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Étonnants Voyageurs 2009 : la nouvelle de Yasmine Castagne

Voici la nouvelle écrite par Yasmine Castagne, élève en troisième au collège Sainte-Marie à La Baule (44). Cette nouvelle a obtenu le quatrième prix du jury académique.

Besoin d'aventure


Le sac à dos de Marine n'est pas comme celui de tout le monde ! Elle s'assure tous les soirs qu'elle y a mis des pansements de l'aspirine , du désinfectant, du fil et une aiguille, des crayons et des stylos en plus des cahiers blancs, des trombones, un stick de colle, des ciseaux, des mouchoirs en papier, des tampons, du sel et du poivre, de l'huile d'olive, une culotte de rechange, des enveloppes, son couteau suisse, un compas, une bouteille d'eau, des barres énergétiques , des allumettes, une pince à épiler, une lime à ongle, du savon, du shampoing, des cubes de bouillon, des sachets de thé, du sucre, des épingles à nourrices, du chocolat, une lampe de poche, son téléphone portable, un dictionnaire, son doudou. On ne sait jamais quand il va falloir, sauver une vie. Peut être même... la sienne. Aujourd'hui, elle est allée jusqu'à y enfoncer sa brosse à dents et un tube de dentifrice neuf, son oreiller et tous les sous de sa tirelire. Parce que cette fois ci, ça y'est, elle a décider de quitter la maison. Il est temps que sa vie commence.
- À ce soir, chérie ! crie sa mère en entendant la porte claquer. Marine ne répond pas. Elle part comme si, elle, la bonne élève, la fille modèle, allait sagement au collège, comme tous les jours. Aujourd'hui, elle ne court pas, elle suit doucement ses jambes vers la gare. Aujourd'hui est le premier jour du reste de sa vie.

Dehors, il fait doux, une légère brise souffle sur les arbres de l'avenue Mirbaux. Marine a les jambes qui tremblent un peu, car au fond d'elle-même elle a peur, même si elle essaie de se persuader qu'elle est grande maintenant et qu'il est grand temps de se prendre en main. Elle a un petit pincement au cœur pour sa maman qui trouvera la maison vide ce soir en rentrant du travail...
Mais pas question de reculer ! Il est trop tard pour cela. Marine a tout planifié depuis le 6 septembre exactement, elle a économisé de l'argent (elle qui est si dépensière d'ordinaire), s'est renseignée sur les horaires de train, et a même organisé une fête avec ses amies, prétextant des retrouvailles, pour leur dire au revoir.

