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Atelier Artistique danse : un bilan d'après spectacle

mis à jour le 16/06/2009


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Le  5 mai 2009 les élèves de la classe de 2nde D du lycée Pierre Mendès-France de la Roche-sur-Yon ont pu voir la première de la pièce chorégraphique "Dans ces z'eaux là..." un moment très attendu pour tous ceux qui avaient suivi ce projet depuis la rentrée de septembre.
Cette pièce chorégraphique a donné lieu à un compte-rendu de spectacle que les élèves de danse ont fait.

mots clés : écriture, danse, corps, spectacle, bilan


Le vocabulaire gestuel, les états de corps


Comment les corps sont-ils engagés dans le mouvement ?
Comment parler des états de corps traversés par les interprètes ?

Le vocabulaire gestuel est issu du quotidien, des gestes simples tels que boutonner sa chemise, secouer du linge, laver, marcher... sont présents. On a l'impression que ces gestes ont toujours été là, qu'ils sont en nous comme une matière transmise de génération en génération. Ils sont répétés, inlassablement, usés, détournés jusqu'à leur complète transformation, parfois jusqu'à l'épuisement. Le geste devient alors  abstrait et  trouve  son essence véritable.
Ils se répètent encore et encore, comme nos vies, comme l'histoire de Gervaise.
Les corps sont très engagés physiquement même si le mouvement est parfois minimaliste, l'intensité qui se dégage de ces corps est tellement forte que le petit geste devient grand et puissant.
Les états de corps traversés par les danseurs nous concernent tous : douceur, violence, force, faiblesse, abandon, douleur, fatigue, angoisse... tout y est comme dans la vie sauf que là, c'est sur le plateau et le public est interpellé dans sa chair de spectateur sans pouvoir échapper à ce qu'il voit comme un témoin impuissant.

 

Composition et écriture chorégraphique


Comment se construit l'espace dans la pièce ?  
Quelles relations entre les danseurs ?
Avez-vous identifié des procédés de composition ? lesquels ?

L'espace scénique est souvent matérialisé par la lumière qui éclaire des zones où les interprètes viennent danser  un moment de vie. Parfois plusieurs espaces se jouent en même temps dans des séquences qui se chevauchent ou se tuilent.
Les trois interprètes exposent en direct les difficiles relations, à un, à deux ou bien à trois. Deux femmes, un homme, entre désir, indifférence et rejet, tout se joue dans la triangulation de ces relations. On retrouve bien ici le roman et la place de Gervaise entre les deux hommes qui partagent sa vie.    
Contacts et portés, sont présents dans la danse. La scène de l'imperméable où le corps est porté via l'objet est très marquante et évoque la souffrance du corps maltraité.
La répétition est un procédé de composition récurrent,  le collage mais aussi le tuilage de séquences.
Des jeux d'écriture dont nous n'avons pas les clés sont aussi utilisés pour composer le mouvement et la danse.

Eléments scénographiques à commenter : costumes, décors, lumières


Pensez-vous qu'ils aient été choisis pour souligner et renforcer le propos ?

L'Assommoir est un roman naturaliste, il évoque la vie quotidienne de Gervaise, une blanchisseuse, et offre une certaine forme de simplicité. Dans la pièce de Bernadette Gaillard on retrouve cette simplicité dans les décors et les costumes. Des praticables comme des escaliers pour les marches sont le seul décor important. Les costumes sont pris dans la vie de  tous les jours : chemises blanches pour l'homme, robes ou chemises légères pour les femmes. Cela nous renvoie davantage à nous mêmes et nous pouvons aisément nous identifier à ces « personnages » sur le plateau.
Les lumières créent une atmosphère soit parce qu'elles éclairent peu les corps comme pour cacher ce qui s'y passe, soit elles amènent le spectateur dans un moment d'irréalité à travers un jeu de transparence, de voiles,  je pense au duo des filles à la fin de la pièce qui est comme un moment suspendu, très léger, aérien. Parfois, elles donnent à voir avec réalisme la violence de la vie, le  duo de Muriel et David avec l'imperméable par exemple.
 

Le monde sonore


Quelles relations entre la danse et la musique ?
Comment avez-vous ressenti cet univers musical en relation avec la danse ? Faites part de vos impressions.

La musique de Chostakovitch est travaillée et répétée comme le mouvement. Cela amène un climat parfois oppressant et obsessionnel comme le solo de Muriel à partir des marches sur l'ostinato.
La bande-son fait entendre également des bruits de machines à laver, de l'eau qui coule, des voix off, des textes lus, qui nous mettent en lien avec le roman et qui nous ramènent à notre quotidien.
Le monde sonore renforce l'intensité des corps et  agit aussi sur la présence du spectateur l'amenant à ne pas s'échapper.
Le travail sur les marches au début de la pièce est à lui seul une musique et installe dès le début tout ce qui fait la pièce : monter, descendre, monter et descendre encore...  tout le roman est contenu dans ces marches qui ouvrent la pièce.   
 

