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lettre de Guy Môquet : les ressources des Archives départementales du Maine-et-Loire

mis à jour le 23/10/2007


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un dossier commenté de documents extraits des Archives départementales du Maine-et-Loire

mots clés : Guy Môquet, Résistance, otages, Archives, Maine-et-Loire, histoire, mémoire, commémoration


La lettre de Guy Môquet : Les ressources des Archives départementales du Maine- et- Loire
- Texte d'Alain Jacobzone, professeur d'histoire - Lycée Bergson, Angers, Service éducatif des Archives départementales du Maine-et-Loire.

L'origine des documents  

Les Archives départementales de Maine-et-Loire abritent dans la série W quelques documents concernant l'exécution des otages de Châteaubriant en octobre 1941. A cette époque Angers est capitale régionale, puis devient le siège du Commissariat de la République au moment de la libération. Ainsi peut on trouver en Anjou les traces d'événements survenus dans la Loire Inférieure de l'époque.  Après un rappel de ces derniers destiné à faciliter le travail des enseignants, nous vous présentons quelques uns de ces précieux documents.  

Le contexte de l'attentat du 20 octobre   

Il faut remonter à l'été 1941 pour mieux saisir l'enchaînement des événements qui conduisent à l'exécution de Guy Môquet et de ses 26 compagnons d'infortune à Châteaubriant le 25 octobre de la même année.  Pendant cette période, la guerre bascule : elle se généralise à toute l'Europe avec l'attaque de l'URSS par les troupes nazies  le 21 juin et prend ainsi un tour nettement idéologique avec l'affrontement entre nazisme et communisme. Sur le point de perdre pied, Staline exige des partis communistes des pays en guerre qu'ils durcissent leur action en déclenchant la lutte armée afin de desserrer quelque peu l'étreinte qui menace son pays. C'est dans ce contexte que le parti communiste français jusque là mis en porte à faux et bridé par le pacte de non agression que Staline a signé avec Hitler le 23 août 1939, se lance dans une campagne d'attentats. Après celui qui vise l'aspirant Moser dans le métro parisien en août, c'est l'attentat contre le chef des troupes allemandes - Hotz - à Nantes le 20 octobre qui déclenche le drame et débouche sur  l'exécution de 27 otages à Châteaubriant, 16 autres à Nantes,  puis 5 enfin à Paris.  
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Plan de ce dossier


  • L'origine des documents 
  • Le contexte de l'attentat du 20 octobre  
  • Retour sur l'histoire des  prises d'otages depuis 1940 
  • La responsabilité de Vichy 
  • L'impact des fusillades  
  • Guy Môquet entre Histoire et Mémoire

DOCUMENTS

  • 1 - Rapport du Préfet de Loire Inférieure au ministre de l'intérieur à Vichy. 2 novembre 1941.
  • 2 - Lettre du Commissaire de la République au Ministre de la Justice, 21 septembre 1944.
  • 3 - Lettre du Sous-préfet de Châteaubriant au chef des troupes d'occupation de la ville. 20 octobre 1941. Transcription.
  • 4 - Ordre d'exécution et liste en allemand -Date inconnue Transcription.
  • 5- Traduction  française de l'ordre précédent.Transcription
  • 6 - Discours du Préfet de Loire inférieure- Extrait - Sans date.
  • 7 - Programme des cérémonies de Nantes Le 22 octobre 1944.
  • 8 - Programme des cérémonies de Châteaubriant le 22 octobre 1944.
  • 9 - Brouillon de préparation de la cérémonie de Châteaubriant.
  • 10 - Relation des derniers moments des condamnés par l'abbé Moignon- date inconnue.
 
