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l'Est dans la vision du monde nazie

Conférence Johann CHAPOUTOT, Professeur d'Histoire contemporaine à l'Université Paris IV-Sorbonne, membre de l'Institut Universitaire de France, formation Shoah des 9, 10 et 11 janvier 2017 au lycée Bergson à Angers

mémorial shoah

Johann CHAPOUTOT présente la façon dont les nazis voient l'Est, en partant d'une vision fantasmée, mythologique, voire allégorique, puis se recentre sur les aspects pragmatiques offerts par ces territoires pour leurs donner ensuite une perspective eschatologique.

Bibliographie de référence : La Loi du sang. Penser et agir en nazi, Gallimard, coll. Bibliothèque des Histoires, 2014.

Le négationnisme, toujours vivace aujourd'hui, peut être pour certains, au départ, une démarche ou un motif de mise à distance de cette horreur qui remet en cause beaucoup de valeurs humaines, de valeur de l'Occident et qu’on ne peut pas accepter.

C'est le cas de Jean-Claude Pressac : négationniste, il profite de l'ouverture des archives de l’ex RDA après la chute du mur de Berlin au début des années 1990 pour faire des recherches sur « la machinerie du meurtre de masse » pour montrer qu'elle n'existe pas. Il change complètement de point de vue après ses recherches et publiera finalement sa thèse sur le fonctionnement des crématoires en 1993, .Les Crématoires d'Auschwitz. La machinerie du meurtre de masse, montrant, documents à l'appui, que tout a été pensé pour brûler plus de mille corps par jour et qu’il y a donc un assassinat en amont. Le « ce n'est pas possible » peut rester une ligne de défense pour ceux qui s'en tiennent à la logistique du meurtre de masse.

Pour combattre ce négationnisme psychologique, il faut passer de la logistique à la logique et montrer que cette logistique s’inscrit dans un projet humain beaucoup plus large. Il faut faire appel au logos, à la logique, un univers mental culturel, de sens. C’est difficile à concevoir : ceux qui ont fait ça sont des nazis mais le nazisme ne se limite pas à cette « machinerie du meurtre de masse ». Il l’inclut dans un projet plus grand, des promesses et des perspectives de mieux-être, quelque chose de plus constructif que la destructivité du meurtre afin de mobiliser les milliers d'acteurs, les milliers de bourreaux , sur le long terme et avec une telle intensité.

Dans la vision nazie, l’Est est à la fois un territoire répulsif, de péril, de danger et d'atrocités mais aussi un territoire de projets et de promesses. Ainsi le nazisme parvient à fonctionner et à susciter le consentement à l'horreur mais aussi l’adhésion à la positivité d'un projet qui implique cette horreur et ce meurtre mais ne se résume pas à cela.

1) L'Est, une terre singulière

Du point de vue des nazis, la progression vers l’Est est d’abord une progression vers un ensemble de terres sauvages très proches, la « sauvagerie » commençant à quelques dizaines de kilomètres de Berlin, sur la frontière de l’Oder, en Pologne. Ce sont des territoires singuliers, non civilisés, des territoires de non culture. Cette vision s’inscrit dans le long terme de la représentation géopolitique de l'espace allemand dans laquelle ces terres sauvages sont peuplées de « sous-hommes » appartenant à l'humanité mais qui sont au bas de l'échelle de développement physique, psychique et culturel de l’humanité car ils n'ont pas développé les facultés et les compétences de l'humanité incarnées dans le « génie germanique », créateur de toute culture pour les nazis, tels Bach, Mozart ou Platon qui, même grec, serait aussi un Germain. Toute création culturelle est due à l'expression du « génie germanique » comme les cathédrales allemandes, dont celle de Strasbourg, le Parthénon et le Colisée, peut-être même les pyramides d'Égypte, la muraille de Chine et les cités andines (Himmler avait prévu une expédition pour attester qu'elles étaient bien une création du génie germanique). Les seules traces de culture à l’Est, comme Marienburg et le centre-ville de Riga sont donc l’œuvre d'une première colonisation germanique médiévale.