Propos et sens de la pièce


Dans ces Z'eaux là... est une adaptation libre et dansée de l'Assommoir, roman naturaliste d'Emile Zola. Dans cette pièce chorégraphique, la danse met en scène deux danseuses et un comédien pour créer une autre forme de danse et de théâtre... Il est possible de reconnaître certaines situations du roman, certains personnages aussi, mais ce qui est essentiel dans ce travail, c'est de se défaire  dans le même temps de ces situations et de ces personnages.

Ce texte figure dans la note d'intention de Bernadette Gaillard ; après avoir vu la pièce, comment le comprenez vous, quels  liens faites-vous entre ce qui est écrit ici, et la pièce elle-même ?

Lorsqu'on a lu le livre on peut faire des rapprochements avec le roman, certaines scènes font penser à tel ou tel passage du livre. Je pense au solo de David Kamenos qui pour moi parle de l'alcoolisme et des crises de Coupeau. Les marches, les escaliers sont aussi un lien fort avec le roman. La présence du linge, les chemises qu'on secoue, qu'on porte, qu'on s'échange, rapprochent du roman. Cependant les scènes ne sont pas racontées, ni jouées, ni données à voir comme dans le roman. Les choses se disent autrement, les corps parlent de ces situations qui se rejouent indéfiniment.
Chacun vit  à sa façon les situations que les interprètes mettent en jeu. Identification, rappel d' une mémoire enfouie,  ravivée par la séquence elle-même. Nul besoin d'avoir lu le livre puisque Dans ces Z'eaux là... c'est  la vie, nos vies sur le plateau.
 

Choisissez trois mots ou groupes de mots qui pour vous, parlent de cette pièce.


Voici ceux qui reviennent le plus souvent :

vie    - souffrance    - présence    - déchirement    - fatalité    -   usure        -   folie          -     pudeur   -    dramatique    -  simplicité    -    anodin    -    quotidien    - bouleversement    -     à fleur de peau    

Votre ressenti par rapport à cette pièce


Évoquez ce que cette pièce a touché en vous, faites-le de façon sensible et sincère.

Quelques phrases prélevées...

J'ai trouvé cette pièce très belle, sincère et simple, c'est ce qui m'a touchée le plus.

Cette pièce a provoqué en moi un désir, celui de persévérer et d'écouter ce que j'ai envie de faire pour ne pas être dans la routine de la vie, pour être à l'origine de ce qui m'arrive et ne pas dépendre des autres.

Cette pièce m'a fait réfléchir au problème de l'alcoolisme et à tout ce qu'il peut engendrer pour les personnes, c'est terrible de voir cela cette déchéance jusqu'à la mort...
« Tu sais écoute bien... c'est moi Bibi-la-Gaieté, dit le consolateur des dames... Va t'es heureuse. Fais dodo,  ma belle ! »  L'Assommoir, Emile Zola , dernière ligne du texte

Cette pièce m'a beaucoup émue. Lorsqu'on lit le livre on comprend beaucoup de choses et on imagine bien les situations mais le corps n'est pas forcément actif. Dans la pièce chorégraphique, les états de corps traversés par les danseurs sont partagés avec le spectateur et on est au cœur des sensations qui les font vibrer. J'ai eu mal au ventre,  chaud et froid, j'ai eu  peur, j'ai été gênée, mal à l'aise, heureuse et bouleversée ...

Je me suis sentie beaucoup plus libre en voyant la pièce qu'en lisant le roman. J'ai pu voyager dans d'autres univers que le roman. Dans la pièce, je n'attendais pas la suite car il n'y avait rien de raconté alors que dans le roman, j'avais hâte de savoir ce qui allait arriver. Le spectateur a donc plus de liberté pour trouver une  place active dans la pièce chorégraphique sans subir ce qui se trame dans l'histoire comme pour le roman.

J'ai aimé lire le roman et faire des liens avec la pièce, même si sans doute je les ai inventés. Retrouver les sensations du livre sur le plateau, c'est tellement sensible...

Grâce à ce spectacle, je me rends compte de l'importance du corps pour soi et pour les autres. La simplicité des gestes m'a touchée et me reste dans la tête. Je me sens capable à cet instant de refaire quelques pas, quelques gestes qui sont inscrits en moi pour longtemps, MERCI.
 
auteur(s) :

Catherine Moreau

information(s) pédagogique(s)

niveau : 2nde

type pédagogique : production d'élève

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe

référence aux programmes : Étude d'une œuvre de Zola dans le cadre d'un Atelier Artistique.

ressource(s) principale(s)

duo filles322.jpg lorsque littérature et danse se rencontrent 10/11/2008
La création de l'oeuvre chorégraphique de Bernadette Gaillard Dans ces eaux-là ... sur la scène nationale du Grand R et qui donnera lieu à u ...
danse, littérature, écriture, chorégraphie Catherine Moreau

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