Retour sur l'histoire des  prises d'otages depuis 1940  

Certes, depuis 1940, les nazis détiennent des otages, le plus souvent des notables locaux (entre dix et vingt à Nantes). Mais ils les utilisent comme garant de l'ordre public. De même depuis longtemps de nombreux communistes sont en prison ou en résidence surveillée : mais c'est surtout à l'initiative du gouvernement de Vichy (23 des 27 otages ont été arrêtés avant Juin 1941).  Les exécutions d'otages ont déjà débuté : 25 sont fusillés en plusieurs vagues après l'attentat du métro Barbès - Rochechouart ; mais celui de Nantes va marquer un tournant : les fusillades deviennent massives et prennent un caractère idéologique. En effet Hitler en personne et Keitel exigent 50 fusillades d'otages par victime allemande et inscrivent  la répression dans le cadre de la lutte contre le " judéo-bolchevisme " qui est en train de devenir l'obsession des nazis. C'est pourquoi la quasi-totalité des fusillés de Châteaubriant sont des militants communistes, des cadres souvent mais aussi de simples et jeunes militants comme Guy Môquet qui avait été arrêté dès octobre 1940 pour distribution de tracts à Paris. Il est à noter que les responsables militaires allemands de Paris, en particulier le général Otto von Stülpnagel qui les commande sont peu favorables aux exécutions d'otages non pas tellement par générosité ou humanisme, mais par tactique, considérant que de tels actes radicalisent une opinion qui n'est déjà que trop hostile aux troupes d'occupation. Les faits semblent leur donner raison : les rapports de préfets signalent partout que la population désapprouve les attentats, mais que les exécutions la révulsent. Au total, l'effet de terreur recherché par Hitler parait néanmoins atteint car la question des otages taraude l'opinion publique qui redoute ses effets : il faut bien réaliser, qu'au-delà des " 50 otages " fusillés dans la région nantaise, ce sont 814 personnes qui tombent face aux pelotons nazis entre septembre 1941 et octobre 1943. Contraint de se soumettre aux volontés de son Führer, von Sülpnagel n'en suggère pas moins de pratiquer une autre méthode, qui finalement ne se substituera pas mais s'ajoutera aux fusillades d'otages,  celles des déportations de juifs et de communistes vers l'est, qui effectivement, se multiplient bientôt. Si bien qu'au total, dans cette affaire, les premières étapes du génocide en France se trouvent liées étroitement à l'épisode nantais.
 
La responsabilité de Vichy 

Il reste à préciser le rôle des autorités françaises. Vichy et son ministre de l'intérieur Pucheu, apprenant qu'une exécution se préparait, a établi une première liste d'otages à livrer aux allemands : elle comporte 17 des 27 victimes finales, toutes communistes. Guy Môquet n'y figure pas semble-t-il. Ainsi les nazis l'ont complétée en  y ajoutant délibérément ce tout jeune homme de 17 ans pour bien montrer leur détermination répressive. Vichy par cette initiative, parfaite illustration de sa politique de collaboration, cherche à s'ouvrir un espace où affirmer sa souveraineté et, surtout lorsqu'il s'agit des communistes que Pucheu déteste, n'hésite pas à faire du zèle pour prouver à l'occupant qu'il peut lui confier des besognes de police. La dite police, très efficace (72 fonctionnaires perquisitionnent à Nantes !), ne met d'ailleurs que quelques jours à identifier à Paris les véritables auteurs de l'attentat de Nantes et à en arrêter certains. Quant à Pétain il s'offre un moment en victime à la place des condamnés puis interdit à ses préfets de participer aux désignations d'otages.   
 
L'impact des fusillades   

Les exécutions d'octobre ont un gros impact international : Roosevelt et Churchill réagissent : dès le 25 octobre ce dernier menace " les sauvages " qui ont perpétré le meurtre " d'innocents citoyens ". A Londres, le 23 sur les antennes de la BBC, De Gaulle affirme avec force que les attentats sont un acte de guerre courageux mais prématurés qui font courir le risque de la répression " à nos combattants momentanément désarmés ".    La question de la stratégie à adopter face à l'occupant fait donc débat : les mouvements de résistance intérieure non communistes font part de leur scepticisme face aux attentats et la question est posée à l'intérieur du parti communiste lui-même : Marcel Cachin les condamne publiquement.
 
Guy Môquet entre Histoire et Mémoire

Avec les réticences de l'opinion, c'est peut être la raison pour laquelle le parti attendra l'après guerre  pour revendiquer la paternité de l'attentat de Nantes. Par contre, dès 1942 la mémoire des victimes communistes de la répression est exaltée avec la publication par Aragon des " Martyrs " où figure, avec d'autres écrits de condamnés communistes, la lettre de Guy Môquet. Le parti inaugure ainsi un long processus de mise en valeur de son rôle dans la résistance en se présentant comme la victime innocente d'une répression brutale et aveugle. C'est une manière de jeter un voile sur son rôle pour le moins ambigu au début de l'occupation.   Ainsi commençait, avant même les premières commémorations de la libération, la longue séquence mémorielle : prolongée jusqu'à nos jours, elle montre comment le passé peut être instrumentalisé en même temps que célébré. Derrière l'hommage légitime -nécessaire même- à " l'enfance fusillée " il nous reste à retrouver l'Histoire et à conserver le sens de la Liberté de penser qui est l'essence même des événements que nous sommes censés célébrer avec nos élèves.
 
