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la différenciation : enjeux et mise en œuvre

Réflexion menée par les professeurs de la Petite Fabrique du Sud Vendée.

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mots-clés : Différenciation simultanée, différenciation successive, hétérogénéité, travail de groupe, compétences.

1. Définir la différenciation

nuageLa différenciation pédagogique et la pédagogie différenciée sont deux expressions qui désignent « toute démarche pédagogique visant à s'ajuster aux besoins de l'élève, à le mettre dans une situation de progrès ».
La tendance actuelle est de se libérer de l'expression pédagogie différenciée qui pourrait donner à penser qu'il s'agit d'une pédagogie exclusive.
Or, comme le précise Philippe Meirieu, la différenciation pédagogique n'est pas « l'atomisation de la classe ou la disparition du cadre scolaire au profit du tutorat individualisé ».

Deux types de différenciation sont distinguées :

- La différenciation successive. Pratiquée depuis des années, elle « consiste en une alternance ou succession de différents outils, supports ou situations d'apprentissages » (De Vecchi) afin que chaque élève ait une chance de trouver des activités qui lui conviennent.
- La différenciation simultanée consiste, quant à elle, à mettre en place différents dispositifs qui visent à faire travailler les élèves de manière simultanée et que chacun d'entre eux en tire le meilleur profit. Ainsi, elle n'est pas une succession d'outils, de démarches mais la mise en place de supports, de démarches variés ayant un objectif commun ou complémentaire. Cette dernière garde bien comme point d'ancrage le programme et ne peut être assimilée à de l'aide individualisée.

2. De nos jours, un défi majeur

Initiée par Célestin Freinet ou Roger Cousinet, la différenciation est de nos jours un enjeu majeur. Son objectif est bien d'inclure tous les élèves et de conjurer les déterminismes liés au contexte social, culturel et familial.
Elle est pleinement justifiée par l'hétérogénéité des classes, par le fait comme le soulignait R Burns qu'il n'y a pas « deux apprenants qui apprennent de la même manière, à la même vitesse et qui soient prêts à apprendre au même moment ».

Rappel des 7 postulats de Burns
  • Il n'y a pas deux apprenants qui progressent à la même vitesse.
  • Il n'y a pas deux apprenants qui sont prêts à apprendre en même temps.
  • Il n'y a pas deux apprenants qui utilisent les mêmes techniques d'étude.
  • Il n'y a pas deux apprenants qui résolvent les problèmes exactement de la même manière.
  • Il n'y a pas deux apprenants qui possèdent le même répertoire de comportements.
  • Il n'y a pas deux apprenants qui possèdent le même profil d'intérêt.
  • Il n'y a pas deux apprenants qui sont motivés pour atteindre les mêmes buts.

3. Différencier : pour qui ? Comment ?

a) Pour qui ?
- Pour les élèves ayant différentes façons d'apprendre.
- Pour les élèves ayant différents rythmes de travail.
- Pour les élèves ayant des besoins particuliers ( Élèves allophones, Élèves des Ulis ...)
- Pour les élèves en réussite scolaire.

b) Comment ?
Pour différencier efficacement, il est primordial de connaître les élèves. On s'appuiera donc sur des sources variées pour connaître et s'ajuster aux besoins des élèves :
  • le dossier scolaire ;
  • les observations multiples faites en classe ;
  • les évaluations (« évaluation diagnostic », évaluation formative, évaluation sommative)

Les besoins identifiés, la différenciation peut être mise en place. Elle s'appuie sur différents leviers qu'il est possible de combiner :
  • les tâches
  • les démarches (démarche inductive, démarche déductive, démarche créative ..)
  • les ressources
  • les contraintes : étayage, autonomie, départs échelonnés, durée variable pour mener une activité.

La différenciation impose donc à l'enseignant de varier les postures entre le « lâcher prise » pour les élèves les plus à l'aise jusqu'à un accompagnement « ceinture et bretelles » plus ou moins important pour ceux qui peinent ou se découragent.

4. Des « facilitateurs » pour différencier.

- L'enseignement par compétences.
Il permet un suivi et donc de poser un diagnostic précis pour ensuite travailler plus spécifiquement les nœuds de difficultés. De plus, une compétence peut être travaillée au même moment à partir de supports plus ou moins complexes.
- Le travail de groupe.
C'est aussi un outil privilégié de la différenciation. Les groupes homogènes ou hétérogènes, sont en effet, des lieux d'échanges, de confrontation entre pairs. Ils permettent donc un travail collaboratif où les tâches, les rôles sont partagés.
Il est impératif que les travaux de groupe aboutissement à une restitution (écrite, orale ...) et qu'il y ait un temps d'institutionnalisation des apprentissages c'est-à-dire un temps de récapitulation des éléments clés à retenir en terme de connaissances et compétences.

5. Des pistes pour surmonter les peurs, les freins.

- Le temps passé à préparer est un premier frein.
Certes, vouloir varier les outils, les procédures exige au départ un temps de préparation important. Mais d'une part, il n'est pas nécessaire de tout différencier et d'autre part, il faut rester pragmatique et donc, ne pas s'engager dans des dispositifs trop ambitieux et chronophages.
- Le travail de groupe est contraignant.
Il génère du bruit, requiert trop d'énergie car il faut être partout en même temps et est l'occasion pour certains élèves de s'amuser.
Mais le bruit de la pensée en action est inévitable mais il peut être régulé (musique de fond qui doit toujours restée audible, cible de bruit au tableau...).
Responsabiliser, donner des rôles, veiller à la rotation des responsabilités sont également des pistes pour surmonter les appréhensions de la mise en place de travaux de groupe.

Différencier, c'est donc « se laisser interpeller par l'apprenant, l'élève concret » (Philippe Meirieu). C'est aussi « ne pas renoncer à élaborer des programmes rigoureux, des méthodes bien construites » (P. Meirieu). C'est enfin « avoir le souci de la personne sans renoncer à la collectivité ». (P. Meirieu)

La différenciation impose donc réflexion, réactivité, souplesse, prise de risque et un changement de posture de la part de l'enseignant.
 

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