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Mettre en place une bibliothèque de l'apprenant dans un CDI

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La Bibliothèque de l'apprenant, dispositif de bibliothéconomie conçu par Nathalie Lelong et Alain Durant à l’institut français de Madrid en 2005, favorise l'accès aux documents culturels en langue française des publics non francophones. Il a donc toute sa place dans les CDI de France au service des élèves allophones. Petit tour d'horizon de ce dispositif et conseils pour sa mise en place dans les CDI.


Les besoins des élèves allophones nouvellement arrivés en France
Le Ministère de l’Éducation nationale promeut pour les élèves à besoins éducatifs particuliers une éducation inclusive : "Pour les élèves allophones nouvellement arrivés et les enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs, l'objectif est de permettre une scolarisation en milieu ordinaire en prenant en compte les besoins spécifiques de ces élèves, par la mise en place de dispositifs d’'accompagnement favorisant l’'apprentissage du français, langue de scolarisation, et la continuité pédagogique." (Ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports, 2021)
Dans ce cadre, la mise en place du dispositif de la Bibliothèque de l'apprenant au sein des CDI a toute sa place pour accompagner l’apprentissage du français de ces élèves. En effet, comme le rappelle le Ministère, « tous les acteurs de l'éducation nationale sont mobilisés pour accueillir chaque enfant, quels que soient son origine, sa situation et son mode de vie, au sein de l'École de la République . » (Ministère de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports, 2021).
Les professeurs documentalistes ont donc leur rôle à jouer dans l'intégration de ces élèves.


La Bibliothèque de l’apprenant au service de la promotion de la lecture et de l’apprentissage du français
Développer le goût de la lecture est l’un des objectifs de travail prioritaires des professeurs documentalistes. Tous les enseignants sont concernés par la maîtrise de la lecture mais c’'est une des missions fondatrices du métier de professeur documentaliste que de permettre à l’'élève de s'approprier le livre. Le dispositif de la Bibliothèque de l’apprenant peut être un levier important pour amener les élèves allophones nouvellement arrivés, présents dans la majorité des établissements scolaires, à se familiariser avec la lecture en langue française, qui est leur langue seconde en France.


Un dispositif de bibliothéconomie
La bibliothèque de l'apprenant est un dispositif initialement conçu et réalisé par Nathalie Lelong, bibliothécaire d’Etat et Alain Durant, coordinateur pédagogique, à l’Institut Français de Madrid en 2005. Ce fonds spécialisé, présent désormais dans 91,3% des médiathèques des Alliances et Instituts Français à l’étranger est une sélection de documents basée sur deux types de ressources : des ressources pédagogiques et des ressources culturelles telles que des livres de fiction ou documentaires, des films, des chansons… Ces documents sont présentés aux usagers par niveau d’apprentissage du français, en s’appuyant sur le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR). Ce dispositif revendique la nécessité d’'une dimension culturelle en renfort d’'une démarche purement pédagogique d’apprentissage du français.


Faire apprendre le français par immersion
Cela implique que l’apprenant puisse trouver des documents adaptés à son niveau. Pour ce faire, l'apprenant a le choix entre différentes ressources culturelles :
  • Lire des « lectures simplifiées »
Il peut tout d'abord consulter des ouvrages d’'éditions spécifiques, qui allient un texte littéraire et des mots de vocabulaires ou des règles de grammaire expliquées à chaque page. Les collections « Lectures CLE en français facile » chez Clé International ou «Lire en français facile » chez Hachette Français Langue Étrangère par exemple proposent ce type de ressources.
  • Piocher parmi les collections courantes
Outre ces « lectures simplifiées », il existe dans les CDI un certain nombre de documents illustrés, alliant le texte et l’image, qui peuvent être des sources certaines d’apprentissage : par exemple, les bandes dessinées ou les livres documentaires.


