L'étude de la violence de guerre nous permet de prendre en compte les masses des combattants, nous fait voir ce qui les tient ensemble, les soulève d'un même élan ou les sépare, les unit dans l'honneur ou les disperse dans la peur ou la fuite. Conséquence de l'évolution des formes du conflit, de sa massification, de son extension à toutes les activités humaines, la violence de guerre nous renvoie vers les sociétés, avec leurs possibilités et leurs limites, leurs hiérarchies et les formes du vouloir-vivre - et mourir ! - ensemble.
Attention cependant à ne pas confondre les régimes d'historicité : le terme de « brutalisation « s'applique bien à l'esclavage et la colonisation ; la « violence de guerre », ce sont les conflits proprement dits (y compris de décolonisation) ; l'extermination des juifs et des tziganes décrit un processus génocidaire unique. Mais il peut y avoir convergences de ces modes d'explication des phénomènes historiques : la « guerre à l'Est », à la suite de l'invasion de l'URSS, le 22 juin 1941, peut être analysée successivement et conjointement comme guerre d'anéantissement, violence de guerre,
brutalisation et extermination, avec un changement de nature dans ce dernier cas, en distinguant donc un phénomène qui, s'il fait l'objet d'une analyse historique rigoureuse, demeure bien sans précédent, unique et singulier.
Dans le même temps, le moment historique d'aujourd'hui est bien différent, celui des milliers de victimes civiles du terrorisme et des 75 morts pour la France, à ce jour, en Afghanistan. Un moment où s'estompe la ligne de partage entre la paix et la guerre, entre la défense et la sécurité, où des conflits mêlent armes modernes et combattants dans ces guerres qu'on qualifie d'« asymétriques ».
C'est désormais sur ces conflits de notre âge qu'il faut faire porter les éclairages de notre enseignement.
- la guerre du Golfe : premier et dernier conflit de l'immédiat après-Guerre froide (fin de ce que Georges-Henri Soutou a appelé La guerre de cinquante ans 1943-1990 Paris, Fayard 2001), seul conflit du genre légitimé par l'ONU, jusqu'à la guerre de Libye (mars-août 2011) avec laquelle on peut, à vingt ans de distance, faire d'intéressantes comparaisons ;
- l'émergence de zones « grises », d'acteurs non-étatiques, de conflits « asymétriques » ;
- les engagements sur des théâtres d'opérations extérieurs dans des conflits de haute et de basse intensité ((Lybie, Afghanistan).