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éducation artistique et action culturelle

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un atelier artistique écriture en lycée professionnel (49)

mis à jour le 27/11/2009


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Depuis l'année scolaire 2006/2007, un AACL (atelier artistique des collèges et des lycées) a été mis en place au lycée professionel de Trélazé.

mots clés : atelier artistique, AACL, écriture


le contexte du projet

un état des lieux

Nos élèves n'ont pas d'habitude d'écriture ni de lecture régulière. A l'école, écrire sert avant tout à apprendre à écrire. De plus, l'élève est rarement en position de produire en face d'un lecteur. Il n'y a souvent qu'un seul lecteur, le professeur. L'élève sait aussi  qu'il va être jugé sur son vocabulaire, sur son orthographe, sur sa grammaire et seulement en partie pour l'efficacité de son discours. Dans le cadre d'un atelier d'écriture, c'est tout l'inverse. On ne porte pas de jugement et la correction orthographique et/ou grammaticale est secondaire.

une envie de faire bouger les choses

L'idée de monter un tel projet m'est venue quand à l'issue de nombreux tâtonnements d'écriture dans le cadre de projets aussi divers que variés, j'ai décidé de vraiment formaliser ce qui n'était qu'ébaucher. Avoir un vrai temps dédié à l'écriture avec des élèves volontaires me semblait indispensable. J'ai eu et j'ai encore cette chance. Ainsi, pour la quatrième année consécutive, notre établissement a la chance de voir fonctionner en ses murs un atelier d'écriture financé par la DRAC et le Rectorat.

des objectifs

  • Prendre du plaisir et désacraliser l'Ecriture.
  • Montrer à nos élèves parfois en difficultés qu'ils sont capables de produire de belles choses.
  • Reprendre confiance en soi, s'accepter et accepter les autres.
  • Découvrir des auteurs, lire/écouter des textes. Avoir le droit de dire qu'on aime ou pas et s'exprimer à ce sujet.
atelier d'écriture

petite histoire de l'atelier : quatre années déjà...

Mon premier intervenant était Yves Jouan, poète. Nous avons travaillé avec un groupe de douze élèves de niveau troisième . Des élèves volontaires. La thématique était "L'Etranger".
La deuxième année, Rémi Checchetto, poète, écrivain, m'a guidée autour de la question "Comment ça marche ?". L'an passé avec Christophe Belloeil, auteur-compositeur et interprète le thème retenu était : "Je slame ma ville" . Cette année (2009/2010) , nouvelle contribution de Christophe Belloeil avec pour projet et objectif pour chaque jeune : "Ecrire une chanson". Un vrai défi...

comment ça se passe ?

d'abord, ça s'organise

Cette année deux heures sont banalisées sur l'emploi du temps de tous les élèves d'un même niveau. La difficulté en L.P. est  liée aux périodes de formation en entreprise des élèves de diverses sections. Sur certaines périodes, il est impossible d'avoir un groupe au complet.
Les séances doivent avoir lieu dans la mesure du possible dans un lieu autre que la traditionnelle salle de classe. L'an passé, nous avions "réquisitionné" le foyer. Cette année nous nous sommes installés dans une moitié du CDI. L'idée est de ne  pas penser qu'ils sont en cours. Je me présente non pas comme prof mais comme animatrice. Je leur explique que je suis là pour les guider et non pour les noter. D'ailleurs quand cela est possible il me semble essentiel que l'animateur se mette lui aussi en position d'écrivant au même titre que les participants. Les élèves voient alors que je prends les mêmes risques qu'eux. Cela peut les stimuler et surtout leur fait prendre conscience que je ne joue pas au prof.  Cela n'est pas toujours possible vu que l'encadrement du groupe requiert beaucoup d'énergie, mais c'est souhaitable à certains moments.
Mon écrivain/poète intervient une semaine sur deux. En termes d'organisation et de travail, mener un atelier avec des élèves demande beaucoup d'investissement. J'ai fait le choix de privilégier au maximum le temps d'écriture à proprement parler. Autrement dit, je me charge seule de la saisie des textes. Les élèves volontaires peuvent de temps à autre me donner un coup de main pendant leur temps libre. De plus, j'ai aussi fait le choix de ne m'atteler à la mise en forme de leur recueil qu'une fois la présentation publique réalisée. En effet, j'ai souvent l'impression d'être totalement submergée en fin d'année. Je préfère me donner du temps pendant les vacances.
Autre aspect : Je suis la banque de textes. Je recueille systématiquement en fin de séance tous les écrits afin qu'ils ne s'égarent pas d'une semaine à l'autre. Si un élève veut le conserver pour éventuellement le retravailler j'en fais une photocopie. Ainsi rien ne se perd. Il est plutôt amusant de voir la tête de nos élèves quand en fin d'année j'arrive avec le stock de textes qu'ils ont écrits.
 

ensuite, ça se déroule...