Objectifs et limites de cette bibliothèque
D’une part, les ressources culturelles sont au cœur de la problématique de la bibliothèque de l'apprenant, qui revendique la nécessité d'une dimension culturelle pour renforcer une approche purement pédagogique. Ces documents ont pour but d’accompagner et de soutenir la progression des apprenants. Ils sont aussi un vecteur important de motivation. Enfin, ils mettent en contact l’apprenant avec certains aspects de la culture française ou francophone. Sortant d’une vision purement pragmatique de la langue, ils permettent d'accéder à une sensibilité différente, culturelle, qui échappe généralement aux outils pédagogiques. Il y a aussi à travers cet accès à la culture, une notion de partage.
D'autre part, la difficulté essentielle pour la sélection de ces documents réside dans l'appréciation du niveau d'apprentissage qui peut leur être attribué. Les deux auteurs partent alors du postulat que : « tous les documents détiennent un niveau de difficulté évaluable, et qu’il est possible de les analyser au filtre d’un ensemble de critères qu’il convient de déterminer. »
Plus généralement, cette bibliothèque ne suffit pas en elle-même pour un apprentissage du français : ce n’est ni une bibliothèque pédagogique, ni un outil d’auto-apprentissage. Elle n'est utile qu’aux côtés d’'une structure enseignant le français langue de scolarisation.
De plus, en ce qui concerne la sélection des ressources culturelles, elle ne doit en aucun cas apparaître comme un vade-mecum culturel, de type ce qu’il faut avoir lu, vu ou écouté, ce qu’il faut savoir de la culture française ; les sélections de documents doivent rester vivantes. Enfin, il s'agit d'une bibliothèque "tournante" : les documents ne font pas nécessairement l’objet d'acquisitions spécifiques, mais sont extraits du fonds. De la même manière, ils sont amenés à repartir dans le fonds général et à être remplacés par des nouveaux. Cette rotation doit affiner la pertinence des sélections, permettant progressivement aux documentalistes de s'approprier la grille de critères, tout en garantissant le renouvellement de l’offre documentaire.


Critères de classement des documents pour la Bibliothèque de l’Apprenant : des critères qui vont du pédagogique au culturel
Comme nous l’avons vu plus haut, le postulat de Nathalie Lelong et Alain Durant s’appuie sur l’idée que tout document possède un niveau de difficulté possible à évaluer à l’aide d’'un ensemble de critères. Pour élaborer ces derniers, ils se sont appuyés sur la didactique des langues et sur les caractéristiques éditoriales et les pratiques culturelles.


Un outil incontournable à l’élaboration de ces critères : le Cadre européen commun de référence pour les langues
Au niveau de la progression, le Cadre dégage six niveaux qu'’il désigne de la façon suivante : A1, A2, B1, B2, C1, C2.
En simplifiant, le A1 correspond à un niveau de découverte de la langue et à l’autre bout le C2 correspond à une maîtrise absolument aisée de la langue.


Éléments culturels pouvant influencer la notion de niveau
Si nous venons de voir que la Bibliothèque de l’apprenant s’appuie sur la progression du Cadre, elle est également basée sur une approche culturelle. C’est l’une des grandes originalités de ce dispositif. Elle permet en particulier de proposer des documents à des niveaux se plaçant au dessous du B2, grâce à la prise en compte d’éléments échappant strictement aux descripteurs du Cadre, mais ayant une valeur indéniable dans ce qui constitue l'approche d’'un document non-pédagogique de la part de tout utilisateur d’un CDI.

Cette approche culturelle s'appuie sur deux principes :
- Il existe des éléments culturels facilitant la réception : dans la réception d’un document en langue étrangère, certains éléments culturels peuvent faciliter la compréhension (les contes et légendes, les classiques français connus à l’étranger…).
- Il y a des éléments culturels motivants : un apprenant peut être motivé dans l’approche d'un document (classique littéraire, succès récent, actualité littéraire ou sociale…).
Pour les créateurs de la Bibliothèque de l'apprenant, ces éléments, qui échappent totalement aux descripteurs du Cadre, sont importants au moment de classer les ouvrages qui rentreront dans celle-ci. Par le fait qu'ils facilitent la réception ou motivent l’apprenant, ils sont pris en compte parmi les critères de classification. Ils ne sont peut-être pas déterminants, mais ont leur poids dans l’attribution finale d'un document à un niveau ou à un autre.