DOCUMENTS

1 - Rapport du Préfet de Loire Inférieure au ministre de l'intérieur à Vichy. 2 novembre 1941.

Ce rapport, confirmé par d'autres, suggère que  l'opinion réagit fortement aux exécutions et que cette réaction se traduit par une hostilité croissante à l'occupant. On notera l'allusion à l'exécution d'anciens combattants qui figurent effectivement parmi les victimes fusillées à Nantes. Par contre rien n'est précisé sur l'appartenance communiste de celles de Châteaubriant. Dans un autre rapport du 2 janvier 1942, la Préfet précise cette fois que les fusillés sont communistes et que leur exécution " a profondément remué  la population qui a tendance à considérer les internés (sic) comme des martyrs.
 
2 - Lettre du Commissaire de la République au Ministre de la Justice, 21 septembre 1944.
Installé au moment de la libération, le Commissaire de la République est l'équivalent du Préfet Régional. A Angers c'est Michel Debré qui occupe ce poste. Il fait parvenir au gouvernement provisoire du Général De Gaulle  un dossier de documents dont il explique l'origine et détaille les pièces.

Cette correspondance présente donc les documents 3 à 5 qui suivent.
 
3 - Lettre du Sous-préfet de Châteaubriant au chef des troupes d'occupation de la ville. 20 octobre 1941.
Transcription. Ce document est accablant pour le gouvernement de Vichy : il prouve que le jour de l'attentat il a fait parvenir une liste de 60 communistes aux nazis. Dans cette liste (non reproduite), Guy Môquet ne figure pas : il sera ajouté par les Allemands.


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4 - Ordre d'exécution et liste en allemand -Date inconnue

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5- Traduction  française de l'ordre précédent.

Transcription


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liste en allemand :
le nom de Guy Môquet figure,
ajouté par les autorités d'occupation


 
6 - Discours du Préfet de Loire inférieure- Extrait - Sans date.

Ce discours dont le reste a été perdu a sans doute été prononcé à Nantes ou Châteaubriant lors de la première commémoration des fusillades le 22 octobre 1944.
 
7 - Programme des cérémonies de Nantes Le 22 octobre 1944.

 







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8 - Programme des cérémonies de Châteaubriant le 22 octobre 1944.


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9 - Brouillon de préparation de la cérémonie de Châteaubriant. - ci-contre

Les documents 7 à 9 proviennent sans doute du Commissariat de la République d'Angers. Ils mettent en scène la première commémoration. Elle se veut consensuelle dans l'atmosphère patriotique et unitaire qui prédomine après la guerre. On note surtout la présence de nombreuses personnalités communistes, celles aussi des représentants des divers milieux de la résistance, des syndicats, etc...On est au début de la construction de l'image de la résistance que l'on tend à présenter comme l'expression d'un pays tout entier engagé dans la lutte contre l'occupant, simplement trahi par quelques renégats rassemblés à Vichy. A Nantes un poème de Louis Aragon a été lu : il s'agit sans doute de " La rose et le réséda ",  dédié à Guy Môquet et paru dans la clandestinité.


 
10 - Relation des derniers moments des condamnés par l'abbé Moignon- date inconnue.

Ce long texte peu connu, sans doute mis en forme après la guerre est la relation d'un des rares témoins directs des événements qui se met en scène lui-même en tant que prêtre. Il assume son rôle en sachant bien qu'il a en face de lui des communistes vraisemblablement athées. Mais au-delà des divergences de convictions on observe que les uns en les autres se retrouvent dans l'affirmation d'un patriotisme partagé. On notera les propos tenus au témoin par Guy Môquet, conscient que sa jeunesse le fera passer à la postérité. Le prêtre, qui n'a pas assisté à l'exécution, fourni néanmoins quelques détails, signalant que le jeune homme est mort " privé de ses sens ".
 
auteur(s) :

A Jacobzone

information(s) pédagogique(s)

niveau : Lycée tous niveaux, tous niveaux

type pédagogique : préparation pédagogique

public visé : enseignant, élève

contexte d'usage : classe, travail autonome, espace documentaire

référence aux programmes :

ressource(s) principale(s)

45.JPG une région dans la Seconde Guerre mondiale 23/10/2007
des ressources majeures sur la période (archives, documents de travail, dossiers, matériel d'exposition ...)
Archives, région, guerre, 1939-45, mémoire

documents complémentaires

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