En fonction de l'intervenant, l'organisation diffère. Néanmoins, il y a des temps incontournables :

le lancement de la séance

Avec des exercices d'échauffement. On explique toujours aux élèves que dans un atelier d'écriture, on ne se met pas en position d'écrivain, celui qui écrit avec ses tripes, celui qui se retrouve face à lui-même. L'idée n'est pas de devenir « bon ». L'idée est de se découvrir en tant qu'écrivant et de se laisser guider et surprendre. On leur explique que chaque séance une contrainte d'écriture est proposée. Elle leur laisse néanmoins suffisamment de marge . On leur explique aussi que ce n'est pas une façon normale d'écrire puisqu'on écrit en groupe. On n'est pas là pour apprendre un métier , celui d'écrivain. .

-le temps d'écriture

Lancement des inducteurs.
Elle peut se faire en groupe (jeux de l'Oulipo par exemple) , seul (la plupart du temps), à deux (rarement)...

la lecture

Elle se situe en fin de séance ou à la fin d'une activité d'écriture. Ce temps est essentiel est parfois délicat  dans les premières séances, car la phrase qui vient toujours dans la bouche des écrivants lors des premières lectures est « c'est nul ». Il leur faut comprendre que le juge qu'il faut dégommer est en eux. Le « c'est nul » n'a pas lieu d'être. De plus, un texte lu à voix haute est toujours chargé d'émotions. Il s'agit de livrer son texte à chaud au groupe. Il est interdit de critiquer car trop souvent les critiques sont téléguidées par des modèles alors que justement le participant est à la recherche d'une voie qui est la sienne. Ce qui n'empêche pas de parler rapidement des textes lus, il peut s'agir à l'inverse de dire ce qui nous a touché que ce soit une image, une construction de phrase, une mélodie...
Ce temps de lecture est vital car il permet aussi de créer la mémoire du groupe. Cela aide vraiment à la construction et permet à chacun de voir ses camarades différemment.

la lecture de textes d'auteurs

Elle peut avoir lieu en fin de séance ou bien en début en fonction du travail. Je ne leur donne quasiment jamais les textes écrits en début d'heure car je ne veux pas qu'ils collent au texte, qu'ils se comparent. Les textes d'auteurs peuvent servir à deux choses : s'approprier du lexique (dans le cadre de la collecte de mots pour ses corbeilles) découvrir un texte d'auteur à partir duquel j'ai construit mon inducteur. Exemple : Il ya deux ans j'ai fait écrit des textes aux élèves sur le petit déjeuner. J'ai reprends quelques amorces d'un texte de Rémi Checchetto. Ce n'est qu'en fin de séances que je leur ai lu les textes de Rémi. Idem pour Francis Ponge, j'ai puisé dans les textes de Ponge pour trouver le fil qui allait guider l'écriture des élèves.

la réécriture

Je ne l'ai pas travaillé systématiquement avec tous mes intervenants. Yves Jouan y tenait particulièrement pour certains textes. Là encore rien à voir avec les corrections de type scolaire. La semaine qui suit, on peut prendre un temps pour relire ses écrits. On prend alors le temps individuellement de demander à chacun, si besoin est, si telle ou telle formule, tournure, image, lui convient, s'il ne pourrait pas alléger son texte, si la forme ne peut pas être revue ; Libre à eux de refuser. Le texte leur appartient. Souvent les élèves s'approprient tellement leurs textes qu'ils  ont le droit de désirer le garder intact, de préserver leur premier jet.
Avec Rémi Checchetto et Christophe Belloeil l'an passé, nous n'avons pas fait de réécriture systématique. Cette année vu le type de textes que nous allons écrire, nous serons obligés d'y recourir. Car l'écriture de chansons est soumise à des règles strictes, notamment au niveau de la métrique.
 

