que j'ai eu en amont du projet me contraint donc aujourd'hui à m'adapter à l'espace, et les espaces spécifiques sont effectivement dans ce CDI bien différenciés : à nous, professionnels, de créer du lien dans ces espaces !

 

Julie FAVIER, professeur documentaliste, collège rené-Guy Cadou Ancenis (Loire-Atlantique)

 

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