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mis à jour le 26/01/2015
Si les enseignants de langues vivantes étrangères ont l'habitude d'enregistrer leurs élèves, les enseignants de français le font rarement, souligne Sandrine Baud, l'enseignante de cette UPE2A en Guyane.
mots clés : CASNAV, allophones, FLE, FLS, FLSCO, nouveaux arrivants, Upe2a
En quoi l'enregistrement peut-il être « un véritable brouillon de la parole, c'est-à-dire un outil qui permet non seulement de retenir, d'organiser, d'enrichir ses idées, mais aussi de travailler la production orale dans toutes ses composantes : structure, morphosyntaxe, lexique, phonétique, prosodie » ? Comment aussi aider les élèves à construire des stratégies d'apprentissage en autonomie ?
Point de départ : Ulysse quitte sa maison un matin et n'arrive pas à rejoindre son collège ! La raison ? Elle est collectivement définie : il a jeté ses déchets dans la rivière, Poséidon va se venger... Chaque élève prend en charge un chapitre du voyage d'Ulysse : il se déroulera dans le pays ou la ville d'où il est originaire. Une réflexion sur les stéréotypes culturels est engagée à partir des symboles et des chansons censés incarner un pays. Il reste à imaginer ce qui se passe à chaque endroit et comment Ulysse va se déplacer d'un pays à un autre. L'élève responsable du chapitre propose une idée de péripétie. Les autres réagissent à cette idée : ils la valident, la refusent (en justifiant ce refus), la prolongent, l'enrichissent, proposent des alternatives... Le vocabulaire qui émerge lors des échanges est noté au tableau. La phase de préparation est comme on le voit particulièrement riche en formatrices interactions.
La production elle-même présente deux dimensions : une production orale enregistrée avec Audacity, et une illustration en deux volets (une image narrative et une carte). La majeure partie des élèves était mécontente du premier enregistrement, souligne Sandrine Baud : « non seulement il peut être étrange, voire désagréable, d'entendre sa propre voix, mais les productions n'étaient pas très bonnes, amenant plusieurs élèves à conclure qu'ils ne parlaient pas assez bien le français pour ce travail. » Une fiche-outil réalisée avec l'enseignante permet à chacun d'améliorer sa production en fixant le lexique, des connecteurs logiques, certaines structures grammaticales... Les élèves peuvent alors retravailler leurs productions, seuls avec l'ordinateur et le micro-casque, s'enregistrant plusieurs fois de façon autonome, écoutant et validant ou non leur travail, jusqu'à ce qu'ils en soient suffisamment satisfaits pour le soumettre au professeur et au groupe : « l'écoute au casque permet une auto-évaluation très intime, qui peut même se passer du regard (de l'oreille) du professeur » ; « à aucun moment les élèves n'ont lu un texte. Ils s'appuient sur leur fiche-outil et sur les illustrations, mais leur production reste une parole naturelle, enrichie au fil des enregistrements, toujours authentique. »
Pour le montage final réalisé par l'enseignante avec Windows Movie Maker, les élèves ont choisi les musiques et illustrations sonores. Chacun a été aussi invité à résumer son chapitre dans sa langue maternelle : « Les enregistrements et leur intégration dans le projet valorisent les langues maternelles des élèves et affirment leur statut de locuteurs plurilingues. » Sandrine Baud souligne la fierté de ses élèves qui pensaient au départ ne pas être en capacité de réaliser un projet et ont finalement souhaité visionner plusieurs fois leur travail, le montrer à certains de leurs camarades et le diffuser auprès de leurs professeurs.
Cette séquence a été présentée lors du dernier Rendez-vous des Lettres intitulé "Les métamorphoses de la parole à l'heure du numérique" qui s'est tenu du 17 au 19 novembre 2014 à la BNF et au lycée Jean Zay.
eleves allophones, enfants du voyage - Rectorat de l'Académie de Nantes