En dehors de cette incursion germanique, il y a des slaves « qui n'ont rien fait de bien », une masse amorphe, passive et médiocre, manipulable aussi bien par les « gentils » (Allemands), que par les « mauvais » (Juifs).
Il y a aussi les populations allogènes asiates, qui évoquent la horde de Gengis Khan, et qu'on laisse mourir dans les camps de la Wehrmacht lors des campagnes à l’Est en 1941 (trois millions de morts en un an). Enfin, il y a les Juifs qui ne sont ni des hommes, ni des sous-hommes mais des bactéries ou des microbes, des rats porteurs et vecteurs de maladies et nocifs.

2) L’Est est une terre de périls et de fléaux.

L’Est est une terre de provenance de fléaux de type biologiques, pathologiques (comme la peste, le choléra exhalés des steppes de manière régulière) ou de type guerrier, équivalent dans leur destruction au fléau biologique, tels qu’Attila et Gengis Khan.

Les nazis puisent ce rejet des territoires de l’Est et de leur danger à une tradition culturelle qui leur préexiste largement. La raison de cette défiance et de ce rejet de l’Est est avant tout géographique : la proximité et la porosité historique de long terme avec ces territoires, d'autant qu'il y a une continuité territoriale menaçante. Cette obsession de l’Est est une réalité pour les Allemands.

Les stéréotypes et les images négatives sont réactivés par la Révolution bolchevique de 1917 qui signe l'horreur, la barbarie, la sauvagerie et la virulence de l’Est et de ses populations. Lénine et Staline sont présentés comme les nouveaux guerriers, les nouveaux Attila. L’homme au couteau entre les dents de l'affiche de 1919 en France se transpose en Allemagne par des images très réelles pour les Allemands, le spectre semant le viol, la destruction et la mort de manière très proche avec la proximité de la nouvelle Russie, de la Pologne qui subit la menace bolchevique jusqu'en 1921, du mouvement de révolution interne à l'Allemagne jusqu'en 1923, et de la Hongrie en 1919. Il y a même une république bolchevique en Bavière : le futur Pie XI, alors nonce apostolique, en retient que la menace majeure pour le monde contemporain est le bolchevisme. Il orientera toute sa politique en fonction de cette expérience.

Après 1917, pour la droite, l'extrême droite et les nazis, l’Est (et Moscou) devient Die Zentrale, la centrale Judéo-bolchevique. Les nazis développent l’idéologie associant communisme et Juif car l’émancipation révolutionnaire du communisme se fait contre l'Église orthodoxe, le tsar et l’ordre social, mettant fin à une culture du pogrom et un antisémitisme politique. D'où l’idée que les Juifs ont rejoint ce mouvement d'émancipation et de révolution contre l'Église et le pouvoir. Pour les nazis, le communisme est un complot juif car c'est une doctrine égalitariste et universaliste qui combat le racisme, la hiérarchie entre les races et qui s'adresse à la totalité du genre humain. C'est donc une invention juive pour détruire l'édifice hiérarchique, raciste et inégalitaire de la doctrine nazie. Les idéologues nazis soulignent qu'il existe des précédents : le Christianisme (ou « christo-bolchevisme) serait un complot inventé par les Juifs pour détruire l’Empire romain, la doctrine universaliste du christianisme suscitant le mélange de toutes les catégories de la société puisque tous sont égaux devant Dieu. Le bolchevisme aujourd'hui va détruire le Reich pour les mêmes raisons et en partant de la même cause : la haine des Juifs qui veulent la mort des Allemands. C'est une vision de l'histoire argumentée et cohérente mais dans laquelle rien ne change puisque ce sont des essences raciales qui s'affrontent depuis des siècles. Cette grande peur de l'Occident qu’est la peur du bolchevisme est climatisée et codée dans un langage particulier, très angoissée et très anxiogène.

Les territoires de l’Est sont aussi le lieu de la pestilence. Ses populations sont pauvres, crasseuses et confites dans leur crasse. Les médecins allemands expliquent que ce sont des populations « porteuses saines de maladies infectieuses » qu'elles répandent en Occident.