Allez, Marine inspire un bon coup, serre la patte de Pimousse son doudou, et après un dernier coup d'œil à sa maisonnée, elle se dirige vers l'entrée de la gare. En chemin, elle a fait bien attention à ne croiser personne qui la connaîtrait, et qui pourrait se demander ce qu'elle peut bien faire là à cette heure- ci.
« Suis-je vraiment en train de faire une fugue ? » se demandait- elle tout en marchant à pas rapides.
 « Non, lui répondit une petite voix dans sa tête, tu prends ton envol ».
Satisfaite de cette idée, elle alla au distributeur chercher son billet, puis elle s'assit à côté d'une vieille dame en attendant.
-Où vas-tu, donc ? demanda celle-ci comme si elle se doutait de quelque chose.
 La vérité, c'est que Marine n'en savait rien. Elle avait prévu d'aller passer la nuit dans une auberge de jeunesse, pour le reste elle verrait. Peut être qu'elle essayerait de trouver du travail. La petite vieille la regardait maintenant avec insistance.
-Heu...
Heureusement, elle fût sauvée par le train qui arriva à cet instant. Il passa à toute vitesse sur la voie ferrée et elle se sentit tout à coup toute petite. La voiture de Marine était la 7, compartiment 22. Elle regarda une dernière fois le paysage, avec nostalgie, puis se cala confortablement sur son siège.
 « La route sera longue », se dit-elle. Au moment où le train démarra, le portable de Marine sonna. Celle-ci regarda le numéro qui s'affichait, mais comme elle s'en doutait, c'était sa maman.
 « L'école a dû appeler à la maison pour la prévenir de mon absence », songea t-elle. Puis elle regarda encore une fois son téléphone, les yeux brillants de larmes.
« Oh, ma pauvre maman, j'espère que tu me pardonneras », et elle l'éteignit. Elle finit par s'apaiser, et se laissa bercer par la route. Tant et si bien qu'elle s'endormit. Elle fût réveillée par le contrôleur.
-Mademoiselle, Mademoiselle ! Votre billet s'il vous plaît.
-Hein ?! Euh, oui, bien sûr !
Elle le lui tendit, puis demanda :
- Excusez moi, ou sommes nous ?
- Nous venons de passer la gare d' Eterneuil, répondit il.
Parfait, il ne lui restait plus qu'1 heure et demi de trajet. Son estomac se mit à gargouiller. Quoi de plus normal, il était déjà 14 h30 et elle n'avait rien avalé depuis ce matin. Elle se dirigea vers le wagon-bar commanda un sandwich avec une petite bouteille d'eau.
-Dis donc, tu es bien jeune, remarqua le serveur, tu n'es pas à l'école ?
Elle se dépêcha d'inventer un bobard.
-Heu, non, je vais voir ma grand-mère qui...
Elle ne pu s'empêcher de pouffer, elle avait l'impression d'être dans la peau du « petit chaperon rouge ». L'homme prit cela pour un sanglot.
-Oh, je suis désolé, s'excusa t-il, bon rétablissement à elle !
-Merchi.
Elle se dépêcha de terminer sa collation et retourna à sa place. Puis elle s'occupa tant qu'elle put pour attendre l'arrivée. Mais il faut bien avouer qu'elle était très excitée. Jamais auparavant Marine n'avait mis les pieds dans une grande ville comme Histeroy. Elle avait grand hâte. Elle trépignait d'impatience sur son siège et sursauta presque quand le haut-parleur annonça :
-GARE D'HISTEROY, 5 MINUTES.
Elle rangea ses affaires, mit son manteau et attendit. Lorsque le train s'arrêta, elle fût la première à descendre. Elle sortit de la gare et... en eut le souffle coupé. C'était tellement... tellement.... tellement grand ! Tellement haut ! Tellement grouillant de monde ! Elle ne se laissa pas décourager pour autant. Elle sortit le plan de sa poche et se mit en quête de trouver l'auberge de jeunesse.
« Bon, dans 20 minutes j'y suis ! »Et elle se mit en route. Elle arriva juste à temps car il commençait a pleuvoir.
-Bonjour, dit-elle à la dame de l'accueil, auriez vous une chambre de libre ?
-Mm...voui, répondit celle-ci sans même la regarder, Nom et prénom ?
-Sophie Duchafoin, mentit Marine.
-Âge ?
-17 ans.
La bonne femme la considéra de haut en bas.
-Vous faîtes bien jeune... Elle remonta ses lunettes sur son nez. Puis je voir votre carte d'identité ?
Heureusement, le téléphone sonna et Marine fût  sauvée encore une fois.
-Allo ?
Miââââââou !!!!!!
Oh, Zut, Patachon ! Dégage de là ! Bon, j'en était où ?
- Oui...oui...Mais non !!!! Jamais les œufs avant la farine, gros bêta ! Non je ne m'énerve pas ! Oh, écoute quand on n'est pas capable de faire la cuisine... Bon, tu m'énerves ! Oui, c'est ça, à ce soir !
Et elle raccrocha.
 « Grumph, l'imbécile ! » Puis elle se tourna vers Marine :
- Et toi, alors, qu'est ce que tu fais encore là ? Prend donc ta clé et va-t'en !
Marine sourit en serrant sa précieuse clé dans ses mains moites.
- Merci, Madame !
Et elle ne se fit pas prier pour monter dans sa chambre. Après toutes ses émotions, elle était C.R.E.V.É.E. Elle avait bien besoin d'un petit somme. La chambre était petite, certes, mais confortable. Il y avait même une petite salle de bain. Marine déposa son sac au pied du lit et s'allongea. Elle s'endormit presque aussitôt.
Lorsqu'elle se réveilla, il faisait nuit. 20h03. Elle descendit dans la salle commune pour prendre son dîner. Plusieurs garçons et filles, d'une vingtaine d'années en moyenne, étaient déjà attablés. Elle alla chercher son plateau et s'assit seule, en silence. Une grande fille rousse vint l'aborder :
- Hé, salut, tu es nouvelle ? Je suis Camille, je fais mes études à l'université Yves Legrand.
-Ah, heu... bonjour ! Sophie, et je cherche du travail.
La jeune femme s'assit à sa table.
-Ah, tu as arrêté tes études ? Dur... Tu sais, je connais une petite boutique de fringues, j'ai fait un stage la bas. Peut être que la patronne accepterait de te prendre à l'essai. Voici l'adresse.
- Oh, je...heu...merci !bafouilla Marine.
- Pff ce n'est rien, sourit Camille, en ces temps de crises, faut s'entraider !
Et elle s'éloigna.
Dès le lendemain, après avoir réglé sa nuit, Marine passa faire un tour à ladite adresse. Le magasin en question était une petite échoppe rose nommée Au tee-shirt amoureux''. Marine entra. La patronne était une grosse femme brune portant un chapeau fleuri. Elle fumait une cigarette.
- Bonjour ma mignonne ! Que puis-je faire pour toi ?  
-Bonjour, je cherche du travail, répondit Marine en fronçant les sourcils a cause de la fumée, Est-ce que par hasard...
-ça peut se faire, coupa la femme, j'ai justement besoin d'une vendeuse pour me remplacer prochainement. Je pars pour deux semaine en Autriche avec mon mari nous avons réservé depuis 7 mois, les places sont très chères...Et blablabla, et blablabla...
- Hum, hum, tenta Marine.
Mais la femme ne l'écoutait pas. « Et blablabla, le mal de l'air, et blablabla nourriture douteuse... »
-ON S'EN FICHE !!
Cela la stoppa net.
- Enfin... je veux dire... et pour le poste ? S'excusa Marine en rougissant.
- Accordé. Répondit sèchement la femme visiblement vexée.
En sortant, Marine fût tellement satisfaite de sa nouvelle vie active qu'elle se mit à siffloter.
-Hep, vous là bas ?
Marine sursauta. C'était un agent de police qui l'interpellait. Cela lui coupa le sifflet direct.
-Vous ne seriez pas la jeune Marine Ponchevèche, portée disparue depuis hier ? questionna-t'elle en brandissant sa photo, vous lui ressemblez comme deux gouttes d'eaux !
Zut, elle était coincée ! Marine se mit à paniquer.
- Non !...Enfin, Si...Mais c'est ...mais c'est que...
Tout à coup, elle eut une brillante idée. Elle était sauvée. Elle prit son inspiration et dit :
-MARINE !! A table !

Dans sa chambre, la vraie Marine rebouche son stylo, ferme son cahier, et soupire sur sa vie tellement banale où il ne se passe jamais rien. 

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