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quand les animaux et la ville se transforment mutuellement, conférence de Jean Estebanez, FIG 2017

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Conférence de Jean Estebanez, maitre de conférence, Université Paris Est Créteil, donnée lors du Festival International de Géographie de Saint-Dié-des-Vosges.

Les travaux de Jean Estebanez en géographie culturelle portent sur l'animalité, en s'interessant aux zoos comme dispositif spatial. Il soutient en 2010 sa thèse Les zoos comme dispositif spatial : pour une géographie culturelle de l'animalité. Ses travaux portent sur la relation hommes / animaux.

La ville n’a jamais été produite uniquement par les humains, les animaux sont des acteurs historiques  de la production de  la ville.  Au XVIII°, se structure un système de pensée dans lequel les animaux et les animaux sont séparés ; on attribue des lieux aux humains et d’autres aux animaux. La ville est alors pensée comme un exemple de production humaine, un espace où la nature est chassée.

 I/ la ville, espace de rencontre entre humains et animaux

L’étude des animaux dans l’espace rural ou dans les jardins publics (c’est-à-dire des espaces de nature organisés, délimités) est ancienne. La place des animaux dans la ville est, en revanche, un thème d’étude récent. Les animaux sont pourtant très présents dans la ville : dans les salons, les égouts, le transport, les zoos ou encore les boucheries.

La ville est un milieu écologique avec ses caractéristiques propres. Elle est une niche écologique car la nourriture y est abondante ; elle peut fournir des lieux de vie (exemple des rapaces installés sur les hautes structures) ; elle constitue une bulle de chaleur qui attire des espèces (exemple des pies qui se sont déplacées de la campagne vers la ville, des perruches qui s’installent dans Paris). Par ailleurs, l’exclusion des animaux de la ville est une vision européo-centrée, la place des animaux ne questionne pas dans des villes comme Khartoum par exemple. Les chevaux sont moins présents dans les villes européennes qu’aux siècles précédents mais ont des activités qui se sont reconverties : tourisme (calèches...). Ainsi, la place des animaux dans la ville s’est transformée mais n’a pas disparu. Enfin, la ville elle-même s’est transformée (étalement urbain). Les transformations morphologiques de la ville l’amène à être en contact avec de nouvelles espèces (exemples : des pumas dans la périphérie de Los Angeles ; des macaques à Singapour).

II/ En quoi les animaux participent-ils de la production matérielle de la ville ?

La croissance urbaine ne peut se penser sans les chevaux au XIX° siècle. Ils assurent le transport et sont pourvoyeurs de fumier indispensable aux maraichers qui se développent autour de la ville. Les animaux participent à la production de la ville. Les animaux suscitent des spécialisations dans la ville (écuries, abattoirs).

Parallèlement, des dispositifs se multiplient pour réglementer la présence des animaux ou l’éliminer (exemple des battues contre les chiens errants). Aujourd’hui, les pigeons ou les rats sont des indésirables qui discréditent ou disqualifient des espaces (à Marseille, par exemple, les rats dévorent les fils électriques composés de maïs et provoquent des coupures de courant).

 Exemple de la rénovation de Trafalgar Square : une opération de rénovation urbaine pour signifier le statut de la métropole ; objectif : mettre en scène la puissance de Londres, affirmer son statut de ville mondiale. La place est aménagée sans voiture, des enseignes commerciales sont éloignées et une politique de lutte contre les pigeons est mise en œuvre. Un fauconnier est engagé pour éloigner les pigeons et des règlements anti-nourrissage sont pris. Ici s’affirme l’idée qu’une ville puissante d’un continent développé doit donner une image propre, sans fientes de pigeons ! Ainsi la présence ou l’absence d’animaux permet de qualifier l’espace de la ville. Sur la place St Marc, on constate au contraire une présence des pigeons sans conteste, c’est une place où se joue également un comportement social : il faut nourrir les pigeons, cela fait partie de la pratique touristique et ils sont en partie patrimonialisés.

III/ Des animaux urbains, la ville comme espace de requalification des animaux

Les animaux sont des êtres sociaux donc leur milieu de vie les transforme. Les zoos transforment les animaux qui s’y trouvent, modifient leur comportement.

Les chiens ont progressivement subi des transformations morphologiques avec une sélection vers des animaux de plus en plus petits. Aujourd’hui, le chien en ville étend les propriétés sociales de son propriétaire, les chiens sont les compagnons de la distinction sociale et participent à la désirabilité ou non désirabilité de leur propriétaire. Dans le cas des personnes sans domicile fixe, les chiens peuvent participer à la disqualification de la personne.

Ainsi, les animaux ne sont pas uniquement le produit de la nature ; ce sont des acteurs sociaux.

 

Elodie Soubise, webmestre associée
 

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