C'est dans cet objectif de protection hygiéniste que sont mis en place, à partir du recul des frontières vers l’Est en 1919, un « cordon sanitaire », des postes frontières, un sas médical et sanitaire avec un passeport sanitaire obligatoire, pour limiter les contacts entre les population et refouler les porteurs de maladie. Toutes les puissances maritimes et portuaires ont des postes médicaux sanitaires pour les migrants (Cf. Ellis Island ou Marseille). Mais l'Allemagne le fait sur les routes terrestres pour montrer la césure entre l’Orient pestilentiel et l'Occident sain.

Cette culture se retrouve de manière panique voire psychotique dans les instructions données aux policiers, aux administrateurs civils et aux militaires envoyés à l’Est : ils doivent se méfier de tout, ne pas toucher d'individus, ne pas boire d'eau des puits et ne pas manger de fruits et de légumes frais, ne pas toucher les bras de pompe ni les poignées de porte. D'où un lien direct entre le recours au lance-flammes pour entrer dans les habitations et cette conception de l'infection et de la pestilence à l’Est car le feu détruit tous les foyers infectieux et permet de garder une saine distance à portée de flamme.

L’Est est donc l’espace des dangers tous azimuts dans un contexte long de répudiation raidit par la Révolution bolchevique. C'est l'espace du malheur, d’où cette pestilence et ces agressions sont exhalées avec des envahisseurs manipulés par les Juifs (la fiche de la SS demandée par Himmler sur Gengis Khan en fait un métis de Germain pour sa force et de Juifs pour sa sournoiserie).

3) L'Est est aussi une terre de ressources et de potentialités immenses

Si l’Est constitue une terre de périls dans l’idéologie nazie, il existe aussi des discours et des commentaires flatteurs sur l’Est qui est comparé à l'Inde pour sa richesse ou à la Californie. Il faut donc concilier ces deux visions. Les nazis s’intéressent à l’Est dans une perspective à la fois économique, démographique et géopolitique, c’est-à-dire coloniale.

Alors que les terres du Brandebourg jusqu'à la mer du Nord ne sont que des terres de sable où il est difficile de faire pousser quelque chose, au contraire les terres noires de l'Ukraine apparaissent comme de terres noires très fertiles. L’Est est un lieu de nutrition, de richesse, de ressources en bois, en minéraux, en carburant et en ressources à la fois connues et insoupçonnées. Les nazis lorgnent sur ce territoire de l’Est qui pourrait être le grenier à blé mais aussi la réserve du Reich. Et qui a aussi l'avantage de ne pas être loin, en tout cas beaucoup moins loin que les colonies ultramarines qui demandent un investissement important pour y établir une population. Ainsi les Allemands depuis Bismarck se rassurent en disant que les Français et les Anglais ont perdu beaucoup de temps et de ressources en colonisant l’Afrique et l'Asie.

L'autre avantage de l’Est est d'être à la même latitude, ce qui est important pour un raciste car à la même latitude il n'y a pas de mutations ou de dégénérescence, l’homme demeure lui-même. Quand tout change dans l'environnement avec le soleil, les maladies tropicales, etc., l’être humain change lui aussi. Lorsqu’ils réclament, dans les années 1920, suite au traité de Versailles, les colonies africaines, ils n'ont pas l'intention de s’installer dans des colonies où l'homme subirait une mutation biologique lente. Dans un discours, Himmler, grand admirateur de l’Est, parle des Ostrogoths et de leur établissement dans a péninsule ibérique en expliquant qu’ils ont lamentablement dégénéré et qu’ils n’ont plus rien de l'excellence germanique. Donc pour ne pas dégénérer il ne faut pas aller sous une autre latitude. Les territoires de l’Est se prêtent donc à l'installation de l'homme blanc, beau et bon sans raison de muter.