Éléments éditoriaux pouvant influencer le classement d'un document
En plus des critères d’ordre culturel, d’autres critères sont pris en compte : ceux qui relèvent de la présentation éditoriale d'un document non pédagogique.
Tout d'abord concernant les ouvrages imprimés, pour un lecteur novice, dans une langue étrangère, la présentation d'un livre n'est pas indifférente. La longueur générale de l’ouvrage, la longueur des chapitres et même la longueur du texte par page sont des éléments motivants ou décourageants. L'impression générale d'avancer dans le texte est un élément déterminant pour encourager la lecture. De même, un certain confort visuel joue un rôle indéniable au moment d’'aborder une lecture a priori problématique puisque dans une langue peu ou mal connue. Par conséquent, au moment du classement, il est nécessaire d'intégrer à son évaluation des documents écrits des critères relevant de la présentation typographique et de la longueur du document à traiter.
Un autre critère, au moment de juger de la difficulté d'un document écrit, est la présence ou non d’illustrations. En effet, plus les textes sont accompagnés d'images redondantes (c’est-à-dire des images qui ne sont pas qu’un agrément, mais qui illustrent de façon assez précise les actions du texte), plus ils sont faciles à aborder pour le lecteur.
Dans le cas de documents sonores, en plus des critères relevant de la langue et des pratiques culturelles comme pour les documents imprimés, il faut être particulièrement attentif à la qualité technique des enregistrements. De plus, des éléments de diction sont évalués (prononciation, rythme…). Enfin, il est déterminant pour sa classification que le document soit accompagné ou non d’'un livret transcrivant les paroles.
Enfin, en ce qui concerne les documents audiovisuels (DVD et vidéos), la qualité du son est à nouveau un critère de sélection essentiel. De même, l’'existence ou non de sous-titres est important.


Constitution et usages des grilles de critères
Les grilles de critères qu'ils ont constituées ne concernent pas les ouvrages pédagogiques, seulement les ressources culturelles.
Ils ont établi deux grilles, selon les supports concernés :
- les documents imprimés (textes lus compris)
- les documents audiovisuels (vidéos et DVD)
Chacune des grilles fonctionne sur un principe d’attribution de points, dont le total détermine le niveau auquel sera placé le document traité.
Nous sommes souvent surpris par les ouvrages qui peuvent intégrer cette bibliothèque. C’est pourquoi il ne faut pas se laisser guider par notre seule intuition et ne pas porter de jugement hâtif sur les documents. En effet, on constate que les critères peuvent se compenser, par exemple un ouvrage sans illustration peut être écrit avec des phrases courtes et syntaxiquement simples.


Création d’un fonds spécialisé propre à la Bibliothèque de l’apprenant
Deux options sont possibles concernant la mise en place concrète de ce fonds. Soit un rayon spécifique pour la Bibliothèque de l’apprenant avec une signalétique particulière est créé. Chaque niveau du CECR est réparti sur une étagère différente et a une couleur attribuée. Ce rayon comprend donc quatre étagères : A1,A2, B1 et B2.
Il peut être pertinent de regrouper les trois ressources : culturelles, « lectures simplifiées » et pédagogiques, en une seule et même Bibliothèque de l’'apprenant. Ainsi les usagers trouvent au même endroit toutes les ressources nécessaires à leur apprentissage du français. Soit les livres sont uniquement signalés par une cote et classés dans le fonds général. Tout dépend du nombre de documents présents dans ce fonds.


Le système de cotation
Chaque document sélectionné a une double cote : premièrement la cote correspondant à sa classification dans le fonds général de la médiathèque et deuxièmement la cote précisant son niveau de CECR.


Bibliographie
- Note d’'information n°22.27. Brun, L. (2022, septembre). Ministère de l’'éducation nationale, de la jeunesse et des
sports.
- Les politiques d’action culturelle dans le réseau des médiathèques françaises à l’'étranger [mémoire d’'étude,
Université de Lyon]. Laforet, A. (2017, janvier). ENSSIB
- La bibliothèque de l’'apprenant : un outil d’'accompagnement à l’'apprentissage d'une langue étrangère. Lelong, N. et Durand, A. (s. d.)
- La scolarisation des élèves allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de
voyageurs. Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. (2021, février)


Autrice : Maud Fernique, professeure documentaliste au collège Arthur Rimbaud (Donges)
 

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dossier complet avec les grilles de critères

documentation - Rectorat de l'Académie de Nantes