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de la classe inversée

récit d'une expérience personnelle

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Une expérience personnelle et ses évolutions récentes.

Le web s’en souvient encore… de 1998 à 2012, j’ai proposé à mes élèves de travailler dans ce que j’appelais à l’époque des « classes virtuelles ». Cf l'étudiant.
Cette expérimentation a fait l’objet de plusieurs articles dans la revue Ac-Tice et Echanger, et aussi sur le Café Pédagogique.

Le point de départ

Observant que l’activité des élèves consistait essentiellement en classe à recopier les bonnes paroles du prof, élèves demandant à ce que le cours soit dicté ou copié au tableau comme au collège, voire parfois exigeant des photocopies du cours pour éviter d’écrire, j’avais alors décidé de faire tout l’inverse : rendre les élèves vraiment actifs en cours, en leur proposant des activités ciblées sur les apprentissages fondamentaux  et de leur donner à lire le contenu du cours avant ou après la classe.
Le dispositif a évolué progressivement : au départ le cours du prof était accessible sur cd-rom et consultable au cdi, ce qui était un frein notoire, puis l’avènement d’internet a permis de démultiplier les usages.
Chaque classe disposait d’un site dédié pour suivre la progression du cours, faire des exercices en ligne, consulter des fiches méthodologiques (boite à outils). Bref le cours original du prof étant accessible à tous en ligne, on pouvait se concentrer sur des activités chronophages négligées jusque-là.
Chaque année on se dotait d’un groupe de discussion privé réservé aux échanges entre élèves et prof exclusivement  pur chaque classe avec bien sûr l’autorisation des parents.
C’était un peu contraignant sur le plan organisationnel (obtenir les autorisations nécessaires, gérer l’hébergement, gérer les listes d’élèves, tester le bon fonctionnement etc…).
L’efficacité pédagogique était cependant évidente aux yeux des élèves qui année après année m’ont incité à continuer cette démarche.

A la rentrée 2012, en partie pour des raisons liées aux évolutions technologiques, j’ai cessé de mettre en place ces classes virtuelles.
Le déploiement de l’ENT académique me semblait en effet pouvoir répondre de manière plus institutionnelle à cette pratique. L’ENT offre en effet un espace pour chaque classe, industrialise les échanges par messagerie, permet de créer des forums et des salons de chat…
Les manuels électroniques devaient aussi nous simplifier la vie avec leur consultation en ligne via l’ENT  et leurs  enrichissements multimédia.

Force est de constater que le passage de mes classes virtuelles privatives à l’ENT a été difficile avec de nombreuses déconvenues.  Il est long et fastidieux de vérifier que tous les élèves de sa classe ont accès à e-lyco, puis aux services tels que les ressources numériques (manuels numériques, ressources type Le site.tv…).
Ceci dit, après avoir essuyé les plâtres, je commence à y voir plus clair et je mets peu à peu en place une architecture pédagogique qui se révèle maintenant efficace.

La clé de voute pour moi est le classeur pédagogique d’e-lyco. J’y prépare mes contenus de cours, mes démarches et exercices.

porte document e-lyco  Publication dans le cahier de texte e-lyco



Par exemple, je sélectionne une vidéo, cela peut être un reportage, un extrait d’émission : la visualisation collective en classe serait une perte de temps.
Depuis le porte document, il est très simple d’attribuer la ressource pédagogique à toute une classe ou bien à quelques-uns pour une pédagogie ciblée.  Le web regorge de ressources de toutes natures. La technologie permet maintenant de partager facilement une vidéo, une émission de radio, un contenu cartographique. Autant de ressources qui rendent possible la classe inversée.
Le plus souvent j’associé au document proposé un petit questionnaire de compréhension : je ne suis pas très satisfait des formulaires proposés par e-lyco, je préfère les QCM de pronote.
Cela permet de vérifier la lecture et la bonne compréhension du document.
Résultat, en classe, il est plus facile de mettre les élèves en activité de différentes manières : exigez des élèves que soit réalisé en classe le plan de la composition, le croquis permet de juger immédiatement des stratégies d’action mises en œuvre par les élèves. Cette démarche permet au professeur de voir les difficultés rencontrées et d’aider à les résoudre. L’élève doit mettre en  œuvre la méthodologie proposée, montrer ses compétences, démontrer ses progrès par des situations d’exercices répétés. C’est très formateur !