Pour les nazis, aller à l'Est c'est régler un compte historique, politique et racial pluri-millénaire avec le judéo-bolchevisme (qui a détruit l’Empire romain). Mais c'est aussi s’installer sur ces terres prometteuses, quand le judéo-bolchevisme sera vaincu, ce qui est une évidence et une nécessité pour les nazis. On peut d'autant plus s’y installer qu'elles ne sont pas densément peuplées et que les êtres qui y vivent ne sont pas des hommes (les Juifs et les Asiates) au mieux des sous-hommes (les Slaves).

Si la terre n'est pas humanisée, elle n'appartient à personne
. Au contraire de l'Allemagne qui appartient en propriété à la race germanique qui y a fait beaucoup de choses (routes, ponts...) et des territoires qui sont l’œuvre du génie germanique (comme la Grèce), L’Est est une terre qui n’est pas mise en culture, stérile. L’Allemagne avance l'argument le plus ancien de la colonisation pour la légitimer : mettre en culture (du latin coloere => coloniser), les Slaves n'ont rien fait (cf littérature nazie sur la Pologne en 1939 : le territoire confié aux Slaves n’est pas civilisé ni humanisé, cf vocabulaire de mépris colonial qu’on retrouve dans le regard français sur le Maghreb).

4) L’Est, "espace vital"

Le « génie germanique » a décidé de faire quelque chose de ces terres sauvages, de ces terra nullius (Terme de la diplomatie du XVIIIe siècle pour désigner terres à coloniser) qui n'appartiennent à personne en propriété, habitées par des humanoïdes. Cette terre doit devenir la terre de l'humanité germanique, son Lebensraum, son espace vital indispensable à sa vie, son développement, sa croissance, sa prospérité. Une formule récurrente de l'Allemagne nazie est « protéger et accroître le sang allemand », établir un empire à l'est, le protéger en mettant fin au danger judéo-bolchevique et l’accroître en lui donnant des ressources.

Le Lebensraum est l'équivalent du terme biotope, « espace de vie ». Les nazis reprennent aux sciences naturelles et à la biologie ce concept, transposé de l'animalité à l'humanité, qui désigne ce qui est indispensable à la vie d'un être, avec l'obsession de la conquête, du gain et de la mise en culture de ces espaces pour des projets de démographie titanesque. L'Allemagne nazie compte quatre-vingt millions de Germains dans les années 1930 qui passeraient à deux cent cinquante millions en cent ans puis à six cents millions d'ici trois à quatre cents ans.

Pourquoi croître autant ? D’abord parce que la race germanique et bonne et belle, créatrice de toute civilisation, mais aussi car c'est la loi de la nature : croître et multiplier. Le peuple germain est un peuple pacifique et accueillant qui a pour vocation naturelle de faire des enfants et de produire de quoi les nourrir, assurer leur subsistance. Il faut donc agrandir l'Allemagne qui est au centre de l'Europe, entourée d'ennemis et limitées par des frontières qui ne sont pas naturelles et sont trop étroites. Il faut donc lui donner ces espaces qui n'appartiennent à personne, refouler les Asiates ou les laisser mourir de famine sur place, réduire en esclavage les Slaves et écarter d'une manière ou d'une autre les Juifs, L’installation des Allemands pose la question du sort des Juifs de l’Est (les Juifs du Reich déportés en Pologne à partir de septembre 1941, et les Juifs ‘allogènes’). La résolution de cette question explique le basculement de l'année 1941 (décembre 1941, Hitler décide d’exterminer les populations juives du Reich et de l’Est, jugées responsables de l’enlisement de l’armée allemande dans l’opération Barbarossa), et au printemps 1942 suite à l’assassinat de Reinhard Heydrich par un résistant tchèque (Hitler décide l’extermination systématique de tous les Juifs d’Europe d’ici un an).
 
Cette vision de l’Est s’incarne dans la création de l’Office Central du Reich pour la Race et de la Colonisation au sein de la SS en décembre 1931, qui demande à ses employés et à des experts extérieurs des notes sur ce qu’est l’Est (notes, cartes…, sur le réseau routier de la Baltique, les langues du Caucase et l’économie de la Crimée…), des éléments de connaissances pour bâtir un projet.