une production finale pour rendre compte du travail d'écriture

Tous les ans, nous avons fait un petit recueil pour que les élèves aient trace de leurs écrits. Un ou deux exemplaires sont à la disposition des élèves au CDI.
De plus, je pense qu'il est essentiel de diffuser au moins au sein de la communauté scolaire voire ailleurs les travaux des élèves. Comme chaque année est une nouvelle aventure et que je ne sais pas exactement comment l'atelier va évoluer et que je tâtonne encore et toujours, je ne fais pas de projet trop ambitieux en début d'année. C'est aussi au fil du temps que les idées se construisent. La première année avec Yves nous avons sur les deux dernières séances travaillé avec les élèves membres de l'atelier théâtre. Ils ont pris nos textes qu'ils ont mis en scène. Les élèves de l'atelier écriture ont accepté de monter sur scène afin de lire quelques-uns de leurs textes. Cette présentation de fin d'année était ouverte aux amis et parents des élèves.
La deuxième année, nous nous sommes cantonnés à une lecture plus intimiste au C.D.I. ouverte à tous.
L'an passé, nous sommes allés plus loin puisque dans le cadre d'une soirée à l'Avant-Scène de Trélazé, les ateliers de théâtre et d' écriture ainsi que des classes de Bac qui proposaient une restitution de leurs voyages à Auschwitz et Verdun par le biais de la vidéo, de formes théâtralisées, se sont retrouvés sur scène. Une grande soirée forte en émotions. En ce qui concerne mon groupe. Je n'ai pas imposé aux élèves de monter sur scène puisqu'après-tout, on ne fait pas un atelier écriture dans ce but. J'ai consacré une séance de deux heures sur mon temps d'atelier à de la lecture expressive. Nous avons décidé ensemble des musiques appropriées. Christophe Belloeil était à l'accordéon. Le reste du travail de préparation a été fait sur mon temps libre entre midi et deux ou pendant mes trous ..... Plus de la moitié du groupe a accepté de jouer le jeu. Les autres n'étaient pas prêts à se mettre en danger de la sorte, à s'exposer au regard des autres. Ils avaient déjà fait l'effort de s'exposer au regard de leurs pairs tout au long de l'année dans le cadre de l'atelier.

lutter contre la pauvreté du lexique

 Les élèves doivent avant tout comprendre que l'on écrit avec des mots. c'est la matière première de l'écriture, leur pâte à modeler.Parfois les mots leur manquent. Alors nous avons recours à des petites stratégies qui viennent alimenter leurs écrits.

Les corbeilles de mots

L'animateur fait à la classe la lecture de quelques textes plus ou moins longs. Deux fois sans commentaires. Demander de relever les mots qui plaisent qui déplaisent qui étonnent au fil de la lecture. On peut ensuite les classer selon des critères qu sont propres à chacun (des mots doux, des mots sales...). Il s'agira d'aller puiser dans cette corbeille pour cherhcer des mots dont on a besoin.
 
La chasse - La cueillette de mots
L'an passé, promenade dans la ville de Trélazé. Ramasser tous les mots, les expressions à portée de vue. Les moter. Matière pour écrire plus tard sur Trélazé.

Exploiter leur propre lexique
Le langage des jeunes est aussi parfois une mine. Pourquoi ne pas l'exploiter ?

des sorties

Impossible de concevoir un atelier sans sorties. Elles sont très diverses. Quelques exemples : Une sortie au musée voir de la peinture contemporaine, une sortie chez un photographe professionnel, une visite chez un artisan, une sortie dans la nature etc...
 

un bilan

quels apports pour les élèves ?

Ils sont en général heureux d'être aller jusqu'au bout de l'aventure. Cela permet de créer un groupe soudé d'individus qui ne se seraient jamais parler s'ils étaient restés dans leurs classes respectives.
Ils prennent confiance en eux. "Non, ce que j'écris n'est pas nul".
C'est aussi un investissement sur le long terme. Alors qu'en cours on travaille sur des séquences.

quels apports pour l'enseignant ?

Cela permet de travailler de façon différente sans le poids de l'évaluation sous forme de notes. Cela nécessite un travail de recherches sur le plan littéraire bien sûr mais aussi pour trouver des trucs pour les "capter" chaque semaine.
Cette expérience permet-elle d'élaborer d'autres projets ?
Elle permet en tous les cas de travailler en partenariat avec d'autres ateliers et de susciter des envies.
Pour avoir les meilleures chances de réussir un projet de ce type, quels conseils donner ?

quels écueils à éviter ?

Les maîtres-mots sont à mon sens : Patience et modestie. Il faut aussi savoir être rassurant, bien sûr aimer lire et écrire soi-même. Il ne faut jamais oublier de se mettre à la place de l'élève et oublier son étiquette de prof.
Il faut aussi faire attention à ne pas faire de l'écriture thérapeutique. Bien sûr l'écriture autonomise, affirme mais il nous faut constamment garder en tête qu'il s'agit avant tout d'un atelier qui a pour but des productions « littéraires ». Il ne faut pas sombrer dans le travers de l'animateur thérapeute. Nous ne sommes pas là pour cela et il est vrai que certains individus fragiles peuvent utiliser l'atelier comme un déversoir et alors déstabiliser le groupe. Il faut donc gérer son groupe avec la plus grande attention.
 
auteur(s) :

Anita Lahzaoula, PLP lettres anglais

information(s) pédagogique(s)

niveau : Lycée professionnel tous niveaux

type pédagogique : analyse de pratique, activité de découverte

public visé : enseignant

contexte d'usage : espace documentaire, atelier, sortie pédagogique

référence aux programmes :

ressources associées

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Tout au long de l'année, des élèves volontaires du lycée professionnel Ludovic Ménard de Trélazé ont vécu un atelier artistique avec leur professeur Anita Lahzaoula et le poète Yves Jouan.
écriture, poésie, atelier

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