Désormais la très grande majorité des classes disposent de page facebook dédiée à la vie de la classe : sur cette page les dernières rumeurs du lycée mais aussi un formidable outil de partage des tâches scolaires. Les élève y échangent les travaux à faire avec souvent une démarche collaborative efficace. Le résultat est le suivant : si je demande de réaliser à la maison un croquis, que se passe-t-il en fait?
Les élèves cherchent d’abord à savoir si j’ai donné le même exercice l’an passé. Ils demandent si un ancien élève (un grand frère, une grande sœur…) n’aurait pas gardé trace du corrigé ? Si c’est le cas, le document circule et tous le recopient en me l’envoyant comme si ce travail était le leur.
Sinon, deux ou trois élèves produisent le croquis qu’ils font ensuite tourner en échange des « soluces de l’exo de maths ». Evidemment le numérique nous complique la tâche désormais : les clés usb sont pleines des travaux envoyés, des exposés réalisés etc…
Le temps de travail estimé : en moins d’une demi-heure, les tâches scolaires sont expédiées. Chaque élève a le sentiment d’avoir répondu à la demande professorale. Parfois on évoque des soucis techniques pour expliquer un travail non rendu…  On fait croire à ses parents qu’on travaille dans sa chambre sérieusement alors qu’on passe le plus claire de son temps à jouer en ligne pour les garçons, à regarder des vidéos, ou à modifier son statut facebook.
Mais au final l’apprentissage n’a pas eu lieu à la maison. L’élève multitâche, répond vite fait à une commande institutionnelle sans chercher à s’engager dans un apprentissage véritable. L’apprentissage est le plus souvent un « one shot » : j’apprends vite, je mémorise l’essentiel pour me préparer au devoir du lendemain puis j’oublie définitivement ce que j’ai appris.

Face à cette évolution des pratiques adolescentes, la classe inversée permet de confronter l’élève aux efforts à faire pour acquérir véritablement des savoir-faire précis et utile L’heure de classe me semble le lieu indispensable pour pratiquer l’histoire ou la géographie.  Cela permet de lutter contre l’ennui et le décrochage. Chaque heure de cours est ainsi différente.

Cette démarche nécessite toute une préparation spécifique bien avant le début de l’année scolaire : choix des documents à consulter à la maison, choix des évaluations, progressions dans les apprentissages, variation des approches pour éviter la lassitude…
L’avantage c’est que le travail quotidien en classe devient ensuite beaucoup plus facile .
Il m’arrive encore évidemment de proposer des cours magistraux pour faire la synthèse sur un point de programme ou pour présenter l’objet d’étude.  En fin de séance on sent le poids de la fatigue liée à l’extrême concentration que demande l’exercice. En situation de classe inversée, ce sont les élèves qui travaillent, réfléchissent, produise. La posture du professeur est alors différente : ce n’est plus le spécialiste du sujet, mais un médiateur, un facilitateur, un accompagnant d’une démarche d’apprentissage. 
Se pose alors le problème de la gestion du temps scolaire : il arrive parfois dans les emplois du temps que deux heures de classe inversée en histoire soit suivie de deux en Ses… ce qui est beaucoup demander à des élèves qui s’épuisent vite en classe.

On aimerait pouvoir leur proposer d’autres conditions de travail plus adaptées que nos bâtiments cloisonnés aux emplois du temps normalisés.

Jackie Pouzin
Lycée Vadepied, Evron

 

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