Ce projet est formalisé en octobre 1939 avec la création du Commissariat du Reich pour le Renforcement de la Race Germanique (RKF) rattaché à la SS et dirigé par Himmler. Jusqu’en 1943, il élabore différentes versions du plan général pour l’Est, plan de conquête, d’aménagement et de colonisation.

Konrad Mayer, professeur de géographie et d’agronomie, le dirige et planifie l’installation germanique à l’Est pour le civiliser, le rendre aimable et qu’il devienne l’espace de vie de la race nordique, ce qui implique que cela soit un espace de mort pour d’autre, en appliquant de façon pragmatique et froide, sans immoralité, la loi de la nature : la concurrence pour les espaces, la survie du plus fort, la mise en esclavage des médiocres et la destruction des nuisibles. Hors des lois de la nature, on meurt.

C’est à ce prix que l’espace de l’Est, de la Pologne à l’Oural, de la Baltique à la mer Noire deviendra l’espace de vie de la race germanique, le Reich.

5) L'Est ou la réalisation d'une promesse eschatologique.

La mise en culture de l’Est n’est pas seulement la destruction et le meurtre, les Einsatzgruppen. Pour les jeunes fonctionnaires mis à la tête de gigantesques espaces, pour les militaires qui vont servir et se servir car on les dote de grands domaines (Cf vétérans romains installés après leur service dans les coloniae dans les marges pour faire des enfants, produire et protéger l’Empire) ce sont des promesses de prospérité enthousiasmantes. Les juristes élaborent un droit foncier colonial très avantageux : pas d’impôts pour les familles de plus de quatre enfants, de plus grandes récoltes, des allocations familiales très généreuses pour les familles nombreuses... c’est un véritable retournement de situation et de conception qui se produit dans la vision du monde nazie : auparavant terre de malheurs, l’Est, intégré au Reich, permettrait la réalisation du Reich allemand.

L’Empire, le Reich est la grande promesse des nazis. Jusqu’ici, pour les nazis, il n’y a pas vraiment eu de Reich, le SERG n’a pas vraiment de pouvoir central fort, le Reich de Bismarck est un empire inachevé qui laisse en dehors de sa zone trop de population germanique. Le IIIe Reich promet cet Empire de concentration ethnique qui rassemblerait toutes les populations germaniques, qui serait doté de pouvoirs forts et qui serait à même de protéger ses populations.
Le terme de Reich va au-delà de l’acception juridico-spatiale de l’Empire. Il est polysémique, désignant la nouvelle ère, un nouveau temps, Imperium (Empire) et aetas (période).

La réalisation de cette « ère du Reich » (à la fois géographique, politique, historique) constitue la grande promesse des nazis au peuple allemand : richesses de l’Est et une perspective heureuse de paix, prospérité, bonheur pour tous les Allemands. C’est la promesse de sortie de l’Histoire : matrice des menaces et des malheurs devient le lieu de l’eschatologie (D. Crouzet), la sortie du temps et de l’histoire, la fin de la guerre et des malheurs. L’histoire est la souffrance et la litanie des malheurs. Les nazis offrent un espoir très concret avec les promesses de l’Est de l’avènement du Reich, de la nouvelle ère qui rompra avec des millénaires de malheurs et d’agression. La race germanique ne sera plus agressée car ses ennemis ont été refoulés aux marges ou tués.

Pour ses représentants, ses acteurs et ses thuriféraires, le nazisme c’est cet espoir qui permet de justifier l’horreur de la violence génocidaire contre les Juifs, contre les partisans de l’Est (cinq mille Oradour-sur-Glane à l’Est, un tous les deux jours). Cette compréhension est indispensable à l’historien au risque de rester sidéré face à l’horreur qu’on ne peut comprendre. Ce sont des êtres humains qui étaient guidés, motivés par ce rêve, cet « idéal de bonheur nazi », rendant plus « supportables » les sacrifices que la réalisation de ce beau projet supposait.

Par Laëtitia Schumacher, Collège R. Schuman, Châteaubriant et Margaux Frimas, Lycée J. Du Bellay, Angers
 

 

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