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penser l'histoire du Monde : une conférence de C. Grataloup (3)

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Voici la troisième partie de la conférence donnée par C. Grataloup. Il s'agit des logiques de mise en jeu dans l'appréhension du social.

III. Deux logiques de mises en jeu

1. la contradiction entre deux distances

 

Il est difficile de définir ce qu’est le social. On arrive à une définition par la négation : est social tout ce qui n’est pas bio-physique, tout ce qui n’est pas transmis par le patrimoine génétique. Il y a donc l’idée d’une transmission culturelle, d’un patrimoine culturel.

·         La nécessité « des proches »

Deux évolutions propres à l’espèce humaine jouent ici un grand rôle : la station debout et l’élargissement du crâne ont rendu les accouchements bien plus difficiles pour les humains que pour la plupart des autres animaux. Notre espèce est donc caractérisée par une prématurité importante des nouveau-nés, et donc une prise en charge très longue par des adultes. Nous sommes les seuls à élever plusieurs portées en même temps. Tout ceci rend nécessaire le lien social : il faut avoir des proches (mot qui dénote une proximité géographique, pas seulement familiale).

·         Une espèce très mobile

L’être humain est quasiment la seule espèce ubiquiste sur terre. Les autres sont nos commensaux, c’est-à-dire les espèces qui vivent de notre milieux (puces, blattes, souris…). En moyenne, nous parcourons 25km/ jour. Cela paraît peut, mais en 4 ans et 4 mois on ferait le tour de la Terre. Les sociétés sur brûlis parcourent en moyenne 10km par an. Cela permet de comprendre que le peuplement de l’Alaska à la Terre de Feu, c’est-à-dire le peuplement de l’Amérique, a pu s’effectuer en 1600 ans. D’autre part, l’être humain peut se déplacer dans tous les milieux : il produit son propre milieu. Citons ainsi les micros milieux du vêtement (avec l’invention de l’aiguille à châs qui permet le vêtement ajusté contre le froid), du bâtiment et du feu.

·         Une uchronie

Une approche contre-factuelle permet de mettre l’accent sur des parties bien souvent ignorées de l’histoire du Monde. Par exemple, et si les voyages de (re)connexion avaient été faits par d’autres que les Européens ? Prenons les Polynésiens, peuple d’origine asiatique (sud de la Chine actuelle), qui ressemblent aux « aborigènes » de Taïwan. A partir de – 50 000 ou – 40 000 ans,  ils effectuent le peuplement de l’insulinde à pieds secs grâce à la glaciation, puis ils atteignent en naviguant le nord de la Nouvelle Guinée et les îles Salomon. Vers l’an 1, ils font une invention essentielle : la pirogue à balancier qui permet une navigation de très haute mer. Ils réalisent au moins deux fois un passage jusqu’à Madagascar et parcourent ainsi les 2/3 du tour de la Terre. Ils avaient un système de cartes efficaces. Alors, pourquoi ne se sont-ils pas plus dispersés ? Ce sont leurs effectifs très réduits par rapport aux grandes masses de populations de l’ancien monde qui les en ont empêchés.

Nous faisons donc face à une contradiction entre une extrême mobilité et un besoin de proximité, que C. Grataloup appelle « la contradiction de Babel » » en référence à la dispersion de l’humanité et des différentes langues).

2. Les degrés de connexion des sociétés

 

Les processus historiques ont une géographie liée au degré de connexion de chaque société. Il faut réfléchir à la notion de voisinage.

On peut établir une typologie de lieux d’histoire :

1.     Carrefour (type croissant fertile) : un maximum d’innovation, une fertilisation croisée maximale mais aussi usure maximale (invasions barbares, ou bien microbiennes..).
Si on prend deux éléments pour comprendre une société humaine : la transmission et la transformation, on a ici une Innovation maximale et une transmission difficile.

2.     Périphérie branchée (type Japon) : une accumulation tardive des innovations (le Japon entre dans l’histoire avec la riziculture inondée, l’écriture et le bouddhisme) avec une situation protégée (le Japon n’est envahi qu’en 1945). L’Europe était aussi une périphérie branchée de la Méditerranée.

3.     Isolement : des innovations rares et non cumulatives, non protégés biologiquement (pas d’anticorps par exemple.).

Attention les situations sont historiques ! Il est possible de passer de l’une à l’autre. 

Lien vers la partie n°1
Lien vers la partie n°2


 

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