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Renvoyé spécial 2022 - Rencontre au lycée Brossaud-Blancho à Saint-Nazaire

Mardi 11 janvier 2022

Ce mardi 11 janvier 2022, les élèves de bac pro aéronautique inscrits en spécialité avionique ont eu la chance de pouvoir rencontrer un journaliste exilé et réfugié en France, Mohammed Badra.
En effet, ces élèves ainsi que leurs professeurs M. Guillet et M. Averty ont été sélectionnés au sein de l'opération nationale “Renvoyé Spécial” co-organisée par le Clémi et la Maison des Journalistes. Seuls deux à trois lycées peuvent en bénéficier par académie chaque année, parmi tous les candidats en lice.
Mohammed Badra est un photojournaliste syrien originaire de Douma qui vit désormais à Paris et travaille pour l'Agence de Photo Européenne (EPA).
Il a été lauréat de plusieurs prix prestigieux ces dernières années, comme le prix Bayeux des correspondants de guerre, le prix du Time, le prix de la photo de l'année à l'Unicef ou encore le World press photo award en 2019.
Dans un premier temps, Mohammed Badra a souhaité analyser avec les élèves le travail de construction inhérent à la photographie : objectivisme et subjectivisme entre ce que l'on souhaite photographier et sa réalité propre ; le double filtre du photojournaliste puis du spectateur ; et comment donner naissance à l'événement pour que le monde extérieur en ait connaissance.

Il a lui-même mené cette réflexion sur son travail photographique et s'est spécialisé dans le storytelling en rendant compte du quotidien vécu par ses semblables dans l'enfer de la guerre syrienne : “storytelling makes life is readable and viewable”.
Mohammed Badra ne se destinait pourtant pas à ce métier avant que le conflit n'éclate, et avait débuté des études d'architecture. Mais après avoir été un temps volontaire au sein du Croissant rouge, il a choisi de se rendre utile via le reportage photographique.
Les élèves ont ensuite dû réaliser un petit exercice de mise en situation, en réfléchissant à ce qu'ils feraient s'ils se retrouvaient dans la même situation de guerre.
Les réponses furent très variées et parfois inattendues, mais ont eu le mérite d'être honnêtes.
La professeure d'anglais avait travaillé le vocabulaire en amont avec les élèves, car il n'est pas toujours évident pour eux de s'exprimer en anglais.

M. Badra a conclu qu'il avait choisi de vivre et non se contenter de survivre, en s'engageant de manière non violente pour son pays, à travers la photographie. Et que s'il était facile de s'enrichir, il était bien plus difficile de rester un citoyen honnête et droit... la véritable guerre est intérieure, selon lui.

Les élèves ayant préparé des questions pour la dernière partie de la rencontre, l'un d'entre eux a alors voulu savoir si le photojournaliste avait lui-même fait quelque chose de mal lorsqu'il était en Syrie... Mohammed Badra a répondu qu'il se demande très souvent s'il avait réellement le droit de prendre en photo certains blessés et enfants ensanglantés, notamment les victimes de l'attaque chimique du 13 août 2013 qui avait tué 1600 syriens en dix minutes, et qui sont resté gravées dans sa mémoire à jamais.
La frontière entre vie privée et nécessité d'alerter le monde des horreurs perpétrées n'est pas toujours évidente à respecter, mais il lui paraît indispensable de poursuivre son travail, ne serait-ce que pour conserver des preuves.

Caroline MALVILLE
Référente académique pour “Renvoyé Spécial”
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